Ecole de l'art de vivre

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Franchezzo – Un voyageur

au pays des esprits

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Extrait de la Préface:

« Aux matérialistes aveugles qui contestent l’esprit et sa vie éternelle, les expériences de FRANCHEZZO ne signifieront rien de plus que sons et fumées. Le livre ne s’adresse pas eux, car il leur manque encore la Maturité nécessaire pour saisir la Spiritualité. Mais à beaucoup de Chercheurs il donnera confiance et réconfort, leur conférera la Force et le Courage de s’élever hors des déconvenues de tous les jours, vers les Hauteurs Lumineuses. Et s’il ne conduit seulement qu’un être humain vers DIEU, alors il aura atteint son But. »

M. KAHIR.

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Les jours de l’obscurité

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I

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« Je suis allé en pèlerinage dans un lointain pays, à travers des régions qui, chez vous, sur Terre, n’ont ni nom, ni espace. Je désire maintenant mettre par écrit les étapes de mes voyages, afin que ceux qui ont pris la même direction de marche que moi puissent savoir ce qui les attend à l’intérieur de ces frontières.

Dans mon existence terrestre, je vivais comme tous ceux qui ne font que s’épuiser à se procurer au plus haut degré les jouissances du monde. Si je n’étais pas désobligeant envers ceux que j’aimais, cela se passait cependant, toujours, avec le sentiment qu’ils devaient être utiles à me satisfaire et que, par mes cadeaux et mon penchant pour eux, je pouvais leur acheter l’amour et les hommages qui m’étaient nécessaires dans ma vie.

Tant sur le plan physique qu’intellectuel, j’étais très doué. En mon âme, l’idée d’un don de soi-même capable de se perdre complètement dans l’amour pour les autres ne m’était jamais venue. Parmi toutes les femmes que j’ai aimées, d’un sentiment qualifié trop souvent à tort d’amour par les hommes de la Terre, alors qu’il n’est tout simplement que passion, il ne s’en trouva aucune pour me faire éprouver ce qu’est le véritable amour, l’idéal vers lequel j’aspirais secrètement. En chacune, je trouvais toujours quelque chose pour me décevoir. Elles m’aimaient ainsi que je les aimais. La passion que je leur vouais ne me gagnait qu’un sentiment conforme de leur part. Ainsi vivais-je là-bas, insatisfait d’un désir que j’ignorais moi-même.

Je fis beaucoup de fautes et commis beaucoup d’erreurs. Le monde se tenait toutefois à mes pieds pour me louer, me trouver bon, noble et doué. Je fus fêté, courtisé, et le chéri gâté de toutes ces dames de la société. Pour obtenir, je n’avais qu’à désirer, mais aussitôt que j’avais gagné, tout se transformait en amertume.

Puis vint le temps où je commis la faute la plus néfaste en ruinant deux vies. Je me sentis comme attaché par des chaînes de fer qui me serraient et me blessaient, jusqu’à ce que je pus enfin les briser et me retirer, à première vue, en homme libre. Mais jamais plus je ne serais réellement libre. Car jamais, même un instant – que ce soit dans cette vie ou dans l’autre -, nos fautes et nos erreurs passées ne peuvent cesser de suivre nos traces et d’accabler nos vibrations, et cela tout le temps qu’elles n’ont pas été expiées l’une après l’autre et rayées ainsi de notre passé.

Lorsque je croyais enfin avoir tout appris de ce que l’amour peut enseigner, et tout connaître de ce qu’une femme peut donner, il advint alors que je fis la rencontre d’une dame. Ah! Comment dois-je la nommer? À mes yeux, elle était plus qu’une femme mortelle et je l’appelai « le bon ange de ma vie ».

Je tombai à ses pieds dès les premiers instants, en lui consacrant tout l’amour de mon âme, de mon moi le plus élevé. En égard de ce qu’il aurait dû être, mon amour était égoïste. Mais il était tout ce que j’avais à donner et je le donnai sans réserve. Pour la première fois de ma vie, je pensais plus à une autre personne qu’à moi-même. Si je ne fus plus en état de me hausser jusqu’au degré de pureté des pensées et idées qui remplissaient son âme, je remercie Dieu par contre de n’avoir jamais cédé à la tentation de la rabaisser jusqu’à moi.

Ainsi passa le temps. Je me réchauffais en sa présence et prenais des forces dans un penser sacré, dont je pensais qu’il m’avait quitté pour toujours. Je faisais de beaux rêves dans lesquels j’étais libéré des chaînes de mon passé qui, si cruellement et si durement, me retenaient attaché. Juste au moment où je m’efforçais d’atteindre des choses plus élevées, je craignais toujours qu’un autre ne puisse gagner ma bien-aimée. Il me fallait malheureusement reconnaître que je n’avais aucun droit de la retenir, ne serait-ce que d’une parole. Quelle amertume et quelle souffrance ont rempli mon âme en ces jours! Je sentais bien que, après m’être souillé par mon mode de vie je n’étais pas digne de la toucher. Comment pouvais-je oser lier à la mienne cette vie innocente et pure? Bien qu’elle se montrât si aimante et si tendre avec moi que je pusse deviner l’innocent secret de son amour, je sentais toutefois que, sur Terre, elle ne deviendrait jamais mienne. Sa pureté et sa droiture élevaient entre nous un obstacle que je ne pourrais jamais écarter.

Je tentais de la quitter… en vain! Comme un aimant, j’étais toujours à nouveau attiré vers elle et, finalement, je ne combattis plus mon penchant. Dès lors, je m’efforçai seulement de jouir de la félicité que sa présence m’accordait. Puis, soudain, surgit pour moi, comme un voleur dans la nuit, le jour épouvantable où, sans avertissement et sans avoir encore pu voir clair en mon état d’âme, je fus d’une manière inattendue enlevé à la vie, pour sombrer dans la mort du corps qui nous attend tous.

Je ne savais pas que j’étais mort! Après quelques heures de souffrances et d’agonie, j’avais sombré dans un profond sommeil sans rêve, et à mon réveil, j’étais seul et dans une totale obscurité. Je pouvais me lever, me mouvoir et sûrement je me sentais mieux. Mais où étais-je? Pourquoi cette obscurité? Je me levai et tâtai autour de moi comme quelqu’un dans un local sombre, mais je ne trouvai aucune lumière, n’entendis aucun son. Il n’y avait là rien d’autre que le silence, l’obscurité de la mort.

Je voulus alors avancer pour trouver la porte. Je pouvais me déplacer, bien que lentement et avec peine, et je me dirigeai plus loin à tâtons. Combien de temps ai-je dû ainsi chercher? Je ne sais pas! Des heures il me semble, au fur et à mesure que j’étais pris d’une peur et d’une angoisse grandissantes. Je sentais qu’il me fallait trouver quelqu’un, quelque sortie de cet espace. Il semblait toutefois, à mon désespoir, que je ne dusse jamais frapper à une porte, à un mur, et d’une façon générale à quelque chose. Autour de moi, tout semblait vide et ténèbres.

Finalement, dominé par la peur, je poussai un cri! Bien qu’ayant hurlé, aucune voix ne me répondit. J’appelai encore et encore, mais c’était toujours le même silence, aucun écho! Pas une fois ma propre voix ne me revint pour m’encourager. Je me souvins alors de celle que j’aimais, mais quelque chose me rebutait d’exprimer ici son nom. Je pensai alors à tous les amis que j’avais connus et les appelai. Aucun d’eux cependant ne me répondit.

Étais-je en prison? Non. Une prison a des murailles et cet endroit n’en avait pas. étais-je fou, insensé ou quoi? Je pouvais me tâter, sentir mon corps, il était le même. Vraiment le même? Non. Quelques changements étaient survenus en moi. Je ne pouvais pas dire comment, mais c’était comme si j’étais ratatiné et déformé. Quand je me passais les mains sur le visage, mes traits me paraissaient plus grossiers, plus rudes et certainement déformés.

Qu’aurais-je donné pour une lumière maintenant, pour n’importe quoi qui aurait pu me parler, même si cela dût être la pire chose! Personne ne viendrait-il jamais? Et mon ange de lumière, où était-elle? Avant mon sommeil, elle était restée auprès de moi. Où se trouvait-elle maintenant? Mon front brûlait de fièvre et ma tête semblait vouloir éclater. Violemment, je l’appelai par son nom, lui demandai de venir à moi, ne serait-ce qu’une seule et dernière fois! J’avais l’épouvantable sentiment de l’avoir perdue et l’appelai comme un fou. Alors, pour la première fois, ma voix retentit et revint en écho à travers cette cruelle obscurité.

Très loin devant moi se fit jour un faible éclat de lumière, comme une étoile. Elle devint de plus en plus grande et se rapprocha toujours plus, jusqu’à finalement paraître devant moi, comme une grande lumière de la forme d’une étoile. Dans cette étoile, je vis ma bien-aimée. Ses yeux étaient clos, comme dans le sommeil, mais ses bras étaient tendus vers moi, et sa voix agréable me parla dans un ton que je connaissais si bien: « Ah ! mon bien-aimé, où es-Tu, à présent? Je ne peux Te voir, je n’entends que Ta voix. Je T’entends m’appeler et mon âme répond à la Tienne! ».

Je m’efforçai de me hisser jusqu’à elle mais n’y parvins pas. Une force invisible me retenait. Elle semblait se tenir à l’intérieur d’un cercle que je ne pouvais franchir. Dans le plus grand des tourments, je tombai sur le sol en la suppliant de ne plus jamais me quitter. Alors elle sembla devenir inconsciente; sa tête s’inclina sur sa poitrine, puis elle s’envola, comme portée par des bras puissants. Je tentai de me relever pour la suivre mais sans y parvenir. C’était comme si une chaîne me retenait, et après quelques vaines tentatives, je tombai évanoui sur le sol.

Quand je repris mes sens, je fus enchanté de retrouver ma bien-aimée auprès de moi. Elle se tenait tout près de moi et m’apparaissait comme je l’avais connue sur Terre; seulement, elle était triste, pâle et vêtue de noir. L’étoile avait disparu et autour, tout était noir. Ce n’était toutefois pas une obscurité extrême, car il régnait autour d’elle un faible et blafard éclat lumineux à la lueur duquel je pouvais distinguer qu’elle portait à la main des fleurs blanches. Elle se pencha au-dessus d’un monticule de terre fraîche.

Me rapprochant toujours plus d’elle, je m’aperçus qu’elle pleurait doucement alors qu’elle déposait les fleurs. Elle murmurait tout bas: « Ah!, mon chéri, mon bien-aimé, ne reviendras-Tu jamais auprès de moi? Est-il possible que Tu sois vraiment mort, et que Tu sois parti où mon amour ne peut Te suivre? Mon bien-aimé, mon cher bien-aimé! ». Elle s’agenouilla et je me rapprochai tout près d’elle, même si je ne pouvais toujours pas la toucher. Comme je m’étais moi-même agenouillé, je jetai un œil vers le monticule oblong en bas. Un frisson de terreur me parcourut, lorsque je découvris enfin que j’étais mort et que c’était ma propre tombe.

II

« Mort! Mort! » m’écriai-je, déchaîné. Ah! Non cela ne peut pas être! Les morts ne sentent plus rien, ils deviennent poussière. Ils pourrissent et tout est fini, tout est perdu pour eux. Ils n’ont plus de conscience. Serait-ce que toute la philosophie de ma vie avait été fausse? Que l’âme continuait à vivre, même si le corps se dissolvait?

Il est vrai que les prêtres de nos églises nous l’avaient enseigné ainsi. Mais je les avais raillés comme des fous, aveugles et fripons, ne prétendant vouloir de la sorte que leur propre profit en affirmant que l’être humain survivait. Ils disaient que nous ne pouvions parvenir au Ciel que par une porte dont eux seuls avaient la clef en main: clef qui ne serait mise en action que sur la demande de ceux qui avaient auparavant bien payé. Ce n’était que pour de l’argent que les prêtres entendaient dire des messes pour les âmes des morts. Ces prêtres qui font de femmes impressionnables et d’hommes faibles d’esprit des sots apeurés par ces affreux récits d’enfer et de purgatoire, sacrifiant tout pour acquérir dans ce monde-là un illusoire privilège. Je n’ai jamais réclamé ce privilège.

Je connaissais trop bien ces prêtres et leur vie privée pour accorder foi à leurs promesses vides d’un pardon qu’ils ne pouvaient accorder. Je disais que si la mort venait, je voudrais la regarder en face, avec le courage de ceux qui croient savoir qu’elle signifie un complet anéantissement. Si ces prêtres n’étaient pas dignes d’être crus, en qui devait-on croire? Qui alors pouvait dire si, après la mort, existait un futur, et principalement un Dieu? Pas les vivants, car eux croyaient et présumaient seulement. Les morts non plus, car aucun n’était revenu pour nous donner des nouvelles de l’au-delà. Et je me tenais maintenant près de ma propre tombe, voyant ma bien-aimée y étaler des fleurs et l’entendant me pleurer comme mort.

Comme je m’approchais davantage de ce monticule de terre, il devint transparent à mes yeux et, en bas, je vis un cercueil avec mon nom et la date de ma mort. Y gisant, je vis le pâle et paisible visage que je me connaissais. Avec effroi, je remarquai que ce corps avait déjà commencé à se décomposer. Il était devenu pour l’œil un spectacle répugnant. Sa beauté était passée. Bientôt, personne n’en reconnaîtrait plus les traits. Et je me tenais là, conscient, le regardant puis me regardant moi-même! Je tâtais chacun de mes membres, suivais avec les doigts chaque trait familier de mon visage et savais que j’étais mort mais tout de même vivant. Le mort vivait, mais où et en quel état? Ces ténèbres étaient-elles l’enfer? Pour moi, les prêtres n’auraient trouvé aucun autre endroit! J’étais si égaré, me tenais tellement en dehors du giron de l’église qu’ils n’auraient pas trouvé une place pour moi au purgatoire.

J’avais rompu tout lien avec leur église. Je l’avais méprisée, selon le postulat qu’une église qui connaissait et supportait l’activité honteuse et ambitieuse de ses plus hauts dignitaires n’avait aucun droit de se nommer directrice spirituelle. Il y avait bien de bonnes gens dans l’église, mais aussi une foule de honteux et de médiocres dont la vie servait généralement de risée. L’église, qui prétendait être un exemple et posséder la Vérité, n’expulsait pourtant pas les éléments impurs. Non!, elle les nommait même aux postes honorifiques les plus élevés.

Qui a vécu dans mon pays et a pu observer l’épouvantable abus que fait l’église de sa puissance ne s’étonnera pas si le peuple finalement veut secouer un tel joug. Aussi, j’avais méprisé l’église, et si ses anathèmes avaient le pouvoir d’envoyer quelqu’un aux enfers, je m’y trouvais certainement. Comme j’en étais là à méditer et que je voyais à nouveau ma bien-aimée, je pensai qu’elle n’aurait jamais pu venir aux enfers, même dans le but de me voir. Lorsqu’elle s’agenouillait sur ma tombe, elle paraissait bien mortelle et devait se trouver encore sur la Terre. Les morts ne quittaient-ils donc pas la Terre généralement, restaient-ils auprès du théâtre de leur existence terrestre?

Pendant que de telles pensées me venaient à l’esprit, je tentai de m’approcher plus près de celle que j’aimais tant. Une invisible barrière semblait l’entourer et me retenir. Je pouvais me mouvoir à mon gré sur ses deux côtés seulement; pour la toucher, je n’étais pas en état. Tous mes efforts en ce sens étaient vains. Alors je lui parlai et l’appelai par son nom. Je lui racontai que j’étais encore là en conscience et le même, bien que mort. Elle, par contre, ne paraissait ni m’entendre ni me voir. Tristement elle pleurait doucement et remuait délicatement les fleurs, en disant devant elles que j’avais tellement aimé les fleurs que je saurais certainement qu’elle avait déposé celles-ci pour moi. Encore et encore, je lui parlais aussi fort que je pouvais mais elle restait sourde à ma voix. Elle était seulement inquiète et se passait la main sur le front comme en un rêve. Puis, lentement, elle s’éloigna, tristement.

De toutes mes forces, je m’efforçai de la suivre. Vainement! Je ne pouvais m’éloigner que de quelques pas de ma tombe et de mon corps, et remarquai aussitôt pourquoi. Une chaîne, semblable à un fil de soie noire, pas plus épais qu’un fil d’araignée, me maintenait à mon corps. Il ne m’était pas possible de déchirer ce fil. Aussitôt que je me déplaçais, il s’allongeait comme du caoutchouc mais me retenait toujours en arrière. Ce qui m’inquiétait le plus, c’est que la décomposition de mon corps commençait à toucher mon esprit, comme une partie du corps terrestre qui est empoisonnée lèse tout le corps. Avec cela, une épouvante nouvelle envahit mon âme.

Alors la voix de quelque être sublime me parla, dans la nuit:

« Tu aimes ce corps plus que Ton âme. Maintenant, vois comme il tombe en poussière et reconnais ce dont Tu Te préoccupais et à quoi Tu étais accroché. Reconnais combien il était éphémère, combien il est devenu sans valeur. Regarde maintenant Ton corps fin-matériel et vois combien Tu l’as affamé, enchaîné et négligé au profit des jouissances du corps terrestre. Vois combien Ton âme – qui est pourtant animée et éternellement vivante – est maintenant devenue, à cause de Ta vie terrestre, nécessiteuse, repoussante et défigurée. ».

A présent, je me regardais moi-même; ainsi que dans une glace qui m’était présentée, je me voyais. Oh! Stupeur! Il n’y avait pas de doute. Mais combien je me trouvais affreusement changé! Si vulgaire, si plein de bassesse, si repoussant dans chaque trait! Même mon aspect était déformé. Je reculai, effrayé, devant mon apparition. Je désirai que la terre s’ouvre sous mes pieds et me cache à tous les yeux pour toujours. Plus jamais je ne pourrais appeler mon amour et désirer qu’elle puisse me voir. Il valait beaucoup mieux qu’elle pensât à moi comme à un mort qui était parti pour toujours, et qu’elle me gardât dans sa mémoire ainsi que j’avais été sur Terre, plutôt que d’apprendre mon épouvantable transformation et quelle chose hideuse était mon moi intérieur véritable. Mon désespoir et mon tourment étaient indescriptibles. Je criais sauvagement, me frappais et, d’épouvante, m’arrachais violemment les cheveux. Puis, ma passion m’épuisa et je m’effondrai à nouveau, inanimé et sans connaissance.

De nouveau, je m’éveillai et, de nouveau, c’était la présence de mon amour qui en était la cause. Elle m’adressait de douces et tendres paroles alors qu’elle déposait des fleurs sur ma tombe. Mais là, je ne cherchai plus à me rendre visible et me tins en arrière afin de me cacher. Mon cœur devenait dur, même envers elle. Je me disais: « Il vaut mieux pour elle plaindre celui qui l’a quittée que de savoir qu’il vit encore. ». C’est ainsi que je la laissai partir. Cependant, à peine s’était-elle éloignée que je lui courais après comme un fou. Elle devait de toute manière prendre connaissance de mon état affreux et ne pas me laisser seul à cet endroit! Elle ne m’entendit pas mais sentit mon appel, et je la vis faire halte à quelque distance et se retourner à demi comme pour revenir. Puis elle s’éloigna de nouveau et me quitta.

Elle me visita encore deux ou trois fois. À chaque fois qu’elle venait, je ressentais à son approche le même frisson et avais à son départ le même sentiment d’abandon. Je voulais aller la rechercher et la retenir à mes côtés. Mais maintenant je ne l’appelais plus. Désormais je savais que les morts appellent vainement, car les vivants ne les entendent pas. Pour tout le monde j’étais mort, sauf pour moi et mon affreux destin. Ah! Je le savais maintenant, la mort n’est pas un sommeil sans fin, un oubli tranquille. Et, dans mon désespoir, je priai qu’un oubli complet me soit accordé. Toutefois, je savais qu’il n’en serait jamais ainsi, car l’être humain est une âme animée et qui continue à vivre éternellement, pour le bon ou le mauvais, pour le Salut ou la douleur. Sa forme terrestre se dissout et devient poussière mais l’esprit, qui est le véritable être humain, ne connaît aucune décomposition ni aucun oubli.

Jour après jour – je sentais les jours s’écouler – mon esprit s’éveillait de plus en plus, et je revoyais les événements de ma vie, en une longue série, se dérouler devant moi toujours plus clairement. Ils étaient d’abord accablants puis devenaient progressivement plus distincts et plus clairs. Et j’inclinais la tête dans un effroi plein de honte et de désespoir. Car je sentais qu’il était maintenant trop tard pour en effacer un acte.

III

Je ne sais combien de temps dura cet état; il me parut durer longtemps, très longtemps. Plongé dans le désespoir je restais là, assis, lorsque j’entendis la douce voix de ma bien-aimée. Je me sentais poussé à me lever et à la suivre jusqu’à ce qu’elle m’ait conduit à elle. Pendant que je me préparais ainsi à partir, le fil qui m’avait si fermement retenu parut s’étendre et s’étirer au point que je le sentais à peine me résister. J’étais attiré toujours plus loin et me trouvai finalement dans une chambre où je pouvais voir, malgré l’obscurité qui m’entourait. C’était le foyer de ma bien-aimée, cet espace dans lequel j’avais passé des heures si nombreuses, si paisibles et si heureuses, où je n’étais pas encore séparé d’elle par cet épouvantable abîme. Elle était assise à une table; une feuille de papier devant elle et un crayon à la main. M’appelant par mon nom, elle dit:

– « Mon cher Ami, si jamais les morts reviennent, alors viens vers moi et essaye, si Tu le peux, de me faire écrire quelques mots comme réponse à ma question, ne serait-ce que oui ou non. ».

Depuis que j’étais mort, c’était la première fois que je voyais sur ses lèvres un léger sourire et un regard d’espoir dans ses yeux devenus si tristes de la peine éprouvée par ma mort. Le visage soucieux et aimé paraissait si blême et si mélancolique que je sentais la profondeur de l’amour qu’elle me vouait et après lequel je devais, maintenant moins que jamais, émettre des prétentions.

Mais alors je vis auprès d’elle trois autres personnages que je reconnus comme esprits tout à fait différents de moi. Ils semblaient si brillants et si rayonnants que c’est à peine si je pouvais supporter leur vue. Mes yeux brûlaient comme du feu. L’un était un homme grand, tranquille et d’un aspect merveilleux. Il se penchait par-dessus elle pour la protéger comme s’il avait été son ange gardien. Deux beaux jeunes hommes se tenaient auprès de lui. En eux je reconnus soudain ses frères dont elle m’avait souvent parlé et qui étaient morts avant que la jeunesse ne leur ait accordé toutes ses joies. C’était maintenant comme des anges qu’ils vivaient dans le cœur de ma bien-aimée. Je fus effarouché, car je sentis qu’ils me voyaient. Je cherchai à couvrir mon visage et mon corps déformés avec le noir manteau que je portais. Puis ma fierté s’éveilla et je déclarai:

– « Ne m’a-t-elle pas elle-même appelé? Je suis venu et elle doit être juge maintenant de mon avenir. Serait-ce qu’aucune peine, aucun regret, même si profonds, aucun fait même si grand, aucun travail même si rude, ne puissent expier ma dette? N’y a-t-il vraiment aucun espoir au-delà de la tombe? ».

Et une voix, celle que j’avais déjà entendue près de ma tombe, me répondit:

« Fils de la douleur! N’y a-t-il sur Terre aucun espoir pour celui qui se rend coupable envers quelqu’un? L’homme ne pardonne-t-il pas à celui qui lui a fait du tort, quand celui-ci regrette et demande pardon? Dieu devrait-Il Se montrer moins clément et moins équitable? Maintenant, éprouves-Tu vraiment du regret? Cherche en Ton cœur si Tu Te soucies de Toi-même ou bien de ceux que Tu as offensés. ».

Comme elle parlait, je sus que je ne regrettais pas sérieusement; je souffrais seulement; j’aimais et désirais seulement. Puis à nouveau, ma bien-aimée parla et me pria, si j’étais là et pouvais l’entendre, d’essayer d’écrire un mot avec sa main, afin qu’elle sache si je vivais et pensais encore à elle.

Le cœur parut me monter à la gorge et m’étouffer. Je me rapprochai d’elle afin d’essayer, si je pouvais, de mouvoir sa main ou, pour le moins, de la toucher. Mais le grand esprit se mit entre nous et je fus obligé de me reculer. Puis il parla:

– « Indique-moi ce que Tu veux dire et je le ferai écrire par sa main. Je peux faire cela dans son intérêt et pour l’amour qu’elle conserve pour Toi. ».

A ces mots un joyeux mouvement me parcourut et je voulus lui prendre la main pour la baiser. Mais je ne pus le faire, car ma main parut roussir à l’éclat de son feu. Je ne pus que m’incliner devant lui en pensant qu’il devait être un ange. Ma bien-aimée parlait maintenant et demandait: « Es-Tu ici, mon cher ami? ».

Je répondis: « Oui! » et vis alors l’esprit poser la main sur la sienne. Après que cela fut fait, sa main écrivit le mot « oui ». Lente et incertaine, elle se mouvait comme celle d’un enfant qui apprend à lire et à écrire. Ah! combien son cœur était heureux!

A nouveau, elle me posa une question et comme précédemment sa main écrivit ma réponse. Elle demandait si elle pouvait faire quelque chose pour moi, si j’avais un désir qu’elle était à même de satisfaire. « Non », répondis-je, « pas maintenant ». Je m’éloignerais et ne viendrais plus l’importuner par ma présence. Elle devait essayer de m’oublier. Alors que je parlais, mon cœur blessé était rempli d’amertume. Combien mon âme fut agréablement touchée lorsqu’elle dit:

– « Ne me parle pas ainsi, car j’aimerais toujours être, comme par le passé, Ton Amie la plus fidèle et la plus aimée. Depuis que Tu es mort, mon seul effort a toujours été de Te retrouver et de Te parler à nouveau. ».

Je m’écriai:

« Ce fut toujours mon plus profond désir! ».

Sur ce, elle demanda si je voulais revenir chez elle et je promis. Car où ne serais-je pas allé pour elle! Alors l’esprit rayonnant déclara que cela avait assez duré pour aujourd’hui. Il fit également écrire cela de sa main et lui conseilla d’aller se reposer.

Je me sentis à nouveau de retour auprès de ma tombe et de mon corps terrestre, dans l’obscur cimetière, toutefois pas avec le même sentiment misérable de désespoir. C’était au moins en mon cœur une étincelle d’espoir. Je la reverrais et lui reparlerais.

Mais je n’étais pas seul. Chacun des deux esprits, ses frères, m’avait suivi. Maintenant, ils me parlaient: Je n’écrirai pas tout ce qu’ils me dirent. Ils m’exposèrent clairement combien était grand l’écart entre leur sœur et moi-même, et ils me demandèrent si je voulais obscurcir sa toute jeune vie par ma sombre présence. Si je la quittais maintenant, elle m’oublierait avec le temps et se souviendrait de moi comme un ami cher. Si je l’aimais vraiment, je ne désirais certainement pas rendre sa toute jeune vie, solitaire et inconsolée à cause de moi. Je répondis que je l’aimais et ne pourrais jamais la quitter, et qu’il m’était insupportable de penser qu’un autre puisse l’aimer autant que moi.

Ils parlèrent alors de mon passé et me demandèrent si je pensais pouvoir m’unir à sa vie pure ainsi qu’à sa manière mystique, et comment j’espérais faire. Comment devais-je m’attendre à lui appartenir après sa mort? Elle faisait partie d’une sphère pure à laquelle il n’y avait pour moi aucun espoir de parvenir avant longtemps. Ne serait-il pas mieux pour elle, et d’un amour plus noble de ma part, de la quitter pour qu’elle puisse m’oublier et trouver la félicité qui lui était réservée en cette vie?

Hésitant, j’objectai qu’elle m’aimait encore.

« Oui », répondirent-ils.

– « Elle T’aime avec l’image qu’elle porte de Toi en son cœur et que, dans son innocence, elle a idéalisée. Mais crois-Tu qu’elle T’aimerait encore si elle connaissait tout Ton passé? Ne lui faudrait-il pas reculer, épouvantée? Dis-lui la Vérité. Fais-la choisir entre Toi et sa liberté. Tu auras ainsi fait preuve d’un Amour plus fidèle que si Tu cherchais à la tromper et à l’enchaîner à Ton être. Si Tu l’aimes vraiment, alors pense à elle et à son bonheur, et pas seulement à Toi. ».

Alors l’espoir s’éteignit en moi. Dans la honte et la peine la plus grande, j’inclinai ma tête jusqu’à terre, car je reconnaissais combien j’étais vulgaire et bien peu mûr pour elle. Ainsi que dans une glace, je voyais à présent combien sa vie, libérée de la mienne, pouvait encore se modeler. Elle ne pourrait qu’être heureuse avec une vie plus respectable que la mienne, car, par mon amour, je l’avais attirée avec moi dans la misère.

Pour la première fois de ma vie, je fis passer l’amour d’un autre avant le mien, mais comme je l’aimais beaucoup et voulais la savoir heureuse, je leur dis:

– « Qu’il en soit donc ainsi. Dites-lui la vérité et laissez-la me dire un seul mot d’amour en guise d’adieu. Je m’éloignerai alors d’elle et ne ternirai plus sa vie de mon ombre. ».

Ainsi, nous revînmes chez elle et je vis combien, par son souci pour moi, elle dormait épuisée. Je les priai de me permettre de lui donner un baiser, le premier et le dernier que je lui donnerais. Cependant, ils refusèrent: c’était impossible, car par mon contact, le fil qui la maintenait encore en vie se déchirerait pour toujours.

Après l’avoir réveillée, ils lui firent écrire leur communication comme précédemment. Je me tenais à leurs côtés et écoutais comment, par leurs paroles qui pénétraient comme des épines dans mon âme, ils détruisaient pour toujours mon dernier espoir. Elle continuait d’écrire comme dans un rêve jusqu’à ce que l’histoire de ma vie ignominieuse lui fut finalement racontée et qu’il ne me resta plus qu’à lui dire que tout était fini entre nous, qu’elle était libérée de ma présence pécheresse et de mon amour égoïste. Je lui dis adieu. Chaque mot agissait sur moi ainsi que des gouttes de sang s’échappant de mon cœur, et tombait comme de la glace en son âme. Puis je me tournai et la quittai, comment, je ne sais. Cependant, quand je partis, je sentis se déchirer le cordon qui m’attachait à ma tombe et à mon corps terrestre. J’étais libre, libre pour évoluer, solitaire, où bon me semblerait.

Que se passa-t-il alors? Des larmes de reconnaissance me reviennent aux yeux. Je m’effondre presque en essayant de décrire ce qui suivit. Alors, elle, que nous croyions si faible pour nous obliger à décider à sa place, me rappela avec la toute puissance d’un amour auquel personne n’osa s’opposer. Elle ne pourrait jamais m’abandonner, disait-elle, aussi longtemps que je l’aimerais.

« Que Ton passé soit comme il veut, que Tu sombres même au plus profond des enfers, je ne cesserai pas de T’aimer et d’essayer de Te suivre. Je réclamerai le droit à l’amour, je T’assisterai, Te consolerai et T’encouragerai jusqu’à ce que, dans Sa Grâce, Dieu puisse Te pardonner Ton passé et T’élever à nouveau. ».

Alors je m’effondrai et pleurai, comme seul un homme fort et fier dont le cœur était martyrisé et endurci peut pleurer jusqu’à ce que le contact d’une main aimée arrête les larmes. Alors je revins auprès de mon amie et m’agenouillai à ses côtés. L’on ne me permit pas de la toucher. Mais le paisible et bel esprit qui la protégeait lui confia que sa prière était entendue et qu’elle devrait me reconduire, en fait, vers la Lumière.

Puis je quittai ma bien-aimée. Alors que je m’éloignais, je vis la forme d’un ange vibrer au-dessus d’elle pour la réconforter et la consoler, elle qui, de son côté, était mon ange lumineux. Je la laissais en compagnie de ces esprits pour partir et m’en éloigner, jusqu’à ce que sa voix me rappelât de nouveau à ses côtés.

Après un court sommeil que ces esprits purs firent descendre sur elle, ma bien-aimée s’éveilla le matin suivant. Inquiète, elle alla rendre visite à un homme bon, qu’elle avait découvert en cherchant un chemin lui permettant d’entrer en relation avec moi au-delà de la tombe.

Si ce qu’on annonçait sur les spirites n’était pas un leurre, elle espérait, grâce à l’aide de ce dernier, pouvoir me parler à nouveau. Guidé par ceux qui veillaient sur elle, elle était allée trouver cet homme. C’était un médium connu. C’est lui qui lui avait appris qu’il lui était possible, à elle aussi, de recevoir des messages du soidisant mort, si elle s’y efforçait avec constance.

C’est seulement plus tard que j’appris cela. En ce temps là, je me sentis seulement convié à venir. Obéissant à son appel, je me retrouvai bientôt dans une petite chambre, autant que je pouvais le discerner. Pour moi tout cela était encore obscur, à l’exception de l’endroit où la lumière brillait faiblement dans l’entourage de ma bien-aimée, semblable à une étoile. Je me trouvais chez ce brave homme chez qui elle s’était rendue, et c’était sa voix qui m’avait appelé. Elle lui racontait ce qui s’était passé la nuit précédente, combien elle m’aimait et combien elle désirait me consacrer sa vie entière, si elle pouvait m’aider de la sorte. Cet homme lui dit des paroles si réconfortantes qu’aujourd’hui je le remercie encore de tout cœur, car il me remplit alors d’espérance. Il l’informa que le cordon du corps terrestre se rompait à la mort et que j’étais libre de l’aimer, autant qu’elle le pouvait elle aussi. Son amour m’apportait plus de consolation et d’espoir que tout autre. Il me facilitait également la voie de l’expiation. Mon amour pour elle avait été une pure et vraie inclinaison, et son amour pour moi était plus fort que la mort elle-même dont il avait surmonté toutes les barrières.

Cet homme me donna l’occasion de lui parler et de lui éclaircir beaucoup de choses que, la nuit précédente, alors que mon cœur blessé était encore rempli de fierté, je n’aurais pu lui expliquer. Par cette entremise, il me fut possible de lui exposer tout ce que mon passé pouvait avoir d’excusable. Il me laissa lui dire que malgré le mal que j’avais commis, je l’avais aimée d’un amour que je n’avais ressenti pour aucune autre personne. Il la tranquillisa et la réconforta. Je lui fus reconnaissant de sa bonté. Le cœur joyeux et plein d’espérance, nous le quittâmes finalement et j’accompagnai en chemin ma bien-aimée vers sa maison. Arrivé là, je remarquai qu’une nouvelle barrière avait été érigée par ses deux frères et l’esprit qui la protégeait. Une invisible muraille que je ne parvenais pas à franchir l’entourait. Je n’étais pas capable de la suivre ni de m’approcher tout à fait d’elle. Je décidai alors de revenir chez le brave homme et de voir s’il pouvait m’aider.

Mon désir parut me ramener en arrière car, bientôt, je me retrouvai chez lui. Il eut aussitôt conscience de ma présence, et je remarquai curieusement qu’il pouvait comprendre ce que je lui disais. Il saisissait le sens de ce que je désirais lui dire et me raconta beaucoup de choses me concernant.

Il m’assura que tout se déroulerait pour le mieux, si je voulais me montrer patient. Les barrières spirituelles que ses proches élevaient autour de mon aimée seraient brisées à tout moment par elle, rien ne pouvait m’exclure de son amour, aucune muraille n’était, à cet effet, en état de le faire. Je devais seulement essayer de comprendre les choses spirituelles et travailler pour progresser. L’écart existant entre mon aimée et moi diminuerait et finalement disparaîtrait. Consolé, je quittai enfin mon ami et m’éloignai à nouveau. Vers où?, je ne sais pas.

Maintenant je commençais à prendre vaguement conscience que, dans mon voisinage, d’autres êtres me ressemblant évoluaient autour de moi, bien que je les perçusse à peine. Je me sentais si solitaire et si abandonné que je songeais à rejoindre ma tombe, l’endroit qui m’était le plus familier jusqu’ici. Cette pensée parut me porter, car, bientôt, je me retrouvai à cet endroit. Les fleurs apportées par mon aimée étaient maintenant flétries. Elle était restée deux jours sans venir à ma tombe. Depuis qu’elle m’avait parlé, elle paraissait avoir oublié le corps qui reposait en terre. C’était mieux, pour moi comme pour elle, d’oublier le cadavre et de ne plus penser qu’à l’esprit vivant.

Mais ces fleurs fanées parlaient aussi de son amour. J’essayai de saisir une rose blanche et de la prendre avec moi. Je ne parvins toutefois pas à la saisir de la moindre manière, ma main glissait sur elle comme sur le reflet d’une rose dans un miroir.

À la tête de ma tombe s’élevait une croix blanche en marbre. J’y remarquai les noms des deux frères de ma bien-aimée. Je découvris ainsi ce que, dans son amour, elle avait fait pour moi. Elle avait voulu que mon corps reposât auprès de ceux qui lui étaient les plus chers! Mon cœur en fut touché, et des larmes coulèrent comme de la rosée sur mon cœur, en dissipant toute amertume. »

 

– Extrait du livre « Franchezzo – Un voyageur au pays des esprits ». –

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Au-delà

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