.
Où est votre véritable Patrie?
.
Dans son livre « Le Grand Virage », Jean Choisel écrit:
«Nous ne voudrions donner qu’un seul exemple des conséquences de la disparition progressive de l’«Idée directrice» du Christianisme, qui «informa» les peuples dits chrétiens. On sait que le premier Commandement du Décalogue dit: «Je suis le Seigneur, Ton Dieu! Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma Face!». Ce bref Commandement est donc une condamnation formelle de toute idolâtrie.
Parce qu’ils n’adorent plus depuis longtemps d’idoles taillées dans la pierre ou le bois, la plupart des Chrétiens croient y obéir! Et pourtant…! Dans un chapitre de son très beau livre (*)[1] déjà cité, qui contient un nombre impressionnant de vérités premières, Claude Tresmontant écrit:
«L’idolâtrie est un processus, intellectuel, mental, ou affectif, qui consiste à attribuer à quelque chose de relatif une valeur d’absolu.»
«Pour comprendre, ou réaliser, ce que c’est que l’idolâtrie, et en quoi a pu consister le syncrétisme religieux que les prophètes d’Israël ont combattu, prenons un exemple contemporain. Prenons l’exemple du nationalisme intégral, tel qu’il a fleuri en France et en Allemagne au XIXème et au XXème siècles. C’est une doctrine selon laquelle la Nation, la Patrie, est la valeur absolue. À vrai dire, elle est l’absolu, le critère absolu, car aucun critère, aucune valeur ne lui est supérieure. La Vérité? La Justice? Ce ne sont que des abstractions à côté de cette valeur qu’est la Patrie, la Nation. (…) Ce qui compte, et cela seul compte, c’est l’intérêt supérieur de la Nation, et donc de l’Armée.»
«Pendant la grande guerre de 1914-1918 on a assisté à un gigantesque sacrifice humain. Des millions de jeunes hommes, français et allemands, russes, autrichiens, etc., se sont massacrés, éventrés à la baïonnette, tués par tous les moyens dont ils disposaient, pendant quatre ans. Si l’on avait demandé à chacun de ces jeunes hommes, dans n’importe quel pays, pour quelle raison il tuait l’homme d’en face, il aurait répondu: «Pour défendre et servir ma Patrie»!
«De part et d’autre, des Chrétiens, des prêtres chrétiens, des religieux rivalisaient de zèle pour être et paraître aussi patriotes, plus patriotes que les non Chrétiens. Le Christianisme, qui est une doctrine d’unité, et qui transcende évidemment les nations et les nationalismes, se trouvait non seulement divisé, mais en fait dominé par un autre culte, un autre système de valeur que l’on mettait au-dessus de lui: la Nation, comprise comme un système de valeur absolu et transcendant. La Nation, à laquelle il fallait sacrifier les enfants des hommes, non plus à huit jours, comme dans les cultes cananéens, mais à vingt ans.»
«Quelles étaient les raisons qui pouvaient rendre légitime et juste une telle guerre? Poser une telle question était déjà sacrilège à l’égard du culte de la Nation divinisée! Car enfin, cette guerre ne pouvait pas être juste et légitime de tous les côtés à la fois. À supposer que l’un des camps fut l’agresseur, et que l’autre fut en état de légitime défense, dans l’un des camps au moins les pasteurs chrétiens, les théologiens chrétiens, les évêques et les religieux auraient dû enseigner la doctrine chrétienne: si une guerre est injuste, alors il n’est pas permis en conscience d’y prendre part, et en conscience on est tenu de désobéir aux ordres injustes (**)[2]. Cela eut été du Christianisme. Mais, en fait, on n’était plus en Christianisme. On était dans une religion syncrétiste où l’on associait le culte du Dieu vivant et le culte de la Nation divinisée. Ce mélange abominable de l’Évangile et du culte nationaliste a produit ce que l’on sait: des millions de cadavres et, d’autre part, la désaffection légitime des peuples pour une doctrine qui sait si peu rester fidèle à ses propres principes. (…)
«L’idolâtrie, c’est précisément cela: considérer qu’une réalité humaine, mondaine, comme, par exemple, la Patrie, peut être érigée en système de référence, en valeur absolue, au-dessus de laquelle il n’y en a pas d’autres.» (…)
«L’abomination de la désolation, c’est lorsqu’un culte, comme celui de la Nation érigée en valeur absolue, se trouve associé dans les églises au culte du Dieu vivant et de la Vérité crucifiée. Alors, tout est mélangé, tout est confondu, et tout devient infect. Les insignes de la Nation divinisée, associés au signe du Prophète hébreu, crucifié par une police d’occupation, cela constitue une mixture qui fait, à juste titre, vomir les peuples!»
Ainsi s’exprime Claude Tresmontant.
Exactement la même chose vaut aujourd’hui encore pour l’argent. Aux yeux d’une très importante majorité d’hommes, l’argent, et la puissance qu’il confère, constitue de nos jours la principale valeur de notre temps, pour ne pas dire la seule: le « dieu » qui permet tout, auquel par conséquent, tout est sacrifié, et qui passe avant tout.
Les conséquences de l’abandon de plus en plus général des grands principes chrétiens sont aujourd’hui sous nos yeux: c’est la décadence universelle, qui affecte tous les domaines de la Vie, avec les menaces de mort à brève échéance qu’elle entraîne partout.»
Dans le passage de Claude Tresmontant cité ci-dessus par Jean Choisel le « patriotisme » exploité par la nation et l’armée est clairement présenté comme une idolâtrie. Claude Tresmontant définit l’idolâtrie comme le fait d’attribuer à quelque chose de relatif une valeur absolue. Ce n’est déjà pas faux, mais, plus précisément, l’idolâtrie est une divinisation de quelque chose de non divin.
Notamment, lorsque des êtres humains témoignent à un symbole (exemple, l’ostensoir) les Honneurs qui reviennent à Dieu Seul!
Et lorsque l’on accorde à la patrie purement terrestre une considération ou une vénération qui ne revient qu’à la Patrie spirituelle de l’être humain: le Paradis.
================================================
Notes:
[1] (*) « Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu? » – Par Claude Tresmontant.
[2] (**) Ce sont aussi les conclusions du Tribunal de Nuremberg, qui condamna les criminels de guerre nazis. Mais combien sont-ils ceux qui ont le courage d’obéir à l’objection de leur conscience? C’est la peur, plus souvent que le courage, qui fait les héros qu’on nous monte en épingle! Une peur de la mort devant laquelle ne reculèrent pas les martyrs chrétiens.
.
Ma Patrie, la vraie, se situe dans le Spirituel et je ferai tout pour y retourner. Pour Elle seule je veux vraiment
me battre, car c’est le Vouloir de notre Créateur, L’Éternel Dieu, Qui l’a créée pour que nous puissions y vivre éternellement, si nous le méritons.
Pour Elle, je me bats!