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Authenticité des Évangiles
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Introduction de l’École de L’Art de Vivre
Authenticité des Évangiles
Mais, déjà travesti par la version des Septante, l’Ancien Testament ne donnait plus, dans les derniers siècles avant le Christ, qu’une vague intuition des Vérités supérieures. »
Commentaire de l’EDLDV concernant la Septante
Suite de l’écrit « Authenticité des Évangiles » de Léon Denis
Dédaigneux des principes enseignés, emporté par ses passions, il a passé de tout temps près de grandes choses sans les voir. Cette insouciance du beau moral, cause de décadence et de corruption, pousserait les nations à leur perte, si la main de l’adversité et les grandes commotions de l’histoire, en secouant profondément les âmes, ne les ramenaient vers ces vérités.»
Jésus vint, esprit puissant, missionnaire divin, médium inspiré. Il vint, s’incarnant parmi les humbles, afin de donner à tous l’exemple d’une vie simple et cependant pleine de grandeur, vie d’abnégation et de sacrifice, qui devait laisser sur la terre des traces ineffaçables.
La grande Figure de Jésus dépasse toutes les conceptions de la pensée. C’est pourquoi elle n’a pu être créée par l’imagination. Dans cette âme, d’une sérénité céleste, on ne voit aucune tache, aucune ombre.
Toutes les perfections se fondent en elle avec une harmonie si parfaite qu’elle nous apparaît comme l’Idéal réalisé.
Sa Doctrine, toute d’Amour et de Lumière, s’adresse surtout aux pauvres et aux affligés, à ces femmes, à ces hommes du peuple courbés vers la terre, à ces intelligences écrasées sous le poids de la matière et qui attendent, dans l’épreuve et la souffrance, la Parole de Vie qui doit les consoler et les réchauffer.
Et cette parole, elle leur est donnée avec une si pénétrante douceur, elle exprime une Foi si communicative, qu’elle chasse tous leurs doutes et les entraîne sur les pas du Christ.
Ce que Jésus appelait prêcher aux simples l’«Évangile du Royaume des Cieux», c’était mettre à la portée de tous la connaissance de l’immortalité et du Père commun, du Père dont on entend la Voix dans la Paix du Cœur, dans le calme de la conscience.
Peu à peu, cette doctrine, transmise verbalement dans les premiers temps du Christianisme, s’altère et se complique, sous l’influence des courants contraires qui agitent la société chrétienne.
Les Apôtres, choisis par Jésus pour continuer Sa Mission, avaient bien su le comprendre; ils avaient reçu l’impulsion de Sa Volonté, et de Sa Foi. Mais leurs connaissances étaient restreintes, et ils ne purent que conserver pieusement, par la mémoire du cœur, les traditions, les pensées morales et le désir de régénération qu’Il avait déposés en eux.
Dans la course à travers le monde, les Apôtres se bornent donc à créer, de ville en ville, des groupes de Chrétiens, à qui ils révèlent les Principes essentiels, puis, hâtivement, vont porter la «Bonne Nouvelle» à d’autres contrées.
Les Évangiles, écrits au milieu des convulsions qui marquent l’agonie du monde juif, puis sous l’influence des discussions qui signalent les premiers temps du Christianisme, se ressentent des passions, des préjugés de l’époque et du trouble des esprits. Chaque groupe de fidèles, chaque communauté a ses Évangiles, qui diffèrent plus ou moins des autres. De grandes querelles dogmatiques agitent le monde chrétien et provoquent des troubles sanglants dans l’Empire, jusqu’à ce que Théodose, en donnant la suprématie à la papauté, impose l’opinion de l’évêque de Rome à la Chrétienté. Dès lors, la pensée, trop féconde, créatrice de systèmes divers, sera comprimée.
Afin de mettre un terme à ces divergences de vues, au moment même où plusieurs conciles viennent de discuter sur la Nature de Jésus, les uns admettant, les autres rejetant Sa Divinité, le pape Damase confie à saint Jérôme [NDLR: Le qualificatif de « Saint », devant le nom de tout être humain, est – quels que puissent être ses mérites -, en fonction des Lois, quelque chose d’abusif; en effet, la « sainteté » ne peut pas faire l’objet de mérites acquis, mais est un fait de nature: DIEU Seul est Saint!], en 384, la mission de rédiger une traduction latine de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Cette traduction devra, désormais, être seule considérée comme orthodoxe et deviendra la règle des doctrines de l’Église; c’est elle qui porte le nom de Vulgate.
Ce travail soulevait de grandes difficultés. « Saint Jérôme » [En fait Jérôme de Stridon] se trouvait, ainsi qu’il le dit lui-même, en présence d’autant d’exemplaires que de copies. Cette variété infinie des textes l’obligeait à un choix et à des remaniements profonds. C’est ce que, effrayé des responsabilités encourues, il expose dans les préfaces de son œuvre, préfaces réunies en un livre célèbre.
«D’un ancien ouvrage, vous m’obligez à en faire un nouveau. Vous voulez que je me place, en quelque sorte, comme arbitre entre les exemplaires des Écritures qui sont dispersés dans tout le monde, et, comme ils diffèrent entre eux, que je distingue ceux qui sont d’accord avec le véritable texte grec. C’est là un pieux labeur, mais c’est aussi une périlleuse hardiesse de la part de celui qui doit être jugé par tous, de juger lui-même les autres, de vouloir changer la langue d’un vieillard et de ramener à l’enfance le monde déjà vieux.
«Quel est, en effet, le savant et même l’ignorant, qui, lorsqu’il aura en main un exemplaire (nouveau), après l’avoir parcouru seulement une fois, voyant qu’il est en désaccord avec celui qu’il est habitué à lire, ne se mette aussitôt à pousser des cris, prétendant que je suis un sacrilège, un faussaire, parce que j’aurais osé ajouter, changer, corriger quelque chose dans les livres anciens? [« Me clamitans esse sacrilegum qui audeam aliquid in veteribus libris addere, mutare, corrigere. »]
«Un double motif me console de cette accusation. Le premier, c’est que vous, qui êtes le souverain pontife, m’ordonnez de le faire; le second, c’est que la Vérité ne saurait exister dans des choses qui différent, alors même qu’elles auraient pour elles l’approbation des méchants.».
« Saint Jérôme termine ainsi:
«Cette courte préface s’applique seulement aux quatre Évangiles, dont l’ordre est le suivant:
Matthieu, Marc, Luc, Jean. Après avoir comparé un certain nombre d’exemplaires grecs, mais des anciens, qui ne s’éloignent pas beaucoup de la version italique, nous les avons combinés de telle manière (ita calamo temperavimus) que, corrigeant seulement ce qui nous paraissait altérer le sens, nous avons maintenu le reste tel qu’il était.» (Œuvres de saint Jérôme, édition des Bénédictins, 1693, t. I, col. 1425.) ».
Ainsi, c’est d’après une première traduction de l’hébreu en grec, pour les copies portant les noms de Marc et de Matthieu; c’est, à un point de vue plus général, d’après de nombreux textes dont chaque copie diffère des autres, (« tot sunt enim exemplaria quot codices »), que se constitue la Vulgate, traduction corrigée, augmentée, modifiée comme l’avoue l’auteur, de manuscrits anciens.
Cette traduction officielle, qui devait être définitive dans la pensée de celui qui en avait ordonné l’exécution, fut, cependant, remaniée elle-même à différentes époques par l’ordre des pontifes romains. Ce qui avait paru bon de l’an 386 à l’an 1586, ce qui avait été approuvé en l’an 1546 par le concile œcuménique de Trente, fut déclaré insuffisant et erroné par Sixte-Quint en 1590. Une nouvelle révision fut faite par ses ordres; l’édition qui en résulta et qui portait son nom fut elle-même modifiée par Clément VIII. C’est l’édition, en usage aujourd’hui, d’après laquelle ont été faites les traductions françaises des livres canoniques, soumis à tant de remaniements à travers les siècles.
Cependant, malgré toutes ces vicissitudes, nous n’hésitons pas à admettre l’authenticité des Évangiles, dans leurs textes primitifs. La Parole du Christ y éclate avec puissance; tout doute s’évanouit sous le Rayonnement de Sa Personnalité sublime. Sous le sens altéré ou caché, on voit poindre la force de l’idée première. La main du grand Semeur s’y révèle; dans la profondeur de ces Enseignements, unie à la Beauté morale et à l’Amour, on sent l’Œuvre d’un Envoyé céleste.
Mais, à côté de cette Main puissante, la faible main de l’homme s’est glissée dans ces pages, y introduisant des conceptions débiles, mal reliées aux Pensées premières et, à côté des envolées de l’âme, provoquant l’incrédulité.
L’œuvre de saint Jérôme fut, en effet, dès son vivant, l’objet des plus vives critiques; des polémiques injurieuses furent échangées entre lui et ses détracteurs.
A travers les temps qui séparent la mort de Jésus de la rédaction définitive des Évangiles, bien des pensées sublimes ont été oubliées, bien des faits contestables acceptés comme réels, bien des préceptes, mal interprétés, ont dénaturé l’Enseignement primitif. Pour les besoins d’une cause, les plus belles, les plus fortes branches de cet Arbre de Vie ont été élaguées. On a étouffé, avant leur éclosion, les Principes fortifiants qui eussent amené les peuples à la vraie croyance, celle qu’ils cherchent encore aujourd’hui.
La Pensée du Christ subsiste dans l’enseignement de l’Église et dans les Textes Sacrés, mais elle s’y trouve mélangée de vues ultérieures, d’éléments divers, introduits par les papes et les conciles, dont le but était d’assurer, de fortifier, de rendre inébranlable l’autorité de l’Église. C’est là l’objectif poursuivi à travers les siècles, la pensée qui a inspiré tous les remaniements apportés aux documents primitifs.
Un grand travail serait nécessaire pour séparer la véritable Pensée du Christ des éléments étrangers contenus dans les Évangiles, travail possible, quoique ardu, pour les inspirés que guide une intuition sûre, mais labeur impossible pour ceux que leurs propres facultés seules dirigent dans ce dédale, où les fictions se mêlent aux réalités, le profane au sacré, la vérité à l’erreur.
Dans tous les siècles, certains hommes, poussés par une Force supérieure, se sont consacrés à cette tâche, cherchant à dégager la pensée suprême des ombres accumulées autour d’elle.
Soutenus, éclairés par cette Étincelle divine qui ne brille que d’une façon intermittente pour les hommes, mais dont le foyer ne s’éteint jamais, ils ont affronté toutes les accusations, tous les supplices, pour affirmer ce qu’ils pensaient être la Vérité. Tels furent les apôtres de la Réforme. Ils sont morts à la peine, et, du sein de l’espace [NDLR: De nouveau, une probable allusion à l’influence des âmes de l’Au-delà], ils soutiennent encore et inspirent ceux qui luttent pour l’émancipation des âmes. Grâce à tant d’efforts, la nuit commence à se dissiper devant l’aurore d’une révélation plus puissante.
C’est à l’aide des lumières apportées par cette nouvelle révélation, à la fois scientifique et philosophique, déjà répandue dans le monde entier sous le nom de spiritisme ou spiritualisme moderne, que nous chercherons à dégager la Doctrine de Jésus des obscurités dont l’a enveloppée le travail des siècles. Nous arriverons ainsi à conclure que cette Doctrine et celle des Esprits sont identiques, que le spiritisme est simplement le retour au Christianisme primitif, sous des formes plus précises, avec un cortège imposant de preuves expérimentales qui empêchera tout accaparement ultérieur, tout retour des causes qui ont dénaturé la Pensée du Christ. »
Conclusion de l’École de L’Art de Vivre
C’est, du moins, ce que croyait alors Léon Denis. Nous devons, toutefois, constater, aujourd’hui, que l’apport du Spiritisme, sans être négligeable, n’a, jusqu’ici, pas été déterminant et n’a pas apportée la percée espérée.
La raison pour expliquer cela est probablement le fait qu’une véritable « Révélation » ne peut venir que d’En Haut et ne peut pas, en fonction des Lois, être médialement transmise depuis l’Au-delà. La véritable Révélation, même si déjà en germe, était alors encore à venir… Le rôle des « esprits » (de l’Au-delà) était, du reste, principalement, d’y préparer les esprits (incarnés sur Terre)…
– Extrait du livre « Christianisme & Spiritisme » de Léon Denis –
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Enfin de compte, je constate que seule la voix intérieure peut rechercher et trouver la vérité.
Ceux qui ont, de tout temps, été de fervents chrétiens, dans le vrai sens, n’étaient, pour la plupart, pas des érudits, des sachants, des gens cultivés et instruits.
Leur simplicité les conduisant, sous la guidance de leurs voix intérieures, toujours aux endroits où ils pouvaient s’en abreuver.