Ecole de l'art de vivre
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Le déclin du Courage

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Alexandre Soljenitsyne: Un regard lucide et courageux

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  Lorsqu’une grande Conscience s’exprime…

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« Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne ou Soljénitsyne (en russe: Александр Исаевич Солженицын: Aleksandr Isaevič Solženicyn), né le 28 novembre 1918 ( dans le calendrier grégorien) à Kislovodsk et mort le à Moscou, est un écrivain russe et un des plus célèbres dissidents du régime soviétique durant les années 1970 et 1980.

Né dans le nord du Caucase, il fait de brillantes études de mathématiques et de littérature. Il adhère alors à l’idéologie du régime communiste. Mobilisé en 1941 lorsque commence la guerre contre l’Allemagne, il suit à sa demande une formation d’officier d’artillerie à partir de 1942. Au front, il fait preuve d’une conduite exemplaire qui lui vaut d’être décoré. Il est cependant arrêté en 1945 pour avoir critiqué Staline dans une correspondance personnelle et est condamné pour «activité contre-révolutionnaire» à huit ans de détention dans un camp de travail pénitentiaire. Libéré en 1953, il est placé en relégation dans un village du Kazakhstan et ne pourra rentrer en Russie qu’en 1959, réhabilité par la Cour suprême.

À la faveur de la déstalinisation et de l’adoucissement du régime sous Nikita Khrouchtchev, il publie un premier roman en 1962, Une journée d’Ivan Denissovitch, première œuvre littéraire témoignant de l’existence de camps en URSS, qui fait l’effet d’une bombe. Alors que le régime se durcit sous la direction de Brejnev et que la police saisit certains de ses manuscrits, il parvient à publier quelques ouvrages en samizdat (Le Pavillon des cancéreux) ou à l’étranger (Le Premier Cercle). Ils lui valent une renommée mondiale, jusqu’à obtenir le prix Nobel de littérature en 1970.

En 1973, il donne l’ordre de publier à Paris L’Archipel du Goulag. Cette chronique minutieuse du système de répression politique en Union soviétique, nourrie de nombreux témoignages de rescapés des camps, connaît un retentissement mondial. Elle est considérée comme l’un des ouvrages majeurs du XXe siècle sur le système concentrationnaire.

Arrêté en 1974, il est expulsé d’Union soviétique et déchu de sa citoyenneté. D’abord réfugié en Europe de l’Ouest, il s’installe ensuite aux États-Unis, dans le Vermont, où il passe vingt années d’exil, au cours desquelles il écrit sa monumentale Roue rouge. Réhabilité par Mikhaïl Gorbatchev, il rentre en 1994 à Moscou, où il termine sa vie.

Figure de proue de la dissidence soviétique, il s’en démarque cependant par une vive critique du matérialisme occidental, exprimée notamment dans son « Discours de Harvard » sur le déclin du Courage (1978). »  (Source)

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Et c’est justement principalement à ce Discours de Harvard sur le déclin du Courage du 8 Juin 1978 que nous nous intéressons ici en en citant les quelques extraits ci-dessous:

«Le chemin que nous avons parcouru depuis la Renaissance a enrichi notre expérience, mais nous avons perdu le Tout, le Plus-Haut qui fixait autrefois une limite à nos passions et à notre irresponsabilité.» (…)

«Pour se défendre, il faut être prêt à mourir, et cela n’existe qu’en petite quantité au sein d’une société éduquée.» (…)

«Étant donné la richesse de développement spirituel acquise dans la douleur par notre pays en ce siècle, le système occidental, dans son état actuel d’épuisement spirituel, ne présente aucun attrait. La simple énumération des particularités de votre existence à laquelle je viens de me livrer plonge dans le plus extrême chagrin.» (…)

«Non, certes, armé de l’expérience du pays du socialisme réalisé, de toute façon je ne proposerai pas une alternative socialiste. Tout socialisme, en général comme dans toutes ses nuances, aboutit à l’anéantissement universel de l’essence spirituelle de l’être humain et au nivellement de l’humanité dans la mort.» (…)

«L’Occident, qui {officiellement} ne possède pas de censure, opère pourtant une sélection pointilleuse en séparant les idées à la mode de celles qui ne le sont pas – et bien que ces dernières ne tombent {en principe}sous le coup d’aucune interdiction, elles ne peuvent vraiment s’exprimer ni dans la presse périodique, ni par le livre, ni par l’enseignement universitaire.» (…)

«La presse est le lieu privilégié où se manifestent cette hâte et cette superficialité qui sont la maladie mentale du XXe siècle. Aller au cœur des problèmes lui est contre-indiqué, cela n’est pas dans sa nature, elle ne retient que les formules à sensation.» (…)

«S’accrocher, aujourd’hui, aux formules figées de l’ « ère des Lumières » [sic!], c’est se montrer rétrograde. Cette dogmatique sociale nous rend impuissants dans les épreuves de l’ère actuelle.» (…)

«Le journaliste et son journal sont-ils vraiment responsables devant leurs lecteurs ou devant l’Histoire? Quand il leur est arrivé, en donnant une information fausse ou des conclusions erronées, d’induire en erreur l’opinion publique ou même de faire faire un faux pas à l’État tout entier – les a‑t-on jamais vus l’un ou l’autre battre publiquement leur coulpe? Non, bien sûr, car cela aurait nui à la vente. Dans une affaire pareille, l’État peut laisser des plumes – le journaliste, lui, s’en tire toujours. Vous pouvez parier qu’il va maintenant, avec un aplomb renouvelé, écrire le contraire de ce qu’il affirmait auparavant.» (…)

«Et quand, dans un pays, les pouvoirs publics entreprennent de déraciner vigoureusement le terrorisme, l’opinion les accuse aussitôt de « piétiner les droits civiques » des bandits.» (…)

«Le monde, aujourd’hui, est à la veille sinon de sa propre perte, du moins d’un Tournant de l’Histoire qui ne le cède en rien en importance au tournant de la Renaissance après le Moyen Âge: Ce Tournant exigera de nous une Flamme spirituelle, une montée vers une nouvelle Hauteur de vues, vers un nouveau mode de vie où ne sera plus livrée à la malédiction, comme au Moyen Âge, notre nature physique, mais où ne sera pas non plus foulée aux pieds, comme dans l’ère moderne, notre nature spirituelle. Cette montée est comparable au passage à un nouveau degré anthropologique. Personne, sur la Terre, n’a d’autre issue que d’aller toujours plus haut.» (…)

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«Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux: notre vie intérieure. À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce: Ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principales parties {de ce monde éclaté} soient atteintes d’une maladie similaire.» (…)

«Et, avec tout cela, la presse est devenue la force la plus importante des États occidentaux, elle dépasse en puissance les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Pourtant, voyons: en vertu de quelle loi a‑t-elle été élue et à qui rend-elle compte de son activité? Si, dans l’Est communiste, un journaliste est ouvertement nommé comme tout fonctionnaire  –  quels sont les électeurs de qui les journalistes occidentaux tiennent leur position prépondérante? Pour combien de temps l’occupent-ils et de quels pouvoirs sont-ils investis?» (…)

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«La devise de votre université est «Veritas». Comme certains d’entre vous le savent déjà, et comme les autres l’apprendront au cours de leur vie, la Vérité commence à nous échapper à la seconde même où notre regard relâche sa tension, elle nous échappe en nous laissant l’illusion que nous continuons à la suivre. De très nombreuses dissensions viennent de là. Et il faut savoir aussi que la vérité est rarement douce au palais : elle est presque toujours amère.»

«Moi qui ai passé toute ma vie sous le communisme, j’affirme qu’une société où il n’existe pas de balance juridique impartiale est une chose horrible. Mais une société qui ne possède en tout et pour tout qu’une balance juridique n’est pas, elle non plus, vraiment digne de l’être humain. Une société qui s’est installée sur le terrain de la loi, sans vouloir aller plus haut, n’utilise que faiblement les facultés les plus élevées de l’être humain. Le droit est trop froid et trop formel pour exercer sur la société une influence bénéfique. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l’être humain.» (…)

«Une âme humaine accablée par plusieurs dizaines d’années de violence aspire à quelque chose de plus haut, de plus chaud, de plus pur que ce que peut aujourd’hui lui proposer l’existence de masse en Occident que viennent annoncer, telle une carte de visite, l’écœurante pression de la publicité, l’abrutissement de la télévision et une «musique» insupportable.» (…)

«Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son ensemble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis, ainsi que, bien entendu, l’Organisation des Nations Unies. Ce déclin du Courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le Courage a déserté la société tout entière.» (…)

 

«Chacun se voit assurer l’indépendance par rapport à de nombreuses formes de pression étatique, la majorité dispose d’un confort dont nos pères et nos grands-pères n’avaient aucune idée, l’on peut désormais élever la jeunesse dans l’esprit des nouveaux idéaux, en l’appelant à l’épanouissement physique et au bonheur, de l’argent, des loisirs, en l’habituant à une liberté de jouissance presque sans limites – alors dites-moi au nom de quoi, dites-moi dans quel but certains devraient s’arracher à tout cela et risquer leur précieuse vie pour la défense du bien commun, surtout dans le cas brumeux où c’est encore dans un pays éloigné qu’il faut aller combattre pour la sécurité de son peuple? «Même la biologie sait cela: il n’est pas bon pour un être vivant d’être habitué à un trop grand bien-être. Aujourd’hui, c’est dans la vie de la société occidentale que le bien-être a commencé de soulever son masque funeste.

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En outre, dans « L’Archipel du Goulag »  il écrit aussi:

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«Peu à peu, j’ai découvert que la ligne de partage entre le Bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni les partis, mais qu’elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l’humanité.».
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«La scélératesse, semble-t-il, est elle aussi une grandeur à «seuil». Oui, toute sa vie, l’homme hésite, se débat entre le Bien et le mal, glisse, tombe, regrimpe, se repent, s’aveugle à nouveau, mais tant qu’il n’a pas franchi le seuil de la scélératesse, il a toujours la possibilité de revenir en arrière, il reste dans les limites de notre espoir. Mais quand il en franchit soudain le seuil, par la densité de ses mauvaises actions, leur degré, ou par le caractère absolu du pouvoir qu’il exerce, il s’exclut de l’humanité. Et peut-être sans retour.»
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«Avant la chute d’une société, il y a une sage catégorie d’hommes qui pensent, qui pensent et ne font rien d’autre. Et que ne s’est-on pas gaussé d’eux!»
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«Dans la vie de chaque homme, il y a un événement qui le détermine tout entier, détermine aussi bien son destin que ses convictions et ses passions.»
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«Les victoires sont nécessaires aux gouvernements, les défaites aux peuples. Après la victoire, on veut d’autres victoires encore; après une défaite, on veut la liberté, et généralement on l’obtient. Les défaites sont nécessaires aux peuples comme les souffrances et les malheurs à l’individu; ils vous obligent à approfondir votre vie intérieure, à vous élever spirituellement.»
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«La loi est comme le timon d’une charrette, on la tourne du côté où l’on veut aller.»
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«Oh! qu’il est donc difficile de devenir un homme! Même quand on a été au front, qu’on a subi des bombardements, qu’on a sauté sur des mines: ce n’est encore que le début du courage. Ce n’est encore pas tout…»
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Dans  « Le chêne et le veau » il écrit aussi:

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«C’est quand il est seul que l’homme fort est le plus puissant» – pour l’homme seul, vaut mieux ne pas avoir d’alliés impuissants ; il a les mains plus libres.»
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Divers:

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«L’international est une aberration, car « inter » signifie « entre » et entre les nations il n’y a aucune culture commune

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À propos de la devise de la République française: « Liberté, Égalité, Fraternité »:
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«La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable: «liberté, égalité, fraternité». Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là l’un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, l’on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d’ordre spirituel

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Un constat implacable. Pourra-t-il encore en faire réagir quelques-uns?

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Alexandre Soljenytsine avec Heinrich Böll

Alexandre Soljenytsine avec Heinrich Böll

1 Commentaire

  1. Deh Assy

    « Le déclin du Courage »

    Le courage de dire ce qui est vrai!

    Un véritable phénomène pour tous ceux qui ont à agir pour réorienter l’humanité sur la voie juste qui conduit à son épanouissement selon les prescriptions de son Créateur.

    Merci à l’auteur de l’article pour ce rappel très important aux hommes de décision et à chaque être humain de la Terre, en particulier.

    Réponse

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