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Le fondement spirituel de l’art

 

Pas d’homme sans art

Chacun s’accorde généralement à reconnaître à l’art un pouvoir particulier: celui de dispenser la beauté. Tout être humain touché par une œuvre d’art parcourt, l’espace d’un instant, grâce au talent de l’artiste, un chemin qui le conduit vers le beau et qui éveille la nature supérieure de son être, son esprit. L’œuvre d’art laisse en lui une empreinte ineffaçable, un moment intense d’émotion. C’est la marque du vivant, d’un mouvement ascendant vers les sphères supérieures. On est amené à penser que nul ne peut ressentir la beauté sans en porter nécessairement en lui une parcelle, même infime. En avoir conscience jusqu’à entrer en contact avec elle, c’est prendre conscience d’un niveau plus délicat de l’existence. Grâce à sa lumineuse présence, l’art éclaire l’imagination et le cœur de l’homme et ouvre progressivement son âme à la magnificence du monde de l’esprit. Il peut en éprouver un émerveillement infini et découvrir que rien n’est plus essentiel que l’art. [NDLR: A commencer par … L’Art … de Vivre!]

L’art est le canal par lequel s’écoulent l’Amour et l’intelligence cosmiques. L’artiste les capte, les transforme selon sa nature intérieure et les diffuse. Son œuvre est réussie lorsqu’elle émeut celui qui la contemple ou l’écoute. Bouleversé, il se trouve projeté très haut dans un monde plus léger, plus riche de sensations intuitives et d’intense expressivité. Par son pouvoir mystérieux, l’art élève, redresse et éduque, offrant une direction unique à emprunter, celle de la beauté qui mène vers les sommets. Délicate légèreté de l’esprit et fine nuance de l’âme, la substance de l’art se nourrit de la rosée céleste qui rafraîchit l’être humain. Au plus haut de ce qu’on peut éprouver spirituellement, l’art est cette puissante et chaude manifestation dont les effets élèvent l’être intérieur et qui, d’un seul coup, l’embrase: il ressent que la beauté sur Terre n’existe que pour louanger l’Être suprême: Dieu. Au cours des âges, l’art a toujours su émouvoir l’homme, telle une œuvre magique et secrète qui agite puissamment son âme en quête de la Vérité. L’acte créateur de l’artiste témoigne du don qu’il a de représenter, de faire figurer, dans la matière, les splendeurs de la vie spirituelle, certes toujours teintées de ses propres expériences vécues. C’est une force qui trouble en profondeur parce qu’elle contient des valeurs éminentes dont le rôle est d’aider à la promotion du genre humain. Sans lui, il n’existerait rien de construit et de durable. L’humanité n’aurait pu évoluer spirituellement.

Dans l’introduction de son livre Sens et Destin de l’Art René Huygue (Éditions Flammarion) a défini le champ de vie de l’art:

«Nombreux sont ceux pour qui l’art n’est qu’un jeu, supérieur, certes, mais un jeu, un amusement; nombreux sont ceux qui ne le révèrent que par conformisme et avec un secret mépris pour son “inutilité”. Certains ne sont pas loin de le considérer comme un luxe.

Pourtant l’art est une fonction essentielle de l’homme, indispensable à l’individu comme aux sociétés et qui s’est imposé à eux comme un besoin dès les origines préhistoriques. L’art et l’homme sont indissociables. Pas d’art sans homme, mais peut-être également pas d’homme sans art. Par lui, l’homme s’exprime plus complètement, donc se comprend et se réalise mieux. Par lui, le monde devient plus intelligible et accessible, plus familier. Il est le moyen d’un perpétuel échange avec ce qui nous entoure, une sorte de respiration de l’âme assez analogue à celle, physique, dont ne peut se passer notre corps. L’être isolé ou la civilisation qui n’accèdent pas à l’art sont menacés d’une secrète asphyxie spirituelle, d’un trouble moral.».

L’art ou l’intuition du beau

L’art témoigne de façon inaltérable du mouvement ascendant de l’esprit. Il le rapproche subtilement de sa véritable origine et il l’aide à retrouver sa vraie dimension cosmique. L’art déchire le tissu dense de l’espace et du temps à travers lequel la lumière des sphères supérieures laisse filtrer ses rayons pour, finalement, déposer en des formes choisies l’œuvre de beauté. Il perce le champ clos de la matière pour révéler l’intensité spirituelle. Il élargit vers des lointains lumineux l’horizon intellectuel. Comme un don, il fait vibrer un fragment de la totalité des gammes et des harmoniques cosmiques, il fait scintiller un reflet de la totalité des couleurs de l’univers. La beauté offerte par l’art constitue, dans sa pure nature, la vivante représentation d’une volonté croissante de perfection. Il est à la fois image matérialisée des courants célestes ondoyants et appel à l’action spirituelle. C’est le vibrant appel qui signale l’existence de joyaux spirituels à portée des cœurs et des mains, pour peu que l’on veuille humblement les recevoir. C’est le faisceau permanent de lumière spirituelle qui traduit l’impérieuse nécessité de s’harmoniser avec les courants de vie de la nature. Si l’homme ne peut se réduire à une simple description physique et psychologique, l’art, lui non plus, ne peut se contenter d’une approche strictement matérielle. C’est un extrait décanté de l’irradiation divine qui vibre dans la loi d’harmonie de la Force créatrice. Grâce à son genre propre, celui de l’esprit, émergent connaissance et beauté. De sa source spirituelle et de sa signification terrestre naît la qualité d’œuvres humaines qui édifient le beau.

Le canon de l’art est la beauté. À travers elle, c’est la lumière spirituelle qui crée des volumes aux formes harmonieuses, des peintures aux couleurs de soleil et des musiques aux sons célestes, quand l’artiste reçoit ces joyaux en humilité et gratitude. L’art est un lieu où se matérialisent les essences et les parfums de la Force créatrice divine par lesquels l’artiste laisse libre cours au mouvement profond et authentique de son être. C’est une entité chargée des vibrations de l’éthique et de l’esthétique, des vertus et de la beauté formant ainsi une symbiose, une unité d’harmonie. Les chefs-d’œuvre sont des extraits de lumière condensée, sculptée, matérialisée sous l’effet de la féerie intérieure de l’artiste ouvert à l’inspiration. Délicat déploiement d’harmonie, l’art est un état conforme à la Volonté et à l’Amour divins. Il est, par excellence, la clé de résonance de l’esprit dans la matière ; il accorde les genres en reliant le terrestre au supraterrestre. Porteur de lumière et de souffle, l’art véritable rayonne en cristallisant l’esprit dans la matière. Ses œuvres sont des extraits de lumière qui subliment la matière.

L’art est rencontre de l’esprit et de la matière, il est l’équilibre parfait qui vibre dans la croix à branches égales. L’esprit, dans sa descente progressive vers les plans denses et lourds, se matérialise en donnant animation à la matière, tandis que cette dernière se spiritualise, en témoignant du génial élan créateur né de la Force divine. Tout incite alors l’esprit à s’abandonner à l’ineffable douceur des courants spirituels où se révèle la beauté que goûte l’intuition. C’est pourquoi l’art détient le pouvoir de réunir en lui-même la science et la religion, c’est-à-dire la connaissance des relations, des rapports existants entre la créature homme et la Création. L’œuvre artistique est donc un instant de la vie de l’esprit qui s’étend bien au-delà d’un simple moment culturel, loin au-delà des goûts et des modes sans cesse changeants. En qualité d’expression naturelle de la beauté, il traduit la vie de l’esprit, la vie véritable, qui offre à l’homme les moyens de réaliser dans la matière grossière des œuvres terrestres qui plaisent à Dieu. Il y faut simplement le bon vouloir humain en l’absence de toute paresse d’esprit. La pensée, le geste et la technique de l’homme rayonnent alors dans la beauté d’autant que l’art ajuste toutes choses, les organise d’après des modèles qui préexistent dans les plans lumineux.

L’art aujourd’hui

Dans l’imbroglio actuel de la culture, les chefs-d’œuvre du passé semblent démodés. L’art ancien serait-il dépassé? On est en droit de se le demander face “aux choses” dites artistiques que les facultés créatrices – plus exactement formatrices – de l’homme moderne produisent dans un dénuement esthétique quasi total. Choses disharmonieuses et vidées de cette beauté que l’art ancien savait exalter en émerveillant les cœurs au lieu d’exaspérer les cerveaux avides de sensations artificielles. D’ailleurs, très nombreuses sont les personnes qui ne ressentent pas d’élan intérieur en regardant l’art contemporain, rien de comparable à l’aspiration ascendante que procurent les œuvres anciennes. L’art musical actuel a l’apparence d’une inextricable suite cacophonique de sons tandis que les arts plastiques se présente dans une complexité discordante de formes et de couleurs. À notre époque, le mot art est devenu une simple expression spécifiant l’originalité des techniques employées pour le dessin, la peinture, la sculpture, l’architecture ou la musique. Le critère de choix qui décide que tel produit portera l’étiquette “art” semble fondé uniquement sur le caractère inhabituel, nouveau et provocateur capable de générer un flux financier appréciable. Pour peu que ce produit soit jugé à la mode et commercialisable, il se trouve en meilleure posture et ses chances d’être couronné par ce label augmentent considérablement. Est alors décrété artiste, celui qui pratique toute technique d’avant-garde en la maniant avec adresse.

Au bout du compte, ce n’est plus qu’une simple technique de mise en œuvre, de transformation mécanique de la matière. L’art puise alors l’intégralité de son énergie dans l’intellect humain qui commande les techniques tout en étant lui-même limité. Alors, la dissociation entre spirituel et matériel a fait éclater la notion contenue dans le mot art en un assortiment de techniques excluant le spirituel. Ainsi se sont affirmés progressivement les métiers d’art avec leurs techniques plastiques de dessin, de sculpture, etc., dits “arts de l’espace” et leurs techniques de musique, de cinéma, etc., dits “arts temporels”. L’intellect a fini par dominer l’esprit, passant du rôle d’exécutant à celui de maître. Devenues produits de consommation, et mêlées aux œuvres d’art authentiques, les réalisations intellectuelles nées de ces techniques sont jetées en pâture aux acquéreurs fortunés après avoir fait la “une” des médias. Elles sont ensuite proposées aux masses sous forme de reproductions en séries (copies de tableaux, enregistrements musicaux, etc.) sans parler des faux en tous genres. C’est la valse d’œuvres de toutes sortes déclarées outrageusement “artistiques”, à grand renfort de publicité.

Destinée étrange que celle du mot “technê” qui signifie art dans la langue grecque, donc porteur de vie spirituelle, et qui, devenu « technique » dans la culture occidentale, est réduit à un sens strictement matériel et intellectuel. «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» a pu écrire Rabelais (1494-1553). De même, pouvons-nous dire tout aussi bien que “Technique sans esprit n’est que ruine de l’être”. Les techniques sans le feu sacré de l’esprit en l’artiste ne peuvent jamais offrir l’éclatante vitalité que les chefs-d’œuvre procurent aux âmes enclines à la beauté. L’art véritable ne peut qu’ignorer les prouesses techniciennes, car la technique est chose morte. L’art est vie et non intellect. Quelques expressions courantes illustrent la dévalorisation du mot art rabaissé au simple rang de technique: art de parler, art de vendre, art militaire, arts martiaux; ou de produit de consommation: arts ménagers, arts décoratifs ou bien encore la juxtaposition des deux: arts et métiers, ou encore les métiers de l’art. On peut même y trouver l’expression de la vanité: on parle alors de l’art de plaire ou de séduire. Nombres de réalisations de ces “arts” sont dénués de vie propre et bien réelle. Elles résultent certes d’une haute qualité technique, mais restent sans vitalité.

Motivés uniquement par des critères de puissance, de gloire et d’argent, les arts contemporains [NDLR: « Art contemporain » = « art comptant pour rien » 😉 !] sont semblables à des automates dont le mécanisme de marche n’est actionné qu’artificiellement, le temps d’un désir et d’une jouissance éphémères vite remplacés par d’autres de nature similaire. Telle est la physionomie d’ensemble du monde des arts modernes dont les prouesses techniques et l’originalité inutile provoquent à elles seules l’attention intellectuelle mais en aucun cas l’éveil spirituel. Or l’art vrai, l’art authentique, contient infiniment plus, infiniment mieux. Toute personne ouverte aux influences bénéfiques de l’esprit, sensible à la vraie beauté naturelle, reconnaît sans difficulté que l’art véritable a le don de défier le temps, de traverser les époques, apportant une lumière qui éclaire les lointains passés tout en se projetant dans le futur. L’art est animé d’une propriété mystérieuse, élément inaltérable, qui confère à des réalisations humaines particulières le droit indestructible de porter le titre élogieux de chefs-d’œuvre. Tout est dit ici. Les valeurs d’enseignement contenues dans de telles œuvres sont les seules capables de faire enfin comprendre ce qu’est réellement l’art: une œuvre spirituelle! C’est en cela que réside son merveilleux secret d’éternité. La présence de l’esprit transcende la matière, qui se trouve alors elle-même sublimée par l’énergie qui l’habite. Aujourd’hui, l’art rabaissé au rang de méthodes et de moyens portait jadis en lui un sens profond: celui de science et de savoir, lesquels évoquent la Magnificence et la Force créatrice de Dieu. C’est dans cette Force que l’art a pu prendre racine, croître et se développer.

L’esprit est la source jaillissante. L’intellect doit tenir quant à lui, la place qui lui revient ici-bas, celle de diffuseur dans la matière. Il produit seulement la réalisation concrète de l’œuvre sous la direction intuitive de l’artiste. Ce que nous voyons aujourd’hui procède d’une élaboration strictement intellectuelle. L’intuition n’est intégrée que postérieurement. La voie qui se présente alors est nécessairement fausse. Les techniques d’art et le métier d’artiste ne représenteront jamais à eux seuls l’art lui-même, qui est d’abord émanation intuitive et vie de l’esprit. L’intelligence artificielle (IA) est désormais l’apothéose des techniques artistiques, ses prouesses dans le domaine de “l’art” nouveau ont de quoi étonner. Mais elles sont le résultat strict d’une remarquable machinerie informatisée 1-0. Cet art est celui d’un art totalement consumériste. Tandis l’art véritable sustenté par l’esprit, ne connaît ni l’usure du temps ni celle des modes. Il se meut dans la durée des choses et des événements. C’est en lui-même un espace d’écoute et de silence, un temps pour la parole et l’action. Des notions qui se confondent dans la permanence de l’esprit au sein d’une matière vibratoire devenue œuvre d’art. Ainsi, les œuvres artistiques se placent-elles hors du temps et de la matière pourtant manifestement si concrètes dans leur présence ici-bas.

La sensibilité qui est la marque de l’esprit fait aisément comprendre que là où manque l’harmonie spirituelle, le mot art ne peut s’appliquer à une œuvre humaine. La raison? L’art est un appel à la vie intuitive de l’être humain, le relais de l’influx vital cosmique, l’irradiation du spirituel vers la matière. Il est des êtres humains qui espèrent l’avènement d’une nouvelle ère durant laquelle s’exprimeront consciemment les talents intuitifs de chacun.

La régression de l’art

L’art est un appel à l’état intérieur, un appel à ce qu’il y a de plus vrai au fond de l’humain. Il est en lui-même résonance, tel un halo qui se répand pour régénérer, faire du bien, élever et aimer. Mais chez les êtres humains en perte de sensibilité spirituelle, c’est-à-dire de plus en plus inféodés à la matière, rien de tout cela, mais au contraire a surgi le risque fatal de la perte de l’identité originelle provoqué par les appétits matériels démesurés. En regard de l’esprit, une question se pose: Les critiques d’art ne se trouvent-ils pas limités, eux aussi, par les bornes excessives de l’intellectuel, lorsqu’ils spéculent à interpréter le cheminement d’un artiste, à démonter le processus d’élaboration de son œuvre, à décortiquer sa technique et son geste dans le but de définir ses motivations? Chacun d’eux y va alors de son analyse, supputant les raisons et la signification de l’œuvre jusqu’à décréter que l’artiste a voulu faire passer un message bien précis. L’intellect est obligé de remonter – à contre-courant et péniblement – depuis les éléments extérieurs et matériels de l’œuvre vers une aire de rencontre, vers un lieu de compréhension mutuelle, impossible à atteindre. À cause d’opinions restreintes, emprisonnées dans l’espace et le temps, les approches intellectuelles séparent terriblement les auteurs de leurs œuvres. Les critiques s’opposent mêmes dans des querelles stériles, voire agressives. Ils peuvent élever sur un piédestal (financier) telle œuvre ou la réduire à une affreuse chose. Cependant chez les âmes ouvertes et réceptives qu’importe les critiques d’art, parce que l’art authentique les vivifie, réunit les avis différents en une joyeuse émulation spirituelle, en une contemplation reconnaissante de la beauté.

Les œuvres contemporaines ne semblent pas posséder, dans leur grand nombre, la dimension élévatrice de celles de jadis. En réalité, les racines de ce mal sont bien plus anciennes et ses ravages déferlent sur la culture, sans que la majeure partie du public en ressente les causes profondes. Elles se traduisent en absurdités de formes et de reliefs, en injures au bon sens et à la nature, en constructions hideuses dans un univers de folies. Par cet art que certains ont qualifié de dégénéré, c’est une porte qui s’est ouverte aux ténèbres par laquelle s’engouffrent excès et vices jusqu’aux épouvantables réalisations wokistes étalées aux yeux et aux regards du monde entier au cours des Jeux Olympiques de Paris en juillet 2024. La beauté naturelle, spontanée s’en est allée, elle n’est plus remplacée par l’avilissement des mouvements du cœur, l’ensevelissement des élans de l’âme dans un effroyable obscurantisme. L’obscénité et la négation du beau ont gangréné toutes les pensées. Les turpitudes de l’intellect ont provoqué des lézardes géantes par lesquelles se déversent la présomption et la vanité, le laid et le malpropre. Où est l’art dont le carillon sonnait telle une harmonie céleste dans la main de Dieu? Ses tintements délicats sont hélas maintenant étouffés par les sons discordants de musiques contemporaines dures et brutales. Où est l’art tel un tableau vivant dans la Main de Dieu? Ses couleurs de lumière sont ternies, enlaidies par les peintures lourdes et poisseuses des toiles actuelles. Où est l’art telle une sculpture animée dans la Main de Dieu? Ses lignes s’accordaient à ses volumes pour produire un mouvement évocateur de symboles. La plastique moderne est enlaidie, hideuse, figée par la rupture du sens esthétique et la pression de la chose intellectuelle. Comptent désormais la compétition et le concours, les titres et les honneurs, la puissance et la gloire, l’argent et la volupté. C’est un emploi désastreux de la Force neutre créatrice que l’homme fait, il a creusé un gigantesque abîme entre sa propre origine spirituelle et sa condition terrestre jusqu’à amener vers lui d’effroyables répercussions dites artistiques dont le monde est inondé. La femme a exercé sur l’art conçu par les hommes occidentaux une dévalorisation certaine: elle s’est prêtée au jeu de la femme-objet et de désir. Jusqu’au 17ème siècle, le mot art dans la langue française était de genre féminin, son basculement de genre serait-il à mettre en rapport avec l’arrivée du « siècle des lumières »? Serait-ce simplement une coïncidence ou l’annonce particulière d’une nouvelle place pour la femme, en somme un progrès social..? Quoiqu’il en soit, nul ne peut ignorer le rôle de la femme dans l’évolution de l’art jusqu’à ce jour.

Aussi loin que l’on pousse les recherches dans le passé, il n’est aucun pays qui n’ait reconnu le rôle décisif de la femme dans l’activité humaine quand bien même, celle-ci en a aussi trop souffert. Dans les statuettes de pierre et de bois, dans les gravures taillées dans la roche, l’art ancien et même préhistorique a pris la femme en qualité d’incarnation du principe féminin cosmique de fécondité et de croissance. Mais depuis cette époque, ce noble symbole de grâce et de noblesse a été défiguré, sali et avili. L’image dévalorisée de la femme figure autant dans l’art mythique que dans l’art religieux ou moderne. Si les formes diffèrent selon la civilisation, le fond demeure. Peu à peu, l’image de la mère s’est faite femelle. Celle de la femelle est devenue maîtresse. Et la maîtresse s’est transformée en hideuse caricature de femme. Ainsi la noble féminité s’est peu à peu effacée. Tellement qu’aujourd’hui les tenues féminines rivalisent souvent avec celles des prostituées des films noirs et blancs des années 1950. L’inconscient masculin s’est accaparé l’image de la femme-objet, proie de toutes les convoitises, de tous les enjeux. L’art la décrit en femme-machine, en être hybride, nourrie par tous les fantasmes des « artistes » qui puisent aux sources les plus basses. Elle est même bipolaire, représentée mi-femme, mi-homme, montrée telle une effigie de luxure, tandis que son rôle éminent de vigie de la pudeur est dissous dans les excès! La femme est devenue un symbole de jouissance exclusive voué au culte érotique et pornographique. Dans ce tableau laid, interrogeons: l’homme est-il objectivement le seul coupable, nombre de femmes ne cultivent-elles pas depuis longtemps sinon toujours le jeu de la séduction? Comment la publicité présente-t-elle toujours la femme? Certes, elle ne tient plus le balai-brosse ni l’aspirateur, elle ne fait plus la cuisine: les hommes en ont la charge! Mais elle est maintenue symbole sexuel pour la vente et l’achat de vêtements et de parfums. Et dans ce fatras des rapports hommes-femmes décadents, a surgi le courant ténébreux wokiste qui s’est développé, installé dans une multiplicité de formes d’expression dénaturées qui tente d’éradiquer le fragile équilibre homme-femme. Plus grave encore, il veut supprimer aussi le rapport fondamental yin-yang inscrit partout dans l’espace et le temps terrestres mais aussi dans le monde invisible.

Pudeur, oh pudeur, où t’en es-tu allée? [NDLR: Article privé; nécessite d’être enregistré et connecté.] Aux hommes, à tous les hommes; aux artistes, à tous les artistes, de mettre en œuvre tous leurs talents pour retrouver en la femme les trésors que Dieu y déposa jadis. L’argent maintient captif hommes et femmes lorsqu’il s’agit de représentation féminine. Le domaine de l’art n’échappe pas à ce grave manquement à la loi divine de la pudeur. À cette grave atteinte à la pudeur s’ajoute également une autre calamité: le rabaissement de la grandeur de Dieu! L’artiste soumis à son intellect, assujetti à une foi aveugle, a trop souvent déformé la justice qui sustente les lois du Créateur. Ses œuvres tendent à rendre imparfaites les lois naturelles, à réduire la Toute-Puissance de la Volonté divine. Il en a résulté une régression artistique sortie des cerveaux humains de plus en plus assujettis au matériel, à l’espace et au temps. Méconnaissant sa propre origine spirituelle, l’artiste plus que l’homme commun souffre, dans son ignorance, de ne pouvoir expliquer la nature et la source de ses inspirations. Sa voix intuitive ne trouve pas le terrain propice dont il a besoin afin de transmettre les images venues d’en-haut dans des conditions normales. Et le résultat est là, terriblement oppressant. Les « œuvres d’art » modernes sont coupées de la manne céleste. Elles ne proposent plus que des objets témoins de l’irrésistible décadence actuelle, reflet de la chute vertigineuse des âmes. Les émanations des bas plans, les formes-pensées délétères, sont la matière première des œuvres chaotiques des artistes qui sont les porte-paroles du faible niveau spirituel de leurs contemporains. Alors l’art révèle le culte dévastateur que les hommes vouent aux ténèbres. Il est le témoin sans complaisance du désordre mental, du déséquilibre psychique, de l’informe et de l’inesthétique. C’est l’indicateur de toutes les tensions et de toutes les passions nées de l’intellect tortueux et malade. L’art contemporain souligne le règne despotique de la “non-qualité” issue des effets des formes-pensées opaques et malsaines, dans un monde qui, ces dernières décennies, a instauré des normes qualité qui ont effacé l’antique conscience professionnelle. Dans beaucoup de ses expressions, l’art moderne est une insulte à la beauté et par là même est contre-nature. Devenu art des bas-fonds, il est chaos, porteur de la plus totale disharmonie, divise au lieu de rapprocher, disloque au lieu de réunir, rompt au lieu d’associer.

La source de vie de l’art

Afin d’aller plus avant dans la compréhension du processus d’élaboration artistique, une mise au point est indispensable: l’homme est dans l’impossibilité de créer quelque chose à partir de rien. D’ailleurs le sens du mot créer et l’usage qui en est fait sont erronés. Créer exprime l’action de sortir, d’extraire quelque chose du néant, en somme de faire exister sans matériau de base. Or, ceci est faux pour l’homme. Car, il ne peut rien “créer” sans puiser dans ce qui existe déjà sous un aspect ou un autre. La présomption humaine cherche à procurer aux hommes l’illusion qu’ils sont des créateurs. En son temps, le Coran les alerta: «Hommes, voici une parabole, écoutez-la: ceux que vous priez hors de Dieu ne peuvent, même réunis, créer une mouche (Sourate 22, verset 73). La réalité est là, elle montre à l’homme qu’il ne saurait être aucunement créateur de quoi que ce soit, il ne fait que former. Cette distinction d’une importance décisive est en même temps un appel à l’humilité et à la gratitude envers le Seigneur des mondes. Donc, en aucun cas, l’homme ne peut et ne doit s’imaginer détenir le pouvoir de créer. Tout ce qui ressort de ses activités quelles qu’elles soient, n’a pu prendre forme que par la Toute-puissance de la Force neutre du Créateur: DIEU! Tout artiste, sincèrement croyant, ne reconnaîtra jamais dans l’aboutissement d’un travail précis, sa seule intervention. Bien au contraire, sous l’influence bénéfique des connaissances spirituelles alliées à l’expérience vécue, il manifestera sa pleine gratitude en remerciant son Créateur des aides subtiles et matérielles qu’il a pu recevoir en pleine conscience. Le seul mérite de l’artiste repose dans sa volonté de se brancher intuitivement sur des courants soit spirituels, soit de matière fine. Tout vouloir exerce une action magnétique qui, selon le degré de pureté de son auteur, va attirer vers lui des éléments épars, de même nature, qui vont renforcer et grossir l’impulsion initiale. La valeur des œuvres produites par l’artiste sera finalement fonction des ajouts subtils qui seront venus alimenter son écoute intérieure: l’inspiration et la qualité de traduction matérielle. De là vont résulter des œuvres de genres différents, soient inspirées par le souffle puissant de l’esprit, soient issues des bas plans de la matière fine, en l’absence de pure vibration intuitive.

L’artiste, dans le domaine qui est le sien, c’est-à-dire celui de la beauté, est donc en mesure de puiser dans les ressources cosmiques qui préexistent à toute entreprise. Sa pureté intérieure le met spontanément au diapason de vibrations d’un genre particulier, conformes à sa propre nature intérieure et qu’il traduit concrètement. Son intellect transformera les images reçues en des formes plastiques ou musicales, spatiales ou temporelles. Plus la source d’inspiration sera élevée, c’est-à-dire en provenance des sphères lumineuses, plus l’œuvre terrestre bénéficiera de la force d’en-haut et du sceau de l’esprit. À la condition toutefois que l’état intérieur de l’artiste, donc sa capacité à exercer une influence purificatrice sur son intellect, réduise la distorsion entre l’inspiration reçue et la réalisation physique de l’œuvre. Cet effet cosmique s’inscrit des lois simples sans failles dans leur fonctionnement.

Les traditions spirituelles d’où qu’elles proviennent reconnaissent l’existence de plans différents qu’englobe de manière générique le mot au-delà. L’organisation la plus répandue en occident est le trinôme esprit-âme-corps qui désigne simultanément trois plans ou mondes distincts : le spirituel, la matière fine et la matière grossière. Ainsi, le fait de s’élever au sens spirituel de verbe apporte une indication sur la particularité de chacun des plans de posséder une densité spécifique qui fait leur nature propre. Ces plans, en quelque sorte, se superposent, se touchent bord à bord mais sans jamais se mélanger. Autrement dit, selon sa hauteur cosmique, chaque plan possède sa légèreté, son poids d’une certaine façon, chaque plan pèse quelque chose ou encore se caractérise aussi par sa pesanteur. Plus c’est haut, plus c’est léger. Le spirituel (qui reçoit l’esprit) est donc le plus haut dans la Création suivi aussitôt du monde de matière fine, le monde de l’âme, et plus bas, enfin le monde de matière grossière qui comprend notamment le monde physique dont la Terre.

Revenons à l’artiste, selon la nature de sa vie intérieure, il peut se “brancher” sur une source artistique émettrice en provenance de l’un de ces trois mondes. Pour faire simple, ce qui provient du plus haut est le plus riche en possibilités créatrices. Ainsi, l’artiste récolte la moisson de beauté dans le champ spirituel qu’il a su cultiver lui-même. Beau ou laid! Pauvre ou riche! Élevé ou bas!

Un vieil adage dit que ce qui se ressemble s’assemble. Il est universellement connu. L’une des significations applicables à l’art nous apprend que l’artiste qui manifeste un attrait particulier pour quelque chose, ou une attirance récurrente pour un centre d’intérêt ou une forme relationnelle spécifique attire vers lui du matériau artistique subtil de même nature. Autrement dit des pensées élevées rapproche l’artiste de formes artistiques de même nature. Inversement, certains artistes puisent dans la fange du monde des pensées sombres, horrifiques ou ténébreuses, qui se déversent sur terre par leur biais dans des œuvres douteuses sinon quasi maléfiques. Celui qui sème récolte. Cette expression de nature biblique mais certainement lui est-elle antérieure, tant elle puise profondément dans le comportement humain apporte un éclairage sur une troisième Loi spirituelle. Cette loi est dite de cause à effets ou loi de rétribution, selon les courants religieux. Elle souligne que des attitudes et des comportements précis sont à l’origine d’un retour de même nature. Autrement dit, pour reprendre un terme appartenant à la culture religieuse hindoue, il est question ici de karma d’où l’on comprend que l’artiste voit revenir vers lui, aujourd’hui, ce qu’il a jadis semé. Il est donc, pris dans le sens de cette culture, en relation étroite avec le samsara ou réincarnation.

À travers la manifestation de chacune de ces trois lois fondamentales, c’est un panorama gigantesque de fils subtils, plus ou moins lumineux qui s’offrent à l’artiste lequel peut s’en imprégner, consciemment ou non, le plus souvent. Le sens de la beauté, celui de l’art véritable s’offre ainsi à l’artiste. La Terre apparaît alors tel un lieu de rencontres, tel un carrefour où se déversent à profusion mille grâces prêtes à illuminer l’artiste, et dans une moindre mesure l’homme commun. La prédisposition artistique ou don est le résultat d’une résolution antérieure à la vie présente qui est donc inscrite dans une vie passée. L’être incarné devient artiste parce qu’il l’a décidé volontairement – soit à sa demande par inclination naturelle, soit comme résultat d’une mesure pédagogique appliquée par les justes Lois du Créateur, pour son évolution spirituelle. Il est aussi une autre possibilité: l’appel de la Lumière. Tel être humain est choisi spirituellement afin d’être porteur d’un message artistique d’une nature particulière dans le but aider les hommes à évoluer en leur offrant un témoignage de la beauté céleste. L’œuvre d’art est alors un véritable support de communication destiné à remplir un rôle promoteur: ouvrir les âmes humaines en prévision d’un événement à venir par exemple. L’art est alors une authentique semence spirituelle, un acte préparatoire, une liaison. L’être choisi qui remplit une telle mission dispose d’une vaste chaîne d’aides, ce sont autant de relais spirituels à travers lesquels s’acheminent les images intuitives, plan par plan, du haut vers le bas, que l’artiste va concrétiser dans la matière grossière par la peinture, la musique, la sculpture, etc. De ce cadre invisible et prodigieux, l’artiste n’en produit qu’un achèvement dans la matière physique, mais suffisamment grandiose ici-bas pour emporter l’enthousiasme du visiteur, du lecteur, de l’auditeur. Un jeu de subtiles irradiations constituées de modèles venant des plans spirituel et animique prennent peu à peu forme en se densifiant grâce à l’appel exercé par le bon vouloir de l’artiste. C’est une multitude éclatante de fils lumineux qui pénètrent la matière du cervelet puis du cerveau en des formes qui font écho aux modèles des plans supérieurs. Tout ce qui existe ici-bas est comme ce qui est en bas dit l’ancienne sagesse populaire grecque, ainsi l’artiste reçoit du monde subtil ce qui y a été préalablement et nécessairement conçu à l’état de “prototype”, en somme. Par exemple, la Terre, elle-même, possède son double astral, il en va de même pour chaque corps physique, humain, animal et végétal ou pour tout travail résultant de l’activité de l’homme. Chacun bénéficie d’un tissu de vibrations subtiles et particulières en rapport avec son genre. Tout corps a son modèle original dans l’au-delà. Ce monde de matière fine renferme le moule, c’est-à-dire le modèle du double matériel dont l’artiste reçoit l’image. Ce monde est un extraordinaire chantier de nuances vibratoires, de couleurs, d’odeurs, de formes et de sons qui en s’assemblant sous l’action de forces naturelles personnalisées réalisent des archétypes qui attendent seulement l’appel désintéressé d’artistes afin de “mettre au monde” des œuvres d’art nouvelles sur Terre. L’art ne reproduit donc pas forcément ce qui est visible, c’est-à-dire la nature ambiante qui a elle-même son propre modèle, mais il donne aussi forme aux choses invisibles de l’au-delà. Le mot création artistique, au sens de découverte artistique, prend ainsi une signification bouleversante: Le véritable artiste capte puis transmet les images spirituelles perçues, après les avoir transformées selon sa capacité de réception intuitive. L’art joue alors pleinement son rôle de témoin de la Grandeur et de la Majesté divines. C’est ainsi que peut et doit rayonner l’esprit humain, en particulier l’artiste.

Les œuvres d’art défient le temps

La faute originelle consistant en une dissociation mortelle du spirituel et du terrestre s’est transformée en une rupture dramatique. L’une des conséquences est que les œuvres artistiques sont coupées des pures irradiations qui fluent du plus haut du cosmos vers la Terre. C’est le double effet de l’aveuglement de l’esprit paresseux et du consentement servile et inconscient à l’intellect. Pour l’esprit vassal qu’il a inféodé au cerveau, qualifier facilement et pompeusement d’œuvres artistiques ses différentes productions est devenu courant. La source de cet état de fait plonge le plus souvent dans les bas plans de la matière fine où grouillent d’opaques formes-pensées: envie, jalousie, volupté, égoïsme, accaparement, haine, violence, meurtre. Une matière fine semblable à un fleuve dévastateur qui inonde et recouvre tout ce qu’il touche. Le cerveau en reçoit les effluves jusqu’à donner naissance à des formes froides et rigides, à des objets rutilants mais inertes sans la moindre empreinte de l’esprit. Nombre de « créations » déferlent ainsi sur le monde, strictement fondées sur l’intellect, entièrement dépourvues de la fraîcheur de l’esprit. Chacun perçoit bien que rien, dans ses “œuvres”, ne peut ennoblir l’être humain, que jamais rien ne pourra les pérenniser parce que toute chose en remplace une autre à une vitesse incroyable. On conçoit, on fabrique de la valeur éphémère, renouvelable à l’excès, l’art (ainsi se nomme-t-il) n’y échappe pas.

Pourtant, depuis toujours, une bienheureuse étoile fait dire que l’art (le vrai) défie le temps. C’est comme une main invisible qui semble protéger certaines œuvres d’art grandiose, celles qui possèdent en elles la flamme de l’esprit. Aussi, ne sont-elles pas inéluctablement vouées à la perdition, car en elles repose une base solide, un point d’ancrage spirituel, celui que l’homme véritable porte en lui comme origine et héritage. C’est là le secret des œuvres d’art qui défient le temps terrestre, des œuvres en lesquelles l’intellect est la seconde main tandis que l’esprit, lui, est le guide. Face à elles, l’intellect est soumis et dans un réflexe dominateur, voulant toujours orgueilleusement garder la main. Aussi a-t-il créé un marché de l’art où ces œuvres pèsent leur pesant d’or en centaines de millions de dollars ou d’euros. Des œuvres pour lesquelles des hommes sont capables de s’entretuer. Ici, les ténèbres se retournent contre elles-mêmes pour servir l’esprit. L’art véritable ne trompe pas, sans crainte de se tromper, il est un écho palpable à la parabole du semeur: ce que l’homme cultive, il le récolte, dernière moisson… Les objets et les constructions artistiques nés de l’harmonie spirituelle bénéficient d’une protection particulière que n’obtiennent jamais les réalisations intellectuelles. Le processus est auto-actif, il provient directement de la source spirituelle de l’œuvre d’art qui alimente en force l’intuition des personnes sensibles. Une sorte d’anneau protecteur enveloppe les œuvres d’art véritable d’un cocon protecteur lequel peut prendre une multitude de formes. La manière dont certaines œuvres volées mais pourtant protégées, puis retrouvées, parfois très longtemps après leur vol, ont de quoi étonner. On croirait qu’un discret mais très efficace processus entoure et surveille les œuvres d’art, comme si une coupole de lumière, un éther lumineux, agissait tel un bouclier protecteur. L’œuvre d’art se trouve ainsi à l’abri de l’usure du temps, de l’effritement naturel de la matière jusqu’à l’homme qui contribue à sa restauration avec d’infinies précautions.

Au marché de l’art chargé d’ondes spirituelles, celui des musées, des salles de vente de haut vol et des richissimes collectionneurs. Il y a aussi celui du prêt-à-porter artistique abreuvé de productions de toutes sortes. L’actualité et la publicité ne cessent d’annoncer les nouvelles “œuvres d’art” ou l’une détrône vite l’autre. Le mot magique “créativité” fait croire à beaucoup que l’art est partout et en tout, en l’absence de l’esprit. C’est d’ailleurs ce même appauvrissement spirituel qui conduit à considérer que l’être humain serait un « homme-dieu »!

Le canal de l’inspiration

Le mal appelle le mal dit-on, ce qui entraîne conséquemment que la beauté appelle à elle la beauté! La même loi gouverne toutes les résolutions, toutes les créations-formations humaines. L’être humain a la faculté libre d’utiliser la Force neutre divine et créatrice pour élaborer des œuvres humaines, belles ou laides. L’artiste en est le précurseur, l’éclaireur de la beauté céleste sur Terre. Le véritable artiste ne peut s’empêcher de laisser jaillir ce qui l’empoigne et l’émeut avec tant de force, car les valeurs spirituelles aspirent à émerger, à servir, à éblouir. Les jeunes prodiges ont précocement exprimé leur art. Le feu artistique brûle en eux, très tôt ils se révèlent selon une inclination musicale, picturale, scripturale, etc. Leur mission artistique est puissante et s’impose dans leur plus tendre enfance, leurs talents s’épanouissent, d’abord, à l’étonnement général du proche entourage. Il arrive aussi que le don artistique apparaisse bien plus tard au cours de l’existence, dans la force de l’âge, sorte d’intime révélation en vue d’un but précis.

L’âme de la chair est dans le sang [NDLR: Article protégé par mot de passe à demander à la Rédaction du site.] dit le Lévitique (17, 11 et 17, 14). On peut comprendre par ce verset l’indication suivante: le pont pour toutes choses, au premier chef pour les facultés exceptionnelles artistiques, est le sang, lequel serait l’itinéraire spirituel emprunté par l’inspiration jusqu’au cerveau de l’artiste. Ainsi, la constitution spécifique du sang et la sensibilité particulière de l’artiste lui offrent de se brancher sur des courants d’un genre particulier auxquels n’accèdent pas les autres humains. Le corps, dans son entier, cerveau compris, ressemble alors à un catalyseur des beaux et nobles courants spirituels qui fluent dans la Création, prêts à déverser leurs fruits cosmiques. Ainsi, l’art, le vrai, l’unique, celui du beau, ne peut s’apprendre, il est une disposition innée en l’être humain qui la manifeste, femme et homme. Cette disposition naturelle, un don. Le bon sens dit simplement: il est né avec. Ainsi l’art ne saurait s’acquérir tel un métier. Le talent précède toujours, l’indispensable apprentissage suit après.

L’artiste, artiste de lui-même

Une œuvre que la sensibilité spirituelle rejette possède une signature qui authentifie l’état intérieur de son auteur. C’est la marque qui laisse deviner sans erreur possible où l’artiste sa ressource “artistique”. Il en est tout autrement lorsque l’art vibre dans la bonne voie, celle de l’esprit en communion avec la beauté. L’artiste est alors l’officiant de son autel intérieur, il est artiste de lui-même, dans le sens du beau, en magnifiant les talents qui lui furent confiés pour sa nouvelle incarnation. La démarche artistique est intuitive, l’artiste vit une quête authentique de connaissance qualitative, de celle qui élève son âme. Il se manifeste tel un véritable initié de la beauté, il en est le catalyseur conscient.

Même sans y penser l’art touche l’être humain à l’écoute de l’Œuvre divine dans ce qu’il est le plus précieux, le plus vivant: son esprit. Par l’art, il lui est donné de pouvoir accéder au chef-d’œuvre vivant, spirituel, viable et utile à l’éternel mouvement évolutif de la création. Selon son état de réceptivité, parce qu’il doté d’une antenne intérieure suprasensible, il capte plus que tout autre l’harmonie et la beauté des sphères supérieures. Vivre artistiquement équivaut à s’imprégner des particules de lumière qui, telle une pluie rafraîchissante, apaisent l’âme et font croître et mûrir les trésors enfouis dans l’esprit. L’artiste peut faire de son inspiration le souffle de son être car en lui repose la faculté de transformer les ondes lumineuses en œuvre. L’inspiration de l’artiste est influx de force qui devient rayonnement dans la matière. Et les œuvres de l’artiste véritable peuvent servir de pont d’accès au spirituel dans le monde physique, elles peuvent faire remonter leurs contemplateurs à la source de leur véritable moi. Oui, l’art véritable est une sorte de magie! Comprenons ce mot dans le sens d’influence bénéfique née de la Force divine dans laquelle l’artiste peut puiser à profusion. Il faut y ressentir l’action aimante des lois créatrices de Dieu dont l’homme ne saisit généralement pas la valeur profonde et authentique. L’artiste ne crée pas la beauté, car elle demeure en dehors de lui, mais il a le privilège d’en capter quelques traits de lumière, d’en être le témoin par ses réalisations.

L’art terrestre est agent de lumière céleste et l’artiste capte une part des beautés supérieures. Il est la main qui lui compose une forme dense déterminée dans la sobriété du geste et la puissance du mouvement inspiré. L’intellect de l’artiste s’ouvre aux rayons du soleil spirituel qui illumine son âme. La paix est là face aux richesses et aux splendeurs qu’il perçoit avec son œil intérieur. Son secret réside dans le don qu’il a de franchir la barrière dense de son enveloppe matérielle pour se brancher sur les particules de Lumière porteuses de beauté et de se mettre en contact avec les entités artistiques de l’au-delà. Selon son degré de pureté intérieure, l’artiste spirituellement préparé à sa mission voit se déployer devant son regard un univers de radiations colorées et musicales conforme à ses aspirations. Il contemple des images d’une sublime transparence qui dominent le marécage des formes-pensées qui flottent autour de la Terre en un étau ténébreux. Devenir l’interprète des splendeurs et des richesses de la beauté spirituelle exige de l’artiste qu’il se dépasse, qu’il se surpasse, qu’il maîtrise ses sentiments et son imagination, qu’il ne se laisse pas emporter par son intellect. Selon l’accroissement des vibrations de son aura, reflet coloré de l’activité de son esprit, l’artiste se met au diapason des pulsations de la grande respiration cosmique qui est donner et recevoir. Il s’affirme tel le sculpteur qui apprend à façonner son âme, tel le peintre qui intensifie la chaude tonalité des couleurs de son aura, tel le musicien qui recherche l’accord parfait entre son esprit, son âme et son intellect. Parvient-il à maîtrises ses pensées, de ses paroles et de ses actes, alors l’aura harmonieuse fait résonner son être dans la joie de l’humble créature. L’artiste est une note harmonieuse sur la portée musicale de l’univers. Il se fait orfèvre, ciseleur qui modèle en lettres de feu son nom dans le Livre de la Vie.

C’est dit: il était prévu que l’homme devienne le médiateur de la beauté céleste, agent de liaison pour l’union réelle des mondes de l’esprit et de la matière. L’artiste en est l’élément réfléchissant, prolongement naturel du principe de beauté que Dieu déposa en chaque être humain. Il ouvre naturellement sur un monde d’éternité où tout s’accomplit selon les lois divines. Il offre de ce qui est en haut à l’artiste dont l’esprit est vivant. À ce point, l’art libère le cœur des scories paralysantes, place l’homme en communion intime avec les forces de beauté et de sagesse qui fluent dans l’univers. Il jette un pont de lumière entre le dense et le subtil. Il réunit tout ce qu’à l’heure actuelle l’homme, trois fois hélas, est parvenu à séparer dans un acharnement stupide et mortel. L’art a la capacité de faire éprouver le contentement et la félicité, qui éloigne du sommeil spirituel. L’art consiste à diffuser délicatement des courants d’une intense purification qui élèvent l’esprit. Il entraîne par sa puissance persuasive à reconnaître derrière les chefs-d’œuvre la présence de la Force de l’Esprit, celle du Créateur.

L’art n’élève pas seulement l’artiste, mais tout autant celui qui l’admire dans ses œuvres. Sur le plan spirituel, chacun est appelé à devenir à sa manière un artiste, à transformer ses talents en sommeil, à parvenir à en faire un témoin, une preuve artistique, à jamais inaltérable. Les chefs-d’œuvre de l’esprit sont ainsi encore à venir. Que puisse, l’esprit, les réaliser sans tarder!

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Art - Bibliothèque pour Œuvres d'Art - Augustus Charles Pugin - Ackermanns

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