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Le lyrisme et le romantisme
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«Le lyrisme est le développement d’une exclamation!»
– Paul Valéry –
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Introduction
Comme toujours, sur le site de l’École de L’Art de Vivre, précisons, pour commencer, que notre propos, ici, n’est fondamentalement pas littéraire ou même philosophique, mais bien spirituel. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que ce qu’il nous intéresse de savoir c’est si les notions ici examinées aident à l’Ascension spirituelle ou, au contraire, la freinent.
Le lyrisme
Le lyrisme se définit comme l’expression passionnée de sentiments personnels. Plus précisément, la définition courte sur Wikipédia est celle-ci: « Le lyrisme est une tonalité, un registre artistique, qui privilégie l’expression poétique et l’exaltation des sentiments personnels, des passions. ».
En plus développé:
« Le mot «lyrisme» s’applique dans son sens général à la mise en avant des
sentiments intimes dans l’expression artistique, particulièrement en poésie.
Le mot est dérivé de la lyre, instrument de musique à cordes qui est l’attribut d’Apollon (dont l’inventeur légendaire est Hermès), mais aussi d’Orphée, ou d’Érato, muse antique de la poésie lyrique et érotique représentée couronnée de roses et de myrtes et portant une lyre à la main droite.
L’adjectif «lyrique» apparaît en premier au XVème siècle en relation avec la poésie grecque antique et garde longtemps un lien avec la musique qui existe encore dans l’expression «art lyrique». Attaché cependant à une forme plus mineure de la poésie dès le XVIème, le mot va, en opposition à la poésie épique ou la poésie dramatique qui incluait la tragédie comme la comédie, définir une expression subjective qui concerne en particulier le domaine des sentiments privés.
Le substantif «lyrisme» n’est attesté qu’en 1829 sous la plume d’Alfred de Vigny et il va s’appliquer à l’un des aspects dominants du romantisme: la place faite au «Moi». Il se définit dès lors communément comme une «Tendance poétique et plus généralement artistique privilégiant l’expression de la subjectivité». » (Source)
A partir de cette définition nous pouvons déjà relever quelques mots-clefs tels que: « passion », « sentiment », « personnel », « subjectivité », « romantisme ». Cela nous indique déjà clairement de quoi il s’agit. Cela nous permet déjà de voir que le lyrisme ce n’est pas spirituel mais sentimental.
La passion
Au sujet de la passion il existe un proverbe allemand qui dit:
« Leidenschaft schaft Leiden. »
[« La passion engendre la souffrance. »].
C’est l’occasion de se rendre que la définition du mot est déjà dans le mot lui-même: A part engendrer de la douleur ou de la souffrance, en réalité, la passion – qui n’est qu’une exacerbation du sentiment – ne sait rien faire d’autre.
Le sentiment
Ainsi que nous l’avons déjà vu, le sentiment n’est que le produit de l’activité de l’instinct corporel élaboré par l’intellect. Cela dénote tout de suite, par rapport à l’esprit et à l’Intuition, sa valeur très inférieure.
Lyrisme et poésie
Le lyrisme est une forme d’expression poétique très courante. Au fil de l’histoire littéraire l’on a pu voir le lyrisme se manifester certes dans le romantisme mais même aussi dans le symbolisme, par opposition, en particulier, aux classiques ou même aux parnassiens, c’est-à-dire à ceux pour qui – comme Blaise Pascal – «Le moi est haïssable».
Certes, le lyrisme se voit aussi dans les prières et les cantiques religieux. Il se voit encore, bien sûr, dans la chanson d’amour, là où – justement – « amour » rime avec « toujours ». Le lyrisme est, en principe, sincère, ce qui implique que celui qui s’exprime ressent réellement ce qu’il dit. Mais l’on peut aussi assister un lyrisme feint, où – par exemple dans un cadre théâtral ou cinématographique – le locuteur ou l’acteur fait semblant d’éprouver ce qu’il dit.
Il s’agit souvent du «chant de l’âme» souvent manifesté dans les autobiographies telles que les « Confessions » de Jean-Jacques Rousseau, ou les Mémoires d’Outre-Tombe de François-René de Chateaubriand…
Retour à la passion
Peut-être sur la base de la maxime de Vauvenargues « Un homme sans passions est un roi sans sujets », Chateaubriand est, en effet, l’auteur de l’expression « vague des passions ». Il s’agit d’un état de « vague à l’âme » qui précède le plein développement des passions. Cela concerne les jeunes oisifs renfermés sur eux-mêmes et incapables de manifester, à propos de quoi que ce soit, un véritable désir, un véritable vouloir.
Selon Chateaubriand, plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état de « vague des passions » augmente, car le fondement serait une sorte de mélancolie liée au développement du Christianisme: L’éternité promis par l’Enseignement du Christ aux âmes élues rendrait encore plus amer le présent de l’actuelle vie terrestre:
«Il reste à parler d’un état de l’âme, qui, ce nous semble, n’a pas encore été bien observé; c’est celui qui précède le développement des grandes passions […]. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente […]» – Chateaubriand, « Génie du Christianisme », volume 3, , II, chapitre IX. –
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Précisons, toutefois, que Chateaubriand ne parle pas du « vague des passions » pour le glorifier mais – après l’avoir illustré dans son roman « René », bien plutôt pour le condamner.
Le vague des passions et le spleen
Pour décrire cette préfiguration du spleen baudelairien (spleen: mot anglais signifiant notamment « rate » – la bile noire déversée par la rate serait à l’origine de la mélancolie, une forme de dépression), il n’est que d’évoquer deux paroles du René – sempiternellement insatisfait – de Chateaubriand, dans son attitude de victime:
«Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence.».
«Je cherche un bien inconnu, dont l’instinct me poursuit. Est-ce ma faute si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur?».
Le spleen baudelairien – un tantinet masochiste – s’illustre notamment par l’« Heautontimoroumenos », c’est-à-dire: « celui qui se punit lui-même ».
La mélancolie
Au sujet de la mélancolie, Victor Hugo déclare:
«La mélancolie est un crépuscule. La souffrance s’y fond dans une sombre joie. La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste.» – Hugo, Les Travailleurs de la mer, III, II, I. –
Il dit aussi:
«Seigneur, je reconnais que l’homme est en délire,
S’il ose murmurer;
Je cesse d’accuser, je cesse de maudire,
Mais laissez-moi pleurer!»
– Victor Hugo –
Le romantisme
Passons au romantisme, qui nous apparaît déjà comme le «frère du lyrisme». Le romantisme serait né en Allemagne ainsi qu’en Angleterre et aurait été importé en France par Madame de Staël, via son ouvrage – d’abord censuré par Napoléon 1er – « De l’Allemagne ».
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Le « Sturm und Drang »
C’est justement en Allemagne qu’est né le « Sturm und Drang » [« Orage et pulsion »] célébrant la force irrépressible du sentiment personnel et le culte de la personnalité individuelle, considérés comme des préalables nécessaires à toute activité créatrice.
Toujours selon Wikipédia, le romantisme:
« (…) s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse et se caractérise par une volonté de l’artiste d’explorer toutes les possibilités de l’art, afin d’exprimer ses états d’âme: il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme et le passé, l’idéal ou le cauchemar d’une sensibilité passionnée et mélancolique. (Source)
Voilà qui, déjà, en dit bien suffisamment pour prendre conscience de la nature profonde du romantisme, lui aussi complètement basé sur les états d’âme, la passion, le sentiment, l’instinct, le mysticisme, le pathos, l’onirique, etc. Bref, encore une fois, rien de spirituel, là-dedans! Or il faut bien être conscient que tout ce qui ne promeut pas l’esprit en l’être humain ne fait, au contraire, que l’abaisser ou l’ensevelir.
Pour rendre cela plus tangible, examinons, sous l’angle spirituel, un célèbre poème d’un célèbre écrivain et poète romantique: Alphonse de Lamartine. Ce grand poète romantique – notamment connu pour son poème « Le Lac » – est indéniablement un spiritualiste, et, à ce titre, il pourrait déjà grandement nous être sympathique. Mais si être spiritualiste cela peut être bien, être spirituel, n’est-ce pas beaucoup mieux?
L’Enfant
Examinons, toutefois, en fonction des Lois de la Création, le poème « L’Enfant ».
L’Enfant
« Un enfant! Ah!, ce nom couvre l’œil d’un nuage!
Un être qui serait elle et moi, notre image,
Notre céleste amour de Terre se levant,
Notre union visible en un amour vivant,
Nos figures, nos voix, nos âmes, nos pensées,
Dans un élan de vie en un corps condensées,
Nous disant à toute heure en jouant devant nous:
«Vous vous mêlez en moi; regardez, je suis vous!
Je suis le doux foyer où votre double flamme
Sous ses rayons de vie a pu créer une âme!»
Ah! ce rêve que Dieu pouvait seul inventer,
Sur la terre l’amour pouvait seul l’apporter! »
Très joli, n’est-ce pas? Mais est-ce juste? Reprenons ce même poème sur l’enfant, en vérifiant la conformité de chaque vers au Savoir des Lois de la Création.
L’Enfant
« Un enfant! Ah!, ce nom couvre l’œil d’un nuage!
Un être qui serait elle et moi, notre image, »
Un être qui serait elle (la mère) et moi (le père), vraiment? Selon le Savoir de la Création, que ce soit un garçon ou une fille, un enfant n’est ni son père ni sa mère mais un être complètement indépendant. Quant à « notre image », là aussi cela se discute, car si, en fonction de l’hérédité corporelle, il peut y avoir une certaine ressemblance physique entre parents et enfants, cela s’arrête là, car l’hérédité spirituelle n’existe pas.
« Notre céleste amour de Terre se levant,
Notre union visible en un amour vivant, »
Selon ce que l’on peut comprendre avec ce distique cela peut passer.
« Nos figures, nos voix, nos âmes, nos pensées, »
Là il est clair (c’est normal!) que Alphonse de Lamartine n’a pas lu « Le Prophète » de Kahlil Gibran. Sinon, au sujet des enfants, il aurait pu lire:
« Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées.
Car ils ont leurs propres pensées. »
« Dans un élan de vie en un corps condensées, »
A ce propos, encore Kahlil Gibran, toujours dans « Le Prophète », affirme:
« Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’Appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non pas de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous. ».
De son côté, toujours de fort romantique manière, Lamartine poursuit:
« Nous disant à toute heure en jouant devant nous:
«Vous vous mêlez en moi; regardez, je suis vous!» ».
Alors là, non, çà ne va pas non plus! Les parents ne se mêlent pas dans l’enfant – qui est un être tout à fait distinct -, et l’enfant n’est pas ses parents.
Là encore, comme le dit Khalil Gibran:
« Ils [vos enfants] viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous. ».
Suite du poème « L’enfant » de Lamartine:
«Je suis le doux foyer où votre double flamme,
Sous ses rayons de vie, a pu créer une âme!».
Là encore c’est bien « joli », mais, malheureusement, c’est … tout faux! C’est vraiment dommage de dire aussi joliment des choses fausses! Il est, en effet, tout à fait inexact de dire que l’amour entre un homme et une femme pourrait « créer une âme ». Déjà ce ne sont pas les êtres humains qui créent les corps (et ce d’autant moins qu’une être humain ne crée … rien!), alors les âmes…
Il y a aussi, derrière cette formulation, l’idée implicite (mais fausse) que l’existence de l’âme commencerait seulement à la naissance ou, au mieux, à la fécondation.
La conclusion, par contre, est irréprochable:
« Ah! ce rêve que Dieu pouvait seul inventer,
Sur la Terre l’Amour pouvait seul l’apporter! ».
Conclusion
Il ne s’agit, bien sûr, là que d’un exemple parmi des milliers d’autres. De grands poètes et de grands écrivains de grand talent, comme François-René de Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset, Alfred de Vigny et bien d’autres ont illustré avec lyrisme le courant littéraire du romantisme. Alors, quel est le problème?
Le problème est sans doute que de nombreux auteurs s’identifiant avec le romantisme ont présenté une version édulcorée de la réalité. La réalité comme elle est ne leur suffit pas. Ils veulent l’enjoliver, l’embellir. Et donc la déformer.
Par exemple, un enfant ayant sa propre âme indépendante bien avant sa naissance chez un couple ou dans une famille donnée, c’est, pour beaucoup, moins romantique – voire moins romanesque – que la conception d’un être qui serait « fabriqué » par ses parents et, de ce fait, commencerait à exister seulement à la naissance.
Ici l’imagination – la « folle du logis » -, produit du travail commun du sentiment et de l’intellect, joue un grand rôle. Seul l’esprit peut percevoir la vérité en l’être humain, tout le reste, intellect, sentiments, imagination, ne peut que … s’égarer!
Un autre exemple pour un tel égarement c’est, par exemple, la célèbre « Tirade du baiser » du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand:
« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le cœur,
Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme! ».
« Tout le monde » dit: « Magnifique! ». Certes, les personnages sont « sympathiques », la versification est brillante, les trouvailles poétiques sont impressionnantes, la dramaturgie est inventive, etc., mais « tout le monde » oublie juste une seule chose: Selon les Lois de la Création un « baiser imprégné d’âme » cela n’existe, tout simplement, pas! Alors, par un baiser « se respirer le cœur » ou « se goûter, au bord des lèvres, l’âme », cela ne le fait pas! C’est de la haute fantaisie!
Selon les Lois – notamment la Loi de la Pesanteur Spirituelle et la Loi de l’Attraction du Genre Semblable – chaque genre de la Création ne se mélange pas avec un autre genre, de sorte qu’un contact corporel comme un baiser reste purement corporel (ce qui n’empêche, toutefois, pas de vivre, sur une voie parallèle, simultanément, une expérience vécue animique). Tout le reste appartient à l’illusion, qu’elle soit volontaire ou involontaire.
C’est notamment cela le romantisme: Vouloir mélanger ce qui, selon les Lois de la Création, appartient à des plans distincts. Exemple: Mélanger les figures, les voix, les âmes, les pensées des parents, cela ne fait pas un enfant! L’enfant a déjà sa propre âme, qui existe depuis des centaines de milliers d’années.
Les parents, par leur complète union terrestre, ne font que déclencher l’occasion de la formation d’une enveloppe corporelle (qui, même si la mère la porte pendant neuf mois -, en réalité, se « fabrique » « toute seule »!), offrant ainsi à cette âme l’occasion d’une incarnation. C’est probablement plus « romantique » de parler de « donner la vie » (sic!), mais c’est juste faux! Dieu Seul donne la vie!
Conclusion de la Conclusion
La véritable poésie, c’est la transmission des Valeurs spirituelles. Par conséquent, cela exige non du pas du lyrisme ou du romantisme mais, loin de toutes les conceptions fantaisistes, associé à une grande Humilité, une pure conscience spirituelle. Ainsi l’Art poétique, l’Art dramatique, l’Art lyrique, etc., se placent au service de la Vérité et cela cultive la vraie Beauté et promeut, en tant que but de sa vie terrestre dans la matière, l’Ascension de l’esprit vers sa Patrie lumineuse, le Paradis!
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Exercice spirituel
1) Après avoir lu et approfondi l’article ci-dessus sur le lyrisme et le romantisme, examinez en vous pour savoir si vous avez des pulsions lyriques et/ou romantiques.
2) Efforcez-vous ensuite de discerner en quoi ces pulsions peuvent vous entraver en détournant la Force destinée à votre Ascension spirituelle vers les « voies de garage » de l’imagination et du sentiment.
3) Si vous le souhaitez, partagez en commentaire ci-dessous (si vous souhaitez préserver votre anonymat, vous pouvez signer avec le nom de votre choix) la quintessence de votre réflexion au sujet de la différence entre l’exaltation romantique et le véritable Élan spirituel vers les Hauteurs Lumineuses.
Rappel: Il n’est pas nécessaire d’être enregistré et connecté pour pouvoir poster un commentaire.
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A recommander à tout chercheur sincère.
Il est impératif qu’il soit au clair sur ce qui l’anime et le pousse dans sa recherche.
Ce article donne à chacun l’impulsion à la vraie observation de ce qui nous motive réellement lorsque nous nous lançons à la recherche d’un idéal conduisant à la vérité.