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«S’il vous plait, dessine-moi

   un mouton!»

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Ainsi s’exprime le Petit Prince, de la façon la plus naturelle du monde, avec un parfait savoir-vivre et un total mépris de la grammaire.

D’emblée, nous sommes introduits au cœur de la question:

  «Je Te vouvoie ou vous me tutoyez.

L’être humain qui ne connaît pas la Vérité pourrait même être surpris qu’il y ait là un problème… Et pourtant il existe:

Le «Tu» personnifie une notion toute particulière. Cette notion implique une liaison d’âme à âme: Aussi étonnant que cela puisse paraître à certains, la décomposition du corps physique (donc la mort) n’en suspend pas l’existence.

L’Enseignement de la Vérité expose le fonctionnement auto-actif des Lois avec ses inévitables et immuables conséquences. Il demande, il conseille de le sanctifier. Cela revient à ne l’utiliser qu’en des cas exceptionnels. Autrement dit, l’on peut considérer comme ayant des chances d’être naturel un comportement qui consiste à tutoyer au plus deux ou trois êtres humains choisis durant l’existence terrestre, c’est-à-dire, s’il y a lieu, outre ses enfants, son (ou sa) conjoint(e), ainsi qu’un ou deux ami(e)s.

Quelle est la condition du Tutoiement?

Le Genre Semblable! Seul le genre semblable autorise le «Tu». Mais en quoi consiste le genre semblable. Dans des convictions identiques? Non point. Ce n’est pas suffisant. Dans une même appartenance religieuse? Non plus. L’appartenance à une même religion ne constitue pas un genre semblable.

Le genre semblable réside dans le fait d’avoir développé le même genre (en allemand «Gleichart») à un degré comparable.

Il faut, en effet, distinguer deux choses:

– Les différents degrés de maturité valables aussi à l’intérieur d’un même genre, donc valables pour des genres identiques ou différents.

– Les différences de genres, toujours existantes pour un même degré de maturité. L’on peut même dire que plus les personnalités sont mûres, plus les différences sont apparentes.

Seuls les êtres de même genre et de même maturité peuvent se tutoyer, c’est-à-dire peuvent se tutoyer de sorte à ce que cela leur soit spirituellement profitable.

Tu et vous à travers les âges

En latin – comme on peut le voir chez les Romains de l’antiquité -, bien que – comme chacun sait – il n’y ait pas de pronom personnel, le tutoiement est de rigueur. En ancien français l’on emploie «Tu» et «vous» en s’adressant à la même personne. C’est ainsi que dans un discours officiel l’on tutoyait d’abord l’«huile» auquel il était destiné, puis, après cette mise en condition, l’on passait, derechef, au «vous» sans transition ni ménagement. Certains auteurs considéraient que le «Tu» devait s’employer dans des circonstances exceptionnelles, ou sous le coup d’une violente émotion.

Remarquons en passant qu’au Moyen Âge on ignorait l’usage qui consiste, dans une énumération, à se citer soi-même en dernier.

Le lecteur connaît l’abominable utilisation que l’on fit du tutoiement considéré comme beaucoup plus «démocratique» durant l’époque des «citoyens» et des «citoyennes», donc au temps de la révolution française.

C’était alors une réaction contre les aristocrates, qui avaient l’habitude d’être vouvoyés. Une manière de leur refuser les égards habituellement dus à leur rang et, en un égalitarisme forcené, de les ravaler au niveau du «tiers état» (le peuple). Il est clair que, comme le dit proverbe «Noblesse oblige!», la véritable Noblesse oblige! Et que si un noble ne l’est que de nom il s’expose à recevoir de nombreux outrages.

En France l’usage actuel du «vous» comme forme de politesse ne fut véritablement établi qu’à partir du XVIIème siècle. C’est ainsi qu’un grammairien d’alors ne craignait pas d’affirmer: «On ne dit jamais «tu» ni «toi» en français; il n’y a qu’un maître qui puisse dire «tu» ou  toi» à son valet, qu’il doit même traiter de «vous» en lui écrivant.».

Donc – et cela laisse songeur – la politesse sociale exigeait le «vous». L’usage du «tu» ne se concevait que vis-à-vis d’un inférieur, au moins d’un point de vue social. Ce n’est qu’un siècle plus tard, à la veille de la révolution, que Beaumarchais osera faire dire à l’un de ses valets de théâtre: «Aux vertus que l’on exige d’un domestique il y a bien peu de maîtres qui fussent dignes d’être valet.», une parole qui montre le plus ou moins important décalage pouvant souvent exister entre la valeur sociale et la valeur réelle d’un être. Alors que la valeur sociale dépend souvent de la naissance d’un être, la valeur réelle dépend de son noyau spirituel, c’est-à-dire non de son apparence mais de ce que réellement il est. Cela rappelle la réflexion de Shakespeare: «La vie n’est qu’un théâtre, où chacun joue son rôle.».

À Port-Royal les enfants eux-mêmes ne se tutoient pas. C’est, toutefois, là une mode distinguée. À l’armée, par exemple, où l’on nivelle tout par la base, le tutoiement reste la règle, et encore aujourd’hui. N’est-ce pas, d’ailleurs, aussi à l’armée – ce qui est alarmant! – que, trop souvent, la jeunesse masculine apprend le mépris de la femme?

L’usage littéraire du «Tu» et du vous paraît assez complexe, voire subtil. «Tu» peut être, à la fois, très familier ou, au contraire, très respectueux. Il peut même être flatteur, voire obséquieux. C’est ainsi que Boileau s’adresse à Louis XIV: «Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire!» (Épitre VIII). Dans la tragédie classique les héros et les héroïnes tutoient leurs confident(e)s (c’est ici une marque de condescendance envers les «inférieurs»), qui, eux, ne les tutoient point. Le tutoiement entre des personnages qui, d’ordinaire, ne se tutoient point sert à marquer les vives émotions. Mais c’est sans doute chez Victor Hugo que le procédé revêt toute sa force d’expression:

«Vous pouvez entrer dans les villes…
  Mais Tu ne prendras pas demain à l’Éternel».

L’on pourrait aussi établir des comparaisons avec le «Nous de Modestie», qui, par la suite, est devenu un «Pluriel de Majesté», mais nous pensons que cela nous entraînerait trop loin de notre sujet.

Notre propos est, essentiellement, en effet, de considérer les implications spirituelles de ces modes d’expression.

Qu’arrive-t-il si l’on se tutoie?

L’on contracte une liaison, dans tous les cas. Cette liaison persiste au-delà de la tombe. Dans la matière fine de l’Au-delà chaque germe d’esprit humain vit avec ses genres semblables de même maturité. Si l’esprit qui séjourne dans l’Au-delà est uniquement lié à des êtres de maturité identique, cette liaison ne lui apportera que profit. Mais si, sur la Terre, il a contracté ne serait-ce qu’une liaison avec un être sensiblement moins évolué que lui il va falloir qu’il le traîne après lui, tel un poids mort, qui, lui, inévitablement, le tirera vers le bas. Ainsi le veut la Loi de la Pesanteur. Qu’il essaye alors de quand même poursuivre son Ascension, s’il le peut! Il faudra sans doute préalablement couper ces liens, et c’est loin d’être facile. Lorsque l’on songe que de semblables liaisons peuvent entraver l’Ascension spirituelle pendant des centaines et même des milliers d’années l’on reste, pour le moins, rêveur…

L’usage du vous

Le vouvoiement assure une protection entre les êtres humains de maturité inégale. Dans la matière grossière (où nous nous trouvons présentement), où l’étendue du libre vouloir de l’être humain est à son apogée, la protection doit s’exercer par la mise en application d’une loi, d’un commandement. Le processus opéré par le maintien du vous est analogue à l’effet produit par le vêtement en relation avec le sentiment de la pudeur corporelle. Dans l’Au-delà le processus est naturel et auto-actif: de par la Loi de la Pesanteur Spirituelle, il est exclu que l’on puisse rencontrer – encore moins fréquenter – des germes d’esprits humains de moindre évolution ou de maturité inférieure; de par la Loi d’Attraction du Genre Semblable l’on ne peut côtoyer que des esprits humains de même genre. C’est là que vivent ensemble les vrais genres semblables et qu’ils œuvrent les uns à côté des autres. Sur la Terre le vouvoiement respecte les barrières naturelles ou en érige en cas de besoin. Bien souvent, de façon tout à fait imprudente, le tutoiement, de façon très soudaine, abolit totalement ces barrières protectrices.

Dans les familles nobles l’usage était de se vouvoyer même entre époux, même entre parents et enfants. À cette pratique il y a un bon côté: le respect intégral entre les êtres et, en particulier, le respect de l’évolution de chacun et, occasionnellement, un moins bon: le manque de chaleur dans les relations humaines que, parfois, cela pré-suppose. En famille, vu que les liens existent déjà, il n’y a pas à craindre de s’en créer de nouveaux! Les liens existant entre mari et femme dans un couple, même non marié, sont très forts, déjà rien que du fait de la relation sexuelle. Sans même parler de l’instinct maternel et de ce que, de ce fait même, il induit comme liens entéalliques, les liens psychiques entre parents et enfants sont naturellement également très forts.

Il vaudrait mieux l’éviter tout à fait…

Évidemment, de cette manière, au moins, nous serions sûrs, en ce domaine, de ne commettre aucune erreur. De plus, est à considérer le fait que les inconvénients pouvant exister à vouvoyer tout le monde sont beaucoup moins grands que ceux résultant de l’usage d’un tutoiement inconsidéré. Pratique à adopter jusqu’à ce que l’intuition soit redevenue assez forte pour que de semblables erreurs ne soient plus possibles, ce qui, hélas, ne survient généralement pas du jour au lendemain!

Alors … Tu ou vous?

Si ces deux formes existent, cela n’est, naturellement, pas sans raison. Cela correspond à un certain stade d’évolution de la langue, et, s’il y a deux façons de s’adresser à son prochain, ce n’est – semble-t-il – pas pour n’en utiliser qu’une seule, sans quoi, comme en anglais (quoi qu’il y ait aussi le «Thy»), il n’en existerait qu’une, et le problème serait réglé!

Comme toujours, il n’y a pas de recettes. Il faut soi-même peser avec son intuition. Seul cela est susceptible de la développer et d’apporter un profit spirituel. Se cantonner, de façon rigide et exclusive, dans un vouvoiement définitif est peut-être la voie de la facilité, c’est en tous cas celle de la prudence.

Les Anglais, avec leur «you» unique, n’ont apparemment pas ce problème. Pour eux, leur prochain est toujours «you», et seule l’intonation permet d’établir la différence entre le «you» qui veut dire vous et celui qui veut dire «Tu». L’on peut, cependant, remarquer que, contrairement au latin où le «vous» n’existe pas mais seul le «tu» (même si, du fait de l’absence de pronoms personnels, il est inclus dans le verbe), en anglais la forme unique existante c’est le «vous» et non le «Tu». L’on sait qu’il existe, néanmoins, même si rarement employé, un «Tu» anglais, c’est la forme «Thy» [«Toi»], uniquement utilisée pour s’adresser au Créateur. De ce fait, l’on ne peut pas dire que la langue anglaise ne sanctifie pas rigoureusement le Tutoiement!

C’est, du reste, d’une manière différente, aussi le cas de la langue allemande qui écrit systématiquement le «Tu» allemand, soit le «D, avec une majuscule à l’initiale, ce qui ne se fait pas avec les autres pronoms personnels. Une évidente manière de sanctifier le «Tu»!

Remarquons qu’en français, grammaticalement parlant, l’on ne peut déduire que ceci: Il y a une forme au singulier pour s’adresser à l’être humain individuel ou à une personne unique et il y a une forme au pluriel pour s’adresser à un groupe humain. Lorsque l’on utilise le vous – une forme plurielle – pour s’adresser à une seule personne, cela peut vouloir dire que l’on s’abstient de considérer sa – c’est le cas de dire! – singularité, c’est-à-dire son être intime, donc son Noyau spirituel, mais que l’on s’adresse à elle mais en tant qu’une parmi d’autres, aussi en tant que personne sociale remplissant une fonction donnée dans la société, ce qui implique que seule la façade extérieure est prise en considération.

Parce que, dans le fond, le problème est là et pas ailleurs: C’est un problème de communication, de relations humaines, de personne à personne, Tout dépend des rapports que nous souhaitons avoir avec notre prochain.

Le vouvoiement implique, le plus souvent, un certain respect de la part du locuteur, que ce respect soit réel (profondément et sincèrement ressenti) ou feint (obséquiosité, servilité), qu’il s’adresse seulement à la fonction sociale de l’interlocuteur ou réellement à sa personne elle-même. Ce que l’usage du «vous» implique, dans tous les cas, c’est la conscience d’une distance, et, dans certains cas, le désir que cette distance soit maintenue. La distance elle-même peut être réelle (différence de maturité d’esprits d’inégales valeurs) ou purement terrestre (conscience d’appartenir à des classes sociales différentes). L’ordre social actuel étant faux, puisque uniquement basé sur des critères exclusivement intellectuels (ceux-ci ayant conduit à l’établissement d’une fausse hiérarchie), l’appartenance à des classes sociales différentes ne devrait jamais dresser de barrières entre les êtres humains pour cette seule raison.

À notre sens il y a deux sortes de relations entre les êtres humains: Les rapports impersonnels et les rapports personnels. Cette simple distinction ne semble pas avoir nécessité un grand dépens de matière grise. Pourtant, de notre point de vue, c’est là que se situe le nœud du problème.

Pour tous les rapports de type impersonnel l’usage du vous paraît amplement suffisant. Le tutoiement n’apporte rien de plus, au contraire. Il faut tout de même préciser ce qu’il faut comprendre par «impersonnel». Qui dit «impersonnel» ne dit pas nécessairement superficiel, mais cela implique l’objectivité et non la subjectivité, le domaine public et non la vie privée, la froide neutralité et non le chaleureux engagement. En ce qui concerne la notion exprimée par l’adjectif «personnel», c’est, bien entendu, tout l’inverse. Nous savons que, pour l’aspiration vers la Lumière, de même que pour la réalisation d’œuvres élevées, il n’est pas indispensable de se connaître personnellement. Il suffit d’avoir un But unique: le Service de la Lumière. Mais alors, qu’est-ce qui fait que – à de très rares exceptions près (nous n’en connaissons point) – nous aspirons tous à des contacts, à des échanges, à des relations personnels?

Y a-t-il un Profit (spirituel) particulier que ne confèrent que les rapports personnels? Sans la moindre hésitation prononçons-nous pour un oui franc et chaleureux! Que l’on nous présente l’être humain qui se suffit à lui-même au point de ne désirer aucun contact personnel avec autrui, nous sommes curieux de faire sa connaissance.

Attention!, Qui dit rapports personnels ne dit pas pour autant culte du «moi», déballage, égotisme, épanchements démesurés, moralisme, autosatisfaction, absence de réserve, impudeur, etc. Certes, il semble bien que la notion de rapports personnels implique le dévoilement au moins partiel de la personnalité intime et il est opportun de se demander si cela présente une quelconque utilité, si ce n’est pas seulement une faine et inutile dilapidation de force. Dans sa bouleversante simplicité ma réponse est celle-ci: Il n’y a dilapidation, donc perte, gaspillage, que s’il n’y a pas de retour. Mais ce retour doit nécessairement s’opérer sur le même plan que le don; ce qui vient en échange, en compensation, doit être de la même nature, de la même substance que ce qui est offert. Tel est le processus de l’échange volontaire en tous points conforme à la Loi de l’Effet de Réciprocité. Dans le cas des rapports personnels l’être humain individuel donne de son irradiation intime, ce qui lui est le plus précieux, le plus sacré, ce qui fait qu’il est lui: il se donne lui-même.

La Loi exige que l’équilibre soit respecté et, pour cela, en balance, face à lui, il ne peut y avoir, à la fois, qu’un autre «moi» qui soit singulièrement et simultanément un autre «Tu». De semblables échanges ne peuvent avoir lieu qu’entre ceux qui ont préalablement tissé entre eux des liens d’amitié. Les liens d’amitié sont les rails ou les canaux sur lesquels circulent les éléments de l’échange. Ces éléments constituent la nourriture des âmes.

En principe, un ami est un confident et, si l’amitié est réelle, elle joue obligatoirement dans les deux sens et entraîne donc la réciprocité. Bien entendu, pas plus là qu’ailleurs il ne saurait y avoir de contraintes en ce domaine  et – en théorie – l’on peut très bien faire son Ascension spirituelle tout seul, sans amis, sans confidents, sans épouse ou époux, bref sans rapports personnels.  L’on peut  … (dürfen) si l’on peut (können) …!  Là encore l’on peut tout de même penser que si la possibilité nous en est donnée… Finalement, à quoi aspirons-nous? A un dialogue spirituel! A une commun{icat}ion totale, de noyau à noyau, directe, sans entraves, sans barrières, sans limitations d’aucune sorte. Bref, à une communion des esprits! Et, pour accéder à cela, il est possible qu’à un moment donné le «vous» apparaisse comme une entrave. C’est alors qu’un beau jour, sans même l’avoir cherché, sans l’avoir intellectuellement décidé, l’on se surprend à tutoyer l’autre sans lui en avoir parlé ni, surtout, sans lui en avoir demandé la permission! L’on s’empresse alors, tout en se reprenant, de lui présenter ses excuses, jusqu’au jour où las de s’être excusé dix fois dans la même journée, l’on se regarde, un peu gêné …, puis l’on se sourit sans rien dire: L’on ne s’excusera plus!

Le cas des enfants

L’on peut tutoyer son chien, ce n’est pas pour autant que, rien que de ce fait, l’on restera lié à lui après sa mort. La liaison dont il s’agit ici n’est naturellement possible qu’entre genres semblables, autrement dit au sein d’un même genre. Il est tout à fait naturel et sans danger spirituel de tutoyer les enfants et d’être tutoyé par eux. Chez les enfants, l’esprit n’ayant pas encore percé, aucune liaison spirituelle ne peut être établie. Mais lorsque l’enfant grandit et devient un adolescent, deux cas sont alors à considérer.

Le premier cas est celui où la famille a été fondée sur une base juste: mariage conclu au Ciel, procréation effectuée dans un pur Amour, en ce cas la Loi d’Attraction du Genre Semblable joue à plein et dans le bon sens: Parents et enfants pourront se tutoyer sans inconvénient.

Deuxième cas: Mariage – disons – «de raison» ou encore le cas où le père a épousé une femme qui avait déjà des enfants (on peut en imaginer bien d’autres), la Loi d’Attraction du Genre Semblable ne joue plus de façon déterminante, passée l’adolescence, parents et enfants devraient se vouvoyer de la même façon qu’ils devraient cesser de s’embrasser entre sexes différents.

Un enfant habité par un esprit évolué se mettra spontanément à vouvoyer les adultes après l’éveil de la force sexuelle, et l’éducation dispensée dans son milieu lui en fournit la possibilité. Pour les autres il faudra que, le moment venu, la salutaire habitude en soit implantée en eux. Les enfants viennent d’un monde où les germes d’esprits humains vivent uniquement entre genres semblables. Sur la Terre il leur faut ré-apprendre à dresser des limites;  passé un certain âge, ils ne peuvent plus, à l’instar du Petit Prince (de Antoine de St Exupéry), dire à M. l’Inspecteur: «S’il vous plaît, dessine-moi un mouton!».

N’oublions jamais que c’est la langue qui forme les êtres humains et non l’inverse, car les mots vibrent dans les Lois Originelles de la Création. Le «Tu» s’adresse directement au Noyau spirituel de l’être humain, qui se trouve ainsi concerné dans son identité la plus profonde. Voilà pourquoi, lorsqu’un être humain est appelé par la Lumière, il lui est dit: «Bist Du dazu bereit?» [«Es-Tu pour cela prêt?»]. C’est ainsi que le Christ appelait Ses Apôtres en les tutoyant: «Viens, suis-Moi».

Il est clair que la question du «Tu» et du «vous» s’inscrit dans le vaste contexte des relations humaines en rapport avec la Loi d’Attraction du Genre Semblable. L’on peut rapprocher les problèmes qu’elle soulève de tous ceux qui ont trait aux rapports humains. Ce qu’il faut là, comme toujours, c’est avoir:

L’attitude juste

Le plus souvent, tutoyer autrui ou être tutoyé par lui implique la réciprocité. Il est donc, en tant qu’évidence naturelle, préférable de s’abstenir de tutoyer les gens par qui l’on ne souhaite pas être tutoyé et de ne pas accepter le tutoiement de ceux que l’on ne veut pas tutoyer.

En dépit de cela, il arrive fréquemment que des gens s’obstinent à vous tutoyer, alors que vous, vous les vouvoyez. Il ne faut surtout pas céder. C’est à eux (s’ils en sont capables!) de comprendre, mais même si leur tu es ressenti de façon désagréable et empiétante, ce n’est pas pour autant que l’on se lie à eux. En effet, pour être lié, il faut que le lien soit fixé aux deux extrémités tant que vous refusez le tutoiement de ceux avec qui vous ne souhaitez pas vous lier leurs fils pendent mais ne trouvent pas d’ancrage: Le «vous» repousse! Il ne faut jamais hésiter à trancher avec ce qui est faux.

Un cas particulier

Celui de la créature face à son Créateur. Nous l’avons déjà effleuré tout à l’heure. L’on conçoit sans peine que le Créateur puisse tutoyer Ses créatures sans courir le risque de Se lier à elles! L’idée même en est irrésistiblement comique. La même chose doit être conçue en ce qui concerne les Êtres Divins incarnés sur la Terre ou même les esprits d’un genre supérieur. Point de danger pour eux non plus.

Lorsque, au moment du Jugement, le Souverain Juge posera la question fatidique, Il demandera, non point «Comment êtes-vous, être humain?» mais bien: «Comment es-Tu, être humain?». Toi, c’est-à-dire Ton «Je». C’est direct.

Nous-mêmes pouvons tutoyer notre Créateur! Ce n’est ni un manque de respect ni un manque d’appréciation de l’incommensurable distance existant entre Lui et nous. C’est simplement l’expression du désir de trouver la Liaison avec l’Omniprésence de Dieu. C’est pourquoi, dans les prières qui, comme le «Notre Père» nous ont été données, l’on trouve le «Tu» et non le «vous»: «Notre Père Qui est aux Cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ton Règne arrive, que Ta Volonté soit faite», etc. L’étendue naturelle qui existe entre Dieu et nous est suffisamment vaste, sans qu’il soit nécessaire de dresser, encore en plus, des barrières pas du tout indispensables.

Sanctifier le Tutoiement

Ce n’est donc pas de ne pas du tout utiliser le Tutoiement qui est spirituellement souhaitable mais bien de rigoureusement le sanctifier. Le chercheur sérieux doit, là aussi, faire ses expériences et peut-être se rendre compte que, dans le contexte actuel, sanctifier revient à ne pas l’utiliser ou fort peu. La difficulté vient du fait que la plupart des aspirants à la Vérité, avant d’avoir effectué leur prise de conscience, ont contracté de multiples liens et pris la néfaste habitude de tutoyer quantité de personnes qui n’auraient jamais dû l’être. Il ne s’agit pas de mettre fin à cela d’une manière brutale et artificielle, mais, désormais, de construire du Nouveau, d’une manière réfléchie et grave.  Alors, chacun de nos «Tu», ainsi sanctifiés sera une invite à une compréhension toujours plus profonde de notre prochain.

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Petit Prince

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