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Le Dieu que j’adore
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Ô mon Dieu, devant Toi, comme l’Or au creuset,
Je fonds; pour me cacher, où dois-je donc creuser?
Comme l’ardent Soleil Tu es inabordable,
Comme l’Astre lointain Tu es inapprochable!
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Comment puis-je T’aimer, Seigneur de l’Univers?
Comment Te vénérer, moi qui ne suis qu’un ver?
Comment donc T’adorer? ô Dieu, Toi que j’honore,
Comment Te respecter, Toi Que mon cœur adore?
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J’étais donc suppliant, pareil à un mendiant,
Attendant un Signe, dont mon cœur est friand,
Alors Tu m’as dit, oui, Toi le Dieu que j’adore:
«Tu dois abandonner Sodome et puis Gomorrhe!».
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Là, dans Ta Nature, je m’en suis en allé,
Afin de savoir si Tu es là, installé,
Recherchant Ton Temple, j’ai gravi Ta Montagne,
Afin de savoir si là Ton Amour se gagne!
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Arrivé tout Là-Haut, c’était déjà le soir,
Je regardais partout, rempli du fol Espoir
De percevoir Ta Voix dans la Ronde des Astres
Et de voir Ta Force provoquer des désastres!
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Je tendis l’oreille, puis j’entendis Ta Voix
Me dire: «Ma Force, que, oui, partout Tu vois,
Sache-le, est toujours purement constructive.
La Force agit juste, selon Mes Directives!».
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La Lune illuminait la vue autour de moi,
La forêt jaunissait depuis déjà un mois,
«De toutes ces Beautés, ô Seigneur, je m’étonne:
Que fait donc Ta Splendeur en plein cœur de l’Automne!?»
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– «Sache, petit homme – que Mon Amour a fait –
Que Mon Irradiation promeut tous les Effets
Des Lois et que Mes Lois tracent toute la Piste:
Ma Magnificence, dans tout le Cycle, existe!».
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Allongé, à l’aise sur un moelleux tapis
De feuilles, je restais, là, dans le noir, tapi,
A contempler le Ciel semé de tant d’étoiles,
Dont le Peintre Céleste avait rempli Sa Toile!
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– «Dieu, qui admire autant que moi Ton grand Pouvoir?
Dieu, qui sait mieux que moi, en Tes Œuvres, Te voir?»
Une forte euphorie s’empara de mon être,
Je me sentais si bien, du fait de mon bien-être!
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La Voix, encore, à moi, tout à coup S’adressa:
– «T’imagines-Tu donc M’adorer comme ça?
Vois: Ton âme s’étale, en proie à la jouissance,
Mais Moi, Je veux de Toi la vraie Re-connaissance!
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Homme!, debout Tu dois, devant Moi, Te tenir!
Oui, Je veux que l’homme sache M’appartenir!
Qu’il savoure vraiment la Vie que Je lui offre!
Qu’il prenne à pleines mains Mes Trésors
dans Mon Coffre!
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Mais Je veux que ce soit le regard vers le Haut!
Que chaque Instant devienne un merveilleux Joyau!
Ce n’est que par l’Action que Tu Me glorifies,
L’Action joyeuse qui, partout, Me magnifie!
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Mais, pour cela, il faut suivre une Condition…»
– «Laquelle? ô Dieu, à quoi dois-je faire attention?»
– «Mes Lois, Mon cher enfant, Tu dois les re-connaître!
Là est Ma Volonté, le Moyen pour renaître!»
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Après avoir reçu, Là-Haut, cette Leçon,
Je gagnai la plaine, sifflant une chanson
Louant les Lois de Dieu, Piliers de l’édifice,
Qui, dans la Création, en tous ses lieux, agissent!
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«Le Dieu que j’adore» – Extrait du recueil de poèmes «Les Constellations».
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Le Maître que j’adore
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Pour moi, je chanterai le Maître que j’adore,
Dans le bruit des cités, dans la paix des déserts,
Couché sur le rivage ou flottants sur les mers,
Au déclin du soleil, au réveil de l’aurore.
La Terre m’a crié: Qui est donc le Seigneur?
Celui dont l’âme immense est partout répandue,
Celui dont un seul pas mesure l’étendue,
Celui dont le Soleil emprunte sa splendeur;
Celui qui du néant a tiré la matière,
Celui qui sur le vide a fondé l’Univers,
Celui qui sans rivage a renfermé les mers,
Celui qui d’un regard a lancé la Lumière;
Celui qui ne connaît ni jour, ni lendemain,
Celui qui de tout temps de soi-même s’enfante,
Qui vit dans l’avenir comme à l’heure présente
Et rappelle les temps échappés de sa main:
C’est Lui! C’est le Seigneur: que ma langue redise
Les cent Noms de Sa Gloire aux enfants des mortels,
Comme la harpe d’or suspendue à l’Autel,
Je chanterai pour Lui, jusqu’à ce qu’Il me brise…
Alphonse de Lamartine, Stances – Nouvelles Méditations
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