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Réincarnation et absence
de souvenirs
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André FISCHER
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Le mot «réincarnation» suscite des réactions très diverses. Rarement c’est l’indifférence, le plus souvent l’approbation, qui s’accompagne étrangement d’une certaine Joie.
Mais, la plupart du temps, le mot suscite le rejet! Si l’on demande la raison, l’on entend presque toujours la même objection: «S’il y avait une réincarnation, l’on devrait tout de même pouvoir se souvenir des vies antérieures!».
Absolument illogique cette objection ne l’est pas forcément. A titre de comparaison: nous considérons comme vrais des événements passés de notre vie actuelle, par exemple des voyages, des rencontres ou des incidents, précisément parce que nous pouvons nous en souvenir. Si, en revanche, nous ne les retrouvons pas dans notre mémoire, nous avons aussitôt un certain doute quant à leur authenticité.
Mais, dans le cas de la réincarnation, la situation est différente, car le {fait de} ne pas se souvenir des phases antérieures de l’existence n’est pas la preuve d’une vie terrestre unique de notre moi, mais a une raison sérieuse et profonde. Pour la comprendre, nous devons d’abord chercher à saisir clairement le sens de la vie terrestre.
Ce n’est qu’alors que la lumière sera faite sur le {fait de} ne pas se souvenir. Un «fait»? Pas tout à fait! Il existe, en effet, de nombreux cas de personnes qui se souviennent de leurs vies antérieures, et souvent de manière très précise. Mais il faut reconnaître qu’il s’agit d’un petit nombre d’exceptions… même si un seul cas de rappel – si l’on veut être rigoureux – suffit à prouver la possibilité de vies antérieures.
Pour être tout à fait honnête, ne devons-nous pas admettre que presque tout le monde a déjà perçu en lui une sorte de reconnaissance de ce qu’il a déjà vécu? La plupart du temps, ces faibles «faux souvenirs» sont rejetés sans autre forme de procès ou classés dans le domaine de l’insignifiant en tant qu’états de conscience insignifiants.
Est-ce bien normal? Ou bien le processus, aussi imprécis soit-il, ne devrait-il pas être pris plus au sérieux? Maintenant, si nous essayons de comprendre un peu plus clairement le sens de la vie terrestre, nous pourrons également mieux répondre à cette question.
(…) Une vie terrestre s’effectue par l’incarnation d’une âme dans un corps humain {gros-}matériel. L’origine du corps est bien connue. Mais d’où vient l’âme? D’où vient son noyau, l’esprit humain vivant?
Le Noyau spirituel est l’être humain proprement dit, le porteur de sa personnalité. Il provient des incommensurables Hauteurs du Royaume spirituel en tant que graine d’esprit non développée, mais capable de se développer. La migration à travers la matière, par le biais de l’incarnation dans un corps {gros-}matériel, lui donne la possibilité de s’éveiller et d’évoluer vers une personnalité spirituelle consciente.
La vie terrestre est donc un processus de formation qui, s’il est utilisé sérieusement et correctement, offre à l’esprit humain la possibilité de retourner dans sa haute Patrie en tant qu’esprit pleinement mûr et utilisable, afin de pouvoir participer à l’activité qui s’y déroule.
Le développement complet d’une disposition spirituelle – et il y en a plusieurs qui reposent dans un germe d’esprit – ne peut pas s’accomplir en une seule vie terrestre. Elle est trop courte pour cela! L’épanouissement et la consolidation exigent beaucoup plus de temps, qui ne peut être donné qu’au cours de plusieurs vies terrestres successives, dix, vingt et même plus… [NDLR: Il semble que le nombre d’une cinquantaine d’incarnations soit souvent atteint et même dépassé…]
Malgré les différents corps qui sont habités à chaque fois, c’est toujours le même Noyau spirituel qui revient, qui vit, reconnaît et s’approprie de nouvelles choses afin de continuer à les mûrir et à les consolider lors de la prochaine incarnation.
Le fait que chaque enfant apporte déjà son propre caractère indique une sorte de modelage par les vies antérieures. La ressemblance de caractère avec les parents n’est pas héréditaire (ce qui serait injuste!), mais se produit par l’attraction de ce qui est semblable pendant la grossesse. Cette location de l’acquis caractériel est une preuve de l’existence antérieure, aussi importante que le serait le souvenir de certains événements antérieurs.
Mais venons-en au voile qui recouvre le souvenir et qui nous empêche de voir clairement nos vies passées. Ce voile a-t-il un sens?
Prenons le cas d’une vie terrestre antérieure particulière d’un esprit humain. Il est en pleine évolution. Certaines choses se sont éveillées en lui, dans le savoir, dans le vouloir, dans le pouvoir. Certaines d’entre elles n’ont plus qu’à être consolidées, d’autres, par contre, ne sont, pour l’instant, que partiellement développées, et d’autres encore viennent d’être éveillées.
Comme le développement complet et la pleine conscience de soi sont nécessaires pour le retour dans le Royaume Spirituel, d’autres vies terrestres sont encore nécessaires par des réincarnations. L’essentiel est que l’éveillé vive et reste actif dans la personnalité qui se forme lentement.
Cette action continue, cette persistance de la personnalité propre est un «rappel» de type supérieur de ce qui a été «rappelé» dans le passé, donc «travaillé» à l’«intérieur».
Mais, en même temps, il se passe quelque chose d’autre, qui est d’une importance décisive! Dans son évolution, la libre volonté de l’esprit choisit des chemins qui sont en partie droits, en partie détournés, et ce faisant, il rencontre constamment d’autres êtres humains avec lesquels il noue des relations! Celles-ci sont en partie positives, mais aussi en partie négatives. Cela signifie qu’il fait du bien aux autres, mais qu’il peut aussi commettre des erreurs à leur égard, les faire souffrir, leur causer des dommages terrestres ou spirituels. Il engendre donc de bons et de mauvais fils du destin, qui sont tous soumis à la juste Loi de l’Effet de Réciprocité correspondant.
Dans le cycle de la Fonction de Réciprocité, les bons fils s’élèvent vers les Hauteurs et peuvent être récoltés en temps voulu, tandis que les mauvais fils s’attachent aux êtres humains lésés, empêchent toute Ascension et doivent être dénoués par réparation. Cet événement se déroule de manière immuable et dans une Justice absolue.
Le {fait de} ne pas se souvenir joue ici un important rôle! Si l’être humain connaissait toutes ses fautes, certains se décourageraient et se désespéreraient face à la montagne de culpabilité.
Il en est épargné par le fait de ne pas se souvenir, avec Bonté. Les rétroactions elles-mêmes sont réparties et mesurées par les radiations des étoiles à de larges intervalles de temps, de sorte qu’en temps normal, l’être humain n’est jamais écrasé par la gravité des rétroactions, il peut donc les maîtriser et les remplacer une à une. S’il savait, en se souvenant, à quelle personne il est lié par le destin, il ne se concentrerait que sur ces personnes et laisserait de côté toutes les autres. Il passerait ainsi à côté d’un nombre infini d’impulsions de développement!
Le {fait de} ne pas se souvenir l’oblige cependant à se dire, à chaque situation et à chaque rencontre: il peut y avoir là la possibilité de remplacer une fonction de réciprocité!
Il est ainsi incité à être prêt, dans chaque situation de vie, à faire du bien à son prochain, à l’aider, à l’encourager, ce qui permet de créer une vie commune harmonieuse, paisible et constructive, qui sert de manière juste le grand sens de la vie qu’est le développement!
Le {fait de} ne pas se souvenir des différents méfaits commis dans les vies antérieures terrestres exige de l’être humain qu’il prenne au sérieux toutes les autres vies dans toutes leurs parties et tous leurs moments! C’est précisément cette obligation de prendre les choses au sérieux, avec une attention et une disponibilité toujours tendues, qui est le plus grand promoteur de son nécessaire développement de la conscience de soi et le plus grand secours pour détacher avec conviction (et sans calcul) les mauvais fils du destin.
Le {fait de} ne pas se souvenir des vies terrestres antérieures n’est pas une preuve de leur inexistence, mais un indice supplémentaire de la Bonté et de la suprême Sagesse du Créateur! Sa Justice ne pourrait pas non plus se manifester s’il n’y avait pas la possibilité de mûrir et de se détacher par des vies terrestres répétées! Celui qui réfléchit sérieusement à ces processus parviendra de lui-même à cette conclusion et accordera plus de valeur à sa vie terrestre actuelle, lui accordera plus de respect et saura aussi y trouver plus de Profit et de Bonheur.
23.12.87.
A.F.
Titre original: « Wiederinkarnierung und Nichterinnern ».
– Traduit de l’allemand –
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Merci pour cet exposé si riche de contenu qui nous permet de mieux tirer un bénéfice spirituel de notre présent séjour terrestre.
Aujourd’hui, en lisant ce bel article d’André Fischer, il m’est venu que le terme ‘’vie antérieure’’ ne peut avoir reçu son impulsion et sa matérialisation terrestre que de l’intellect et des sentiments. L’esprit vit toujours et ne s’arrête pas de vivre, de sorte que l’on pourrait parler de ses vies antérieures. Il devient donc normal que l’intellect – qui l’a formulé ainsi – la rejette aussitôt, car non seulement il n’a pas de vie propre, mais, en plus, il n’est que animé en cette vie présente et n’a d’ailleurs rien à voir avec un séjour antérieur de son maître.
Pour savoir si l’être humain a un ou des séjours antérieurs, il aurait fallu aller questionner l’intellect qu’il porta en ce séjour ou ces autres séjours anciens, or au moment où l’intellect présent pose une telle question, l’ancien ou les anciens intellects qui a/ont accompagné l’esprit dans ce ou ces séjours antérieurs, s’est ou se sont déjà depuis décomposés en particules élémentaires.
L’esprit ne se pose jamais une telle question, car s’il est encore vivant, il le sait tout simplement.
Si l’esprit avait conduit cette préoccupation légitime de l’être humain de la Terre, je pense que l’expression ‘’séjours terrestres antérieurs’’ aurait été plus appropriée. Oui, l’esprit peut avoir, dans certaines circonstances, le souvenir de ses séjours antérieurs qui reposent en lui, jamais l’intellect.
Je suis donc d’accord avec Joël Corbet lorsqu’il parle aussi de séjour terrestre dans sa réponse, que je n’ai vue qu’après avoir complètement rédigé ma réponse.
Mais cette vie de l’esprit, il doit se hâter de la transformer en flamme ardente de vénération de Son Dieu s’il ne veut pas s’éteindre et ouvrir pour lui-même, le chemin vers la damnation (décomposition atroce de la fausse personnalité) spirituelle, synonyme de son effacement du Livre de la vie.
Qu’est-ce que l’esprit doit-il donc faire pour se transformer en flamme ardente?
A la réflexion si souvent répétée de ceux qui doutent de la réalité des vies
antérieures (ou séjours terrestres), du fait que l’on ne se souvient pas(!), ce texte d’André Fischer répond clairement et simplement à ce sujet.
D’ailleurs, comme vous le dites, le questionnement de l’intellect à ce sujet est complètement inopérant, de par sa nature ce dernier se dissout après chaque séjour terrestre.
Dans ce contexte, nous nous pouvons citer le cas des enfants qui se souviennent précisément d’un endroit géographique avec détails à l’appui, alors que, dans la présente incarnation, ils n’ont jamais été à cet endroit.
« Que l’esprit doit-il faire pour se transformer en « flamme ardente »?
Que chaque jour qui passe nous permettre de gravir une marche, si modeste soit-elle, vers notre Patrie d’origine!
Merci pour votre commentaire.