.
Soumission à la Vie
.
Extrait du « Traité du vrai Bonheur » par Jacob Beilhart
.
«Donc je me dis: – Je me soumettrai à la Vie, à Dieu, à Celui Qui crée et soutient les choses. Je ne sais pas bien qui Il est, ce qu’Il est, ni où II est, mais Il doit être. Une résolution décisive se forma en moi: Je chercherai désormais à discerner le Devoir plus élevé du moment et je m’y conformerai. C’est ici précisément que la Vie me guida autrement qu’Elle ne guide la plupart presque toujours; lorsque les êtres humains deviennent conscients de leur pouvoir de comprendre et de démontrer, ils se détournent des choses situées au-dessous d’eux. Ils ne cherchent à connaître que ce qui est élevé. Leur effort tend à construire en hâte le bâtiment et à y mettre la tour le plus vite possible.
Je fus poussé dans une direction opposée. Je voulais apprendre à connaître les choses qui sont au-dessous de moi. Je voulais savoir sur quoi je me tenais. Je voulais aller jusqu’au fond et connaître tous les éléments dont les choses sont composées. Je ne désirais pas vivre mentalement à un niveau plus haut que celui de ma vie pratique, de ma vie de tous les jours. Je ne voulais m’attacher qu’à des pensées et à des principes dont je pouvais faire usage dans la vie quotidienne. À cette époque, j’avais acheté un terrain à Battle Creek et me mis à bâtir. C’était pour moi un nouveau travail, mais je croyais pouvoir faire tout ce que je me propose de faire. Je commençai par creuser pour faire une citerne et une cave, ensuite je traînai des pierres pour les fondations et les murs. Puis ce fut le travail de charpentier, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la maison fût achevée et que j’eusse fini d’apprendre exactement comment une maison se fait.
Pour ma construction intérieure, je commençai de même par la base, afin de savoir exactement ce que serait le bâtiment achevé. Je multipliai les expériences, Un maître riche de connaissance et de sagesse ne m’eût pas mieux formé. Je travaillais durement, tôt et tard, chaque jour. Et cependant, l’autre partie de mon être recevait aussi son enseignement. Des Vérités se révélaient à ma conscience. Chaque fois que je les découvrais, j’étais appelé à soigner tel ou tel malade, dont le mal précisément avait besoin de la Vérité que je venais de saisir. La révélation était suivie de la démonstration, et ainsi la construction s’élevait.
Je raffermis ma situation financière et je m’aperçus alors que tout le système était faux. Il fallait en sortir ou renoncer à mon sentiment du Bien. J’arrivais lentement à comprendre le devoir de faire abandon de la volonté personnelle. Des gens furent poussés à m’exploiter, à dessein semblait-il, pour voir si je résisterais en proclamant mes droits en tant qu’homme ou en tant que propriétaire. Ensuite vinrent les épreuves physiques. Allais-je recourir à la force de volonté ou d’esprit pour me soulager de la douleur? D’abord je le fis.
Puis je me rendis compte de mon inconséquence envers la Lumière supérieure qui S’était montrée à moi. Je subis coup sur coup. C’était comme si les éléments eux-mêmes s’étaient tous ligués contre moi pour me mettre à l’épreuve. Je ne parle pas ici de tourments imaginaires: en dix-sept heures de temps, j’avais perdu plus de trois kilos… Mais je me soumis et ne fus jamais plus heureux que pendant ces heures déchirantes [1]. Pendant l’une de ces périodes de crise, deux clairvoyants me virent le même jour, mais à des moments différents. Ils ne s’étaient pas rencontrés. Chacun d’eux me dit qu’il apercevait une sorte de va-et-vient continuel d’«esprits» autour de moi. Et, cependant, mes souffrances physiques paraissaient provenir de causes naturelles.
Interprétez ces déclarations comme vous l’entendez… Je suis allé jusqu’au fond de la douleur. La douleur et sa cause forment en moi une sorte d’unité. Depuis cette époque, plus jamais je n’ai essayé de moi-même échapper aux maux physiques ou d’en débarrasser d’autres par l’action extérieure. Si une personne accepte l’attitude de non-résistance, je puis l’assurer que la souffrance fera rapidement son œuvre et s’en ira. Mais vous ne parviendrez pas à la tromper par des apparences. Il faut que, de votre part, ce soit de la détente authentique et de la vraie non-résistance. J’ai réussi de nombreuses guérisons rien qu’en obtenant du malade qu’il se laisse aller et qu’il ait confiance, – en moi du moins s’il ne pouvait avoir confiance en l’Esprit.
Dès que j’eus compris la Loi de Non-résistance [2], il ne me fut plus possible de guérir les malades autrement qu’en les amenant à observer eux-mêmes cette Loi. Je finis par discerner que les Forces de la Nature et de la Vie résistent sourdement aux volontés du moi et que ces volontés personnelles n’emportent jamais que des victoires momentanées et illusoires. Alors je me suis rendu compte qu’il est absurde de faire quoi que ce soit avec les sentiments d’un être séparé. La Loi de la Création est limpide. Tous les éléments sont constitués de façon à réagir à l’Amour, ce qu’ils font naturellement, alors qu’ils n’obéissent qu’en apparence à toute force étrangère à l’Amour.
Comprenez-vous ces paroles? Simplifions-les encore afin de rendre plus claire ma pensée. Prenons, par exemple, des animaux. Si vous les dirigez en leur témoignant de l’affection et une confiance parfaite, ces animaux feront naturellement tout ce que vous leur demandez. Prenez les mêmes animaux et tâchez de les faire obéir par la contrainte vous éveillerez en eux un sentiment opposé et inconsciemment ils feront le contraire de ce que vous leur demandez.
Ainsi en est-il de tous les éléments de notre nature. Leur essence est la soumission à la Loi de la Création, à la Loi d’Amour. Du moment que vous faites peser sur eux une force de volonté propre, ils y résistent, il y a lutte et finalement souffrance. Nous sommes créés pour la vie en communion et lorsqu’une conscience libre ose assumer le droit de régner en être séparé, elle provoque l’opposition. Voilà pourquoi tout semble contrecarrer l’être humain. Lorsque, comme volonté séparée, l’être humain entre en action dans l’Univers – qui forme une Unité complète -, il est marqué comme traître et il est combattu jusqu’à ce qu’il ait payé sa faute jusqu’au dernier centime; ce qui veut dire qu’il doit rendre à l’Univers tout ce qu’il lui a pris, y compris son influx de vie.
À mesure que j’apprenais à connaître ces Principes fondamentaux, je me rendais compte que cette Terre n’est pas l’endroit où peut exister, dans une Paix durable, un moi séparé, car toujours ce moi devra lutter pour obtenir et pour défendre tout ce qu’il voudrait s’approprier et garder. Et finalement l’Univers entier est contre lui. Comme donc pouvais-je aider ce moi à se libérer de la sanction méritée par son infraction à la Loi? La seule Guérison que j’étais en droit d’opérer, c’était d’obtenir de ceux qui souffrent qu’ils renoncent à la vie du moi et, s’unissent à la Vie universelle, toujours attentive à ce que tout soit régi par l’Esprit Unique faisant tout par Amour.
Mais, pour en arriver là, il me fallait bien davantage qu’une théorie sur l’Amour. Cet Amour, qui est l’influx de l’Univers, est une réalité aussi tangible que le sang de notre corps. Connaître la composition du sang et le fonctionnement du système circulatoire n’emplit pas du fluide vital les veines du phtisique. Eh bien il en était de même pour moi: Il ne me suffisait pas de savoir que ce fluide vital m’était indispensable, il fallait que j’en sois rempli, il devait circuler dans tout mon être. Confluent l’acquérir? Telle était la question. Du temps où je subissais les souffrances physiques dont j’ai parlé, les paroles suivantes me furent intérieurement dictées:
«Ne cherche pas à connaître les Lois de l’Esprit et de la matière plus profondément que Tu ne peux aisément les comprendre, sinon la tâche sera trop lourde pour Tes forces ou pour la durée de Ta vie; mais cherche la Puissance de l’Amour et avec cette Puissance viendra la Sagesse qui Te permettra d’en faire un usage sensé. L’Amour est la Puissance qui régit, influence et pétrit l’Univers.».
————————————————————-
Notes:
[1] Nous croyons savoir que les douleurs étaient provoquées par des calculs biliaires (Note de l’éditeur américain).
[2] Note de l’EDLDV: Cette «Loi de Non-Résistance» semble être une reformulation de la Parole du Christ: «Lorsque l’on Te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche.».
.

Vierge en Prière – Il Sassoferrato
La soumission à la vie est la seule attitude qui insère l’être humain dans ce courant d’amour qui inonde l’univers et fait progresser toute chose continuellement vers le haut.