.
Savoir et Conscience
.
Savoir [1] et Conscience [2]
.
Lucien Siffrid
.
Il y a deux sortes de «savoir» [3]: Le savoir intellectuel [4] et le Savoir spirituel [5]. Le Savoir de l’Esprit [6] n’a aucun rapport avec le savoir de l’intellect [7], pas même la moindre ressemblance. Il ne peut pas être saisi par l’intellect. Encore moins la Conscience [8] peut-elle être comprise par l’intellect, car c’est le Savoir du «G» [9], cela signifie: {Savoir} de l’Esprit, de la Loi, de DIEU. Ce Savoir, cette conscience qui repose en nous, n’est en rien {quelque chose d’}appris, en rien {quelque chose de} propre à nous, dans le sens terrestre. Tout aussi peu, les facultés reposant en nous ne sont pas nos {facultés}, mes facultés. Notre unique propriété est la décision {de déterminer} si nous développons ces dons ou {si nous les laissons} s’atrophier.
Un ne pas vouloir développer et utiliser ses Facultés dans le Sens des Lois de la Création est un péché contre l’Esprit. Les Facultés ont été plongées en nous par la Lumière dans le but de conduire l’humanité, la Création entière, à la Lumière. Par la Lumière elles nous ont été données, à la Lumière elles doivent servir, à la Lumière nous devons, au sujet de leur utilisation, rendre compte. Si je fais de ces Facultés seulement prêtées mes propres Facultés, l’indispensable Cycle du Donner et du Recevoir s’interrompt. Nous nous rendons coupables. Le péché contre l’Esprit, contre la Loi, contre la Force, contre la Vie, ne peut pas être pardonné: dans la Loi de l’Effet de Réciprocité, les conséquences du vouloir propre, inévitablement, retombent sur nous.
Le Savoir de l’Esprit et la Conscience se manifestent par la pure Intuition, qui nous saisit avec une extrême acuité, qui nous dit la claire Vérité, qui nous fait trembler dès que nous laissons place à une pensée impure, que nous commettons un acte égoïste, que nous nous abandonnons à un quelconque penchant. Le Savoir et la Conscience constituent la base solide, le fondement sur lequel doit être érigé le magnifique édifice de la maîtrise du destin de la vie. Ils sont la vivante conviction de la réalité, de «ce qui est», à partir de laquelle toute vie afflue vers nous. Le savoir intellectuel et l’édifice d’apparat édifié sur lui ne peuvent jamais avoir cette capacité porteuse, cette résistance. Le savoir de l’intellect – même de premier ordre – n’a pas de fondements éternels; il est empilé sur le terrain chancelant de concepts éphémères se modifiant constamment.
Savoir et Conscience, je les ai, lorsque, par exemple, à mon adversaire, à qui je dois la plus grande partie de mon évolution, j’envoie des pensées d’amour. Il est, en réalité, mon ami. Car il est celui qui m’ôte le travail le plus difficile de tous, {celui} de demeurer éveillé: Je dois énergiquement me ressaisir pour ne pas lui offrir un point faible. N’est-ce pas digne d’un merci? Sans lui, serais-je parvenu à telle ou telle reconnaissance? Le fait qu’il me poursuive avec des intentions déloyales, que ses motivations ne soient pas morales, est, pour moi, pour ma propre évolution, tout à fait insignifiant, car cela n’en vient pas à l’exécution par l’action de ses motivations déloyales.
L’accomplissement de la Parole du Christ: «Aime Ton prochain comme Toi-même!» réside dans le fait que j’ai pu reconnaître dans l’adversaire, qui est mon prochain, qu’il m’aide sans le savoir. Il agit à partir du degré auquel il s’est lui-même «placé». Il s’agit donc de sa «loi». à cette répercussion de la Loi, qui place chaque être humain dans la réalité tissée par lui, donc dans sa réalité, s’applique l’amour de celui qui a reconnu [10].
Savoir et Conscience je les ai, lorsque, à un collègue ou à un concurrent, je peux reconnaître, sans envie, qu’il est, dans le développement de ses facultés, plus avancé que moi-même, lorsque je le défends même si, à une occasion quelconque, {en provenance} d’un autre côté, il est parlé sur lui de préjudiciable manière. Il n’est certainement pas toujours facile, en de tels cas, de défendre la vérité, car l’intellect ne s’interpose que trop volontiers. Celui-ci dit: «J’agis correctement si je me tais. Je ne prends pas part à la conversation. Ce qui a été dit pourrait, en effet, aussi être vrai.». La Conscience avertissante, cependant, me fait de sérieux reproches {en me disant que}: Je suis un faiblard si je me tais et n’interviens pas pour celui qui est attaqué.
Savoir et Conscience je les ai, lorsque, sans être observé et en silence, j’agis comme si je me tenais dans la lumière {de la vie} publique. Si, avec une rigoureuse discipline, j’exécute ce que j’ai intuitivement reconnu comme juste. La totale maîtrise de soi-même, devenue une évidence, chacun l’obtient par la consciencieuse exécution des plus anodins petits détails, au cours de la vie quotidienne.
Supposons, une fois, que quelqu’un quitte son appartement au quatrième étage pour aller vaquer à ses occupations. Arrivé dans la rue, il constate qu’il a oublié quelque chose d’important. Il ne craint pas – par commodité – de faire demi-tour et, avec joie et non dans la colère, il remonte les quatre escaliers. Il ne lui vient pas non plus à la pensée d’accuser ses proches parents d’inattention, parce qu’ils n’ont pas, avant qu’il parte, attiré son attention à ce sujet. Puisqu’il n’attend jamais jusqu’à la dernière minute pour s’acquitter de ses devoirs, il a toujours une certaine marge à disposition en cas d’imprévu. Malgré le caractère précieux du temps, il a toujours le temps. Il se perfectionne peu à peu dans cette maîtrise de la vie quotidienne, et la conséquence en est que, même dans le domaine animique, plus rien ne peut le sortir de l’Harmonie.
Savoir et conscience je les ai, lorsque, de façon ininterrompue, je me trouve dans la vibration dans laquelle je suis lorsque je prie. Cela signifie que je n’ai pas besoin de Symboles particuliers pour m’ouvrir, mais, au contraire, que je suis en constante et vivante Liaison avec la Source éternelle de toute Force – cette Source où la conscience puise auto-activement, {et} de laquelle, en un inconcevable Amour, flue vers le bas, vers nous, tout ce dont pour l’accomplissement d’une véritable humanitude [11], nous avons besoin.
Cet état permanent d’humble dévouement à notre Tâche ne peut être qualifié que par les ignorants de fanatisme, d’exaltation [12], d’envol hors du domaine de la réalité. L’aspirant spirituellement sérieux qui, par cette aspiration, devient un Sachant, s’efforcera, pour le jugement du prochain, de lui-même devenir en quelque sorte la «Cause», c’est-à-dire de tendre vers la Vérité, afin d’avoir ainsi la possibilité, à partir de ce niveau acquis, de reconnaître l’ignorant à son niveau.
L’aspirant spirituel sait que le Chemin jusqu’au niveau de l’Objectivité doit être conquis. En éliminant tous les obstacles que constituent les fausses ligatures de l’esprit par l’intellect, il lutte pour avancer et reconnaît ainsi les difficultés qui se dressent sur son chemin. Mais son Savoir, solidement enraciné dans la Vérité de la Sainte Parole, ne le laisse pas se lasser de lutter. À partir de la Reconnaissance et de l’expérience au sujet de combien épineux et semé d’embûches est le Chemin vers la Vérité font taire en lui toute critique à l’égard de son prochain.
L’ignorant ne retient pas son jugement; il est très prompt pour cela. Puisque son savoir n’a aucun lien avec la Source, puisqu’il ne puise pas, il délimite tout ce qui s’approche de lui sans longtemps réfléchir avec son savoir d’intellect. Il qualifie brièvement le spirituellement Sachant de fanatique, d’un planeur qui a perdu l’appui solide sous ses pieds. Il ne peut pas savoir que chez le spirituellement Aspirant, c’est précisément le cas contraire: Il est beaucoup plus solidement ancré au sol, il doit y être ancré, il a laissé ses racines vivantes prendre pied dans la profondeur de son Savoir et de sa Con-science [13], dans la répercussion des Lois Divines, tandis que l’ignorant utilise toutes sortes de piliers et de contreforts pour le soutien de son édifice érigé sur un sol inégal.
Chaque fois, lorsque sa conscience veut le saisir ou qu’il se sent touché par une déclaration d’un autre, {et qu’il est} blessé dans sa vanité, lorsque son intuition lui dit clairement: «Alors, Tu ne viens pas avec moi», il étouffe cet avertissement avec son intellect. Penser selon son profond for intérieur ne lui est pas possible. Il a fort à faire pour pouvoir soutenir son édifice érigé par l’intellect par de nouveaux piliers sur un terrain inégal.
Savoir et Conscience les ont acquis celui qui, enfin, écoute la Voix avertissante qui, depuis des années, chaque matin, lui crie: «Tu es paresseux, Tu es un voleur de jour, chaque jour Tu arrives trop retard au Travail et Tu ne rattrapes pas ce que Tu as manqué». Durant des années, face à cette Voix avertissante, il a toujours eu un autre prétexte ou une autre excuse sous la main. Une fois, c’est la grande fatigue après les efforts de la journée précédente, riche de travail, une autre fois, c’était une nuit agitée et sans sommeil. Ou alors, c’est précisément aujourd’hui qu’il se sent tout particulièrement nerveux. Ainsi, l’intellect trouve toujours de nouvelles excuses qui, bien que tirées par les cheveux, suffisent à calmer la conscience. Les Trésors de la vraie vie, qui résident dans l’éveil plein de gratitude à de toujours nouvelles possibilités d’évolution du jour {tout} jeune, dans l’étirement, l’allongement et la dilatation du corps, assoiffés d’action, tous ces éléments affirmateurs de vie [14], il les foule aux pieds. Son {apparence} extérieur{e} porte le sceau de la hâte et de la mauvaise humeur.
Savoir et conscience les possèdent aussi le douteur [15] qui, par les doutes qui surgissent du plus profond de son {for} intérieur, s’efforce d’aller {jusqu’}au {tré}fond{s} {des choses}.
Les doutes sont des avertissements de la Conscience, d’enfin se bouger pour renverser l’édifice de l’intellect, qui a été érigé exclusivement à partir de pierres de construction {provenant} de savoir{s} livresque{s} et de traditions ancestrales [16]. Ainsi, le doute devient un appel au Réveil pour le douteur, par le moyen de la Conscience.
Savoir et Conscience je les ai, lorsque de moi j’exige tout et des autres rien! Ce qui ne croît pas par conviction volontaire ne peut pas porter de vie en soi et est, par conséquent, sans valeur. Le S’efforçant spirituellement de l’avant [17] ressemble à un arbre qui, plus haut il grandit, d’autant plus profondément ancre ses racines. La matière n’est, dans l’activité des Lois Naturelles, saisissable que par la Reconnaissance spirituelle. L’autre, l’être humain non aspirant, est l’irréel, celui qui s’éloigne de la Vérité !
Cependant, le chercheur de jadis, qui est capable de réellement vivre aussi selon les Lois de la Vérité Divine trouvée {par lui}, est maintenu en mouvement par les doutes qui, constamment, alternent avec les avertissements de la Conscience. Il s’attellera à poser de nouvelles fondations qui, seules, lui offrent une garantie sûre pour l’harmonieuse construction d’une véritable conception du Monde. Le dernier et plus grand obstacle, le mobile auto-trompeur de tout son penser {ayant existé} jusqu’ici, le savoir d’intellect jamais rassasié qui se tient entre son esprit s’éveillant et la Lumière, il l’élimine.
C’est ainsi qu’il trouve, dans le Savoir et la Conscience, le Chemin vers le But pour lequel il séjourne ici sur Terre: Le Chemin vers la vraie Reconnaissance de Dieu!
– Traduit de l’allemand. –
========================
Notes de traduction:
[1] « Wissen » : « Savoir ». Remarque : le mot « Wissen » est à l’origine du mot « Wissenschaft » : « science ».
[2] « Gewissen » : « Conscience ». Remarque : La particule « Ge » est le radical de « Geist » : « esprit ».
[3] « Wissen » : « Savoir », « savoir ».
[4] « verständlich » : « intellectuel ».
[5] « geistig » : « spirituel ».
[6] « Geist » : « esprit ».
[7] « Verstand » : « intellect ».
[8] « Gewissen » : « Conscience ».
[9] « das Wissen vom „G” »: « le Savoir du G » (« G » comme « Geist » [« Esprit »]).
[10] « Erkennend » : « reconnaissant », « celui qui reconnaît / a reconnu ».
[11] « Menschentum » : « humanitude ».
[12] « Schwärmerei » : « rêverie », exaltation », « engouement ».
[13] « Ge-wissen » : « Con-science ».
[14] « 1ebens-bejahend(en)”: “affirmateur(s) de vie”.
[15] « Zweifler » : « douteur », « sceptique ».
[16] « Althergebracht » : “traditionnel”, “ancestral”.
[17] « Vorwärtsstrebend » : “s’efforçant / aspirant vers l’avant”.
.
.

Savoir c’est pouvoir – Seymour Joseph Guy
« Savoir et Conscience »
Ce merveilleux texte de Lucien Siffrid nous montre que l’apprentissage du savoir véritable ne peut aboutir que s’il est encadré par une conscience bien vivante
qui sait puiser dans le réservoir de l’infinie vérité.
Ce n’est que dans ce contexte que la Lumière éclairera constamment l’être humain qui souhaite retourner vers sa patrie d’origine, « Le Paradis ».
Il sera alors délié de toute faute!