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Zoroastre – Discours de l’Atravan

par | 22 Mar 2024 | Autres Articles, Enseignements Spirituels | 1 commentaire

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Zoroastre – Discours de l’Atravan

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L’atravan fit apporter des peaux, où il s’assit. Les mobeds s’y joignirent. La nuit était tombée. Maonha envoyait des rayons scintillants du haut du ciel bleu sombre. Plus aucun serpent n’était à craindre et les flammes repoussaient les autres animaux.

«Raconte, raconte!» fut l’appel encourageant que l’on adressa à l’atravan.

Il se fit prier encore un peu comme la bienséance l’exigeait. Puis il regarda vers le Ciel et commença:

«Vous, hommes de l’Iran, vous savez comment ce Monde fut jadis créé.»

«Le Sage Saint Esprit, Ahuramazda1, vivait tout seul dans les sept Cieux. La solitude L’entourait, Son Royaume s’étendait à des distances incommensurables, mais Il était seul, tout seul.»

«Alors Il résolut de créer ce qui Lui causerait de la Joie.»

«Il imagina des êtres et, aussitôt qu’Il les imagina, ils furent présents. Tout d’abord, Il imagina Mithra, le Soleil resplendissant, car Ahuramazda aime tout ce qui est clair. Ainsi préférait-Il Mithra à tous les Dieux qu’Il avait créés.»

«A côté de Mithra, Il plaça Maonha, le Dieu de la Lune, pâle et calme. Avec Mithra, il devait se partager les jours. Sa Lumière n’est pas aussi puissante que celle de Mithra, c’est pourquoi il devait se charger du commencement du jour, que nous les êtres humains appelons la nuit, afin que l’éclat de lumière lui succède.»

«Pourtant sa lumière est trop faible, souvent il s’éteint complètement. Regardez comme ses rayons vacillent. Alors Ahuramazda le vit et lui envoyât de l’aide.»

«Il plaça à ses côtés Tishtrya avec le manteau resplendissant. L’œil humain ne peut pas compter les étoiles scintillantes qui parent le manteau du Dieu des Astres. Et Mithra supplia: «Seigneur, Tu as donné un frère à Maonha, offre-moi aussi des frères pour que je ne sois pas seul!». Ahuramazda y consentit. Ce n’est pas comme aide qu’Il donna à Mithra les frères qu’il avait demandés. Celui-ci devait au contraire les surveiller, eux les turbulents, Atar l’esprit du Feu, et Thraeztvana, le Dieu de la Foudre. Mais Mithra se réjouit qu’ils fussent aussi resplendissants que lui.»

«Des Frères de Flammes, voici ce que nous sommes!», s’écria-t-il, au-dessus du Monde entier.»

«Et Ahuramazda créa le Dieu de l’Air, Vayn, qui mugit et qui cache tous les vents dans les plis de son large manteau, les vents chauds et les vents froids, des vents doux et des vents puissants, toute une troupe de compagnons mouvants. Ils jouent avec les flammes et leur apprennent à danser. Mais les rayons de Maonha sont trop pâles pour eux.»

«Ahuramazda pensa ensuite à l’Eau claire qui jaillit en gouttelettes de perles, qui coule en bruissant, qui bavarde et rit, qui chante et qui mugit. Et lorsqu’Il l’imagina, une femme gracieuse se forma, chantant et riant. Une parure de perles dans ses longs cheveux, elle se tenait en face du Dieu Sage qui l’avait imaginée: C’était la très charmante Ardivisura, Anahita

«Or, subitement, la Vie avait pris naissance dans les sept Cieux, une Vie joyeuse, mais Ahuramazda pensa qu’Il préférait sa solitude à cette vie trépidante. Et Il imagina un Monde où les Dieux régneraient. D’en haut, Il les regarderait, et les appellerait individuellement dès qu’Il désirerait de la compagnie.»

«Voyez, vous les hommes de l’Iran, c’est ainsi que naquit la Terre, notre Terre où nous vivons. Les pensées d’Ahuramazda avaient créé les rochers, l’eau, les plantes. Et les Dieux jouèrent longtemps, très longtemps avec la Terre. Un être humain ne peut pas du tout penser aussi loin que cette époque.»

«Ahuramazda était content, les Dieux étaient occupés et ne Le dérangeaient pas. Précisément au moment où Il le pensait, ils vinrent et prièrent:

«Seigneur, crée sur Terre des êtres qui nous soient soumis.».

«Comment doivent-ils être constitués?», demanda le Dieu sage, avec Bonté.

«Ils doivent nous être semblables», pria Ardvisura Anahita, la charmante.

«Qu’ils soient tout différents, balourds et informes, mais forts et courageux, pour que nous ayons du plaisir avec eux», s’écria Atar.

«Alors Ahuramazda imagina deux êtres, l’être humain selon la prière d’Anahita et le taureau d’après le vœu d’Atar. Et les Dieux se réjouirent et furent contents.»

«De nouveaux des temps immémoriaux passèrent. Ils apportèrent des changements abondants sur Terre, toujours d’une façon différente.»

«Les êtres humains s’étaient multipliés, bien des races humaines étaient nées. Il en était de même du taureau dont sont issus tous les animaux que vous connaissez. Tous les Dieux ont demandé à régner sur des espèces particulières de ces animaux. Vous le savez bien.»

«Les oiseaux appartiennent à Vayn, les poissons, les serpents et les grenouilles à la gracieuse Anahita.».

L’atravan se tut. Les cruches étaient vides.

«Continue!», supplièrent un grand nombre d’auditeurs.

Mais les flammes allaient s’éteindre, il était temps de gagner les lieux de campement.

Le lendemain, les montagnes résonnaient de cris joyeux. Les femmes cherchaient les fruits sur les buissons pour se désaltérer; les hommes rôdaient aux alentours, regardaient dans les nids des grands oiseaux, détruisaient les serpents venimeux et parlaient de ce qu’ils avaient appris la veille.

Lorsque Mithra allait voiler ses rayons, un son métallique résonna: l’un des mobeds frappait en mesure une lourde barre de fer contre un disque accroché à un haut buisson.

Ce n’était pas beau, mais résonnait bien loin, le signe pour tous les hommes qu’ils pouvaient se réunir et entendre le discours du prêtre.

Ils arrivèrent en toute hâte. Certes, ils en avaient déjà entendu autrefois la plus grande partie, mais l’atravan racontait à chaque fois d’une autre manière, ajoutant toujours quelque chose de nouveau.

C’était l’unique occasion, au cours de l’année, de les instruire tous ensemble. Il fallait qu’ils le vivent en pensée.

La plupart des hommes étaient des bergers, demeurant solitaires avec leur troupeau. Là, ils avaient le temps et le loisir de réfléchir. Ils vivaient entièrement avec les Dieux dont ils pouvaient à présent entendre à nouveau parler.

Sous les pâles rayons de Maonha, l’un apprenait des secrets inimaginables sur le concours des forces de la Nature, l’autre puisait dans le feu de Mithra le courage viril et l’intrépidité.

Lorsque la place se fut remplie et que l’on n’attendit plus de retardataires, l’atravan alluma les trois coupes du centre où, cependant, l’huile parfumée faisait défaut.

Les mobeds avaient apporté des fagots de branches sèches comme nourriture aux flammes qui servaient d’éclairage.

L’atravan s’assit. Ce jour-là, il portait un vêtement brun foncé de laine douce, retenu par une corde blanche. Il n’avait pas de bandeau autour de la tête.

– «Je vous ai dit hier, à vous les hommes de l’Iran, combien magnifiquement a été créée la Terre et tout ce qui vit sur elle.»

«Ahuramazda, le Dieu Sage, cependant, vit que les êtres humains s’attachaient aux Dieux qu’ils voyaient et qui les gouvernaient. Alors que Lui était supérieur aux Dieux, qu’une seule de Ses pensées pouvait les faire périr tous, comme Il avait créé toute chose.»

«Alors, Il imagina des êtres qu’Il pourrait, selon son bon plaisir, envoyer aux êtres humains, pour les influencer, venir à leur aide ou les récompenser. Cependant, ils devaient Le servir, séjourner dans Son voisinage et demeurer entre Lui et les Dieux. Et Il imagina la Vérité, une merveilleuse Figure féminine, en vêtement bleu, avec de clairs yeux bleus. Là où Il l’envoie aucune ombre ne peut subsister.»

«Comme sœur Il lui donna la Pureté, dans un vêtement blanc argent et un voile léger devant le gracieux visage. Elle est fraîche comme la neige des plus hauts sommets de nos montagnes, inabordable et cependant accessible pour ceux qui y aspirent.»

«Ayant envoyé les Dieux chez les êtres humains, Il constata que ceux qui s’y attachaient voulaient se considérer comme meilleurs que les autres.»

– «Cela ne peut pas être, sinon les êtres humains corrompent ce qui devait leur apporter le Salut.»

– «En tant que Ahuramazda, le Dieu Sage et Bon imagina et créa alors, dans Sa Sollicitude, une Figure féminine simple, de peu d’apparence, portant un vêtement gris argenté. Elle suivit la Vérité et la Pureté, et sa main douce et tendre saisit ceux qui voulaient s’enivrer d’eux-mêmes.»

«L’Humilité, c’est ainsi que s’appelle cette gracieuse Enfant qui renferme, dans son for intérieur, le Trésor que Dieu Lui-même y a déposé. Qui reconnaît l’Humilité, qui est aimé d’elle, reçoit la Félicité.»

«Ces servantes aidaient fidèlement Dieu, le Plus-Haut. Il les prit en affection et elles lui devinrent indispensables.»

«Il voulait leur prouver Sa satisfaction et leur permit d’imaginer ce qui, dans leur action au profit des êtres humains, pourrait faire leur Bonheur. Ensuite, Il voulait animer le produit de leur imagination et le leur offrir en cadeau. Et la Vérité imagina la Sagesse, capable de demeurer auprès des âmes aspirant à la Vérité. Et elle la reçut comme compagne.»

«La Pureté sourit. Et le Dieu bienveillant sut ce que Son Enfant préférée désirait. Il lui offrit l’épanouissement des âmes humaines se laissant diriger par elle.»

«Certes, vous le savez: L’être qui sur Terre aspire à la Pureté devient une Joie pour nous tous. Pensez à vos femmes! Pensez à la plus gracieuse femme terrestre que nous connaissons, la princesse Dijanitra.»

«Cependant, l’Humilité supplia: «Seigneur, fais naître dans les âmes le désir de transmettre à autrui ce qu’elles ont reçu. Fais qu’elles renoncent à elles-mêmes et découvrent le prochain.».

Alors Dieu imagina l’Amour qui s’oublie soi-même.

– «Six femmes pures M’entourent», dit-Il songeur. «Elles sont nées de Mes Pensées, mais, de par Ma Volonté, Je vais placer un homme à leurs côtés: le Héros; Il doit renfermer en lui toutes les Vertus de l’homme véritable.».

A ces paroles de l’atravan, la Vie arriva dans les hommes écoutant attentivement. Ils s’étirèrent, leurs traits s’éclairèrent. Ils connaissaient les Vertus qui parent le Héros et s’efforçaient dès leur plus jeune âge de devenir eux-mêmes de vrais Héros.

Et l’atravan continua son récit:

– «De longs, longs temps très longs passèrent. Une génération après l’autre naquit et disparut. Les serviteurs d’Ahuramazda se donnaient de la peine pour les habitants de la Terre. Pénétré de Joie, Dieu regardait Ses créatures.»

«Et un terrible événement eut lieu. Pour pouvoir le comprendre, vous devez savoir que tout acte erroné des êtres humains tombe plus bas que la Terre. Là, il existe un lieu où toutes ces ordures sont réunies.»

«Or, plus d’une chose arrivant dans ces bas-fonds renfermait encore la vie. Et cette vie se concentrait; elle acquit de la force et devint Anramainyu, l’esprit du mal. Né de l’ordure de tout ce qui est terrestre, il ne pouvait produire que des horreurs. Il avait connaissance de Ahuramazda et il voulait L’égaler.»

– «Si Tu vis dans les sept Cieux au-dessus de la Terre», s’écria-t-il, «alors j’habiterai les sept cavernes sous la Terre! Tu as imaginé des Dieux; eh bien, je ferai comme Toi !»

Un frisson parcourut les hommes. Le cœur de plus d’un se crispa, d’autres serrèrent les poings et frappèrent un coup dans le vide.

Mais l’atravan continua:

– «Malgré tous les efforts qu’Anramainyu fit pour créer des Dieux, il n’y réussit pas, car lui-même n’était pas Dieu, mais uniquement un mauvais esprit; il y a là une énorme différence. Ainsi ne put-il engendrer que des esprits.»

«Il leva le regard vers le Ciel. Que devait-il faire? Ressembler à Mithra, Maonha et Tishtrya? Son désir fut immense. Alors Azhi, l’énorme et lugubre serpent des nuées, prit naissance. Vous tous, vous l’avez souvent vu lorsqu’il rampe sinistrement.».

Les hommes firent signe de la tête.

«Ensuite, son mauvais vouloir produisit Apaosha, le démon de la sécheresse, qui crée toujours des soucis et des peines aux Dieux. Et Anramaiyu rit, se croyant le premier de tous les Dieux.»

«Mais en comparant ses créatures avec les Dieux, il vit qu’elles étaient ternes et laides. Aucune ne pouvait se comparer aux êtres clairs. Une immense rage saisit Anramainyu et fit naître Ashma, la colère. Elle était plus forte que tous les autres; son feu pouvait égaler celui des frères ardents. Mais bien qu’elle soit belle, elle a un grand défaut: … elle est aveugle.»

«Les hommes rirent, ils étaient contents que la colère dût céder le pas aux Dieux. Et son incapacité de voir qui elle frappait était bien méritée. Ainsi, elle se faisait souvent tort à elle-même et à ceux qu’elle guidait.»

– «Peu à peu Anramainyu se rendait compte», continua l’atravan, «que Ahuramazda avait imaginé des serviteurs spéciaux ayant une action heureuse sur les êtres humains.»

«Ainsi fallait-il lui créer des êtres capables de démolir ce que les autres édifiaient. Il se livra à des recherches approfondies, il observa attentivement, et il trouva.»

«Au lieu de la Vérité, il créa le mensonge, qui à première vue parut d’une chatoyante beauté. Mais en le regardant de plus près, l’on constatait que tout en lui était faux. Mais il traitait si aimablement les êtres humains, bien plus gracieusement que la Vérité pleine de réserve, que les êtres humains affluaient vers lui, se laissant tromper, et apprenaient la fausseté.»

«L’aimable Pureté lui parut trop invulnérable, il ne savait pas quoi lui opposer, alors il créa trois êtres: les envies. Elles tiraillaient et entraînaient l’être humain, jusqu’à ce qu’il se fût sali quelque part. Puis, sa décadence avançait rapidement. Les zélées servantes de l’esprit mauvais étaient les bruyantes, voyantes et criardes envies.»

«A l’Humilité, il opposa l’orgueil. Ainsi il avait le jeu facile, car c’était précisément un danger que l’être humain s’était presque lui-même créé. Là où les autres serviteurs d’Anramainyu échouèrent, l’orgueil réussit et l’égoïsme se joignit à lui. Car ces serviteurs également voulaient eux aussi des compagnons.»

«Le mensonge se choisit la ruse, quant aux envies, elles créèrent la maladie.»

«Avec tous ces serviteurs, Anramainyu entra alors en scène pour arracher à Ahuramazda le Royaume. Il résidait en lui {le dessein} d’obtenir {que} les êtres humains {soient} sous sa puissance. Plus il était lancé {de choses} sur le tas d’ordures, d’autant plus forte serait la suite {de ses partisans} pour le mauvais esprit.»

«Vous ne pouvez pas vous imaginer combien épouvantables furent les combats, ni combien en tombèrent victimes.»

Comme l’atravan faisait une pause, l’un des auditeurs demanda:

– «Pourquoi Ahuramazda, le plus haut de tous les Dieux, n’a-t-Il pas mis fin à l’adversaire? Celui Lui aurait pourtant été facile.».

– «Certainement», assura le prêtre. «Il aurait pu agir ainsi, s’Il l’avait voulu. Mais Il voulait que Ses créatures décident elles-mêmes pour le bien ou pour le mal. Que celui qui ne désire pas autre chose devienne la proie d’Anramainyu et de l’anéantissement! Cela valait mieux que d’avoir un royaume peuplé d’hommes inindépendants.»

«Dans vos troupeaux, vous aimez particulièrement les animaux qui, d’instinct, cherchent eux-mêmes leur pâturage. Les bêtes qui suivent aveuglément les autres sont ennuyeuses. Ainsi le Dieu avisé abandonna-t-Il les êtres humains à leur vouloir et permit seulement aux Dieux et Ses propres serviteurs d’aider ceux qui sont de bonne volonté.»

«Ce faisant, le mal gagna une victoire après l’autre. De jardin florissant qu’elle fut jadis, la Terre dépérit en un désert et un océan de pierres que vous connaissez actuellement. Vous ne pouvez plus vous imaginer ce qu’est un pays en pleine Beauté. Vous pouvez le pressentir lorsque Mithra fait fleurir nos champs pendant deux mois.»

«Pourtant, cela ne peut pas continuer ainsi éternellement», soupira l’un des plus jeunes, «sinon il ne restera finalement rien de notre Terre dont les Dieux et Ahuramazda puissent se réjouir.».

«Non, cela ne continuera pas éternellement de cette façon», confirma l’atravan. «Nous avons une Prédiction disant que la durée de la Terre ne sera pas éternelle. Elle sera incommensurablement longue. Cette durée, Ahuramazda l’a divisée en trois parties. Elles sont d’égale longueur. La première va de la Création de la Terre jusqu’à l’époque où Dieu imagina l’Être-humain-originel et le Taureau-Originel2

«La deuxième doit trouver une fin lorsque le Préparateur de Chemin, le Zoroastre3 sera né. Puis se mettra en place la troisième. Au cours de celle-ci, toutefois, l’humanité recevra comme cadeau le Saoshyant, le Secoureur, que le Zoroastre annoncera.»

«Nous ne savons ni Qui sera le Saoshyant ni comment il délivrera les êtres humains du Mal. Mais Il viendra et nous nous {en} réjouissons!».

Reprenant son souffle, l’orateur termina son long Récit, mais il ne se leva pas comme d’habitude. L’on se rendait compte qu’il avait encore quelque chose à dire, peut-être le plus important.

Entre-temps, l’un des hommes demanda:

«Faudra-t-il attendre encore longtemps jusqu’à ce que le Zoroastre arrive?».

Le prêtre se leva. L’air solennel, il se tenait devant eux:

«Hommes de l’Iran», dit-il en accentuant chaque parole, «je vous ai raconté tout ceci en détail pour vous annoncer une Nouvelle.».

«L’observation des étoiles nous a fait savoir que le Zoroastre est né!»

Il ne put continuer de parler: un concert de jubilations s’éleva. Longtemps, il essaya en vain d’y mettre un terme, enfin il réussit à reprendre la parole:

«Ainsi, la deuxième partie de la durée de notre Terre prend fin. Elle obtiendra l’aide pour redevenir ce à quoi Ahuramazda l’avait destinée. Remercions-Le!».

D’un cœur ému, il dit une Prière, puis il congédia les hommes; la nuit était tombée.

Et le troisième Jour de la Fête se leva. Aussi les femmes y prirent part. Elles arrivèrent bien excitées, car les hommes leur avaient transmis la grande Nouvelle de la naissance du Préparateur de Chemin.

Cette dernière cérémonie commença lorsque Mithra se trouva au zénith. Les feux n’étaient pas allumés, l’on avait rempli les coupes d’huile odorante, qui répandait un agréable parfum.

L’atravan s’était assis parmi les hommes, les mobeds s’adonnaient à leur fonction de chasseurs d’animaux nuisibles et gênants.

Les auditeurs s’étaient installés, hommes et femmes rigoureusement séparés; ils offraient un tableau pittoresque.

L’une des prêtresses s’approcha des pierres qui se trouvaient au centre et raconta, sur un ton chantant, le conte du serpent des nuées, Azhi qui s’était proposé d’obscurcir tout le Ciel: de façon sinistre, il s’élève en rampant, couvrant, morceau par morceau, la clarté bleue, s’étendant de plus en plus, avalant des astres du manteau de Tishtrya, voulant happer Maonha, qui est trop faible pour se défendre.

Et derrière lui, Thraetvana bondit. Avec son épée tranchante, il frappe le monstre! et tranche la tête du corps ignoble. On entend le corps s’effondrer. Longtemps encore, le roulement résonne dans les montagnes.

«Que Thraetvana soit loué!».

La conteuse se retira, une autre prêtresse lui succéda.

Également d’une autre voix légèrement chantante, mais sur un autre ton et sur un rythme différent, elle raconta comment Anramainyu donna au serpent une autre tête plus agressive. Cette fois, il voulut être plus prudent. Il ne s’attaqua plus aux étoiles et à la Lune, mais s’était couché, gros et pesant, devant toute la Lumière céleste, si bien que même les rayons puissants de Mithra ne parvenaient plus chez les hommes.

Et l’autre fils ardent bondit, saisi d’une vive colère: Atar! L’esprit du feu tira son glaive. Il ne frappa plus la tête mais le corps ignoble, dans tous les sens, de sorte que le sang coulât vers la Terre. Azhi devint de plus en plus terne et suivit finalement les torrents de son sang.

«Sois loué, Toi aussi, Atar!».

La troisième prêtresse avança. Elle tenait dans les bras un petit instrument à cordes, qui fit résonner des sons doux, qui accompagnèrent ses paroles. Elle parla d’Apaosha, le démon de la sécheresse qui, sur l’ordre du Malin, avait accaparé, un jour, le pouvoir. Nulle goutte d’eau de pluie n’était tombée pendant des semaines. Les hommes et les animaux mouraient de soif. Tout le monde implorait Ahuramazda d’envoyer de l’eau. Pourtant, le Dieu Sage savait qu’Apaosha n’avait pu accaparer le pouvoir que grâce à la méchanceté des hommes. Ainsi, il ne dépendait que d’eux de provoquer un changement.

Finalement, ils s’en étaient aperçu et avaient commencé à se corriger. Alors le Dieu Suprême autorisa Ses Dieux à intervenir. Les Dieux prièrent Ardvisura Anahita de donner de l’eau et elle promit d’en fournir autant qu’ils le désiraient; cependant ils devaient la faire monter au Ciel. Et ils se mirent à réfléchir sur la façon de s’y prendre sans que Apaosha ne bût tout. Enfin, une décision fut prise.

Tishtrya envoya des étoiles incandescentes ayant des longs rayons. Elles devaient atteindre le démon et le blesser en de nombreux endroits simultanément. Alors il se retira dans les sept cavernes en hurlant. A présent, tous les astres devaient faire monter l’eau; Maonha aussi les aida. Bientôt, il y eut suffisamment d’humidité dans les hauteurs pour que les cieux puissent faire pleuvoir. Elle tomba en grosses gouttes isolées qui devinrent de plus en plus nombreuses, et finalement un flot bienfaisant se déversa sur la Terre assoiffée.

«Soyez remerciés, astres bienveillants!».

La première prêtresse vint à la fin. Elle raconta que le Malin avait créé un nouveau serviteur: l’imposture. Elle se plaçait partout devant la Vérité et l’empêchait de travailler au profit des êtres humains. Les auditeurs devaient être vigilants pour qu’ils ne deviennent pas aussi sa proie.

Une prière de la prêtresse clôtura la cérémonie et les hommes prient aussitôt le chemin du retour. Il était plus agréable de cheminer sous les rayons de Maonha que sous l’ardeur de Mithra.

La plaine, près de la source de Karun, demeura silencieuse et abandonnée après que les mobeds eurent nivelé les tas de pierres et formé avec elles un rempart devant les accès. Plongé dans une méditation profonde, l’atravan quitta les lieux, le dernier.

Il avait été autorisé à annoncer aux êtres humains la naissance du Préparateur de Chemin. Est-ce qu’ils comprendraient? Allaient-ils en saisir la signification? Le Préparateur de Chemin devait atteindre sa trente et unième année avant d’aborder sa Mission. Il fallait encore attendre tout ce temps! Lui-même n’en serait plus témoin.

Et tandis que l’atravan, selon sa mission, allait de bourg en bourg, enseignant, visitant les berges auprès de leur troupeau, les nobles dans leur château de rochers, un petit garçon naquit chez un jeune couple, à une grande distance, au bord du désert salé, exactement au moment où les astres l’avaient indiqué.

Les vieilles femmes qui assistaient la mère furent très surprises que le petit entra dans la vie en riant, au lieu de pousser le cri attendu.

«Enfant, veux-Tu devenir quelqu’un de particulier?», demandèrent-elles. «Attends-Tu de la vie quelque chose de beau?».

 

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Notes:

1 Note de l’éditeur originel: «Aussi {appelé} Auramazda».

2 «Urmensch»: «Être-humain-originel» ; «Urstier»: «Taureau-originel»; à noter que dans «Stier» («Taureau») se trouve «Tier»: «Animal».

3 «Wegbereiter» et «Zoroaster»: «Préparateur-de-Chemin» sont donc deux termes synonymes; «Zorotushtra» («Zarathoustra»), par contre, signifie «Conservateur/Entreteneur-de-Chemin» («Wegerhalter»).

 

– Extrait du livre « Zoroastre – Vie et Œuvre du Préparateur & Conservateur du Chemin en Iran ». –

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1 Commentaire

  1. Jean OLIVER

    Combien de fois les êtres humains ont reçu de la Lumière des envoyés dans le but était de leur préparer un chemin lumineux en accord avec les Lois de la Création (Préparateurs).
    A cet effet la Sagesse du Créateur a octroyé à l’être humain « un libre vouloir », afin qu’il développe en lui-même ce combat pour la Vérité et qu’il distingue par lui-même le vrai du faux.
    Zoroastre a annoncé lui-même la visite d’un autre envoyé le « Saoshyant » le Secoureur, ce qui est indiqué plus haut.
    Soyons reconnaissants pour toutes ces Aides, qui, bien souvent, n’ont pas été reconnues par les êtres humains.

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