Ecole de l'art de vivre

Le Miroir de Noël

par | 24 Déc 2024 | Contes, Littérature, Bible, Histoire, Eveil Spirituel | 0 commentaires

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Le Miroir de Noël

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Le Cadeau pour devenir digne

de pouvoir adorer l’Enfant-Dieu

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Conte de Noël 2024

 

La venue des Rois Mages pour adorer l’Enfant-Dieu lors de la Nativité est rapportée, dans l’Évangile uniquement par Matthieu (II, 1-2, 9-11) et est commémorée lors de la Fête de l’Épiphanie.

Après la Nuit du Berger – publiée à Noël 2023 -, notre histoire de Noël 2024 se concentre sur la riche expérience vécue par un jeune compagnon du roi Gaspard lors du voyage vers la Crèche

*   *   *

Le Roi Gaspard – dont le royaume se trouvait – à moins que cela ne soit en Inde? – dans ce que l’on appelait alors l’Asie Mineure -, dans son atelier, regardait intensément sa boule de cristal et ce qu’il y voyait était de nature à grandement le réjouir…

Son jeune assistant – Benjamin – se tenait à côté de lui, il regardait aussi la boule, mais n’y voyait rien. Il attendait patiemment ce que son maître voudrait éventuellement bien lui partager…

Rêveur, en tirant sur sa longue barbe grisonnante, au bout d’un moment, Gaspard dit enfin:

– Cela me rappelle l’époque lointaine où je servais un Prince de Lumière. De nouveau, un Envoyé de la Lumière va venir sur la Terre… Il est sur le point de naître… C’est imminent… Une question de mois… Il est temps de partir…

– Tu vas partir, Maître?, questionna aussitôt Benjamin. Puis-je venir avec Toi? Vas-Tu m’emmener?

– Ça je ne sais pas encore, répondit Gaspard. Cela va dépendre…

– Dépendre … de quoi?

– Dépendre … de Toi!

De moi? Pourquoi donc? Que dois-je faire?

– Tu dois Te rendre digne de Celui que je vais adorer

– Dois-je Lui faire un Cadeau?

Moi je dois Lui faire un Cadeau. Toi, si Tu veux venir, Tu dois non pas donner mais recevoir un Cadeau! Un Cadeau … de la Lumière!

Moi recevoir un Cadeau de la Lumière! Et pour quelle raison aurais-je mérité un tel Cadeau?

– Tu ne l’as pas encore mérité. Tu l’auras mérité seulement lorsque Tu T’en seras montré digne.

Comment puis-je m’en montrer digne?

– En l’utilisant pour ta Transformation intérieure.

– Et comment cela doit-il se passer?

– Très simplement. Le Cadeau T’offre la Clef de la Transformation dans la matière grossière. Pour que Tu puisses en savoir davantage, Tu dois simplement accepter le Cadeau devant Te permettre de venir avec moi adorer l’Enfant-Dieu à naître. Une Étoile d’un genre spécial doit m’y conduire…

– Je veux venir avec Toi adorer Celui Qui doit venir. Je suis prêt à recevoir le Cadeau de la Lumière

– Alors, agenouille-Toi devant l’Autel (dans l’atelier de Gaspard il y avait – dédié au DIEU Unique – un petit Autel orienté vers l’Est) et reçois-le!

Aussitôt, sans un mot, Benjamin s’agenouilla devant l’Autel.

– Ça y est, Tu l’as reçu!, confirma Gaspard.

Après un silence au cours duquel il semblait ressentir les premiers effets du Cadeau de la Lumière, Benjamin demanda:

– Et maintenant que va-t-il se passer?

– Tu vas bientôt l’expérimenter… Regarde-Toi devant le Miroir

Dans sa pièce de travail Gaspard avait un grand miroir vertical permettant de se voir de pied en cap. Gaspard disait que – comme la boule de Cristal – cela l’aidait aussi à percevoir l’Au-delà

Benjamin se regarda dans le Miroir… Il y vit son apparence habituelle.

Puis le Roi Gaspard lui dit:

– Une fois par jour, à la même heure, Tu pourras revenir Te voir dans le Miroir… Toujours le Miroir Te renseignera exactement sur Ton état intérieur… En effet, ce Miroir a la propriété de Te montrer non pas l’apparence de Ton corps gros-matériel mais celle de Ton corps fin-matériel, par conséquent il Te donne l’image de ce qui, au-delà des apparences, vit réellement en Toi.. Cela Te permet de mieux comprendre la nature du Don que Tu as sollicité de la Lumière pour Te rendre digne de venir, avec moi, adorer le Roi Divin.

Benjamin avait du mal à se représenter ce que pouvait montrer un Miroir possédant une aussi spéciale caractéristique. Alors il se risqua, à l’intention de son maître, à poser une audacieuse question:

– Et Toi, maître, es-Tu déjà digne de Te présenter devant le petit Roi?

Sans se troubler – nullement offensé par la question -, le roi Gaspard répondit:

– C’est le Roi Divin Lui-même Qui – lorsqu’Il sera en situation de le faire – dira, un jour, si je suis digne d’être Son serviteur. Ma situation est sensiblement différente, car – du fait que j’ai promis – je suis personnellement lié aux Envoyés Divins. Par conséquent, en ce qui me concerne, je dois me rendre auprès du jeune Roi. C’est si je ne le faisais pas, que je me montrerais indigne de Lui. Toi, c’est différent, Tu n’as pas promis, c’est seulement maintenant que s’éveille le désir de Ton esprit d’aller L’adorer et le Servir. C’est pourquoi Tu dois monter maintenant que Tu en es digne…

– Je comprends…, dit Benjamin, songeur…

– Maintenant, allons prévenir la reine Bérénice!, dit le roi Gaspard.

*  *  *

Le roi Gaspard informa aussitôt la reine Bérénice que suite à l’Information donnée par la Lumière à travers la Boule de Cristal ils allaient, dès le lendemain, partir vers l’Ouest, sans encore connaître exactement leur objectif… C’était un long voyage avec chameaux, dromadaires et chevaux, qui, aller et retour, durerait, au minimum, des mois, peut-être des années…

De son côté, Benjamin prit congé de sa famille. Après quoi, aidé par sa mère, il fit ses préparatifs. Ce que Benjamin ne savait pas encore – et qu’il devait bientôt apprendre – c’est à quelles expériences susceptibles de transformer son apparence il allait être confronté au cours des jours suivants…

En fait, ce n’est pas moins de sept épreuves auxquelles il allait être confronté. Et s’il ne surmontait pas victorieusement les sept, il devrait, sans avoir vu l’Enfant-Dieu, rebrousser son chemin seul, vers le royaume du roi Gaspard… C’était clairement le Défi spirituel de sa vie.

*  *  *

Dès le lendemain le convoi du roi Gaspard avec sa suite se mit en route. Le chameau royal, suivi – légèrement en retrait – de celui de Benjamin, dirigeait la colonne…

Dès le premier jour, se présenta, pour Benjamin, la première épreuve… Un jeune serviteur de la suite du roi Gaspard, présent là en tant que palefrenier, s’était approché de lui pour cheminer, à cheval, à côté de lui… Il s’appelait Alcibiade.

Au cours de la conversation, le jeune palefrenier lui dit:

– Tu as été autorisé par le roi à l’accompagner pour adorer le jeune Roi Divin? Moi je ne suis là que pour m’occuper des chevaux.

Avec fierté, en se rengorgeant, Benjamin lui répondit:

– Oui, mais moi, c’est différent: Je suis le secrétaire personnel du roi. Il ne pouvait pas me refuser cela!

Le soir même le roi appela Benjamin sous sa tente:

– J’ai fait emporter le Miroir avec moi dit le roi, en le désignant du regard… Va-s-y, regarde-le!

Benjamin s’approche du Miroir et se place en face de lui et se regarde… Et là il pousse un cri! C’est à peine s’il se reconnaît! Est-ce bien lui cet être difforme, avec une tête démesurément grosse?

– Il y a quelque chose qui ne va pas?, questionne le roi.

– Vous voyez bien! Comment est-ce possible?

– Qu’as-Tu fait, aujourd’hui?

– Rien de spécial.

– En es-Tu bien sûr? Le Miroir ne se trompe jamais! La particularité de ce Miroir spécial est qu’il Te montre non pas l’apparence de Ton corps gros-matériel mais celle de Ton corps fin-matériel. Le corps gros-matériel lourd n’est prévu que pour la durée d’une incarnation terrestre. De par l’emprise terrestre et la lourdeur du corps gros-matériel, en dehors des phénomènes de la croissance et du vieillissement, le corps gros-matériel ne se modifie que très lentement.

Ce n’est pas le cas du corps fin-matériel qui, lui, par contre, appartient à la matière fine, elle, au contraire, très mobile. Tout ce que l’être humain vit intuitivement se répercute immédiatement dans son corps fin-matériel. Hier, Ton apparence dans le Miroir était normale. Aujourd’hui, Tu as la « grosse tête »! Alors … que s’est-il passé?

A ce moment-là, Benjamin se rappelle l’épisode de sa conversation avec le jeune Alcibiade… N’aurait-il pas, à ce moment-là manifesté de l’orgueil, voire de la présomption? La réponse à cette question est là, dans le Miroir, évidente, irréfutable. Il ne peut nier, il ne peut duper personne, ni le roi ni même lui-même.

– Oui, avoue-t-il enfin, je me suis montré orgueilleux avec Alcibiade. Je ne suis pas digne de me prosterner devant le jeune Roi Divin. Que vas-Tu faire de moi? Me renvoyer dans Ton royaume?

– Nous ne sommes pas encore arrivés! Ce n’est pas Ton état présent qui compte, mais comment Tu seras à l’arrivée, lorsque sera venu le moment d’éventuellement Te présenter devant le jeune Fils de Dieu.

Disant cela, Gaspard, de nouveau, lui indiqua du regard la Boule de Cristal. Pour la première fois de sa vie, Benjamin y vit quelque chose… Que voyait-il? D’abord floue, l’image prenait forme progressivement… D’abord, il voyait le Ciel la nuit, puis une Étoile… De l’Étoile partait un Rayon qui, en droite ligne, se dirigeait vers une maisonnette sur une colline. Qu’y avait-il dans la maisonnette? L’Enfant Divin?

A cette pensée, comme traversé par un Éclair, Benjamin se jette à genoux et implore son pardon. Il sent une Main bénissante se poser au-dessus de sa tête. Lentement, il se redresse et ose de nouveau se regarder dans le Miroir. Il pousse un immense soupir de soulagement: Il a retrouvé son apparence naturelle habituelle! De nouveau, il tombe à genoux, submergé par son ressenti de Gratitude

Ensuite, une fois relevé, Benjamin reste un moment silencieux et songeur, puis il ose questionner:

– Comment s’appelle-t-Il?

– Ça je ne le sais pas encore. Il m’a été seulement été donné à connaître ce que j’avais besoin de savoir pour nous mettre en route… Le reste nous sera donné au fur et à mesure

C’est la même chose pour Toi. L’avenir n’est pas encore écrit. Tu n’as pas surmonté victorieusement la première épreuve. Sois vigilant afin de ne pas tomber dans une nouvelle embuscade et succomber à la tentation!

Le lendemain – c’était donc le deuxième jour -, Benjamin, décidé à se montrer humble et modeste, fut soumis à une nouvelle épreuve, d’un genre tout différent, à laquelle il ne s’attendait pas…

Il avait emporté avec lui une pièce de monnaie en or. Il était décidé à l’utiliser pour ramener avec lui un précieux souvenir de son voyage… Il ne résista pas au plaisir de la montrer à Alcibiade…

Celui-ci le questionna:

– Tu vas l’offrir au jeune Roi Divin?

La question contraria Benjamin. Ce n’est pas ce qu’il avait prévu. Ce n’est pas pour cela qu’il l’avait emportée. Certainement son maître – le roi Gaspard – ferait un riche Présent au petit Roi envoyé du Ciel; cela suffirait bien.

De fait, le roi Gaspard avait emporté avec lui de l’Encens, mais, à ce moment-là, Benjamin ne le savait pas encore…

Après une nouvelle journée de marche à dos de chameau, de dromadaire ou de cheval, en direction de l’Ouest/Nord-Ouest, le roi Gaspard fit établir le camp au bord d’une rivière et y planter sa tente. De nouveau il convoqua Benjamin pour le « passage devant le Miroir de Vérité »

Bien que ce jour-là il ne se soit pas montré orgueilleux, de nouveau Benjamin fut horrifié en se regardant dans le miroir: il vit que son corps était tout rabougri. C’était comme s’il n’avait pas mangé depuis des mois…

D’un air sévère, le roi Gaspard le questionna:

– Alors, qu’as-Tu fait, aujourd’hui?

Alors Benjamin se souvint de la pièce de monnaie qu’il avait refusé d’offrir au petit Roi envoyé sur la Terre. Non, cette fois, il ne s’était pas montré orgueilleux, juste… avare!

Honteux, il sortit la superbe pièce de sa poche et la déposa au pied du roi en disant:

– C’est pour le jeune Roi Divin.

Benjamin se regarda de nouveau dans le miroir. Il avait retrouvé son apparence habituelle.

Le lendemain, c’était le troisième jour de voyage vers le pays de l’Envoyé Divin. Il ne se passa rien de spécial, si ce n’est que la colonne fut rejointe par un voyageur solitaire et fier appelé Artaban. Le roi Gaspard lui offrit une tente – en fait, celle de Benjamin -, car il n’en avait pas. De ce fait, le soir, pour la première fois, Benjamin dut loger dans une grande tente collective. Toutefois, cette tente était séparée en compartiments individuels par des « cloisons » de toiles intérieures.

Tandis qu’il s’apprêtait à s’allonger, l’attention de Benjamin fut attirée par un léger bruit de l’autre côté de la cloison située à sa gauche. Benjamin aperçut un petit trou dans la toile, juste à la hauteur de son œil. Mu par la curiosité, Benjamin plaça son œil en face du trou… Là, à sa grande surprise, il aperçut une jeune fille en train de se dévêtir pour la nuit. Là, au lieu de – comme il aurait dû le faire – vivement se retirer, pendant de longs instants, attiré par le charmant spectacle, silencieux, Benjamin resta à contempler, à l’insu de la jeune personne, l’attrayante silhouette.

Cela dura jusqu’à ce que, au bout de plusieurs minutes, sa conscience [NDLR: Article privé; sa lecture nécessite d’être enregistré et connecté] se réveille enfin. Là il eut honte [NDLR: Article privé et protégé par mot de passe; sa lecture nécessite d’être enregistré et connecté] de lui, mais encore bien davantage lorsqu’un serviteur du roi vint se présenter à l’entrée de sa chambre de toile, pour l’inviter à la traditionnelle contemplation dans le Miroir

Embarrassé mais contraint, Benjamin se lève et se rend jusqu’à la grande tente royale. Là, le roi Gaspard le fait entrer et l’invite à … se regarder dans le Miroir! Benjamin a envie de fermer les yeux, mais est obligé de regarder. Ce qu’il y voit l’horrifie: Avec les yeux tellement exorbités qu’ils lui sortent presque de la tête, son visage exprime une répugnante lubricité. C’est lui cette hideuse caricature? Il tombe sur le sol, effondré de honte [NDLR: article privé, protégé par mot de passe; sa lecture nécessite d’être enregistré et connecté] et de dégoût de lui-même.

Le roi, qui, assurément, voit aussi ce qu’il y a dans le – ou de l’autre côté du – Miroir, ne dit rien. Il est, à l’évidence, consterné de voir à quel bas degré de déchéance est tombé son secrétaire personnel. Surmontant à grand peine son désir de le répudier sur le champ, au bout d’un moment il dit simplement:

– Dans l’Au-delà Tu as dégringolé de plusieurs centaines de mètres.

Tête basse, mortifié, Benjamin se retire sur la pointe des pieds, sans rien dire.

Le quatrième jour, Benjamin se retrouva à cheminer à côté du voyageur solitaire, Artaban. Au cours de la conversation le fier Artaban – originalement vêtu – apparut très admirable à Benjamin. Insidieusement, toutefois – surtout après qu’Artaban lui eût montré les trois perles qu’il destinait à l’Enfant Roi, l’admiration finit par se transformer en envie. Il enviait non seulement Artaban lui-même pour son indépendance d’esprit, son originalité, sa générosité, mais aussi et surtout les merveilleuses perles… C’était même à se demander si – si l’occasion lui en avait été donnée – il n’aurait pas essayé de s’en emparer

Inutile de préciser que ce qu’il vit, ce soir-là, dans le Miroir du roi, était, de nouveau, des plus affligeants. Lui-même avait le visage de l’envie. Une image absolument répugnante. Il aurait vu, dans la rue, quelqu’un avec cette apparence, il serait aussitôt parti en courant! Tandis que, incrédule, le roi Gaspard le contemplait avec affliction, Benjamin, lui, regardait le bout de ses pieds…

Le cinquième jour, alors qu’il ne serait retombé dans aucune des quatre premières, une nouvelle tentation l’attendait… Elle se présenta, justement, à travers la jeune fille que, la veille, il avait convoitée. Celle-ci était une excellente pâtissière et, pour le repas du soir autour du feu, avait confectionné un délicieux gâteau à base d’amandes, de noisettes, de pistaches et de miel. Elle en offrit une part à Benjamin, qui le trouva succulent…

Avant de se retirer sous la tente pour aller dormir, Benjamin remarqua qu’il restait encore plusieurs parts de gâteau sur le plat. Il remarqua aussi où Déborah l’avait posé après le repas. Lorsque tous se furent retirés, il se glissa dans l’obscurité, afin de se régaler d’une autre part… Il venait à peine de rentrer dans sa section de tente – où il avait réussi à boucher le trou avec une feuille d’arbre – que le serviteur du roi vint le chercher pour son cinquième passage devant le Miroir royal

En fait, ce n’est pas réellement le Miroir lui-même qui était « magique » mais c’était plutôt Benjamin qui, lors de son acceptation du Cadeau de la Lumière, en face du Miroir, avait été rendu clairvoyant. Mais – bien qu’un autre que lui n’aurait, en fait, rien vu de spécial dans le Miroir – Benjamin, lui, croyait – comme cela en avait l’apparence – que c’était une propriété intrinsèque du Miroir royal.

Le roi le regarda se regarder dans le Miroir de la Vérité. De nouveau, Benjamin était épouvanté de son apparence … de goinfre! Il réalisa que, cette fois, il avait succombé au péché de gourmandise. Son corps fin-matériel était difforme, avec un ventre proéminent. Les bras du roi Gaspard tombèrent le long de son corps et il resta muet, tandis que, honteux et confus, Benjamin s’éclipsait sur la pointe des pieds…

Le lendemain – le sixième jour -, Déborah, qui s’était aperçue que son gâteau avait rétréci et avait perçu le froissement de la tente, lorsque, quelques minutes plus tard, son voisin était sorti puis rentré, soupçonna tout naturellement, Benjamin d’être l’auteur du larcin. Lorsqu’elle le questionna pour avoir la confirmation que c’était bien lui, il supporta d’autant moins d’être soupçonné que les soupçons étaient totalement fondés! Alors…, il se mit … en colère! Il ne manquait plus que cela!

Le soir, l’image du coléreux dans le révélateur Miroir était épouvantable et le roi Gaspard, catastrophé, était sur le point de renvoyer Benjamin, mais son guide spirituel l’en empêcha.

Au matin du septième jour, le lendemain matin, Benjamin, qui – rongé par le remords, n’avait que peu ou pas dormi de la nuit – pendant que tous les autres l’attendaient pour pouvoir partir – resta sur sa couche à faire … la grasse matinée!

Le soir, dans le Miroir de la Révélation, c’est le portait d’un paresseux que Benjamin put contempler… Le roi Gaspard lui fit observer:

– L’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gloutonnerie, la colère, la paresse, c’est la totale! Aux sept péchés capitaux, sans exception, Tu as succombé! T’imagines-Tu donc pouvoir paraître ainsi devant le Fils de Dieu sur la Terre?!

Tout recroquevillé sur lui-même, Benjamin, hoquetant et bégayant, finit par reconnaître:

– Non, cela me parait, au contraire, totalement impossible. Mon actuel état d’impureté m’en empêche.

Et – prenant les devants -, il affirma:

– Demain matin, je prends le chemin du retour…

Mais, de surprenante manière, le roi Gaspard s’y opposa:

– Attends! Je dois d’abord consulter la Boule de Cristal

Gaspard s’installa devant la Boule, pria la Lumière et, bientôt, des images apparurent dans la lumineuse sphère… Alors que Benjamin ne voyait rien, il discerna, dans la première, une autre sphère…, qui avait l’air d’être la Terre… Au centre de celle-ci brillait une Flamme incandescente: La grande Flamme qui purifie tout!

Gaspard comprit le Message: S’il le voulait, Benjamin pouvait encore – telle une ordalie – passer par … l’Épreuve du Feu!

Le roi se tourna vers Benjamin et lui dit:

– Tu a as une dernière chance, si Tu veux essayer de Te racheter.

– Qu’est-ce que c’est?, demanda Benjamin, hésitant.

La grande Flamme qui purifie tout!

– Où se trouve-t-elle?

– Au Centre de la Terre!

– Au Centre de la Terre! Mais – c’est impossible! – comment pourrais-je y aller?

– Non loin d’ici il y a une entrée

– Une entrée! Mais pour entrer où?

Dans la Terre!

– Mais le Centre de la Terre cela doit être très loin de la surface! Je n’aurais jamais le temps d’y aller et de revenir!

– Si! Parce qu’il existe pour cela un « descenseur » très rapide qui, pour le retour, agit comme ascenseur.

– Dois-je y aller seul?

– Si Tu trouves quelqu’un pour T’accompagner, alors Tu peux l’emmener avec Toi…

– Seul ou accompagné, si Tu me montre l’entrée et que je suis accepté, alors je partirais dès que possible, éventuellement demain…

– Le convoi passera demain tout près de l’entrée. Nous y ferons halte…

Benjamin sort de la tente royale, puis rejoint sa « chambre » de toile. Là, n’y tenant plus, il appelle…:

– Déborah!

– Oui, répond Déborah, qui ne dort pas encore.

– Je veux Te demander pardon.

– Pardon? Pour … quoi?

– Pour deux choses. Veux-Tu sortir dehors avec moi?

En disant oui, elle accepte et se rhabille, puis les deux sortent de la grande tente, chacun hors de sa « chambrette ».

Ils se retrouvent dans la nuit et, sur un signe de Benjamin, font quelques pas pour s’éloigner du camp, en se dirigeant vers un petit bois tout proche.

Le premier, Benjamin prend la parole:

– Je veux Te demander pardon d’une part pour – de façon complètement injustifiée – m’être mis en colère après Toi et, d’autre part, pour avoir repris de Ton gâteau sans ta permission et à Ton insu. C’était non seulement de la goinfrerie mais aussi du vol et de la déloyauté!

Candide, Déborah le regarde au clair de Lune et d’un signe de tête lui pardonne. Benjamin la regarde à son tour et prend soudain conscience qu’elle est encore plus attirante que son gâteau.

– N’as-Tu rien d’autre à Te faire pardonner?, demande-t-elle soudain, comme mue par une inspiration.

Extrêmement honteux et confus, péniblement, Benjamin avoue:

– Si!, je veux aussi Te demander pardon de T’avoir regardée par le trou de la toile séparant nos deux chambres, le premier soir.

Déborah – qui semblait ne pas s’en être rendu compte – ouvre de grand yeux incrédules et réprobateurs:

Tu as fait … cela?!

– Oui. Au début c’était juste par curiosité… Puis … je T’ai trouvée … belle!, confesse-t-il, embarrassé.

Comme pour se protéger des regards, Déborah tire son châle sur elle, puis déclare:

– Jamais deux sans trois! C’est trois pardons que Tu as maintenant.

– Je m’excuse aussi d’avoir mis tout le convoi en retard, dont Toi-même, ce matin.

– Il va falloir rajouter un proverbe, dit-elle: « Jamais trois sans quatre! ».

– C’est bien que Tu m’aies pardonné tout cela, dit-il après un moment. Maintenant, je dois aussi me purifier et me faire pardonner par la Lumière.

– Comment penses-Tu faire cela?

– En descendant au Centre de la Terre!

– Au Centre de la Terre! Mais c’est impossible!

– Le roi dit que non seulement c’est possible mais que c’est même indispensable. Seulement ainsi je peux maintenant me purifier de mes fautes et retrouver la possibilité de l’accompagner pour l’Adoration du jeune Roi venu du Ciel.

– Comment cela?

– Au Centre de la Terre se trouve la Grande Flamme qui purifie tout. Et…

– Et … quoi?

– Et je cherche … quelqu’un pour m’y accompagner!

Songeuse, Déborah le regarde… Puis, lentement, elle dit:

– J’ai, moi aussi, des choses à me faire pardonner et j’aspire à la Pureté... Je T’accompagne!

A cette nouvelle Benjamin éprouve une Joie immense. Son cœur bondit dans sa poitrine.

*  *  *

Le lendemain matin, comme prévu, le roi Gaspard fait arrêter le convoi … au bord d’un lac. Ce lac est traversé par une rivière. Le roi avise plusieurs barques au bord du rivage. Près d’elle un pécheur s’active en nettoyant son filet de pèche. Le roi dit qu’il désire louer, voire acheter, une barque. Impressionné par le faste royal et le prix proposé (qui excède, en fait, largement la valeur de la barque!), le pécheur accepte avec empressement.

Le roi ordonne d’attacher, avec une suffisamment longue longe, les deux chevaux de Benjamin et de Déborah à un arbre autour duquel pousse, en abondance, une herbe grasse et drue..

Puis le roi fait monter Benjamin et Déborah dans la barque en leur disant:

– Désormais, laissez-vous aller… Ce sont les entéaux de l’air et de l’eau qui vont vous conduire…!

Tandis que la barque s’éloigne lentement du rivage, le roi Gaspard reprend la tête du convoi, qui se remet en marche vers l’Ouest, vers le Divin Enfant

La barque est d’autant plus guidée par les entéaux de l’air et de l’eau qu’elle n’a pas de rames. C’est à peine si Benjamin peut influer sur son parcours en trempant ses mains dans l’eau… Poussée par le vent et le courant, comme prise dans un maelström, la barque s’avance de plus en plus rapidement vers son but apparent: une grotte, dans laquelle, en provenance du centre du lac, s’engouffre avec fracas une rivière souterraine…!

Rapidement, Benjamin et Déborah se retrouvent … à l’intérieur! Après voir été entraînés par la rivière souterraine Styx sur des milles, Ils finissent par arriver dans … la Vallée de l’Invisible.

*  *  *

Là, dans la Vallée de l’Invisible, se trouvent des Jardins avec des jets d’eau, un péristyle et des bancs…

Déborah s’assoit sur un banc. Benjamin avise de belles fleurs autour de lui, il en cueille plusieurs et constitue un harmonieux bouquet, qu’il offre à Déborah. Il lui prend la main et lui déclare son amour. Un majestueux Personnage arrive derrière eux en souriant et dit:

« L’Amour fraternel, dont la croissance provient de la Pensée Divine, donne une Force qui peut précipiter et créer les Mondes. Il conduit au-delà de l’emprise terrestre. Avez-vous le Courage, en tant que premier Couple dans la Vallée, d’oser faire ce pas qui vous ôtera le voile qui recouvre tout mortel? ».

Joyeusement, Déborah et Benjamin échangent au sujet de l’Amour fraternel. Le Maître de la Vallée de l’Invisible leur fait signe de le suivre…

Deux gardiens se tiennent devant une lourde porte. Le Maître arrive à la porte avec Déborah et Benjamin. ll prend une petite clef, qu’il porte à un ruban autour du cou, et ouvre la porte. Tous les trois entrent dans la salle.

A une chaîne est suspendue une antique lampe à huile. Un lutrin en pierre est le seul objet dans la pièce. Sur le pupitre repose un gros et ancien Livre. Sur le mur est écrit en grosses lettres:

« Chercheur, n’accède au Livre qu’avec un état d’âme pleinement consacré! ».

Avec gravité, le Maître ouvre la première page du Livre et lit:

« Considère que, des millénaires avant Toi, déjà, Tes frères ont lu dans ce Livre. ».

Le Maître pose ses mains sur les yeux de Benjamin et de Déborah et dit solennellement:

« Frère et sœur, devenez voyants et reconnaissez dans cette pièce ceux qui nous ont précédés et vous parlent maintenant par le Livre! ».

Le Maître retire les mains de leurs yeux. Le local est rempli de silhouettes empreintes de gravité, dans des vêtements correspondant à différentes époques et dont les regards sont tous dirigés vers le Livre. Déconcertés, Déborah et Benjamin regardent autour d’eux. Le Maître fait un mouvement de la main. Les silhouettes ont disparu et le local est, de nouveau, comme avant et le Maître tourne gravement la page du Livre. Là, on peut lire les mots suivants:

« Le Pont vers le grand Invisible est l’Amour; celui qui pense uniquement à l’autre et, volontairement, pour lui, sacrifie tout. ».

Rempli de gravité, il tourne la seconde feuille. Sur celle-ci l’on peut lire:

« Dans le Temple de la Vallée Consacrée, s’ouvre, à Minuit, au moment où la Lune est la plus pleine, une Porte secrète, par laquelle un Chemin conduit vers la grande profondeur. Flamboyante, mugit là, au Centre de la Terre, une Flamme qui purifie tout. Tout ce que Tu imagines de faux y va! Purifié(e), Tu trouveras en même temps le Chemin de l’Invisible. ».

Le Maître referme le Livre et, en guise d’Avertissement, dit:

« Réfléchissez bien! Ne provoquez pas, par curiosité, ou espièglerie, les Puissances qui vous sont encore en partie inconnues. Car la perdition vous guette tout près et peut vous projeter des siècles en arrière. Vous avez encore le choix. ».

Déborah et Benjamin se regardent, avec Amour, dans les yeux, puis, joyeusement, se tournent vers le Maître et solennellement affirment:

« Nous sommes prêts! ».

Le Maître leur tend les mains.

« Vous savez par vous-mêmes à quel point les combats purifient. » « Plus le désespoir est profond, plus cela avance rapidement. ».

Déborah entreprend avec Benjamin la difficile marche dans l’inconnu!

C’est la nuit de la pleine Lune. Tous les candélabres sont allumés. Les frères sont en position de Recueillement. Devant le Maître se tiennent Déborah et Benjamin. Une horloge indique Minuit moins cinq. Le Maître pose ses mains bénissantes sur eux:

« Descendez dans le sein énigmatique de la Terre et voyez ce qu’il cache pour vous. La grande Volonté invisible vous conduira. ».

Sous la direction du Maître, le couple longe la rangée des frères. Derrière eux, suivent les deux frères les plus anciens, qui se tiennent au plus près du Maître. Les frères s’inclinent. Le Maître retourne dans l’arc vers le fond de la salle. Les gardiens, se tenant devant un rideau l’écartent. Une porte basse apparaît. En exhortant, le Maître leur montre l’Inscription qui la surmonte:

« Toi qui oses pénétrer ici, frémis si Ton amour ne porte pas en lui l’Étincelle divine. ».

L’horloge indique maintenant Minuit moins une. Sur un signe du Maître, quelques-uns des frères éteignent les candélabres. Le crépuscule règne maintenant dans la salle. Seul un rayon de Lune se dirige vers la porte basse et, lentement, s’élève… Au moment où le rayon de la Lune éclaire pleinement la porte, auto-activement celle-ci, mystérieusement, s’ouvre… Déborah et Benjamin, étroitement unis, avancent sur le seuil pleinement éclairé par la Lune et se regardent, encore une fois, en prenant congé. Puis, sans être accompagnés, ils descendent un très long escalier… La porte se referme. Tous les autres, en silence, ont assisté à la scène, envoûtés.

Déborah, avec Benjamin, éclairés par une faible lumière, vont, main dans la main, dans les profondeurs jusqu’à ce qu’ils arrivent à la porte du « Descenseur ». La porte s’ouvre, ils pénètrent à l’intérieur… La porte se referme, à une vitesse vertigineuse le Descenseur commence son long parcours vers la profondeur… Les repères ne sont plus les mêmes qu’à la surface. Combien de temps dure le voyage de l’endroit où ils se trouvent jusqu’au Centre de la Terre?, ils ne sauraient le dire. Un certain temps

Lorsque, enfin, ils arrivent en bas, la porte du Descenseur s’ouvre et, lorsqu’ils sortent, ils se retrouvent dans une grotte souterraine.

Aux quatre côtés de la grotte, il y a, à hauteur d’homme, des ouvertures naturelles. Déborah et Benjamin arrivent par l’une des ouvertures et regardent, étonnés, autour d’eux. De la main, Déborah, interrogative, montre soudain la direction se trouvant du côté gauche:

« Entends-Tu le chuintant mugissement?! ».

Tendant l’oreille, Benjamin s’approche. Scrutateurs, tous deux regardent par l’ouverture, mais, avec épouvante, reculent ensuite lentement: La Flamme Purificatrice est une Flamme mobile! Pour ne plus l’entendre, tous deux se bouchent les deux oreilles:

« La Flamme arrive! ».

Angoissés, ils se plaquent tous les deux contre la paroi rocheuse. Telle une flèche, un large Rayon de Feu sort par l’ouverture gauche et passe en trombe devant le couple abasourdi, en direction de l’ouverture de droite, où il disparaît. La Flamme, en s’éloignant, de façon dégressive, mugit encore un certain laps de temps … et puis, en fonction du mugissement croissant produit, manifestement … revient!

Étonnes et interloqués, de loin, ils examinent la Grande Flamme Purificatrice. Soudain, dans le fond obscur, apparaît en Lettres de Feu:

« Celui qui, volontairement, se place en face de la Flamme, lorsqu’elle passe, réalise le plus grand Bonheur pour l’autre être, bien-aimé! ».

Ils lisent attentivement les mots. Remplie d’abnégation, Déborah se redresse, transfigurée, et s’exclame:

« Que le plus grand Bonheur soit donc pour Toi, cher Benjamin! ».

Courageusement, elle se place juste devant l’ouverture par où la Flamme doit revenir.

Épouvanté au sujet du sacrifice de Déborah, Benjamin lui crie:

« Déborah! La Flamme revient! Entends-Tu le mugissement caverneux? Tu n’as pas mérité cela! Avec toutes mes fautes, c’est moi qui dois me sacrifier!« .

Rempli d’angoisse, il tire violemment Déborah en arrière et bondit devant l’ouverture, allonge les bras avec des cris de Joie vers la Flamme, qui, à toute vitesse, arrive:

« Pour Toi, Déborah! ».

La Flamme sort comme une Flèche et enveloppe Benjamin. Déborah s’est rapidement ressaisie et crie:

« Avec Toi, Benjamin! »

et saute au milieu de la Flamme, à côté de lui. Tous deux sont entourés par la Flamme, puis celle-ci continue, mugissante, en direction de l’ouverture de gauche et disparaît.

Toutefois, Déborah et Benjamin sont intacts, étonnés, debout et transfigurés. Dans le fond apparaît en Lettres de Feu:

« Vous avez, grâce à votre Amour, vaincu la mort. La grande Flamme de Vie a consumé en vous tout le mal. Allez votre chemin, purifiés. ».

Ravis et étroitement unis, ils passent dans l’ouverture suivante, puis regagne l’Ascenseur. La porte s’ouvre… La remontée s’effectue encore plus rapidement que la descente…

Dans la Vallée de l’Invisible, avant même le lever du Soleil, le Peuple se rassemble, plein d’Espoir, en partie devant et en partie sur l’escalier. Le Maître arrive alors avec quelques frères. Avec les premiers rayons du Soleil, Déborah et Benjamin s’élèvent à partir d’un renfoncement situé derrière la marche la plus haute de l’escalier et, face au Peuple, restent debout, se tenant fermement par la main. Le Peuple pousse des cris de Joie à leur intention. Le Maître lui-même les salue chaleureusement. Puis il élève les mains pour les bénir:

« Vous êtes, à partir de cette heure, protégés contre les tentations du monde! Sortez maintenant de la Terre et portez notre Salut aux frères et aux sœurs de la surface. ».

Le Maître se dirige avec eux deux vers le Temple.

Dans un jardin de la Vallée de l’Invisible, Déborah et Benjamin déambulent dans les allées. Le Maître fait signe au couple de s’approcher, puis il leur tend un petit tableau et dit:

« Vous avez victorieusement subi l’Épreuve, allez dans le Monde. Apportez la Nouvelle de votre Rédemption dans le Monde. Peut-être cela pourra-t-il servir de Salut et procurer la Paix à beaucoup d’êtres humains. ».

Puis, saluant cordialement, le Maître disparaît dans la profondeur…

Benjamin et Déborah s’enquièrent alors de savoir comment ils peuvent regagner la surface. Ils sont conduits vers le Passeur, qui les conduit vers … le « Puits » en leur expliquant:

– Étant donné qu’elle est trop grande pour le « Puits », la barque avec laquelle vous êtes arrivés dans la Vallée de l’Invisible restera ici. Merci du cadeau!

– C’est plutôt le roi Gaspard qu’il faut remercier!, précise Benjamin.

– L’arrivée dans la Vallée de l’Invisible s’apparente au canyoning. La remontée vers la surface est encore plus sportive! Cela ressemble à l’« homme-canon »! Dans le « Puits », est, en effet, en cas de besoin, placée une capsule qui est naturellement poussée vers la surface par un geyser d’eau chaude survenant à intervalles plus ou moins réguliers.

Les entéaux ont pris soin de faire jaillir ce geyser légèrement incliné juste au bord du lac par lequel vous êtes arrivés, de telle manière qu’il retombe … dans le lac! C’est ce qui doit vous assurer une arrivée … pas trop brutale! Il est, toutefois, préférable que, une fois que le geyser a atteint la surface, vous vous projetiez hors de la nacelle, afin de retomber directement dans l’eau. Cela procure une arrivée … plus amortie!

Remerciant pour les explications et prenant congé du Passeur et de toute la Vallée de l’Invisible, Benjamin et Déborah montent dans la capsule, à l’intérieur du Puits (lequel s’ouvre sur la nacelle grâce à une porte étanche hermétique) juste après qu’un geyser vient de se produire. Cela offre la garantie qu’il ne s’en produira pas un pendant qu’ils montent à bord, car il y a toujours environ une demi-heure entre deux jaillissements.

Ils ignorent donc à quel moment précis la capsule va « décoller ». Par le hublot de la porte (la nacelle, elle, n’est pas fermée en haut) ils contemplent, une dernière fois, la Vallée de l’Invisible, ne sachant pas s’ils y reviendront, un jour. Mais ce qu’ils y ont expérimenté et appris est à jamais gravé au fer rouge dans leurs esprits. Et, surtout, ils se sentent … tellement plus légers!

La sortie se déroule exactement comme le Passeur l’a dit. Après avoir été, par la pression du geyser, élevés une dizaine de mètres au-dessus du lac, grâce à l’inclinaison vers le lac, ils retombent, tous les deux, côte à côte, non loin de la nacelle mais indépendamment d’elle, dans le lac, à cet endroit déjà profond de plusieurs mètres. Un coup de talon dans le fond du lac les propulse rapidement à la surface, un peu abasourdis…

Ils regagnent la rive en nageant et prennent volontiers, en passant, une douche d’eau chaude en bordure du geyser, car l’eau du lac, de source glaciaire, est plutôt fraîche! Une fois sur la rive, ils aperçoivent – ô joie!, ils sont toujours là! -, de l’autre côté du lac, les deux chevaux que le roi Gaspard avait laissés là à leur intention. Contournant le lac par le côté le plus court, ils détachent les chevaux et se remettent en selle avec l’espoir, en galopant ou trottant, de rattraper, en quelques jours, le convoi du roi Gaspard, qui, lui, du fait de tous les bagages à transporter, n’avance qu’au pas.

Pour s’orienter, ils prient les « petits » de leur montrer le chemin… Par chance, Déborah peut les voir, ce qui facilite grandement la chose! En sept jours ils ont – le soir du septième jour, rattrapé le convoi royal qui bivouaque, de nouveau, au bord d’un étang.

Lorsque Benjamin se présente à l’entrée de la tente royale, en priant d’être introduit, le roi Gaspard le reconnaît à peine, tant il a changé. Il est maintenant léger, lumineux et rayonnant. Sans un mot, d’un geste, le roi l’invite à se présenter devant le « magique » Miroir royal. Benjamin le fait sans hésiter et contemple sa radieuse image fin-matérielle parfaitement proportionnée.

Le roi dit simplement:

– Tu es autorisé à reprendre Ta place dans le convoi qui s’en va adorer le jeune Fils de Dieu sur la Terre. Ce n’est pas moi qui T’y autorise mais le Miroir de la Vérité.

– Je crois que, désormais, je l’appellerai aussi le « Miroir de la Nativité », dit Benjamin, inspiré.

Dans le cœur jubilant de Benjamin – et aussi dans celui de Déborah – s’élevait, vers la Lumière, une profonde Gratitude pour Dieu Qui, dans Son Amour, avait créé des Lois permettant aux êtres humains pécheurs de se juger eux-mêmes … mais aussi de se racheter

 

 

« Le Miroir de Noël » – Conte de Noël 2024 –

Nota Bene: La partie concernant le séjour dans la Vallée de l’Invisible
est largement inspirée de l’ouvrage anonyme « Le Chemin perdu ».

[NDLR: Article privé; sa lecture nécessite d’être enregistré et connecté.]

 

 

 

 

 

 

 

 

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