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L’être humain est-il déchu?

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Introduction

Nous ne pouvons pas – il y en a beaucoup trop! – examiner ici toutes les philosophies pessimistes au sujet de la condition humaine. Nous nous limiterons à une seule. Nous nous concentrons sur ce que dit le célèbre écrivain-philosophe Blaise Pascal, en prenant appui sur ce qui est dit sur cette page consacrée au pessimisme en philosophie.

Pascal et la déchéance humaine

Pour le célèbre écrivain, mathématicien et physicien Blaise Pascal l’être humain serait irrémédiablement déchu. Depuis sa « nuit de feu » vécue vers l’âge de trente ans au cours de laquelle il a reconnu le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », il se tourne toujours plus vers la religion et la foi.

Influencé par le courant janséniste du Christianisme, Pascal considère que l’être humain est condamné, à la suite du péché originel, à une perpétuelle misère. Cette misère, selon lui, nous cherchons – comme si cela pouvait y changer quelque chose! -, par tous les moyens, à l’éluder: «Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser.».

Le « divertissement » comme fausse solution à la déchéance humaine

Toujours selon Blaise Pascal, afin d’oublier notre condition, non seulement nous limitons notre pensée à la considération de choses futiles, mais nous multiplions les gesticulations vides et les activités vaines. La volonté qui nous pousse ainsi vers l’inessentiel relève de ce que Pascal appelle le «divertissement». Toute vie qui n’implique pas la pensée de sa finitude est une vie de divertissement qui, en réalité, éloigne de Dieu.

Au sens pascalien, le divertissement prend des formes extrêmement variées et une très grande place dans notre existence ordinaire. Se divertir, au sens étymologique, signifie bien, en effet, se détourner de l’Essentiel. Or, affirme Pascal, si la seule chose que nous croyons capables de nous consoler de nos misères est bien le divertissement, c’est, hélas, aussi, en réalité, «la plus grande de nos misères». A noter que le mot « distraction », synonyme de « divertissement », a exactement le même sens. Dans les deux cas il s’agit de « se détourner de ». Se détourner de quoi si ce n’est de l’Essentiel?

Prééminence de la pensée

Pour Pascal, l’action est, pour une large part, nécessairement soumise au divertissement (il n’est que de voir, par exemple, actuellement, la frénésie autour des Jeux Olympiques!) et c’est donc dans la pensée, et non dans l’action, que réside toute la dignité humaine. Mais la pensée en question n’est pas la pensée intellectuelle du géomètre, du physicien ou du philosophe qui, le plus souvent, nourrit l’orgueil et la présomption de l’intellect quant à sa croyance en ses propres capacités, et éloigne de Dieu.

La finitude humaine

Il s’agit, pour Pascal, de la découverte et de la connaissance introspectives de notre finitude, seules à pouvoir nous élever au-dessus des autres créatures et à nous rapprocher de Dieu. «L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant» déclare, en ce sens, Pascal, dans une célèbre maxime. La finitude se réfère manifestement ici à la durée brièvement mesurée de la vie sur Terre. Dès qu’un être humain nouvellement-né prend conscience de lui-même, il sait qu’un jour il va mourir.

La pensée permet à l’être humain de découvrir sa condition humaine

Selon Pascal, la pensée est une caractéristique de l’être humain à laquelle il doit sa grandeur, mais uniquement dans la mesure où elle lui révèle sa finitude. L’idée chrétienne du caractère irrémédiablement déchu de l’être humain constitue donc non seulement une vérité, mais aussi une croyance qu’il est, selon Pascal, impératif d’adopter, car elle seule donne à l’existence humaine une certaine dignité. C’est en réfléchissant – donc en se regardant dans un miroir – que l’être humain découvre sa condition.

Pascal promeut, dans cette perspective, une forme réflexive de pessimisme, liant grandeur et misère, où, paradoxalement, la déconsidération de soi et la reconnaissance de notre impuissance nous élèvent au-dessus de nous-mêmes, nous faisant renoncer en même temps à la vaine recherche du bonheur terrestre.

Pascal avait-il raison d’être aussi pessimiste?

En réalité, ce pessimisme n’est pas justifié. Certes, Pascal a raison de reconnaître dans quelle – suite au péché héréditaire – incontestable profonde déchéance l’humanité, dans son ensemble, est tombée, mais, grâce à la Parole Divine, au moins le Salut individuel demeure-t-il encore possible.

L’être humain, maître de sa destinée

En effet, malgré cela – s’il n’y renonce pas lui-même par avance -, l’être humain est et demeure le maître de sa destinée. Il lui suffit, pour cela, de reconnaître les Lois et, au lieu de stupidement s’opposer à elles, de les utiliser à son profit. A son profit spirituel, s’entend. La situation est certes grave, mais pas désespérée. Il suffit de vouloir. Ainsi que l’être humain le veut, ainsi cela lui arrive.

L’être humain et sa libre volonté

Et, justement, au sujet du libre vouloir – ou de la libre volonté – l’être humain s’est fait une idée complètement fausse en voulant lier celle-ci à la « raison » et donc à l’intellect. Pour s’en convaincre, il suffit, par exemple, de regarder cette page consacrée à la volonté en philosophie. Tout de suite, l’on peut y lire [les enrichissements sont de nous]:

« La volonté désigne généralement la faculté d’exercer un libre choix gouverné par la raison, et en particulier en philosophie morale, la faculté qu’a la raison de déterminer une action d’après des «normes» ou des principes (moraux, notamment). En cela elle peut être considérée comme une vertu. Elle se distingue du désir, qui peut être incontrôlé ou irrationnel, et de la spontanéité des instincts naturels dont la réalisation ne fait appel à aucune délibération. La volonté est vue par certains philosophes comme l’expression d’un libre arbitre chez un sujet, par exemple entre ses désirs actuels et ses souhaits futurs; d’autres considèrent néanmoins qu’elle est elle-même déterminée. ».

Commentaire

Un libre choix peut-il réellement être gouverné par la raison? La réponse est non. En effet, la raison n’est qu’un autre nom de l’intellect, et celui-ci n’est rien d’autre qu’une production du cerveau gros-matériel terrestre. L’intellect agit, en effet, de deux manières principales: Par l’analyse (la raison, le raisonnement, le fait de disséquer) et par le fait de relier. Le mot « intellect » vient d’ailleurs du latin « inter legere », c’est-à-dire « établir des liens entre ».

Par conséquent, soit l’intellect sépare et décortique des éléments précédemment unis pour tenter de voir ce qu’il y a « dedans », soit, au contraire, l’intellect relie des éléments précédemment séparés pour tenter de percevoir entre eux des relations antérieurement imperceptibles.

Lorsqu’il est dit que la volonté serait une vertu, il y a une confusion. La volonté peut certes décider de pratiquer les Vertus mais n’est pas elle-même une Vertu! Mais relier la volonté avec le libre-arbitre a plus de sens, à condition, toutefois, de comprendre qu’en réalité il n’y a pas de libre-arbitre (concept philosophique intellectuel) mais seulement une libre volonté.

Par conséquent, fondamentalement, la volonté n’est pas déterminée. Elle peut seulement – ce qui n’est pas la même chose – être restreinte par le karma. Par l’exercice de sa libre volonté l’être humain tisse lui-même son tapis de vie, constitué de nombreux fils.

Lorsque ces fils procèdent d’actes négatifs ils viennent progressivement limiter le pouvoir de libre décision de l’être humain, et donc sa liberté de mouvement, car chacun de ces fils doit, un par un, être dénoué avant que l’être humain ait récupéré l’intégralité de son libre vouloir.

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La déchéance - École française

La déchéance – École française

3 Commentaires

  1. Deh Assy

    « L’être humain est-il déchu? »

    Non l’être humain n’est pas déchu!

    Il conserve toujours sa libre volonté jusqu’au bout de toutes ses pérégrinations dans les plans matériels.

    Il décidera finalement s’il veut vivre éternellement en s’insérant dans les lois parfaites de son Créateur ou s’il se choisit de fausses voies qui le conduiront à la perdition.

    Sa déchéance ou son ascension se trouvent toujours entre ses propres mains.

    Son libre vouloir décidera de sa destinée.

    Il est vraiment libre en ce qui concerne ce qu’il deviendra.

    Réponse
  2. Jean OLIVER

    Que dire de plus que ce qu’exprime Deh Assy concernant l’être humain

    « sa déchéance et son ascension se trouvent toujours entre ses mains »

    et cela Jusqu’au dernier moment!

    Réponse
  3. August

    En pénétrant en profondeur les écrits de beaucoup de philosophes anciens (cas ici de Blaise Pascal), on se rend compte que bien des vérités s’y trouvent ancrées. Le pessimisme de Blaise Pascal quant à la déchéance de l’humanité est bien fondé.

    Ceci ne s’appliquait toutefois pas à toute l’humanité mais à une partie qui, en raison de l’éloignement toujours manifeste des Lois de la Création (de la Volonté de Dieu), la proportion de ceux qui choisissaient cette voie pouvait continuer de grossir, si bien qu’à notre époque il semble que certains êtres humains ont irrémédiablement choisi le pays de la déchéance comme destination certaine.

    Oui, il en est ainsi, lorsque l’esprit suffoque, parce qu’il vit douloureusement la chape de plomb dans lequel l’intellect et les sentiments l’enserrent de plus en plus, de sorte qu’il ne peut plus recevoir aucun air frais de sa Patrie d’origine. Mourant et agonisant, l’être humain terrestre commence à percevoir qu’il est entrain d’être déchu. Déchu de la véritable condition humaine qui est spirituelle.

    C’est pourquoi, on peut entendre aujourd’hui des gens dire, sans aucun gène dans la conscience, qu’ils sont athées, qu’ils ne croient pas en Dieu.

    Dieu étant la Vie, vers où aboutira le chemin celui qui ne croit plus en Lui?

    Le brin d’herbe dirait-il « Ô Soleil! Je ne crois plus en toi » qu’il se déssècherait, mourrait et disparaîtrait du livre de la végétation naturelle.

    Mais comment le brin d’herbe en est-il arrivé, un jour, à dire et même à brandir fièrement: « Toi, soleil, je ne crois plus/pas en toi, tu n’existes pas/plus. »?

    Réponse

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