Ecole de l'art de vivre

Mon âme Te cherche – Mon âme T’appelle – Par Roselis von Sass

par | 14 Déc 2023 | Contes, Eveil Spirituel, Moralité et comportement | 1 commentaire

Commentaires récents

  1. "Le royaume intermédiaire" Et cette bonne nouvelle doit inciter tout un chacun à se préoccuper au plus vite des lois…

  2. A Etienne: «Il n’existe pas de droit de mentir.» Dont acte. «C’est l’intention qui compte!» Donc, si l'on a une…

  3. A Cécile Bompoil: "Dans certaines circonstances, je pense que nous pouvons utiliser le mensonge pour survivre…" "Nous pouvons" juste dans…

  4. Il n’existe pas de droit de mentir. «C’est l’intention qui compte!», aussi le fait de vouloir sauver des vies est…

  5. En complément à ma précédente intervention, en tenant compte des faiblesses humaines habituelles, ainsi qu'il est dit, d'une part, que…

  6. Le droit de mentir… Dans certaines circonstances, je pense que nous pouvons utiliser le mensonge pour survivre… Nous ne savons…

  7. Au sujet de la réponse de Francisco de Castro ci-dessus: Il me semble que cette contribution - que je salue…

  8. En ce qui me concerne, les Lois de la Création sont incorruptibles. Un mensonge doit être considéré comme une tromperie,…

Archives

.

Mon âme Te cherche

Mon âme T’appelle

.

Un bruit de pneus d’automobile freinant soudainement, puis un cri aigu, attirèrent l’attention des quelques passants de l’Avenue Copacabana. La luxueuse voiture de couleur verte stoppa en travers de l’avenue. À côté de la roue avant, couchée, se trouvait une jeune fille en maillot de bain. L’accident avait eu lieu tandis que la voiture roulait devant l’un des grands hôtels, au moment où la jeune fille, sans regarder la route avait traversé l’avenue, en direction de la plage.

Blancs de peur, la mère et un jeune, qui – on le sut plus tard – était son mari, vinrent au secours de la jeune victime. Quelques passants s’agglutinèrent autour de la voiture. Un policier s’approcha pour prendre les mesures nécessaires. Au volant, paralysée, une jeune blonde fut tout de suite reconnue par les curieux comme étant la chanteuse Yara Cortese.

La victime fut immédiatement transportée vers l’hôtel en face du lieu de l’accident, où le médecin, heureusement présent, lui porta secours, constatant qu’il y avait une fracture de la cheville, mais que c’était seulement à l’hôpital qu’il serait possible de vérifier les blessures internes. Cependant, l’état émotionnel dans lequel se trouvait la patiente était flagrant.

Le mari de la victime revint aussitôt dans la rue, afin de demander des explications au conducteur. Cependant, quand il s’approcha du chauffard, il vit qu’il s’agissait d’une jeune fille pâle et effrayée, prise en flagrant délit, qui était déjà conduite par un policier en direction de l’hôtel où avait été transportée la victime. Sa rage disparut en observant le regard angoissé et désespéré de la jeune blonde. À première vue, il sembla la reconnaître et pensa:

– «Oú ai-je déjà vu ces grands yeux verts?».

Pendant qu’ils se regardaient, l’ambulance arriva. La victime fut placée sur un brancard et transportée à l’hôpital. Le mari, Alberto Fontes, accompagna le brancard et entra dans l’ambulance. Sa jeune épouse, Celia Andra de Fontes, reposait, les yeux entrouverts. Elle était revenue du choc et était consciente. Puis, regardant continuellement son mari, elle balbutia:

– «Ne m’abandonne pas!».

– «Jamais!» , répondit Alberto, regardant avec tendresse les yeux de son épouse.

Celina récupérait lentement. Elle eut besoin de plus d’une semaine pour se remettre du choc émotionnel. Il n’y avait pas de lésions internes. La convalescence, en raison de la fracture de la cheville, serait, cependant, plus longue.

Yara Cortese allait tous les jours à l’hôpital. Les deux jeunes femmes devinrent amies. Céline avait reconnu sa responsabilité à part égale dans l’accident. Elle avait traversé sans regarder de part et d’autre de l’avenue.

Yara chantait à la radio, elle passait à la télévision et jouait aussi dans le principal hôtel de Copacabana. Sa nouvelle chanson était écoutée de toutes parts. Dans le texte et la mélodie il y avait quelque chose d’émouvant. Ses disques se vendaient par milliers. Cependant, ce n’était pas dû qu’à sa célèbre voix, mais sa délicate beauté était admirée de tous. Yara vivait avec sa mère au dixième étage d’un Immeuble de l’Avenue Atlântica.

Alberto avait beaucoup souffert de l’accident de sa jeune épouse. Mais, pourtant, il était incapable de rancœur envers Yara Cortese. Au contraire, il commençait à silencieusement attendre les moments où il la verrait. Quand il ne pouvait la voir, ce qui était rare, il marchait de long en large, inquiet. Céline pleurait souvent d’être si longtemps prisonnière de son lit. Elle ignorait cependant, que Yara était la cause du trouble de son mari.

Yara Cortese, de son côté, pareillement, était, chaque jour, de plus en plus désireuse de se trouver dans la proximité d’Alberto. Ce n’était pas surprenant, car, avec le cœur rempli de Bonheur, elle connaissait, pour la première fois de sa vie, le grand Amour. Celina et Alberto, cependant, ne devraient jamais s’en apercevoir, car elle avait déjà suffisamment apporté de trouble dans la vie de ce couple. Avant cela, elle devrait plutôt quitter le Brésil, car Alberto commençait à la rechercher. Bientôt Alberto et sa femme repartiraient vers leur ferme dans le Nordeste, car ils passaient la moitié de l’année à Rio de Janeiro. Cependant, elle devrait s’éloigner. Elle décida alors d’accepter une invitation pour chanter en Argentine. Sa mère devint perplexe devant la soudaine résolution de Yara de s’absenter, principalement en sachant qu’elle ne pouvait l’accompagner en raison d’une phlébite aiguë.

Yara, cependant, demeura indifférente aux arguments de sa mère. Elle voulait partir. Elle chanterait une fois de plus à l’hôtel, pour la nuit de gala, en honneur d’un diplomate étranger, et embarquerait.

Il s’était passé un mois depuis l’accident. Quand Yara communiqua qu’elle partait bientôt pour l’Argentine, Alberto ressentit une étrange sensation. Celina manifesta à son tour, le désir de quitter Rio, ce avec quoi Alberto fut d’accord. Ils ne voulaient  que participer à la soirée de gala de Yara, puis ils partiraient vers le Nordeste.

Celina, qui n’avait qu’un léger mal de tête, était complètement rétablie et se sentait heureuse grâce à son amour pour Alberto.

La nuit de gala, un grand public international s’était réuni dans le grand salon. Yara apparut habilement éclairée, portant une robe rose pâle. Sa jupe ample et vaporeuse, bordée de fils d’argent, lui donnait de la grâce dans les mouvements, donnant l’impression qu’elle flottait sur un nuage de pétales de rose. Ses blonds cheveux étaient ornés d’un camélia rose. Pour la plupart des personnes présentes, la chanteuse semblait une figure d’un autre et meilleur monde. Yara chanta la chanson qui touchait le cœur de tous:

– «Mon âme Te cherche, mon âme T’appelle!
Je parcours l’espace et le temps, pour rester éternellement près de Toi.
Je croise terres et mers jusqu’à Te trouver, nous liant de nouveau!
Mon  âme Te cherche, mon âme T’appelle!»

.

Deux Cœurs

Deux Cœurs

.

La chanson terminée, il régna, quelques secondes, un absolu silence, pour que, peu après, se fassent entendre d’effrénés applaudissements.

Celina sécha furtivement ses larmes; quelques personnes de la table firent de même. Le visage d’Alberto était pâle et reflétait la souffrance. Une tourmente intérieure l’agitait. À ce moment il reconnut intuitivement les liens d’Amour qui le reliaient à Yara. Quelles vagues cela ne soulevait-il pas! Son poing se maintint crispé sur la table et ses yeux fixés là où Yara s’était trouvée, il y a peu.

– «Mon âme Te cherche, mon âme T’appelle», cela résonnait en lui…

Il prit une décision. Il devait la voir seul, au moins une fois avant de se séparer. Il appellerait Yara, le lendemain matin, pour prendre rendez-vous. Et cela se passa ainsi. L’après-midi suivant, il se dirigea vers la maison de Yara. La mère de la jeune fille le reçut, et appela sa fille.

Yara, devant la glace, avait le cœur qui battait. Elle devait, d’abord, se calmer, puis gagner du courage pour s’approcher d’Alberto.

Machinalement, elle tira sur sa robe gris clair, leva  ses mains sur son cœur, qui battait la chamade…. jusqu’à ce qu’elle se décidât à aller vers la salle. En s’approchant, elle vit qu’Alberto  marchait, inquiet, de long en large. La mère s’était retirée dans la cuisine pour faire un café.

Lorsque Yara passa la porte, Alberto s’arrêta aussi et, en silence, il exprima, dans son regard, tout son Amour pour Yara. Elle courut à sa rencontre. Alberto l’entoura et la conduisit vers le balcon, dont la porte était ouverte.

– «Yara, ma chérie, regarde la mer. Ressemblant à un tumultueux et sauvage ressac, ainsi se trouve mon for intérieur. Nous nous appartenons l’un à l’autre, nous sommes ensemble, unis et cependant…»

Yara leva les bras en une attitude d’abandon et Alberto la serra contre lui, comme s’il ne voulait plus la lâcher. La tête de la jeune fille reposait sur son épaule et les larmes coulaient sur son visage.

– «Malgré tout… il y a eu, à une autre époque, dans une autre vie, compréhension et Bonheur entre nous! Pour nous, il n’y aura pas de séparation, Alberto! Nos âmes sont unies pour toujours.»

– «Je voudrais croire en cela», répondit Alberto, en contemplant le visage de sa bien-aimée. «Longs et vides seront les jours, quand tu t’éloigneras de moi. Pourquoi le destin nous aura-t-il réunis pour nous séparer juste après? Pourquoi?»

Pendant que les amoureux demeuraient enlacés en se regardant, la mère de Yara revint dans la salle avec le plateau. Atterrée, elle s’arrêta sur le seuil.

«Yara qui enlace un homme marié?» Elle pouvait, désormais, comprendre pour quel motif sa fille voulait, comme en fuyant, abandonner le pays.

Sans se faire remarquer, elle se retira précipitamment, et, de la pièce voisine, appela sa fille, lui annonçant que le café était prêt.

Effrayée, Yara s’éloigna d’Alberto, et alla dans la pièce recevoir le plateau des mains de sa mère, qui se joignit à eux dans le salon. Elle aimait sa fille avec tendresse: elle ne consentirait pas à ce que la pauvre Celina souffrit encore plus.

Alberto demanda à Yara qu’elle chante, une fois de plus, la chanson «Mon âme Te cherche, mon âme T’appelle!». Il partirait tout de suite après. Yara s’assit au piano et chanta. Avant {que} la dernière note {ait retenti} Alberto quitta la pièce et partit.

Le matin suivant, Celina et lui embarquaient dans l’avion qui devait les conduire au Nordeste.

Des mois passèrent. Yara était encore en Argentine. C’était sa dernière représentation. Elle devait ensuite partir vers l’Amérique Centrale pour remplir d’autres engagements.

Pour cette dernière nuit en Argentine elle avait revêtu sa robe rose bordée de fils d’argent et orné ses cheveux de camélias blancs.

Comme partout, le public fut ému par ses chansons. En particulier, par celle qui était devenue sa chanson de renoncement: «Mon  âme Te cherche, mon âme T’appelle», que Yara devait répéter, en raison des insistantes demandes du public. Cela se passa aussi cette nuit-lá.

Elle venait juste de commencer à la rechanter pour la deuxième fois, lorsqu’elle abandonna en courant le salon, le visage baigné de larmes, traversa le parc de l’hôtel, suivant un chemin caillouteux, qui conduisait à une rivière. Elle monta lentement et, en arrivant au sommet, s’assit contre un vieux pin, se penchant sur son tronc. Combien de temps était-elle restée là, elle ne s’en souvenait plus. Elle avait quitté le salon en courant, dans un état de grande agitation, et, maintenant, elle se sentait effrayée en sentant son corps, qui tremblait de frissons.

Soudain une sensation fébrile se manifesta. Après une recherche de plusieurs heures, lorsqu’elle fut retrouvée, l’on constata qu’elle n’était pas en état de marcher et fut transportée à l’hôtel.

Malgré tous les soins, il ne fut pas possible de lui sauver la vie.

Elle mourut, quelques jours plus tard, sans complètement recouvrer la conscience.

Pendant que Yara luttait contre la mort, dans un lieu lointain, Alberto se trouvait dans sa ferme de Pernambouco. Un  soir, à la nuit tombée, il était couché dans un hamac, dans la véranda. Fatigué, il avait les yeux fermés. Du salon, arrivait  une musique douce en provenance de la radio. À ce moment-là, l’on entendit la chanson «Mon âme Te cherche, mon âme T’appelle!». Alberto entendit la chanson avec une profonde tristesse, et il lui sembla voir Yara, en personne, devant lui. La lutte que, depuis des mois, il avait engagée, n’avait pas ralenti. Une question retentit en lui:

«Pour quelle raison les chemins de la vie et de l’amour sont-ils si étranges? Les personnes se trouvent, souffrent et se séparent… Où est la vérité sur ces choses inexplicables? Où?…» Ses pensées revinrent vers son épouse Celina. «Comment l’abandonner?»

Alberto se sentit perturbé et triste jusqu’à ce que une autre question lui vienne.

«Est-il possible de construire son Bonheur sur le malheur des autres?…»

Il était couché avec de telles pensées, quand sa vieille nourrice s’approcha de lui.  Elle avait dans les mains de l’eau de coco dans un verre. Consternée, cependant elle retourna dans la cuisine.

– «M’Sieu, vous avez une visite. Une dame avec une robe di bal é lá bas avec lui.»1 

Celina, qui, à ce moment, rentrait par la porte du fond de la cuisine entendit les derniers mots de la nourrice. Rapidement, elle se dirigea vers la véranda. Elle ne vit rien sinon son mari couché dans le hamac.

Elle s’arrêta. Le regarda longuement. Alberto semblait rêver. De son visage irradiait le Bonheur… Ou alors ce Bonheur était-il un reflet du soleil couchant?

Dans la cuisine, la vieille confirma sa vision:

– «Une femme dans une robe di bal é dehors é semble un nuage rose dans le ciel du matin, savez pas?».

Pendant quelques instants, Celina regarda la symphonie de lumière et de couleur, puis, s’approchant de son mari, le toucha sur l’épaule et lui dit:

– «Benedita affirme avoir vu une femme sur la véranda avec une robe de bal. Est-ce que l’on sait ce que la vieille aura vu, encore une fois?».

L’on savait que, parfois, elle voyait les défunts.

Incrédule, Alberto regarda sa femme, se leva, regarda autour de lui et répondit:

– «Je ne vois aucune femme en robe de bal.».

– «Ni moi», dit Celina, qui, en riant, se retira.

Pendant encore quelque temps Alberto demeura pensif. Puis il alla voir sa nourrice, et la tira par le bras.

– «Qu’as-tu vu, Benedita?»

– «Soyé pas vexé, pas besoin de mi serrer comme ça, Albertinho. Vé juste dire ce que jé vu», dit la vieille en se délivrant d’Alberto.

– «Une femme dans un nuage rose, comme le ciel du matin, était immobile, près du hamac. Elle brillait de partout! Ses cheveux étaient si clairs, si clairs {qu’ils étaient} comme la paille du maïs séchée.»

Alberto, pâle, se laissa tomber sur une chaise, les yeux fixés sur sa vieille nourrice. Elle était dans la famille depuis trente-cinq ans et les avait élevés, son frère et lui. Que de fois la vieille ne lui avait-elle pas raconté des histoires de défunts? Quelque chose était-il arrivé à Yara?

Car Benedita avait raconté l’apparition de telle manière que cela ne pouvait être que Yara dans sa robe rose. Il se leva soudain. Il lui semblait entendre de nouveau la chanson mélodieuse…

Confus, il prit appui sur une colonne de la véranda et regarda les grands champs de canne. Ses pensées étaient, cependant, très loin. Quand il revint au salon, il entendit à la radio la nouvelle de la mort de Yara Cortese en Argentine! Quelques minutes avant son décès, Yara s’était réveillée de son état de semi-conscience. Et avec un regard qui semblait regarder des lieux lointains, d’une voix faible elle avait dit:

– «Quelle Lumière! Nous devons rechercher la Lumière de la Vérité!… Nous tous…».

L’infirmière se pencha sur la jeune fille. Elle ne savait pas ce que cela voulait dire, et pensant qu’elle voulait écouter sa chanson préférée «Mon âme Te cherche, mon âme T’appelle», elle se dirigea vers l’électrophone et mit le disque…

La chanson semblait être parvenue à la conscience de la moribonde, car son visage exprima un joyeux sourire. Encore une fois, elle regarda autour d’elle, comme cherchant cette Lumière qu’elle voyait…, puis elle inclina la tête sur le côté et expira.

 

===============

Note:

1 Note du traducteur: Il s’agit là d’un portugais parlé par les gens ignorants de l’intérieur, difficile à traduire.

 

Roselis von Sass – « Les fils du Destin déterminent la vie humaine ».

 

Deux Cœurs

Deux Cœurs

1 Commentaire

  1. Deh Assy

    Les vrais fils de l’amour ne se perdent jamais.

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *