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La Correction Fraternelle

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 «Un frère aidé par son frère est une place forte.»
 – Proverbes, XVIII, 19 –

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Qu’est-ce que la Correction Fraternelle?

Dans l’Enseignement chrétien, la Correction Fraternelle est une démarche de rappel à l’ordre d’un Chrétien vis-à-vis de son frère – Chrétien ou non -, dans le cas où celui-ci vient à commettre un péché, notamment – mais pas nécessairement –  si le péché est dirigé contre lui.

Dans la Correction Fraternelle, il s’agit effectivement de corriger d’une part, et de le faire fraternellement d’autre part.

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Les Béatitudes

Jésus enseigne – Les Béatitudes

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Jésus Lui-même a-t-Il enseigné la Correction Fraternelle?

A cette question, selon la Bible, la réponse est oui.

Dans l’Évangile de Matthieu, en effet, il est écrit:

«Si Ton frère vient à pécher {contre Toi}, va le trouver et reprends le, seul à seul. S’il T’écoute, Tu auras gagné Ton frère. S’il n’écoute pas, prends encore avec Toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s’il refuse d’écouter même la communauté, qu’il soit pour Toi comme le païen et le publicain. En vérité Je vous le dis: Tout ce que vous lierez sur la Terre sera tenu au Ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la Terre sera tenu au Ciel pour délié.» (Matthieu XVIII, 15-18).

A remarquer que le « contre Toi » est volontairement placé entre accolades, parce que cela dépend des traductions. Dans la plupart des traductions (voir, par exemple, ici ou ici, la différence entre la Traduction de Louis Segond et la Bible du Semeur et d’autres encore…) il n’y a pas de « contre Toi »; il est donc à supposer que cela a été ajouté par l’un ou l’autre des traducteurs. Il semble bien que le péché soit ou non contre soi il convient d’aller pareillement trouver le pécheur et de le reprendre.

Mais combien de fois un pécheur doit-il être pardonné, notamment s’il s’agit de la même faute? A cette question aussi Jésus répond:

«Prenez garde à vous-mêmes! Si Ton frère a commis un péché, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet un péché contre Toi, et que sept fois de suite il revienne à Toi en disant: “Je me repens”, Tu lui pardonneras (Luc XVII, 3-4).

Le pardon doit donc être donné non seulement sept fois de suite mais même – en cas de besoin – soixante-dix-sept-fois sept fois. Encore faut-il, toutefois, bien sûr, que la demande de pardon soit sincère. Une demande de pardon dépourvue de sincérité, du fait de son état intérieur hypocrite, ne permet naturellement pas au demandeur d’en recevoir tout le réel bénéfice.

En lisant les Évangiles il est possible de voir que Jésus Lui-même corrige Ses Apôtres à différentes reprises: Par exemple, Il les réprimande lorsqu’ils font preuve de jalousie en voyant quelqu’un chasser les démons au Nom de Jésus (Marc IX, 38-40). De même Il blâme sévèrement l’Apôtre Pierre en lui disant que sa façon de penser n’est pas celle de Dieu mais celle des êtres humains (Matthieu XVI, 23). Pareillement, il stoppe net l’ambition de la mère de Jacques et de Jean – fils de Zébédée – accompagnant leur mère, corrigeant avec Amour leur incroyable présomption. Le même épisode est aussi rapporté – avec, en plus, la référence au Baptême – dans l’Évangile de Marc (Marc X, 35-40).

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Jésus corrige les marchands du Temple

Jésus corrige les marchands du Temple

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Boire la Coupe de Jésus

Soit dit en passant (parce que c’est un autre sujet), à cette occasion Il demande à Jacques et Jean s’ils peuvent boire la coupe {de douleur} qu’Il va bientôt être contraint de boire et ils répondent: « Nous le pouvons. »  (Matthieu XX, 23). Et Il leur répond: « Il est vrai que vous boirez Ma coupe; mais pour ce qui est d’être assis à Ma droite et à Ma gauche, cela ne dépend pas de Moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui Mon Père l’a réservé. ». Il s’agissait, bien sûr – en ce qui concerne la première partie de la phrase, d’une Parole prophétique en considération du martyre qui attendait aussi Jacques et Jean…

Pour ce qui est de Jacques  – en particulier dans les Actes des Apôtres – sa mort en martyr semble bien établie: «Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean» (Actes XII, 2), au moment de l’arrestation de Pierre, et il a donc été décapité. Pour ce qui est de Jean, cela – dans la Bible comme dans la Tradition chrétienne – n’est pas aussi clairement établi que pour son frère. Au contraire, selon « Le Livre de Jésus, l’Amour de Dieu » il est raconté comment Jean et Marie de Béthanie ont, la même nuit, tout à fait naturellement quitté la Terre, avant que leurs enveloppes soient ensuite inhumées dans le même tombeau que celui de Lazare, le frère de Marie…

 

Arrestation de Jésus

La Coupe de douleur est présentée à Jésus

 

La Notion de Fraternité

Naturellement, dans la Parole de Jésus, le mot « frère », ici, interpelle. Comment bien le comprendre? Dans le sens où tous les êtres humains sont frères? Naturellement, issus d’un même Père, tous les êtres humains sont, déjà, rien que de fait, « frères ». C’est la Fraternité spirituelle. Sont aussi frères ceux qui appartiennent à une même Communauté de Croyants en Dieu. C’est donc une notion qui va plus loin que celle de « prochain » ou de « co-être humain ».

Mais de même que la Filiation divine se mérite, l’on peut aussi considérer que pour être véritablement frères il faut non seulement s’être reconnus comme enfants de Dieu issus d’un même Père, mais l’être aussi effectivement. De ce point de vue plus restrictif, tous les êtres humains ne sont pas nos frères, mais seulement ceux qui – même si encore faillibles (c’est justement le pourquoi de la Correction Fraternelle!) – s’efforcent sincèrement d’accomplir la Volonté Divine.

Avec un frère – ou avec une sœur – l’on a déjà – même si celles-ci peuvent parfois expérimenter certains « accrocs » [NDLR: Page privée – Nécessite d’être enregistré et connecté] – des relations fraternelles.

 

Honte - Caïn et Abel - École italienne

Caïn et Abel – École italienne – Accroc dans les relations fraternelles

 

Dans le Lévitique

Par rapport à ce qui, à l’époque, a déjà été enseigné aux Hébreux, l’Enseignement de Jésus à ce sujet n’est pas complètement nouveau. En effet, antérieurement, déjà dans la Torah – et, plus précisément, dans le Lévitique, il est possible de lire:

«Tu ne haïras pas Ton frère dans Ton cœur. Mais Tu devras réprimander Ton compatriote, et Tu ne toléreras pas la faute qui est en lui.»  (Lévitique XIX,17).

Il s’agit donc, ici, pour commencer de réprimander son compatriote. Dans un premier temps, cela ne concerne donc pas les étrangers, qui ont d’autres croyances et d’autres références.

 

La réprimande - Nikolai Vasilievich Nevrev - La femme d'un couple en crise maritale est réprimandée par un pope

La réprimande – Nikolai Vasilievich Nevrev – La femme d’un couple en crise maritale est réprimandée par un pope

 

Dans le Livre des Psaumes

Ensuite, dans le Livre des Psaumes le Psaume 140 déjà prône la Correction fraternelle, tout en précisant par qui et de quelle manière cela doit être fait:

«Que le Juste me reprenne et me corrige avec Bonté  (Psaume 140, 5). C’est, en effet, uniquement lorsque que cela est fait par un Juste et « avec Bonté » que cela a toutes les chances de porter ses fruits. Ceci dit, même de ses ennemis qui vous agressent avec hargne il y a souvent aussi quelque chose à prendre, lorsque – pour progresser – l’on est décidé à tirer profit de toutes les circonstances…

La Correction dans le Livre des Proverbes

Puis, dans le livre des Proverbes, au sujet de la Correction Divine il est déjà possible de lire:

«Mon fils ne méprise pas la Correction du Seigneur et ne prends pas mal Sa Réprimande, car le Seigneur corrige celui qu’Il aime comme un père reprend le fils qu’il aime.» (Proverbes III, 11).

Toujours au sujet de la Correction mais de façon plus générale – c’est-à-dire d’où qu’elle vienne –, un autre Proverbe affirme:

« Celui qui se souvient de la Correction prend le Chemin de la Vie, Mais celui qui oublie la Réprimande s’égare. » (Proverbes X, 17)

« Les blessures d’un ami sont plus tolérables que les baisers des flatteurs. » (Proverbes XXVII, 6).

Toujours dans le livre des Proverbes, mais cette fois concernant la correction des enfants et des adolescents, la Bible dit encore:

«Celui qui aime son fils cherche à le corriger (Proverbes XIII, 24)

Et encore:

«N’épargne pas la correction à l’enfant; Si Tu le frappes de la verge, il ne mourra point. En le frappant de la verge, Tu délivres son âme du séjour des morts(Proverbes XXIII, 13-14).

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L'Avertissement - John Faed

L’Avertissement – John Faed

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L’Ecclésiaste ou Qohéleth

Dans le livre de L’Ecclésiaste, aussi appelé (en grec) Qohéleth, une condition importante est donnée avant de pouvoir procéder à la correction fraternelle de son prochain, c’est, à titre de précaution, de d’abord procéder à certaines vérifications. Autrement dit, avant de critiquer son prochain, il s’agit de mettre en pratique la maxime « Dans la vie il ne faut pas croire, il faut … vérifier! ».

«Ne blâme pas avant de T’être informé, réfléchis d’abord, et {ensuite} Tu pourras critiquer.» (L’Ecclésiastique, 7)

«Questionne Ton ami: Peut-être n’a-t-il rien fait, et, s’il a fait quelque chose, il ne recommencera pas. Questionne Ton prochain: Peut-être n’a-t-il rien dit, et, s’il a parlé, il ne le fera plus. Questionne Ton ami, car la calomnie est monnaie courante, et ne va pas croire tout ce que l’on dit. L’on peut déraper bien malgré soi: Qui n’a jamais péché par sa langue? Questionne Ton prochain avant d’en venir aux menaces et tiens compte de la Loi du Plus-Haut, sans garder de ressentiment. La Faveur Divine commence avec la Crainte du Seigneur, et la sagesse gagne Son Affection.» (L’Ecclésiaste XIX,13-18)

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Et dans le Nouveau Testament?

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Dans l’Épître de Jacques

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Épitre de Jacques

Épitre de Jacques

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Toujours dans la Bible, mais cette fois – en dehors des Évangiles – dans le Nouveau Testament, dans le livre « Actes des Apôtres » de la Bible il est aussi possible de lire ce passage de (possiblement) lApôtre Jacques qui enseigne:

« Si l’un d’entre vous s’écarte de la Vérité et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramène le pécheur de son errance sauvera son âme de la mort et couvrira la multitude de ses péchés. » (Épitre de Jacques V, 19-20).

Autre traduction:

«Mes frères, si l’un de vous s’égare loin de la Vérité et qu’un autre l’y ramène, alors, sachez-le: Celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés (Épitre de Jacques V, 19-20).

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Dans les Épîtres de Paul

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Apôtre Paul - Guido Reni

Apôtre Paul – Guido Reni

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Suivent des paroles de l’Apôtre Paul de Tarse, qui considère la correction fraternelle comme le moyen le plus approprié pour ramener ceux qui se sont écartés du droit Chemin:

«Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette Lettre, notez-le, et n’ayez point de communication avec lui, afin qu’il éprouve de la honte. Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère (Galates VI, 1 – II Thessaloniciens III, 14-15)

Naturellement, cette double recommandation est un peu paradoxale, car « ne pas avoir de communication » avec le défaillant pour qu’il ait honte [NDLR: Pagre privée – Nécessite, pour être vue – d’être enregistré et connecté], tout en l’avertissant simultanément « comme un frère » peut sembler une gageure.

Toutefois, dans sa première Épître aux Corinthiens Paul, confirme que « ne pas avoir de communication » signifie bien « ne pas avoir de relations » avec celui qui se complait dans le péché:

«Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme.» (I Corinthiens V, 11).

En particulier les serviteurs du Seigneur doivent, entre autres, pratiquer la Correction Fraternelle:

«Or un serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur; il doit être attentionné envers tous, capable d’enseigner et de supporter la malveillance; il doit reprendre avec douceur les opposants, car Dieu leur donnera peut-être de se convertir, de connaître pleinement la Vérité.» (II Timothée II, 24-25)

La Douceur est l’une des vingt-quatre Vertus à cultiver par les êtres aspirant à la Lumière. Grâce à elle celui qui agit mal peut plus facilement reconnaître ses torts. Platon a dit « Les forts sont doux ». A cela l’on peut sûrement ajouter: Les Doux sont les mieux placés pour rectifier ce qui a besoin de l’être.

Dans sa deuxième Épître Jean confirme la recommandation de Paul de se tenir à distance des mal-faisants:

«Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas: «Salut!», car celui qui lui dit: «Salut!» participe à ses mauvaises œuvres.» (II Jean X, 11)

L’Apôtre Paul conseille aussi aux Chrétiens de Corinthe de “s’exhorter les uns les autres” (II Corinthiens, XIII-11).

Dans l’Épitre aux Hébreux (X, 24-25), il nous dit: «Veillons les uns sur les autres… exhortons-nous les uns les autres.».

«Nous vous en prions, frères: avertissez ceux qui vivent de façon désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu, soutenez les faibles, soyez patients envers tous(I Thessaloniciens V,14).

L’Apôtre Paul dit aussi que Dieu a fait les corps humains et l’Église [NDLR: Par la notion d’Église il ne faut pas spécialement considérer une église particulière en tant qu’organisation humaine, mais la Communauté des Croyants en Dieu et en Ses Fils dans son ensemble] de telle manière que «les membres aient également soin les uns des autres» (I Corinthiens XII, 25).

Et, dans la conscience que nul ne se tient en dehors de la tentation, dans son Épître aux Galates, il ajoute:

«Frères, si quelqu’un est pris en faute, vous, les spirituels, remettez-le dans le droit Chemin en esprit de douceur; mais prenez garde à vous-mêmes: vous pourriez {bien} être tentés, vous aussi.» (GalatesVI6,1).

Dans l’histoire chrétienne

Plus tard, les « pères de l’église », « docteurs de l’église » et autres théologiens chrétiens ont aussi vanté les mérites de la « Correction Fraternelle »:

Ambroise de Milan

 

Ambroise de Milan et l'empereur Theodose I le Grand - Peter Paul Rubens

Ambroise de Milan refuse l’accès de la cathédrale à l’empereur Théodose I le Grand – Peter Paul Rubens

 

Par exemple, Ambroise de Milan:

”Si Tu découvres quelque défaut chez un ami, corrige-le en secret […]. Les corrections, en effet, font du bien et sont plus bénéfiques qu’une amitié silencieuse.“Ambroise de Milan, (339-374). –

Naturellement par « amitié silencieuse » il faut surtout comprendre « amitié muette« , muette devant les torts de l’ami. Certes, il existe la maxime « Lorsque mon ami est borgne, je le regarde de profil. », mais il s’agit là d’une disgrâce physique ne concernant que le corps gros-matériel, cela ne doit pas être compris comme de l’indulgence vis-à-vis de ses travers moraux. Le véritable ami est celui qui sans juger la personne l’aide – en ce qui concerne les actes – à reconnaître ses torts.

C’est ainsi que Ambroise précise son point de vue:

« Une correction amicale est plus utile qu’une accusation violente; la première inspire la componction [NDLR: Componction: Sentiment de regret et de tristesse éprouvé pour avoir offensé Dieu], la seconde excite l’indignation. » Ambroise, Catena Aurea, VI –.

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Augustin d’Hippone

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Augustin d'Hippone dans son studiolo - Vittore Carpaccio

Augustin d’Hippone dans son studiolo – Vittore Carpaccio

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Son presque contemporain Augustin d’Hippone (354-430) met également en garde contre la faute grave que constituerait l’omission de secourir son prochain en perdition spirituelle et aussi de se taire lorsqu’il faut parler:

« Il est pire pour Toi de Te taire que pour lui d’être absent. » (Sermon 82-7).

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Thomas d’Aquin

Puis, des siècles plus tard, parlant de la Charité, Thomas d’Aquin (1225-1274) dit que la «correction fraternelle» est l’une des formes de l’amour du prochain. C’est même un précepte, ainsi que le rappelle le Prophète Ézéchiel: «Si Tu n’avertis pas le méchant d’abandonner sa mauvaise conduite, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à Toi, (Moi le Seigneur) Je demanderai compte de son sang.».

Justifiant la correction fraternelle, il dit aussi:

«Le motif qui nous porte à éloigner de quelqu’un le mal qui le menace est absolument le même que celui qui nous porte à lui faire du bien.» – Thomas d’Aquin Somme théologique -.

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Thomas d'Aquin écrivant devant le Crucifix - Antonio Rodriguez

Thomas d’Aquin écrivant devant le Crucifix – Antonio Rodriguez

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C’est ainsi que Thomas d’Aquin définit la Correction Fraternelle comme “Une sorte d’aumône spirituelle, un acte de Charité, pour écarter d’un frère le danger qu’est le péché.

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Autres auteurs

Jean-Jacques Rousseau

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Jean-Jacques Rousseau - Maurice Quentin de La Tour

Jean-Jacques Rousseau – Maurice Quentin de La Tour

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En dehors des milieux ecclésiastiques le célèbre écrivain Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) déclare à son tour:

« L’homme bon se réjouit d’être corrigé; l’homme méchant supporte avec impatience le conseiller. ».

Josémaria Escrivá (1902-1975) – fondateur de l’Opus Dei – enseigne à son tour:

« Quelle grande facilité – et parfois quel grand manque de responsabilité – quand on est investi d’autorité, que de fuir la douleur inhérente à la réprimande, sous le prétexte d’éviter aux autres de souffrir. ».

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La Correction Fraternelle: Une nécessité pour le Chrétien et l’homme de Bien

Mais, voilà, peut-être, que – au moment de passer à l’action – nous nous montrons hésitants devant la nécessité de mettre en pratique concrète cette «correction fraternelle». En effet, nous craignons peut-être de froisser notre prochain, voire de l’offenser, de mal nous y prendre, d’être perçu comme un présomptueux voulant se tenir au-dessus de lui et donc de provoquer l’effet contraire à celui recherché, par conséquent d’altérer toute possibilité de relation ultérieure, de provoquer un éloignement au lieu que ce soit un rapprochement.

D’où les questions qui surgissent dans notre conscience: Ne vaudrait-il pas mieux se montrer patient, faire confiance à celui que l’on croit être en train de dériver, supporter ses défauts et attendre que notre frère ou notre sœur redécouvre par lui-même ou par elle-même la Lumière qui le ou la {re}mettra sur le droit chemin?

En cas d’échec de notre tentative individuelle – comme vu plus haut -, l’Évangile indique, toutefois, la marche à suivre:

«S’il (Ton frère) ne T’écoute pas, prends avec Toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la Communauté; s’il refuse encore d’écouter la Communauté, considère-le comme un païen et un publicain.». Autrement dit, laisse-le de côté.

Peut-être, avec une telle lâcheté, est-il possible d’éviter des désagréments immédiats dans la présente existence…, mais au risque de se faire un karma et même de perdre le Bonheur éternel dans le Paradis et, celui des autres par des refus d’agir qui constituent de véritables péchés par omission.

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Conditions pour la Correction Fraternelle

La véritable Correction Fraternelle ne peut et ne doit pas résulter de l’irritation ressentie à la suite d’une offense subie, ni non plus de l’orgueil ou de la vanité blessée par les fautes des autres. Seul l’Amour et rien d’autre peut être le véritable motif pour s’atteler à la correction fraternelle de son prochain.

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Corriger par Amour

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Amour fraternel - École anglaise

Amour fraternel – École anglaise

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C’est parce que l’autre est mon frère que je viens à lui, par Amour, pour l’aider à s’amender. C’est parce que je me sens le gardien de mon frère – parce que notre fraternité crée entre nous une responsabilité réciproque – que je me décide à intervenir…

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Fratricide de Caïn - Christian Wilhelm Ernst after Dietrich

Suis-je le gardien de mon frère?

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Dans sa jalousie, Caïn a tué son frère Abel. Par la suite, Dieu lui dit, vraisemblablement pour l’inciter à avouer son crime: «Où est Ton frère?». Caïn Lui répond: «Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère?» (Genèse IV, 9). A l’évidence la réponse à cette question est oui. Oui, nous sommes les gardiens de nos frères!

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Augustin d’Hippone enseigne les conditions requises pour une juste pratique de la Correction Fraternelle

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Augustin d'Hippone

Augustin d’Hippone est enseigné par un enfant

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A ce sujet Augustin d’Hippone déclare:

« Nous devons donc corriger par Amour; non pas avec le désir de nuire, mais avec l’intention aimante d’amener leur amendement (celui des autres). Si nous le faisons, nous accomplirons très bien le précepte: « Si Ton frère pèche contre Toi, reprends-le quand Tu es seul avec lui. Pourquoi le corrigez-vous, parce que cela vous a ennuyé d’être offensé par lui? Dieu nous en préserve. Si Tu le fais par amour de Toi-même, Tu ne fais rien. Si c’est l’Amour qui vous anime, vous vous en sortez très bien. ».

Et, à juste titre, il dit aussi:

“Corrigeons donc notre frère par Amour, non pas en voulant lui faire du mal, mais avec l’intention affectueuse de réussir à ce qu’il se corrige. Ce faisant, nous accomplirons très bien ce précepte.”.

Et encore:

«Lorsque nous avons à réprouver les autres, considérons d’abord si nous avons commis cette faute; et si nous ne l’avons pas commise, considérons que nous sommes des hommes et que nous avons pu la commettre. Soyons conscients de notre fragilité commune, afin que la Miséricorde, et non la rancœur, précède cette correction.».

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Impossible de corriger l’autre sans Humilité!

Corriger les autres est donc une expression d’Amitié et de franchise et un trait qui distingue le flatteur du véritable Ami. A l’inverse, se laisser corriger est un signe d’Humilité et la condition d’un réel progrès spirituel.

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Humilité - Tadeusz Gorecki

Humilité – Tadeusz Gorecki

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Exercer la Vertu de l’Humilité est indispensable pour percevoir, dans sa conscience, la Voix de Dieu en renonçant à poursuivre son faux chemin dans une obstination coupable et préjudiciable.

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Rétablir la Justice et éviter la contagion du péché

L’enjeu de la correction fraternelle est naturellement aussi de rétablir la Justice et d’éviter la contagion du péché au sein de la Communauté.

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Faut-il mieux parfois s’abstenir?

Mais si, en conclusion d’un vrai effort de discernement dans la réflexion et la prière, j’estime que la Correction Fraternelle ne sera pas reçue par l’autre comme elle le devrait, et provoquera davantage de rancœur que de réelle conversion, alors il vaut parfois mieux que je m’abstienne. A cet égard, il faut éviter toute précipitation dans la correction. La promptitude à vouloir corriger autrui est parfois imprudente, et signale souvent que c’est la colère qui parle et non le véritable Amour du prochain.

Si j’éprouve de la satisfaction ou même ne serait-ce qu’un certain soulagement à pratiquer la correction fraternelle, c’est l’indication presque infaillible que je fais fausse route. La correction fraternelle devant être effectuée en pratiquant activement la Vertu de la Douceur devrait provoquer en moi plutôt une certaine douleur, car être confronté – d’où qu’elles viennent – aux mauvaises actions ne peut jamais être réjouissant!

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De la correction fraternelle à la conversion

Comme déjà vu, la correction fraternelle se manifeste par une conversion. Même s’il ne s’agit pas de conversion au sens d’un changement de religion, c’est une conversion intérieure analogue à celle de Jean Valjean qui – dans le roman « Les misérables » de Victor Hugo -, à l’incitation de l’évêque Myriel, décide désormais de ne plus appartenir au mal mais uniquement au Bien, elle constitue l’une des multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne.

Une démarche de correction fraternelle devrait être précédée par la Prière, et doit, bien sûr, respecter la discrétion vis-à-vis des pécheurs, dont le comportement n’a pas à être étalé sur la place publique.

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Petite fille en Prière - William Adolphe Bouguereau

Petite fille en Prière – William Adolphe Bouguereau

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D’une façon générale, la correction fraternelle peut être considérée comme un devoir du Chrétien mais aussi de tout être humain aspirant à la Lumière et à la Vérité. C’est ainsi que – toujours dans la Bible – Dieu explique au Prophète Ézéchiel que ne pas avertir son frère qui pèche mortellement, c’est de facto être aussi coupable que lui (Ézéchiel XXXIII, 7-9). Plus encore que la crainte pour son propre Salut, ou même que le souci plus noble du Bien commun, ce qui motive la Correction Fraternelle, c’est l’Amour du frère.

Étant donné que, toujours selon l’Évangile, Jésus a aussi dit « Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugés », la démarche de correction fraternelle ne doit, bien sûr, pas consister à juger ou à accuser, mais bien à secourir.

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Bon Secours - Henri Jules Jean Geoffroy

Au Perpétuel Bon Secours – Henri Jules Jean Geoffroy

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Il ne faut pas se faire juge de son frère. L’on peut et doit juger les comportements mais pas les personnes! 

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés; de la mesure dont vous mesurez, vous serez mesurés. Qu’as-Tu à regarder le copeau qui est dans l’œil de Ton frère? Et la poutre qui est dans Ton œil à Toi, Tu ne la remarques pas! Ou bien: Comment vas-Tu dire à Ton frère: Laisse-moi ôter le copeau de Ton œil, et voilà que la poutre est dans Ton œil! Hypocrite! Ôte d’abord la poutre de Ton œil, et alors Tu verras clair pour ôter le copeau de l’œil de Ton frère.» (Matthieu VII, 1-5) (Luc VI, 41-42).

Et de nous dire: «Mais qui sommes-nous donc pour oser accomplir cette démarche?». C’est pourquoi la remise en cause du prochain doit toujours être précédée d’une remise en cause … de … soi-même! Cette condition est clairement énoncée par Jésus Lui-même lorsque, après avoir écrit sur le sol, au sujet de la femme adultère, Il déclare: « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre! » (Jean VIII, 7).

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Tu ne commettras pas d'adultère

Le Christ et la femme adultère – Le Guerchin

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L’Alignement par rapport à la Vérité

La Correction, bien comprise, réside dans un positionnement personnel par rapport à la Vérité. Si, par exemple, l’on corrige un texte du point de vue de l’orthographe, c’est parce que le texte en question ne respecte pas la Justesse de la langue considérée. Si l’on corrige un défaut de caractère, ou un agissement défectueux, c’est parce que ce comportement ne respecte pas la Vérité des Lois de la Création et des Commandements de Dieu, qui indiquent clairement comment l’être humain, créé à l’Image de Dieu, a le Devoir de se comporter. La correction procède de l’Amour de la Vérité et de la Justice, d’abord pour soi-même et ensuite aussi pour les co-êtres humains.

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La correction - Ecole française

La correction – École française

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