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Vivre et Aimer

 

Lucien Siffrid

 

Les deux mots «Aimer» [«Lieben»] et «Vivre» [«Leben»] renferment tout le mystère de notre existence. L’un est impensable sans l’autre. Aimer est porté par la Vie – la vie ne se vit qu’en aimant, c’est-à-dire par l’effet d’un pur Amour dont l’Origine est spirituelle, voire divine.

Mais qu’a fait l’être humain de ces deux nobles Notions? N’est-ce pas abuser de la pure Notion «Aimer» que de d’abord l’utiliser pour décrire l’amour corporel, voire l’instinct sexuel, et de déclarer {ensuite} que c’est de l’Amour dont il s’agirait? Quant à la Notion de «vie», elle ne signifie, pour nous, rien d’autre que le fonctionnement des organes, la vie végétative physique, le {fait de} manger, {de} boire et {de} s’adonner aux plaisirs. Mais pour celui qui creuse un peu et pour le chercheur sérieux, la langue, qui – comme tout ce qui existe dans la Création – nous est donnée en cadeau, nous révèle la véritable signification des deux Notions «aimant» et «vivant».

Une troisième Notion est la «Lumière» qui, comme un Cierge allumé, est placée dans notre vie afin de faire appel à notre libre volonté pour enflammer notre «vie» et la transformer en «Amour», pour allumer le pur Feu de l’Adoration de Dieu. Dès l’école, chaque enfant apprend que Dieu Seul est {l’}Amour et {la} Vie. Pour élever notre vie humaine au niveau de l’Adoration de Dieu, nous devons nous ouvrir au Courant de la Lumière Divine. Nous devons accepter la Lumière dans notre vie, ce qui signifie: transformer la vie en Amour! Cela se produit par un complet ajustement aux incorruptibles Lois de la magnifique Création de Dieu; c’est la véritable Adoration de Dieu.

C’est par Amour que Dieu a créé le Monde dans son éclat et sa diversité, dans lequel nous, les êtres humains, pouvons vivre dans le but de {pouvoir y effectuer} notre développement. C’est donc l’Amour qui, continuellement, nous inonde, qui nous donne de chauds rayons de Soleil, la lumière magique des étoiles au cours des nuits sans nuages, l’air aromatique des montagnes qui nous donne de nouvelles impulsions de vie chaque fois que nous inspirons après avoir consciemment expiré, la magnificence des fleurs dont nous apprécions les couleurs, les formes et les parfums, le vaste océan bleu, en bref: le merveilleux Monde dans son ensemble – tout cela pour que nous puissions en profiter.

Comme le vocabulaire humain ne dispose pas de mots pour décrire, même de loin, les beautés de la Nature, nous devons recourir aux deux Notions d’«Amour» et de «Vie» pour intuitivement expérimenter la Grandeur du Créateur.

Chacun de ces mots forme un canal pour la reconnaissance, qui commence par le sens du mot en «décrivant » l’objet nommé dans le mot. La «description» dépeint une image, {qui} véhicule ainsi la Notion.

La reconnaissance spirituelle arrive exclusivement en voyant et en recevant des images. Les images sont le Langage de l’Esprit. Ainsi, les Miracles de la Création mondiale ne peuvent être décrits par des mots humains, ils ne peuvent être vécus que par des images, tout comme l’Amour du Créateur, la Vérité et la Lumière de la Vie ne peuvent être vécus que de cette manière.

Si, ne serait-ce qu’une seule seconde, l’éternel Courant d’Amour de Dieu, qui est {la} Vie, s’interrompait, tout ce qui a été créé se flétrirait et mourrait. Nous, les êtres humains, avons mis une dissonance choquante dans cet Amour vivant, cette Vie aimante. Où que nous tournions notre regard, nous ne voyons que jalousie, recherche de la faute {chez autrui}, {vouloir-}mieux-savoir, larmoyante mollesse, émotions exagérées, sentimentalité malsaine. Nous voyons l’absurde présomption selon laquelle l’Amour de Dieu pardonne tout, ce qui est une interprétation complètement fausse de l’Enseignement du Christ, le Fils de Dieu.

Jésus Lui-même a prononcé les mots qui expriment clairement, puissamment et sévèrement, le véritable Amour pour tout {ce qui a été} créé: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.» (Luc XXIII, 24). Par cette Parole, le Fils de Dieu S’est donné comme {étant} le parfait et pur Amour lui-même. Il ne pouvait pas agir autrement. La Réunion avec Son Père, après avoir quitté la Terre, n’a été possible que parce qu’Il a quitté la Terre sans le moindre grain de poussière de haine ou de ressentiment envers l’humanité ignorante, qui L’avait cloué à la croix. Ce n’est que parce qu’Il a aimé d’un pur Amour qu’Il a pu Se réunir avec le Père Qui est l’Amour éternel.

Cet Acte d’insondable Amour du Christ, Qui a demandé à Son Père de pardonner à l’humanité ignorante pour le meurtre {commis par elle}, a ouvert une brèche dans l’épais mur des ténèbres qui s’était abattu sur la Terre entière après la crucifixion. Cette brèche dans le mur des ténèbres offre à l’humanité la possibilité de racheter l’écrasant effet de réciprocité du fardeau de culpabilité {résultant} du plus grand crime de tous les temps. Ce n’est pas la mort sur la croix du Fils de Dieu qui nous absout de cet écrasant fardeau de culpabilité – au contraire: c’est le fardeau de culpabilité le plus lourd de tous. Nous ne pouvons obtenir le Salut que si nous concluons une nouvelle Alliance avec Dieu, c’est-à-dire si nous nous ouvrons à la Vérité, à la Lumière de l’éternelle Vérité Divine, qui nous enseigne comment nous devons vivre et ce que nous devons faire pour devenir dignes de l’Acte d’Amour du Christ. Il suffit d’approfondir un peu la réflexion dans une stricte objectivité pour que la pure logique de l’inébranlable Loi de la Création de l’Effet de Réciprocité, telle qu’elle se déploie dans cet événement qui bouleverse le Monde, devienne claire comme le Cristal.

Ainsi, «J’aime» est un état de l’esprit! Il ne s’agit pas d’un sentiment d’exubérance, d’un affect émotionnel ou physique, ni de quoi que ce soit d’autre que nous appelons simplement «amour» sur Terre. Dans cet état spirituel de «J’aime», il n’est tout simplement plus possible de céder à des impulsions ignobles; l’ego le plus bas, qui est lié à la matière, a été rejeté! L’esprit a percé et a pris la maîtrise; il puise en provenance de l’Amour coulant éternellement, {en provenance} de la Source Originelle. Les personnes avec ce niveau de maturité spirituelle, où qu’elles aillent, rayonnent l’Harmonie et la chaleur de l’âme. Elles répandront la Joie et les Bénédictions, inspireront la confiance et seront ainsi de vivants exemples de la manière de vivre chaque jour, comme quelqu’un qui a atteint le juste état de «J’aime».

La parole «Je T’aime» ou «ils s’aiment mutuellement» utilisée, ou – mieux dit – mésusée, des millions de fois nous dit que par sa nature même, il trouve satisfaction dans le «Toi» ou l’«autre» et doit donc conduire au désir de posséder. Mais cela n’a rien à voir avec la Notion du véritable Amour. Les journaux, les magazines et d’autres écrits fournissent quotidiennement des exemples de ce que nous, les êtres humains, appelons l’«amour». «Ils sont en amour» [«ils sont amoureux»] au lieu de “ils s’aiment mutuellement”, c’est-à-dire que l’un aime l’autre. En fin de compte, chacun ne cherche, dans celui qu’il «aime», que la satisfaction de ses propres désirs, son bonheur personnel, c’est pourquoi son égoïsme déclaré ou caché se heurtera tout naturellement à celui de celle qu’il pense aimer.

Il en va tout autrement dans le mariage parfait qui est «conclu au Ciel». Le mot «mariage», harmonieux en lui-même, nous montre qu’il s’agit de deux âmes homogènes qui se trouvent l’une l’autre dans un but de complémentarité. Elles sont faites l’une pour l’autre, c’est-à-dire l’une pour l’autre. Conclu au Ciel, réalisé sur Terre. La réalisation sur Terre ne doit, bien sûr, pas être une fin en soi, elle ne s’est pas produite pour elle-même. L’amour des deux partenaires du mariage ne trouve pas son accomplissement dans leur propre complémentarité, mais le rayonnement des deux âmes forme la base d’un niveau d’Amour plus élevé envers toutes les personnes qui aspirent au pur Amour, à l’Amour croissant pour Dieu. C’est là que se trouvent les immenses tâches de l’amour conjugal, ainsi que sa justification. Dans un tel mariage, il est naturellement impossible de penser à l’infidélité ou à la jalousie, car sinon l’union ne serait pas basée sur la mutuelle complémentarité et n’aurait pas été conclue au Ciel. Dans un mariage parfait, les rayons de l’Amour véritable se rejoignent et s’élèvent ensemble dans une joyeuse gratitude vers la Source Originelle, d’où ils reçoivent continuellement pouvoir et reconnaissances toujours nouvelles.

Il en va tout autrement dans le mariage parfait qui «se conclut au Ciel». Le mot «mariage», harmonieux en lui-même, nous montre qu’il s’agit de deux âmes homogènes qui se trouvent l’une l’autre dans le but de se compléter. Elles sont faites l’une pour l’autre, c’est-à-dire l’une pour l’autre. Fait au Ciel, réalisé sur Terre. La réalisation sur Terre ne doit évidemment pas être une fin en soi, elle ne s’est pas produite pour elle-même. L’amour des deux partenaires du mariage ne trouve pas son accomplissement dans leur propre complémentarité, mais le rayonnement des deux âmes forme la base d’un niveau d’Amour plus élevé envers toutes les personnes qui aspirent au pur Amour, à l’Amour croissant pour Dieu. C’est là que se trouvent les immenses tâches de l’Amour conjugal, ainsi que sa justification. Dans un tel mariage, il est naturellement impossible de penser à l’infidélité ou à la jalousie, car sinon l’union ne serait pas basée sur la complémentarité mutuelle et n’aurait pas été conclue au Ciel. Dans un mariage parfait, les rayons de l’Amour véritable se rejoignent et s’élèvent ensemble, en une joyeuse gratitude, vers la Source Originelle, d’où ils reçoivent continuellement de la puissance et de toujours nouvelles reconnaissances.

Ainsi, l’expression «Je T’aime» ne peut jamais englober la Notion «J’aime». «J’aime» est l’expérience profonde du Sacrifice consenti par l’insondable Amour du Créateur pour l’humanité en envoyant Son Fils. «J’aime», c’est aussi l’expérience de la crucifixion du Christ Jésus. Enfin, «J’aime» est l’expérience du nouveau grand Sacrifice d’Amour Divin qui se manifeste dans la Parole de Vérité et qui nous donne la possibilité d’expier notre immense culpabilité d’avoir crucifié le Christ lors de l’Envoi du Rédempteur jusqu’à nous.

L’Amour nous entoure à chaque heure, nous L’acceptons comme notre dû naturel, comme ce qui nous est dû. Alors que c’est l’Amour Seul qui nous permet d’exister!

Sans le Savoir, nous portons tous en nous le dangereux germe de l’amour ligoté. Pour l’éradiquer en profondeur, cela requiert une totale conquête de soi! Mais ce combat contre nous-mêmes ne doit pas déboucher sur un contrôle rigide et frénétique, qui serait démoralisant et contre nature, et nous ferait reculer au lieu de nous aider à avancer. La crainte de cette nouvelle catastrophe existe tant que l’état de maîtrise de soi n’est pas devenu permanent et naturel. Nous avons atteint cette condition lorsque nous nous vibrons constamment dans la Joie, lorsque la Joie suinte de nous, lorsque nous sommes pour ainsi dire la Joie elle-même. L’Amour est la Clef qui, par la conquête de l’ego de base, ouvre la connexion directe avec les purs courants d’Amour de la Source Originelle. Cette connexion, cette reconnexion (re-ligio) [«religion»], est la Vie, notre vie, qui nous conduit, à travers l’Amour, jusqu’à l’expérience vécue.

Lucien Siffrid

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