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La Nuit de Feu de Blaise
Pascal
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Le Mémorial
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«Il fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine,
donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie,
comme du raisonnement le plus fort […].
Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal.»
– François-René de Chateaubriand –
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Mémorial autographe de Blaise Pascal – La Nuit de Feu
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Une expérience spirituelle particulièrement puissante
A l’évidence, dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 novembre 1654, Blaise Pascal a vécu une forte expérience spirituelle, qui a marqué toute sa vie.
Voici ce qui en est dit sur cette page:
« Le Mémorial est une œuvre de Blaise Pascal datée du lundi . Écrit pendant la nuit du 23 au , dite la Nuit de feu, ce texte d’une extrême brièveté est l’un des classiques de la spiritualité catholique et chrétienne en général.
Ces quelques lignes où Pascal exprime sa conversion à la personne de Jésus-Christ au moment même où il la vit ont valeur de paradigme, en raison des termes qu’il emploie mais aussi du caractère fulgurant de cette expérience mystique. Constamment réédité et commenté depuis la fin du XVIIe siècle, le Mémorial contient une triple invocation à Dieu régulièrement citée: «Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants…».
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Blaise Pascal – Physicien, mathématicien et écrivain
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La description concise de l’expérience vécue
Et voici le texte du Mémorial:
«L’an de Grâce 1654,
Lundi, 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr, et autres au martyrologe. Veille de saint Chrysogone, martyr, et autres. Depuis environ dix heures et demie du soir jusqu’à environ minuit et demi. Feu.
«Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.». Non des philosophes et des savants. Certitude, Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ. Deum meum et Deum vestrum [« Mon Dieu et votre Dieu« ]. «Ton Dieu sera mon Dieu.» Oubli du monde et de Tout, hormis Dieu. Il ne se trouve que par les Voies enseignées dans l’Évangile. Grandeur de l’âme humaine. «Père juste, le monde ne T’a point connu, mais je T’ai connu.» Joie, Joie, Joie, pleurs de Joie. Je m’en suis séparé: «De reliquerunt me fontem aquæ vivæ.» [« Ils m’ont laissé une source d’eau vive. »]«Mon Dieu, Me quitterez-vous?» Que je n’en sois pas séparé éternellement. «Cette (???) [NDLR: Il semble manquer un mot] est la Vie éternelle, qu’ils Te connaissent Seul Vrai Dieu et Celui Que Tu as envoyé, Jésus-Christ.» Jésus-Christ. Jésus-Christ. Je m’en suis séparé, je L’ai fui, renoncé, crucifié. Que je n’en sois jamais séparé. Il ne se conserve que par les Voies enseignées dans l’Évangile. Renonciation totale et douce. Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur. Éternellement en Joie pour un jour d’exercice sur la Terre. Non obliviscar sermones tuos [« Je n’oublierai pas Tes Discours« ], Amen.»
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Blaise Pascal – Ecole Française
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Avant et après la Nuit de Feu
L’expérience spirituelle – inadéquatement qualifiée de « mystique », car, à vrai-dire, dans la Création, il n’y a rien de mystique – du lundi , qui se produit «depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi», marque un tournant décisif dans la vie et l’œuvre de Pascal. C’est l’expérience fondatrice de sa vie.
Puis, toujours sur la même page, il est possible de lire:
« Cette «expérience éblouissante, restée dans les esprits comme la Nuit de Feu de Pascal», est consignée sur le moment. Le texte est d’une telle importance pour Pascal qu’il le recopie sur parchemin et coud les deux exemplaires dans la doublure de son pourpoint. Le lendemain, il éprouve le besoin de raconter sa nuit de feu à sa sœur Jacqueline, et sollicite un directeur de conscience. Le père Antoine Singlin reçoit Blaise Pascal à Port-Royal de Paris vers le mais refuse de devenir son directeur de conscience; il lui conseille de se retirer à Port-Royal-des-Champs.
Par la suite, Pascal prend soin de coudre et de découdre les deux exemplaires de son mémorial chaque fois qu’il changea de vêtement. L’expérience de cette nuit de feu est si bouleversante que Pascal s’engage à une rupture absolue, à une «renonciation totale et douce, à l’oubli du monde et de tout», dans un climat de joie baignée de larmes. Un serviteur découvre après sa mort, dans la doublure de son dernier habit, «un petit parchemin plié et écrit de la main de M. Pascal, et dans ce parchemin, un papier écrit de la même main: l’un était une copie fidèle de l’autre». Les proches de Pascal parlent alors d’un «mémorial»: un témoin rapporte qu’ils voient ce document comme «une espèce de mémorial qu’il gardait très soigneusement pour conserver le souvenir d’une chose qu’il voulait avoir toujours présente à ses yeux et à son esprit». Si le parchemin a aujourd’hui disparu, le papier d’origine, qui se trouve à la Bibliothèque nationale de France, a été authentifié par l’abbé Périer, neveu de Pascal.
Sa vie durant, Pascal a observé un silence absolu sur le double manuscrit: tous en ignoraient l’existence, y compris sa sœur Jacqueline, religieuse à Port-Royal des Champs, dont Laurent Thirouin rappelle le trouble devant le changement survenu peu après chez ce «pénitent si réjoui». »
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Blaise Pascal – Écrivain, mathématicien et physicien – École française
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Qu’y a-t-il dans le Mémorial?
Plusieurs passages du Mémorial se rattachent à l’Écriture Sainte, en particulier le chapitre XVII de l’Évangile selon Jean, que Pascal cite nommément. En outre, la dernière phrase, « Non obliviscar sermones tuos » [« Je n’oublierai pas Tes Paroles« ], est, à l’évidence, inspirée par le Psaume 118, dont la lecture, pour Pascal, était particulièrement bouleversante.
L’impuissance des mots à restituer la puissance de l’expérience
A lire le texte du Mémorial de Blaise Pascal l’on prend conscience que les mots sont impuissants à véritablement rendre compte de l’intensité de son expérience vécue. C’est ce que concevra sans plus tout être humain ayant lui-même vécu une telle expérience spirituelle.
Naturellement vivre une expérience spirituelle pré-suppose une activation de l’esprit. Lequel n’a – bien sûr – rien à voir avec l’intellect.
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Blaise Pascal – École anglaise
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Examen intuitif du contenu du Mémorial rapportant la Nuit de Feu.
«L’an de Grâce 1654,
Lundi, 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr, et autres au martyrologe. Veille de saint Chrysogone, martyr, et autres. Depuis environ dix heures et demie du soir jusqu’à environ minuit et demi.»
En temps terrestre, l’expérience a donc duré environ deux heures. C’est long et c’est court.
«Feu.»
Dans sa concision voilà un mot particulièrement évocateur de la Nuit de Feu de Pascal. De quel genre de Feu s’agit-il? A l’évidence d’un Feu spirituel, le Feu de la certitude.
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««Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.». Non des philosophes et des savants. Certitude, Certitude.»
Dieu Se révèle à Pascal, mais pas comme un concept intellectuel et théorique élaboré par le cerveau humain – celui des philosophes et des savants –, mais, au contraire, comme une Réalité vivante: Le Dieu Qui S’est révélé aux Patriarches: Abraham, Isaac et Jacob. Le Dieu que découvre alors Blaise Pascal, c’est Le Même. Normal…, il n’y en a qu’Un!
«Sentiment. Joie. Paix.»
Lorsque Pascal parle ici de « sentiment » il y a gros à parier qu’en fait il veut dire: « Ressenti », autrement dit « Intuition ». C’est une question de définition des mots. En l’occurrence il s’agit d’un Ressenti de Joie et de Paix.
«Dieu de Jésus-Christ.»
Au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’ajoute une nouvelle Notion: Le Dieu de Jésus-Christ. Ce Dieu Qui S’est initialement révélé à Abraham, Isaac et Jacob en tant que Dieu de Pureté, avec la Venue de Jésus-Christ sur Terre Il S’est ensuite rendu perceptible en tant que Dieu d’Amour. Jésus est venu sur Terre pour parler aux êtres humains de Son Père.
««Deum meum et Deum vestrum.» [«Mon Dieu et votre Dieu.»]. «Ton Dieu sera mon Dieu.»»
«Oubli du monde et de tout, hormis Dieu.»
Ce que Pascal veut, maintenant, c’est oublier le « monde » et tout ce qui va avec. Ce qu’il veut c’est se concentrer sur sa relation avec Dieu. Dieu Seul compte désormais pour lui.
«Il ne se trouve que par les Voies enseignées dans l’Évangile.»
Ce n’est pas la lecture des philosophes et des scientifiques qui va permettre à l’être humain de se rapprocher de son Dieu mais sa propre expérience intérieure sur la Base des Paroles de Jésus – ainsi que de Ses Faits et Gestes – rapportées dans les Évangiles.
«Grandeur de l’âme humaine.»
Placée, dans la Création, comme un Trait d’Union entre le Ciel et la Terre, la responsabilité de l’âme humaine est grande.
«Père juste, le monde ne T’a point connu, mais {moi} je T’ai connu.» Joie, Joie, Joie, pleurs de Joie.»
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«Je m’en suis séparé: «De reliquerunt me fontem aquæ vivæ.» [« Ils m’ont laissé une source d’eau vive. »] «Mon Dieu, Me quitterez-vous?» Que je n’en sois pas séparé éternellement.»
Avec cette expérience de la Reconnaissance de Dieu, Pascal a aussi reconnu que, comme tout comme « le monde », lui aussi s’en était antérieurement séparé. Mais la Fontaine d’Eau Vive est toujours là. [« Celui qui boit de cette Eau n’aura plus jamais soif! »] Naît la crainte d’être abandonné par Dieu, mais ce n’est pas Dieu qui quitte l’être humain. C’est, au contraire, l’être humain qui quitte son Dieu. Monte alors en lui la Prière de ne jamais être séparé de Dieu pour l’éternité.
«Cette (???) [NDLR: Il semble manquer un mot] est la Vie éternelle, qu’ils Te connaissent {comme} Seul Vrai Dieu et Celui Que Tu as envoyé, Jésus-Christ.»
Probablement s’agit-il de la Fontaine d’Eau Vive, dont il vient d’être question. Cela consiste en la Reconnaissance de Dieu et de Son Fils Jésus-Christ, Envoyé par Lui.
«Jésus-Christ. Jésus-Christ. Je m’en suis séparé, je L’ai fui, renoncé, crucifié. Que je n’en sois jamais séparé.»
La séparation reconnue d’avec le Père s’est aussi produite avec le Fils. Normal, parce que Les Deux sont indissociables [« Qui Me voit, voir le Père »]. « Renoncé » a ici manifestement le sens de « renié ». Par conséquent, Blaise se reconnaît comme pécheur, co-responsable de la crucifixion.
De nouveau, il prie: « Que je n’en sois jamais séparé! ». Ni du Père, ni du Fils. Et – puisqu’Ils sont indissociables – l’on pourrait ajouter: « Ni du Saint Esprit! ».
«Il ne se conserve que par les Voies enseignées dans l’Évangile.»
De même que, par la Bouche de Jésus, l’Évangile nous parle du Père, c’est aussi lui qui parle du Fils…
«Renonciation totale et douce. Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.»
En ce qui concerne la soumission à Jésus-Christ il s’agit manifestement ici de quelque chose qui ressemble fort à l’Abandon de soi [« Ergebenheit »], autrement dit à l’Abnégation [« Selbstlosigkeit »], le fait d’être « sans soi-même ».
La soumission à son directeur {de conscience} est plus surprenante. Celui qui bénéficie d’une authentique Guidance spirituelle n’a généralement pas besoin d’un « directeur de conscience ». Un être humain peut toutefois consulter un prêtre pour solliciter un conseil ou un enseignement, pour autant que celui-ci soit réellement capable de le lui donner.
«Éternellement en Joie pour un jour d’exercice sur la Terre.»
Un seul jour spirituellement vécu peut procurer une constante Joie intérieure.
« Il ne faut pas regretter que tout soit éphémère en ce Monde, car l’éphémère, lorsqu’il nous touche vraiment, éveille en nous l’impérissable. » (Friedrich Hebbels)
«Non obliviscar sermones tuos.» [«Je n’oublierai pas Tes Discours.»], «Amen.»
Une expérience vécue spirituelle aussi forte participe à la formation du « Je » spirituel et laisse des traces indélébiles.
Le « Amen » final confirme que le Mémorial est à considérer comme une Prière…
Exercice Spirituel
Avez-vous, vous aussi, vécu une expérience spirituelle de grande intensité comparable à la Nuit de Feu de Blaise Pascal?
Si oui, si vous le voulez bien, partagez-la (éventuellement – pour – si vous le souhaitez – protéger votre anonymat – avec un nom de plume distinct de votre nom courant) en commentaire ci-dessous…
(Rappels: Il n’est pas nécessaire d’être enregistré et connecté pour pouvoir poster un commentaire. Les commentaires sont modérés. La validation intervient généralement dans les quarante-huit heures suivant le post, souvent plus tôt…)
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Blaise Pascal – Avec Descartes – Expériences sur la gravité de l’air
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