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Trépassé

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Une âme est ici, seule, et qui ne comprend pas,

Parce qu’elle croyait que tout cesse au trépas.

L’homme qui gît ici, allongé sur sa couche,

S’opposa à la mort, en un duel très farouche.

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Mais, comme Tu le sais, la mort survient toujours,

Chacun est convaincu qu’elle viendra un jour.

Cela n’est pas parce que l’on en chasse l’idée

Que l’échéance ultime en sera retardée.

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Donc, surpris, il regarde autour de lui et voit…

Sa dépouille mortelle; il crie à pleine voix

A ceux qui le veillent qu’il est encore en vie,

Mais il n’en est aucun qui sente sa survie.

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Oppressé, il hurle, personne n’y prend garde,

C’est le corps inerte que tous, bornés, regardent,

Ce corps qui fut le sien, mais lui est étranger,

Ce corps qui, désormais, ne peut plus l’héberger.

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Sa femme, agenouillée, près de son lit, sanglote,

Il prononce son nom, tandis que l’on chuchote,

Aucune parole, ni aucun geste, rien,

Rien ne transparaît plus de leurs antiques liens.

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Il la secoue, crie, mais… ce qu’il déplace ainsi,

C’est son corps le plus fin, qui aussi est assis,

Et non son corps grossier; mais, pas davantage, elle

N’a jamais supposé plus loin que sa cervelle.

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Comment pourrait-elle ressentir ce contact,

Puisqu’elle ne sait pas que tout ça c’est exact?

Une indicible angoisse accroît sa déchéance,

Tremblant, il s’affaisse, puis il perd connaissance…

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Lentement, il reprend, non pas tous ses esprits,

– Chacun n’en a qu’un seul, bien sûr, lui y compris -,

Mais au moins conscience de son âme plus nue,

Tout réveillé qu’il est par une voix connue.

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Il voit son habitat de la Terre gésir

Dans les chrysanthèmes; il est pris du désir

De fuir, impossible! Ce corps froid et inerte

Lui est toujours relié … Ah! quelle découverte!

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Mais voilà qu’à nouveau cette voix retentit,

Cette voix qui trouvait cet homme si gentil,

C’est son ami qui parle à une autre personne,

Son ami…!, de le voir le trouble, il en frissonne…

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Tous deux ont apporté une gerbe de fleurs,

Ensemble ils conversent, mais versent-ils des pleurs?

Il les croyait, pourtant, des amis véritables,

Bien souvent, ils furent ses hôtes à sa table.

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C’est cela l’Amitié? Que disent-ils de lui?

Sidéré, il écoute ce que raconte autrui,

Médisances, ragots, cynisme, ingratitude,

Comment peut-on avoir une telle attitude?

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Comme il lui est facile, à présent, de savoir

Qui est qui et combien semblent le décevoir!

Beaucoup qu’il estimait engendrent sa colère,

Mais un tel qu’il reniait montre un émoi sincère.

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Avec reconnaissance, il lui tendrait la main,

Mais malgré tous ses cris réellement inhumains,

Malgré qu’il se démène et malgré sa présence,

Personne n’écoute le cri de sa souffrance.

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Le cortège accompagne interminablement

Son corps vers la tombe; lui, confortablement

Assis sur son cercueil et rempli d’amertume,

Ne peut plus que rire … puis, son esprit s’embrume

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Lorsqu’il se réveille, tout est noir aux alentours,

Mais était-ce la nuit ou était-ce le jour?

Vraiment, il n’en avait, non, pas la moindre idée,

Mais son âme savait qu’elle était décédée.

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Il n’était plus attaché à son corps gros-matériel,

Il était donc « libre »; était-ce alors le Ciel,

Ou était-ce l’enfer? C’était le Pays du Sombre,

Que l’on appelle aussi le Royaume des Ombres…

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Il appelle. Aucun son. Il n’entend pas sa voix!

Il se dit: Mais pourquoi je n’entends ni ne vois?

Suis-je aveugle et puis sourd? Gémissant, il s’affaisse,

Il tombe durement, en sorte qu’il se blesse.

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Sa tête, rudement, heurte un rocher tranchant,

Alors, il s’évanouit. – Au réveil, aucun chant,

Aucun bruit, rien du tout, tout est toujours fort sombre,

C’est toujours le silence au Royaume des Ombres.

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Tout est obscur, sinistre; il voudrait faire un bond,

Mais ses membres sont lourds; il se sent en prison;

Il tend sa volonté, plein d’une horrible angoisse,

Il aimerait tant, oh!, sortir de cette poisse!

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Enfin, il réussit à se tenir debout,

Mais titube et tâtonne alors de bout en bout,

Souvent, il tombe au sol, se meurtrit aux arêtes

Il aimerait tant, oui, que tout cela s’arrête!

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Mais aucun repos, non, ne peut être escompté,

Un répit?, il ne faut pas du tout y compter,

Une forte impulsion à poursuivre le pousse,

Il doit chercher, mais quoi? Il voudrait crier: pouce!

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Son penser est confus, las et désespéré,

Il cherche sans comprendre et persiste à errer.

Devant lui ce n’est que sol sec et morne plaine,

C’est le pays aride, c’est le pays de la peine!

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Cela le pousse loin, toujours plus loin, là-bas,

Des années s’écoulent ainsi à se traîner en bas,

Des dizaines d’années avant de rendre les armes,

Des décennies avant qu’il trouve en lui des larmes!

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Puis, sa poitrine, enfin, est secouée de sanglots,

Toute sa supplique s’épanche à grands flots,

Une pensée surgit, pareil au cri d’une âme,

Qui aspire à la fin de son sinistre drame!

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Un cri de désespoir aussi démesuré,

Un tourment si affreux, mais fait pour l’épurer,

L’incitent à chercher la raison pour laquelle

Il s’est donc retrouvé, oui, dans cette poubelle!

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Il palpe autour de lui: ce n’est là que rocs durs,

Il y a seulement de quoi faire des murs!

Est-ce toujours la Terre, ou bien cet autre Monde

Auquel il refusait de croire? Alors, il sonde.

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Il est mort et il vit! Si l’on peut appeler

Vivre un pareil état, dans un lieu si pelé!

Le seul fait de penser lui devenait pénible,

Vraiment, il n’aurait pas cru tout cela possible!

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De nouveau il titube et recherche plus loin,

Et, de nouveau, passent des années pour le moins,

Sortir, sortir de là! Hors de la nuit trop noire,

Mais pourquoi donc, jadis, ne voulait-il pas croire?

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Et son brûlant désir devient une impulsion,

La Nostalgie prend forme et, pour sa Rédemption,

Se dégage à partir de l’impulsion grossière,

Puis, en elle, grandit, timide … une Prière!

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Née de la Nostalgie, sa Prière jaillit,

Pareille à une Source issue rien que de lui,

Une Paix tranquille, bienfaisante, s’approche,

Pourrait-il donc sortir de ce Pays des Roches?

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La vraie Humilité et la Résignation

Pénètrent son âme, remplie de Soumission,

Il se lève alors pour reprendre son voyage,

Avec la Confiance pour unique bagage.

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C’est alors qu’un courant passe à travers son corps,

De nouveau, en lui-même, il sent vibrer l’Accord,

Le fleuve d’une ardente expérience vécue,

Car l’Aurore apparaît, et l’angoisse est vaincue!

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Oui, de nouveau, enfin, il pouvait, soudain, voir!

Et c’était merveilleux, car renaissait l’Espoir!

Au loin, très loin, apparaissait une Lumière,

Telle un brillant Flambeau exauçant sa Prière!

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Ce Flambeau le salue; jubilant, il étend

Les bras vers la Lumière, et d’un cœur débordant,

Il remercie alors, rempli de Gratitude,

Celui Qui lui octroie tant de Béatitude!

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Allongé sur le sol, il jouit de son Bonheur,

Mais Qui donc lui a fait un aussi grand Honneur?

Il se relève vite et bondit sur les pierres,

Plein d’une Force neuve, il va vers la Lumière!

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Elle ne s’approche pas de lui pour autant,

Il sait que c’est lui qui, ici et maintenant,

Doit venir jusqu’à Elle, sans plus jamais se plaindre,

Après un tel vécu, il espère, oui, L’atteindre!

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Ce qui s’était produit pouvait se répéter,

Alors, il ne devait, désormais, plus douter,

Et même si cela prenait des décennies,

Un jour, il atteindrait une Contrée bénie!

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Hors de la rocaille, dans un Pays plus chaud,

Irradié de Lumière et nettement plus beau!

Un Pays qui ne soit plus fait de solitude,

Un Pays se trouvant à plus haute Altitude!

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Pour cela il lui suffit, oui, d’implorer Celui

De Qui l’Exaucement peut venir jusqu’à lui.

Mon Dieu, au Secours! Enfin, dans sa poitrine,

éclate le cri qui dans l’Espoir s’enracine.

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Ô délice, il entend, de nouveau, oui, sa voix!

Même faible, c’est elle, il le sait, qu’il perçoit!

Ce Bonheur lui procure une Force nouvelle,

Et rempli d’Espérance, il repart de plus belle!

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Le port au coucher du Soleil - Paul Signac

Le port au lever ou coucher du Soleil – Paul Signac

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