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Pécher en pensée

par | 23 Jan 2024 | Moralité et comportement | 1 commentaire

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Pécher en pensée

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« Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable,
tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable,
tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange,
soit l’objet de vos pensées. »

« Et la Paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence,
gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ. »

– Philippiens IV : 7-8 –

Se.

Se reconnaître comme pécheur

En plus du « Credo », les catholiques ont une prière appelée le « Confiteor » [« Je confesse à Dieu »] dans laquelle ils se reconnaissent comme pécheurs.

Le texte latin du « Confiteor » est le suivant:

«Confiteor Deo omnipotenti, beatae Mariae semper Virgini, beato Michaeli Archangeli, beato Joanni Baptistae, sanctis apostolis Petro et Paulo, omnibus sanctis et te Pater, quia peccavi nimis cogitatione, verbo et opere. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Ideo precor beatam Mariam semper Virginem, beatum Michaelem Archangelum, beatum Joannem Baptistam, sanctos apostolos Petrum et Paulum, omnes sanctos et te Pater, orare pro me ad Dominum Deum nostrum.».

Traduction française:

«Je confesse à Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Marie toujours Vierge, à saint Michel Archange, à saint Jean Baptiste, aux saints apôtres Pierre et Paul, à tous les saints et à vous mon Père, que j’ai péché, en pensée, en parole et en action. C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Marie toujours Vierge, saint Michel Archange, saint Jean Baptiste, les saints apôtres Pierre et Paul, tous les saints et vous mon Père, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.».

Associée à l’usage de se frapper la poitrine en disant « Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa », l’expression « battre sa coulpe » vient de là ainsi que d’une pratique en usage dans certains monastères, sur laquelle il y aurait beaucoup à dire, ce sur quoi nous aurons probablement l’occasion de revenir…

Augustin d’Hippone écrivait, à propos de ce geste de se frapper la poitrine:

« A peine avez-vous entendu le mot ‘Confiteor’, que vous vous frappez la poitrine. Qu’est-ce que cela veut dire sinon que vous voulez mettre en lumière ce qui est caché dans la poitrine, et par cet acte nettoyer vos péchés cachés? » (Sermo de verbis Domini, 13).

Et Jérôme de Stridon de même:

«Nous frappons notre poitrine, car la poitrine est le siège des mauvaises pensées: nous voulons chasser ces pensées, nous voulons purifier nos cœurs.» (Ézéchiel, XVIII).

Par le mot « poitrine » est ici désigné la même chose que ce qui dans l’Évangile est désigné comme le « cœur »: le siège des intuitions et des pensées, donnant naissance aux démons et aux fantômes.

Est-il bon de se reconnaître comme « pécheur »? La réponse est indubitablement oui. Car reconnaître et se changer, il n’y a manifestement pas d’autre chemin.

Une telle confession doit-elle être publique ou purement privée? C’est un vaste sujet, qui, dans l’église, a donné lieu à l’instauration du « sacrement de la pénitence » (aussi maintenant appelé « sacrement de la réconciliation »), qui est intimement lié à la compréhension correcte de la Parole du Christ « Les péchés seront remis à qui vous les remettrez » (Jean XX-23), ce qui nécessite un approfondissement en soi…

Est-il possible de pécher en pensée?

Dans cette prière du « Confiteor » sont rappelées les quatre manières de pécher: En pensée, en parole, par action et par omission.

Le premier mentionné dans cette liste et qui est le sujet du présent article est le péché «en pensée». En effet, si la tentation vient le plus souvent de l’extérieur, le péché commence toujours à l’intérieur de la conscience humaine, au moins sous la forme du consentement et de la complicité. Alors qu’en est-il de ces mauvaises pensées? L’être humain pèche-t-il en pensée?

Beaucoup d’êtres humains s’imaginent que « les pensées sont exemptes de taxes », mais qu’en est-il vraiment?

Dans Sa confrontation avec les pharisiens au sujet du pur et de l’impur, Jésus affirme que ce qui souille l’être humain ce n’est pas ce qui entre en lui, mais ce qui en sort:

«Ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Car c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises: meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations.» (Matthieu XV, 18-19).

Lorsque Jésus parle ici du « cœur », Il parle manifestement du lieu où les pensées naissent en l’être humain: le foyer des pensées. Le proverbe « La bouche parle de l’abondance du cœur » confirme ce fait.

Le Sermon sur la Montagne le souligne également: L’interdiction vis-à-vis du meurtre concerne aussi la colère, qu’elle soit intérieure ou extérieure:

« Eh bien!, moi, je vous le dis: Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. »  (Matthieu V, 22).

L’interdiction vis-à-vis de l’adultère concerne aussi déjà rien que le regard de convoitise:

« Eh bien! moi, je vous le dis: Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. »  (Matthieu V, 28).

A ce sujet Augustin d’Hippone affirme:

«Il est des êtres humains qui s’abstiennent {de commettre} des actions mauvaises et non des mauvaises pensées. Ceux-là purifient la chair et non l’esprit.».

Il ne suffit donc pas de ne pas pécher en actes (en ce cas, aller jusqu’à la « consommation ») mais il faut aussi ne pas pécher en pensées. Pour illustrer son propos, Augustin donne cet exemple très explicite: L’homme en proie à la passion charnelle ne se vautre peut-être pas dans le lit de la femme convoitée, pourtant il s’y vautre bel et bien en pensée.

C’est aussi ce que considère Jérôme de Stridon, le traducteur de la Vulgate:

«Ce n’est pas la volonté de pécher qui manque à cet homme, c’est {juste} l’occasion.

Il existe aussi le proverbe – expression de la sagesse populaire – qui dit: « L’intention vaut l’acte! ». Même si cela n’arrive pas à la concrétisation, l’intention de commettre un crime fait déjà endosser une culpabilité à celui a l’intention de le faire.

Ne peuvent être réellement pécheresses (ou au contraire lumineuses) que les pensées délibérées, ce qui suppose de penser activement: accueillir une pensée, jouer avec elle, et la nourrir. Une pensée fugitive ne peut pas être aussi néfaste.

Que faire face aux mauvaises pensées?

Cela soulève la question de la maîtrise des pensées! Que peut faire celui qui est assailli de mauvaises pensées, dont il n’arrive pas à se défendre? Naturellement, cela le tourmente et le fait beaucoup souffrir et il voudrait presque perdre courage lorsqu’il y pense et se demande si, par hasard, il ne serait pas mauvais à l’intérieur?

Nous avons donc ici le cas de quelqu’un qui, de temps à autre, pense autrement qu’il ne le voudrait. Cela montre que son for intérieur doit être meilleur que ne le sont ses pensées passagères. Cela implique qu’il agira ainsi qu’il le veut, et non pas ainsi que ses pensées sont momentanément orientées.

Il n’est, en outre, que peu d’êtres humains à qui cela n’arrive pas. Il ne fait donc pas particulièrement s’inquiéter de pensées passagères. De telles pensées, avec lesquelles le vouloir propre ne s’accorde pas, n’ont que peu de force. Les formes qui sont ainsi créées se dispersent très vite, sans pouvoir causer de réels dommages.

A condition, naturellement, de ne  pas toujours à nouveau les alimenter en nouvelle Force neutre par trop de persistantes ruminations à leur sujet. Il convient donc d’accorder à ces pensées non désirées moins d’attention et, alors, elles finiront bientôt par disparaître. Si cela ne suffit pas, une fervente et brève Prière peut utilement secourir.

Il faut donc souligner qu’il y a « pensée » et « pensée ». Le plus souvent, il ne s’agit pas de pensées véritablement formées, mais juste de nébulosités fantomatiques qui, faute de vigilance suffisante de l’esprit, « passent par la tête », sans qu’à la base il y ait un réel vouloir.

Cela peut aller jusqu’à la tentation, mais la tentation n’est pas encore le péché, car il est possible d’y résister.

Augustin d’Hippone, encore lui – par exemple, s’il s’agit du péché de convoitise -, montre bien où se trouve le seuil:

Lorsque «ce n’est plus simplement éprouver les sollicitations de la chair, mais donner plein consentement à la passion déréglée, jusqu’à ne point réprimer le désir illicite».

Devenir maître de ses pensées

Il faut ajouter que le désordre des «pensées» fait hélas partie de la déchéance humaine depuis le péché héréditaire. C’est donc une conséquence du péché, qui trouble la paix du cœur et la clarté de l’intuition.

C’est pourquoi nous devons avec persévérance et résolution – progressivement devenir maîtres de nous-mêmes, en particulier de nos désirs et de nos pensées, surtout les plus cachés. Travail sur soi nécessaire et de longue haleine, qui ne se fait pas sans effort.

« Sois le capitaine de ton âme! ». C’est ce qui ressort du célèbre poème « Invictus » de l’écrivain britannique William Ernest Henley. Celui qui est le maître de lui-même et de ses pensées pourra aussi maîtriser beaucoup de choses autour de lui.

«Ce qui est vrai et noble, juste et pur, digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges» (Philippiens IV, 8), voilà ce que doit toujours être l’objet de nos pensées!

Sachant que le foyer des pensées c’est le vouloir spirituel de l’être humain, le secret réside dans une seule courte maxime:

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 Garder le foyer de ses pensées pur.

 

1 Commentaire

  1. Jean Oliver

    Dans le Confiteor nous sont rappelées les quatre manières de pécher.

    En pensées, en paroles, par actions, et par OMISSION.

    Si les trois premières possibilité sont assez faciles à reconnaitre, reste celle de pécher par omission qui traduit et englobe tous les manquements auxquels l’être humain a pu être confronté, et pour lesquels il est resté silencieux, soit sans s’en rendre compte soit délibérément, ce qui est plus grave.

    Citons un exemple: Je suis témoin d’un comportement ou d’un fait pour lequel j’aurais dû intervenir ou me manifester et je ne l’ai pas fait!

    Ce qu’il faut parfois retenir dans ce genre de situations: Celle-ci a pu nous être amenée pour nous donner la possibilité d’agir symboliquement dans le cadre d’un rachat karmique!

    Soyons vigilants pour ne pas manquer ces situations, parfois exceptionnelles, nous permettant de racheter nos fautes et qui démontrent l’extrême vigilance de l’Amour du Créateur.

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