La touchante histoire d’Esther
L’histoire se déroule après la destruction du premier Temple de Jérusalem et l’exil à Babylone. Un demi-siècle environ après la victoire de Nabuchodonosor sur le Royaume d’Israël, son empire babylonien tombe, à son tour, aux mains de l’empereur Cyrus II de Perse. Bien que l’empereur Cyrus II ait autorisé le retour des Juifs en Judée (en l’an 538 avant J.-C.), beaucoup de Juifs ont continué à vivre en diaspora, dans l’empire perse. Le récit d’Esther se place à cette époque, à la cour du roi de Perse.
Présentation courte
Le Livre d’Esther est l’un des livres de l’Ancien Testament, qui raconte une histoire de Providence Divine, de Courage, débouchant sur le Sauvetage du Peuple juif. Se déroulant dans l’antique Perse (actuel Iran), ce récit rapporte l’histoire d’une jeune femme juive nommée Esther, qui – suite à un concours de circonstance – devient rien moins que … la reine de la Perse!
Le livre commence par rapporter que le roi perse Assuérus (aussi appelé Xerxès Ier – ou Xerxès II? -) a organisé un grand festin pour ses nobles et ses officiers. Lorsque la reine Vasthi refuse d’obéir à son ordre de paraître avec sa couronne, elle est déposée de son titre et le roi cherche une nouvelle reine parmi les jeunes femmes vierges de l’empire.
Hadassah (son nom juif) – ou Esther (son nom perse) -, une jeune orpheline juive élevée par son cousin Mardochée plus âgé qu’elle, est parmi les candidates présentées au roi. Sa beauté et sa grâce captivent le roi, et elle est choisie comme nouvelle reine, bien que – sur les conseils de Mardochée – elle garde secrète son identité juive .
L’intrigue du livre prend un aspect dramatique lorsque Haman, un haut fonctionnaire enténébré de la cour, complote pour parvenir à l’anéantissement de tous les Juifs de l’empire perse. Informé de ce complot par Mardochée, Esther est incitée par lui à risquer sa vie en intercédant auprès du roi pour sauver son peuple.
Esther, avec courage et sagesse, organise un banquet pour le roi et Haman, où elle révèle le complot de Haman et plaide pour la vie de son peuple. Le roi, charmé par Esther et choqué par la traîtrise de Haman, le condamne à la potence (celle-là même qu’il destinait à Mardochée!) et autorise les Juifs à se défendre contre leurs ennemis.
Ce récit exalte la Protection miraculeuse des Juifs vis-à-vis de la destruction et instaure la Fête de Pourim (« Pour » signifie « tirage au sort »), commémorant cet événement, comme une joyeuse Fête et un rappel de la Longanimité de Dieu envers Son Peuple.
Le Livre de la Bible « Esther » met en lumière la Providence Divine, la Justice, le Courage et la Fidélité. Il propose aussi – à qui veut bien s’en saisir – des Leçons de vie sur la Vertu de la Persévérance dans l’adversité et sur Valeur de la Confiance en Dieu, en particulier lorsque la détresse est maximale….
Présentation plus développée
Esther est la jeune femme juive qui, devenue reine de la Perse, a sauvé son peuple d’un complot meurtrier visant à l’anéantir. Son histoire est rapportée dans le Livre d’Esther dans l’Ancien Testament qui porte son nom. La fête juive de Pourim célèbre cette miraculeuse délivrance des Juifs, alors menacés d’anéantissement total. Il est évident que Dieu a utilisé Esther pour protéger les Juifs et permettre l’Incarnation de Son Fils Jésus, qui, autrement, en fonction des Lois, aurait été impossible!
L’histoire d’Esther commence par un banquet royal. Le roi Assuérus (par les historiens aussi appelé Xerxès) était le fils du célèbre roi de Perse Darius 1er, mentionné dans Esdras IV, 24, V, 5-7, VI, 1-15, Daniel VI, 1.25, Aggée I, 15 et II, 10. L’année où cet épisode est survenu entre Esther et le roi Assuérus était vers l’an – 483 avant Jésus-Christ. L’empire du roi Assuérus était immense; jusqu’ici il n’y en avait jamais eu d’aussi vaste. La Perse recouvrait le territoire aujourd’hui occupé par la Turquie, l’Iran, le Pakistan, la Jordanie et l’Arabie Séoudite. Le roi Xerxès aimait à afficher publiquement sa richesse et son pouvoir, ce qui se faisait par des festivités et des festins pouvant durer … 180 jours! Pendant le festin mentionné en Esther I, 10-11, le roi a demandé à la reine Vasthi d’apparaître devant les officiers pour leur montrer sa grande beauté en portant sa couronne. La roi voulait-il que la reine apparaisse nue, habillée de sa seule couronne?, le Livre d’Esther ne le dit pas. Toujours est-il que la reine Vasthi refusa d’accéder à la demande du roi et donc de paraître, ce qui provoqua la colère royale. Le roi Assuérus a alors consulté ses conseillers, qui lui ont affirmé que Vasthi avait ainsi lésé tous les peuples de la Terre. Ils craignaient que les femmes perses entendent parler du refus de Vasthi d’obéir à son mari et se mettent aussi à mépriser leur époux respectif. Ils ont aussi suggéré que le roi publie un décret dans tout l’empire selon lequel Vasthi ne paraîtrait plus jamais plus devant lui. Cela plut au roi, et l’édit fut proclamé dans toutes les langues des différentes provinces.
Lorsque Vasthi fut évincée, le roi se retrouva sans reine. Les assistants du roi ont suggéré qu’il fasse mener une recherche visant à trouver de belles vierges dans l’ensemble de l’empire afin de trouver une nouvelle reine. Cela rappelle donc, plus de deux mille ans plus tôt, l’histoire de Cendrillon. L’historien juif Flavius Josèphe raconte que le roi Assuérus a choisi un nombre total de 400 femmes (!) pour remplir le harem et servir de candidates au titre de nouvelle reine (Esther II, 1-4). Ces femmes devaient passer par un an de soins de beauté avant que de rencontrer le roi (verset 12). Esther, une Juive dont le nom hébreu était Hadassah, a été choisie pour en faire partie (verset 8).
Jusqu’au moment où les vierges devaient être présentées aux rois, elles demeuraient dans le harem, aux bons soins d’Hégaï (Esther II, 8); après leur rendez-vous, du fait qu’elles n’étaient plus vierges, elles étaient transférées à l’endroit mis à part pour accueillir les concubines – ou maîtresses – où elles étaient confiées à la garde d’un autre eunuque, nommé Shaashgaz (verset 14).
Esther avait vécu dans la citadelle de Suse, où le roi avait aussi vécu. Elle était la cousine (« fille de son oncle ») d’un Benjaminite nommé Mardochée, qui était aussi son protecteur, l’ayant adoptée comme sa propre fille quand ses parents étaient morts. Mardochée jouait un certain rôle officiel au sein du gouvernement perse (Esther II, 19). Lorsque Esther a été choisie comme candidate pour être reine, Mardochée l’a incitée à ne pas révéler sa Judaïté (verset 10). Il se rendait aussi quotidiennement au harem pour voir si Esther allait bien (verset 11).
Lorsque ce fut le tour d’Esther d’aller avec le roi, elle «ne réclama que ce que lui conseilla Hégaï, l’eunuque du roi responsable des femmes. Elle gagnait les faveurs de tous ceux qui la voyaient» (Esther 2.15). Elle gagna aussi les faveurs du roi: Il «préféra Esther à toutes les autres femmes» et la «proclama reine» (Esther 2.7). Esther, en plus d’être «belle à tout point de vue» (verset 7), se soumettait volontiers aux recommandations des sages conseillers et faisait preuve d’un comportement docile. Il devient aussi évident que la Providence Divine était à l’Œuvre dans l’ensemble du processus.
Quelques temps plus tard, Mardochée se tenait assis à la porte du roi et a surpris une conversation portant sur un complot d’assassiner Assuérus. Il l’a rapporté à la reine Esther, qui l’a elle-même rapporté au roi en précisant qu’elle tenait l’information de Mardochée. Le complot a échoué, mais l’événement a été largement oublié (Esther II, 21-23). Mardochée et Esther honoraient le roi et voulaient le protéger de ses ennemis.
Après cela, le roi a désigné un méchant homme pour diriger ses affaires. Son nom était Haman, et il méprisait le Peuple israélite. Haman était descendant d’Agag, roi des Amalécites, un peuple qui était l’ennemi juré d’Israël depuis des générations (Exode XVII, 14-16), et la rancœur, la haine et les préjugés à l’encontre d’Israël étaient profondément ancrés chez Haman. Dans son orgueil démesuré, Haman a ordonné aux représentants de la couronne siégeant à la porte du palais de s’agenouiller et de l’honorer, mais Mardochée a refusé. Les représentants royaux en ont touché mot à Haman, certains que Mardochée était juif. Haman avait fait le vœu, non seulement de punir Mardochée, mais d’«exterminer tous les Juifs installés dans tout le royaume d’Assuérus, à savoir le peuple de Mardochée» (Esther III, 6). Le roi Assuérus a permis à Haman de faire comme il l’entendait en la matière et un décret a été transmis à toutes les provinces qu’un certain jour, décidé par tirage au sort (ou pourim), le peuple devait «exterminer, massacrer et supprimer tous les Juifs, jeunes et vieux, petits enfants et femmes, et procéder au pillage de leurs biens» (Esther III, 13). Le peuple était dans la peur, et l’on mena grand deuil parmi les Juifs (Esther III, 15, 4.3).
La reine Esther n’était pas au courant du complot ourdi contre les Juifs, mais elle a compris la situation lorsque les femmes de chambre et les eunuques lui ont raconté que Mardochée était en détresse. Esther a dépêché un messager trouver ce qui n’allait pas. Mardochée a fait parvenir à sa cousine un exemplaire de l‘édit et lui a dit «de se rendre chez le roi pour lui demander grâce et plaider la cause de son peuple». Or, il existait une loi interdisant d’entrer en la présence du roi sans y avoir été invité, ce qui était le cas d’Esther, puisque le roi n’avait pas demandé à la voir depuis trente jours. Alors, elle a demandé à son porte-parole de rapporter à Mardochée qu’elle ne pouvait pas aider. La réponse de Mardochée fut: «Ne t’imagine pas que ta position au palais te permettra d’être sauvée, au contraire de tous les Juifs. En effet, si tu gardes le silence maintenant, le secours et la délivrance surgiront d’autre part pour les Juifs, tandis que ta famille et toi vous mourrez. Qui sait? Peut-être est-ce pour une circonstance telle que celle-ci que tu es parvenue à la royauté.» (Esther 4.13-14) Par un grand pas de foi, Esther a accepté. Elle a demandé à tous les Juifs de jeûner pour elle pendant trois jours, tandis qu’elle et ses femmes de chambre jeûneraient aussi. «Je pénétrerai chez le roi: j’enfreindrai la loi et, si je dois mourir, je mourrai.» (Esther 4.16).
En allant vers le roi, Esther a littéralement mis sa vie en péril, mais «elle gagna sa faveur et il lui tendit le sceptre en or qu’il tenait», en signe qu’il l’acceptait en sa présence (Esther V, 2). Alors, elle l’a invité à un banquet ce jour-là, avec Haman. Le roi a fait appeler Haman et est venu au repas, où il lui a demandé de lui demander tout ce qu’elle voulait, «même la moitié du royaume» (verset 6). Esther a invité les deux hommes à un autre banquet le lendemain, où elle présenterait sa requête (verset 8). Les deux hommes ont accepté.
Cette nuit-là, le roi a eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, si bien qu’il a ordonné qu’on lui lise les annales de son royaume. Fait à peine croyable, on lui a lu le récit de l’épisode où Mardochée avait sauvé sa vie en déjouant un complot. Pendant ce temps, Haman est rentré chez lui, a assemblé ses amis et sa femme et leur a raconté à quel point il avait été honoré, mais aussi à quel point cela lui avait assombri l’esprit de voir Mardochée sur son chemin du retour. Alors, sa femme et ses amis lui ont proposé de faire construire une potence afin d’y pendre Mardochée (Esther 5.9-14), ce qu’il a fait.
Alors que le roi se demandait pourquoi Mardochée n’avait jamais été récompensé pour son acte, Haman est venu vers lui pour lui parler de sa potence. Le roi lui a demandé son opinion sur comment traiter «un homme que le roi veut honorer» (Esther VI, 6). Pensant avec orgueil que le roi parlait de lui, Haman lui a proposé de le faire parader en ville, vêtu d’une robe royale et monté sur un cheval ayant appartenu au roi lui-même, en proclamant: «Voici comment l’on traite l’homme que le roi veut honorer!» (Esther VI, 9) Alors, le roi lui a ordonné de faire cela immédiatement pour Mardochée.
Haman a obéi au roi et honoré l’homme qu’il détestait le plus. Quand il a raconté à sa femme et à ses amis ce qui s’était passé, ils lui ont dit, avec plus de justesse qu’ils n’en avaient eux-même conscience: «Si ce Mardochée devant lequel tu as entamé ta déchéance est un Juif, tu ne pourras rien faire contre lui: tu ne pourras que perdre la partie contre lui.» (Esther 6.13) C’est alors que les eunuques du roi sont arrivés pour emmener Haman au banquet d’Esther (verset 14), où la reine a dit au roi que son peuple avait été vendu afin d’être exterminé. Avec beaucoup de respect et d’humilité, Esther a dit que s’il avait seulement été vendu en esclavage, elle ne l’aurait pas dérangé, «mais l’adversaire ne saurait compenser le préjudice ainsi causé au roi» (Esther 7.4). Le roi a été scandalisé de découvrir que quelqu’un pouvait vouloir du mal au peuple de la reine (verset 5). Alors, Esther lui a révélé l’identité de l’auteur du complot: «Haman, le misérable que voici!» (verset 7). Furieux, le roi est sorti de la salle de banquet. Haman est resté et a supplié Esther d’épargner sa vie. Quand le roi est revenu et l’ayant trouvé sur le lit d’Esther, il pensait que Haman avait agressé Esther (peut-être pour la violer?) et a ordonné qu’il soit pendu à la potence qu’il avait construite pour Mardochée (versets 8-10).
Après la mort d’Haman, le roi a fait don de tous les biens d’Haman à Esther et a remis son sceau à Mardochée, lui octroyant ainsi l’autorité détenue auparavant par Haman. Le décret publié à l’initiative de Haman était cependant irrévocable. Alors, Esther a une nouvelle fois supplié le roi d’intervenir. Le roi a ordonné la rédaction d’un autre décret pour contrer le premier, qui donnait aux Juifs le droit de se défendre contre tous ceux qui les attaqueraient. Les Juifs de toutes les provinces se sont réjouis à cette nouvelle. Il y a même eu beaucoup de conversions par crainte des Juifs. Certains de leurs ennemis les ont attaqués au jour prévu, mais les Juifs ont remporté la victoire (Esther VIII).
Moralité
La foi et le courage d’Esther attestent de sa confiance en Dieu. Sa vie nous montre que Dieu est souverain sur toute Sa Création et que Ses Lois parfaites agissent dans tous les domaines de la vie, pour que les circonstances, les hommes et les politiques gouvernementales concourent à l’accomplissement de Ses Plans. Un jour, le moment arrive où nous comprenons pourquoi nous avons dû traverser certaines expériences, faire certaines rencontres, vivre en certains lieux, entreprendre tel ou tel voyage, où toutes les pièces du puzzle s’assemblent et où nous voyons que, tout comme Esther, nous étions au bon endroit, au bon moment. Esther est entrée au harem du roi, elle est devenue reine de Perse, puis elle a été fortifiée et préparée à intercéder pour son peuple «pour une circonstance telle que celle-ci» (Esther IV, 14). Elle a fidèlement obéi. Elle avait Confiance en Dieu et L’a humblement servi, quel que soit le prix à payer. Son histoire nous rappelle la Promesse de Dieu dans l’Épître aux Romains: «Du reste, nous savons que tout contribue au Bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à Son Plan.» (VIII, 28).
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Écouter le Livre d’Esther
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Livre d’Esther selon la traduction AELF
01 C’ÉTAIT AU TEMPS D’ASSUÉRUS – cet Assuérus qui régnait sur cent vingt-sept provinces, depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie.
02 En ces jours-là, comme le roi Assuérus siégeait sur son trône royal, qui est à Suse-la-Citadelle,
03 la troisième année de son règne, il donna en sa présence un banquet pour tous ses princes et ses serviteurs, les chefs de l’armée de Perse et de Médie, les nobles et les gouverneurs des provinces.
04 Il voulait leur montrer la richesse de sa gloire royale et la splendeur de sa grande magnificence, pendant de longs jours – cent quatre-vingts jours durant.
05 Après cette période, pour toute la population de Suse-la-Citadelle, pour les gens importants comme pour les humbles, le roi donna un banquet de sept jours dans la cour du jardin du palais royal.
06 Des tentures blanches et violettes étaient attachées par des cordelières de lin et de pourpre à des anneaux d’argent et à des colonnes de marbre blanc. Pour le banquet, des lits d’or et d’argent étaient posés sur un pavement de porphyre, de marbre blanc, de nacre et de marbre noir.
07 On servait à boire dans des vases d’or de différentes formes, et le vin du roi était versé avec une libéralité royale.
08 La règle était de boire sans contrainte, car le roi avait ordonné à tous les maîtres d’hôtel de servir selon le bon plaisir de chacun.
09 La reine Vasti avait également organisé un banquet pour les femmes dans le palais du roi Assuérus.
10 Le septième jour, alors que le roi avait le cœur joyeux sous l’effet du vin, il donna l’ordre à Mehoumane, à Bizzeta, à Harbona, à Bigta, à Abagta, à Zétar, à Karkas – les sept eunuques qui étaient au service du roi Assuérus –
11 de faire venir devant le roi la reine Vasti, portant sa couronne royale, pour montrer sa beauté aux peuples et aux princes, car elle était agréable à voir.
12 Mais la reine Vasti refusa de venir selon l’ordre du roi transmis par les eunuques. Le roi en fut très irrité et sa colère s’enflamma.
13 Le roi s’adressa alors aux sages qui avaient la connaissance des temps, – car toute affaire royale devait aller devant les spécialistes de la loi et du droit.
14 Les plus proches étaient Karshena, Shétar, Admata, Tarshish, Mérès, Marsena, Memoukane, les sept chefs de Perse et de Médie qui voyaient la face du roi et siégeaient au premier rang du royaume. Il leur dit:
– 15 «Que faire, conformément à la loi, pour punir la reine Vasti de n’avoir pas obéi à l’ordre d’Assuérus transmis par les eunuques?».
16 Memoukane prit la parole en présence du roi et de ses princes:
– «Ce n’est pas seulement contre le roi que la reine Vasti a mal agi, mais contre tous les princes et contre tous les peuples dans toutes les provinces du roi Assuérus.
17 Car son attitude sera connue de toutes les femmes et leur fera mépriser leurs maris, quand on leur dira: “Le roi Assuérus avait ordonné de faire venir la reine Vasti en sa présence, et elle n’est pas venue!”.
18 Et dès aujourd’hui, les princesses de Perse et de Médie qui auront entendu parler de l’attitude de la reine vont se mettre à répliquer à tous les princes du roi. Ce ne seront que mépris et colère!
19 Si le roi le trouve bon, qu’il publie une ordonnance royale qui sera inscrite dans les lois de Perse et de Médie, et sera irrévocable: selon cette ordonnance, Vasti ne paraîtra plus en présence du roi Assuérus, qui donnera son titre de reine à une autre, meilleure qu’elle.
20 Et le décret que le roi aura publié sera connu dans tout son royaume – et il est grand! Alors, toutes les femmes auront du respect pour leurs maris, du plus important au plus humble.».
21 La proposition plut au roi et aux princes, et le roi agit selon les conseils de Memoukane.
22 Il envoya des lettres dans toutes ses provinces, pour chaque province selon son écriture, et pour chaque peuple selon sa langue, afin que tout homme, parlant la langue de son peuple, fût maître dans sa maison.
Livre 2
01 Après ces événements, quand la colère du roi Assuérus se fut apaisée, il se souvint de Vasti, de sa conduite et des décisions prises à son sujet.
02 Les gens qui étaient au service du roi dirent alors:
– «Qu’on cherche pour le roi des jeunes filles vierges, agréables à voir;
03 qu’il établisse dans toutes les provinces de son royaume des commissaires, pour rassembler à Suse-la-Citadelle, dans la maison des femmes, toutes les jeunes filles vierges et agréables à voir, sous l’autorité de Hégué, eunuque du roi, gardien des femmes, qui leur donnera ce qui est nécessaire à leur toilette.
04 La jeune fille qui plaira au roi deviendra reine à la place de Vasti.».
Le conseil plut au roi, et il le suivit.
05 Or il y avait dans Suse-la-Citadelle un Juif du nom de Mardochée, fils de Jaïre, fils de Shiméï, fils de Qish, homme de Benjamin;
06 il avait été emmené de Jérusalem par le roi de Babylone Nabuchodonosor, parmi les captifs déportés avec Jékonias, roi de Juda.
07 Il élevait alors Hadassa – c’est Esther –, fille de son oncle, qui était orpheline de père et de mère. La jeune fille avait belle prestance et elle était agréable à voir. À la mort de son père et de sa mère, Mardochée l’avait adoptée comme fille.
08 Lorsque furent connus l’ordre du roi et son édit, de nombreuses jeunes filles furent rassemblées à Suse-la-Citadelle, sous l’autorité de Hégué. Esther fut choisie parmi elles et conduite dans la maison du roi, sous l’autorité de Hégué, gardien des femmes.
09 La jeune fille lui plut et gagna sa faveur. Il se hâta de lui donner ce qui était nécessaire à sa toilette et à sa subsistance, il lui attribua sept suivantes, venant de la maison du roi, et l’installa avec ses suivantes dans le meilleur appartement de la maison des femmes.
10 Esther n’avait révélé ni son peuple ni son origine, car Mardochée le lui avait interdit.
11 Chaque jour, Mardochée passait devant la cour de la maison des femmes, pour savoir comment allait Esther et comment on la traitait.
12 Chaque jeune fille devait se présenter à son tour au roi Assuérus, au terme d’une année, où elle avait accompli son temps réglementaire de préparation: pendant six mois, elle usait d’huile de myrrhe, et, pendant six mois, de baumes et de crèmes de beauté pour les femmes.
13 Quand elle se présentait au roi, chaque jeune fille obtenait tout ce qu’elle demandait pour l’emporter avec elle en passant de la maison des femmes au palais royal.
14 Elle s’y rendait le soir et, le lendemain matin, elle passait dans la seconde maison des femmes, sous l’autorité de Shaashgaz, l’eunuque royal chargé des concubines. Elle ne revenait pas chez le roi, à moins que le roi ne la désire et ne la rappelle nommément.
15 Pour Esther, fille d’Abihaïl, l’oncle de ce Mardochée qui l’avait adoptée comme fille, quand vint le tour de se rendre chez le roi, elle ne demanda rien d’autre que ce qu’avait indiqué Hégué, l’eunuque du roi, gardien des femmes. Et Esther gagnait la bienveillance de tous ceux qui la voyaient.
16 Esther fut amenée au roi Assuérus, au palais royal, au dixième mois, qui est le mois de Téveth, la septième année de son règne.
17 Et le roi la préféra à toutes les autres femmes. Elle gagna sa bienveillance et sa faveur plus que toutes les autres jeunes filles. Il mit sur sa tête la couronne royale et la fit reine à la place de Vasti.
18 Le roi fit alors un grand banquet pour ses princes et ses serviteurs, le banquet d’Esther. Il accorda des allégements aux provinces et fit des largesses avec une libéralité royale.
19 Esther, en passant comme les jeunes filles dans la seconde maison des femmes,
20 n’avait révélé ni son origine ni son peuple, comme le lui avait ordonné Mardochée: elle exécutait l’ordre de Mardochée, comme au temps où elle était sous sa tutelle.
21 En ces jours-là, tandis que Mardochée était assis à la porte du roi, Bigtane et Tèresh, deux eunuques du roi qui faisaient partie de la garde du seuil, furent irrités et cherchèrent à porter la main sur le roi Assuérus.
22 L’affaire fut connue de Mardochée, qui la révéla à la reine Esther, et celle-ci en informa le roi au nom de Mardochée.
23 Le fait ayant été vérifié et reconnu exact, les deux hommes furent pendus à une potence. L’histoire fut relatée dans le livre des Chroniques royales.
Livre 3
01 Après ces événements, le roi Assuérus distingua Amane, fils de Hamdata, du pays d’Agag; il l’éleva en dignité et lui accorda la prééminence sur tous les princes, ses collègues.
02 Tous les serviteurs du roi, qui étaient de service à la porte du roi, s’agenouillaient et se prosternaient devant Amane. Ainsi en avait ordonné le roi. Mais Mardochée ne s’agenouillait pas et ne se prosternait pas.
03 Et les serviteurs du roi qui étaient de service à la porte du roi dirent à Mardochée:
– «Pourquoi transgresses-tu l’ordre du roi?».
04 Mais ils avaient beau le lui répéter tous les jours, il ne les écoutait pas. Ils le dénoncèrent à Amane, pour voir si Mardochée persisterait dans son attitude. Il leur avait fait connaître en effet qu’il était juif.
05 Amane constata que Mardochée ne s’agenouillait pas et ne se prosternait pas devant lui, et il fut rempli de fureur.
06 Comme on lui avait appris de quel peuple était Mardochée, il dédaigna de porter la main sur lui seul, et il résolut de faire disparaître, avec Mardochée, tous les Juifs qui étaient établis dans tout le royaume d’Assuérus.
07 L’an douze du règne d’Assuérus, au premier mois, qui est le mois de Nissane, on tira au sort, nommé le «Pour», en présence d’Amane, chaque jour et chaque mois. Le sort tomba sur le douzième mois, qui est le mois nommé Adar.
08 Amane dit au roi Assuérus:
– «Il y a un peuple à part, dispersé au milieu des peuples, dans toutes les provinces de ton royaume. Ses lois ne ressemblent à celles d’aucun autre peuple, et ils n’observent pas les lois du roi. Le roi n’a pas intérêt à les laisser en paix.
09 S’il plaît au roi, qu’il donne par écrit l’ordre de les faire périr, et sur leurs biens je ferai compter par les fonctionnaires dix mille talents d’argent à remettre au trésor royal.».
10 Le roi ôta alors son anneau de sa main, et le donna à Amane, fils de Hamdata, du pays d’Agag, l’ennemi des Juifs.
11 Le roi dit à Amane:
– «Je t’abandonne l’argent, le peuple aussi, pour en faire comme bon te semblera.».
12 Les scribes du roi furent alors appelés, le treizième jour du premier mois et, tout ce qu’Amane avait ordonné, on l’écrivit aux satrapes du roi, aux gouverneurs qui étaient dans chaque province, aux princes de chaque peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue. On écrivit au nom du roi Assuérus et on scella le document avec l’anneau royal.
13 Et des lettres furent envoyées, par l’entremise de courriers, à toutes les provinces royales, ordonnant d’exterminer, de tuer, de faire périr tous les Juifs, depuis les jeunes jusqu’aux vieillards, les femmes comme les enfants, en un seul jour, le treizième jour du douzième mois, qui est le mois nommé Adar, et de piller leurs biens.
13A Voici le texte de cette lettre: Le grand roi Assuérus, aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui vont de l’Inde à l’Éthiopie, et aux chefs de district, leurs subordonnés, écrit ce qui suit:
– 13B «Placé à la tête de nations nombreuses et maître de toute la terre, j’ai voulu, sans me laisser griser par l’orgueil du pouvoir, gouverner avec bienveillance et modération, assurer à mes sujets en tout temps une vie calme, donner au royaume les bienfaits d’une libre circulation jusqu’aux frontières, restaurer la paix que tous les hommes désirent.
13C Lorsque j’ai consulté mes conseillers pour parvenir à cette fin, l’un d’entre eux à qui la sagesse, l’indéfectible dévouement, l’inébranlable fidélité, ont valu la seconde place dans le royaume, Amane,
13D nous a révélé qu’à toutes les populations répandues dans le monde se trouve mêlé un peuple hostile, opposé par ses lois à toute nation, des gens qui rejettent continuellement les ordonnances royales, au point de faire obstruction au gouvernement commun qu’à la satisfaction générale nous maintenons dans la bonne direction.
13E Nous avons donc reconnu que cette nation, et elle seule, s’oppose constamment à tous les hommes, se met à part en vivant selon des lois étrangères, qu’elle a des sentiments hostiles à notre gouvernement et qu’elle commet les pires méfaits, jusqu’à compromettre la stabilité du royaume.
13F Pour ces motifs, nous ordonnons que ceux qui sont désignés par les documents d’Amane, lequel est commis aux soins de nos intérêts et qui est pour nous un second père, soient exterminés par l’épée de leurs ennemis, tous, femmes et enfants inclus, sans aucune pitié ni ménagement, le quatorzième jour du mois nommé Adar, douzième mois de l’année en cours.
13G Ainsi, ces opposants d’hier et d’aujourd’hui seront, en un seul jour, précipités violemment au séjour des morts et, pour les temps à venir, la stabilité et la tranquillité nous seront définitivement assurées.».
14 La copie de ce document, destiné à être promulgué comme loi dans chaque province, fut publiée dans toutes les populations, afin qu’elles soient prêtes pour le jour dit.
15 Sur l’ordre du roi, les courriers partirent en hâte. La loi fut publiée à Suse-la-Citadelle. Le roi et Amane étaient assis et buvaient, tandis que la ville de Suse était bouleversée.
Livre 4
01 Dès qu’il apprit tout ce qui venait d’arriver, Mardochée déchira ses vêtements, se couvrit de cendre et d’une toile à sac. Il parcourut la ville en poussant un grand cri de douleur.
02 Il alla jusqu’en face de la porte du roi, que nul ne pouvait franchir revêtu d’une toile à sac.
03 Dans toutes les provinces, partout où étaient parvenus l’ordre du roi et son édit, ce fut parmi les Juifs un grand deuil: jeûne, larmes, lamentations; beaucoup se couchèrent sur le sac et la cendre.
04 Les servantes d’Esther, ainsi que ses eunuques, l’avertirent, et la reine en fut toute bouleversée. Elle fit envoyer des vêtements à Mardochée, pour qu’il les mette et enlève son sac, mais il refusa.
05 Esther appela Hatak, l’un des eunuques que le roi avait placés auprès d’elle, et lui donna l’ordre d’aller trouver Mardochée pour savoir ce qui se passait, et les raisons de sa conduite.
06 Hatak se rendit auprès de Mardochée, sur la place de la ville, en face de la porte du roi.
07 Mardochée l’informa de tout ce qui lui était arrivé, et du montant de la somme d’argent qu’Amane avait proposé de verser au trésor royal, en échange de l’extermination des Juifs.
08 Il lui remit une copie de l’édit promulgué à Suse pour les anéantir. Il chargea Hatak de le montrer à Esther, pour qu’elle soit informée. Il enjoignait à la reine d’aller chez le roi pour implorer sa grâce et plaider devant lui la cause de son peuple.
– 8A «Souviens-toi des jours où tu n’étais rien, où je te nourrissais de ma main! Car Amane, le second personnage du royaume, nous a accusés pour nous faire mourir.
8B Invoque le Seigneur, parle de nous au roi, délivre-nous de la mort.».
09 Hatak revint et rapporta à Esther les paroles de Mardochée.
10 Elle ordonna à Hatak de lui répondre:
– 11 «Tous les serviteurs du roi et les habitants des provinces royales savent bien que, pour quiconque, homme ou femme, qui se rend auprès du roi dans la cour intérieure sans avoir été convoqué, il n’y a qu’une seule loi: la mort. Sauf celui auquel le roi tend son sceptre d’or: il a la vie sauve. Moi-même, cela fait trente jours que je n’ai pas été convoquée chez le roi.».
12 Les paroles d’Esther furent transmises à Mardochée
13 qui lui fit répondre à son tour:
– «Ne t’imagine pas que, parce que tu es dans la maison du roi, tu en réchapperas, seule parmi les Juifs.
14 Car si tu persistes à te taire aujourd’hui, c’est d’un autre lieu que viendront pour les Juifs soulagement et délivrance, et toi et la maison de ton père, vous périrez. Qui sait si ce n’est pas en vue d’une circonstance comme celle-ci que tu as accédé à la royauté?».
15 Esther fit répondre à Mardochée:
– 16 «Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse. Jeûnez pour moi, ne mangez pas, ne buvez pas pendant trois jours, nuit et jour. Moi, je jeûnerai aussi avec mes servantes. C’est alors que j’irai chez le roi, en dépit de la loi, et s’il faut périr, je périrai.».
17 Mardochée se retira et fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné.
17A Alors, Mardochée pria le Seigneur en rappelant toutes ses œuvres:
– 17B «Seigneur, Seigneur, Roi souverain de l’univers, tout est soumis à ton pouvoir, personne ne peut s’opposer à toi quand tu veux sauver Israël.
17C C’est toi qui as fait le ciel et la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel. Tu es le Seigneur de l’univers, et il n’est personne qui puisse te résister, Seigneur.
17D Tu le sais, ô Seigneur, toi qui connais tout: ce n’est pas insolence, orgueil ou vanité, si j’ai refusé de me prosterner devant l’orgueilleux Amane. – Volontiers je lui baiserais les pieds pour le Salut d’Israël.
17E Mais j’ai refusé pour ne pas mettre la gloire d’un homme plus haut que la Gloire de Dieu: je ne me prosternerai devant personne, sauf devant Toi, mon Seigneur, et ce n’est pas là de l’orgueil.
17F Et maintenant, écoute-moi, Seigneur Dieu, ô Roi, Dieu d’Abraham, épargne Ton peuple! Car ils ont projeté de nous perdre, ils veulent détruire ce peuple, Ton Héritage depuis toujours.
17G Ne méprise pas Ta part, elle est à Toi: Tu nous as rachetés en nous faisant sortir de la terre d’Égypte.
17H Exauce ma prière, sois favorable à ceux qui sont Ta part d’héritage; change notre deuil en Joie, afin que nous vivions pour chanter Ton Nom, Seigneur. Ne laisse pas disparaître ceux dont la bouche Te célèbre.».
17I Tous ceux d’Israël criaient de toutes leurs forces, car ils avaient la mort devant les yeux.
17K La reine Esther, dans l’angoisse mortelle qui l’étreignait, cherchait refuge auprès du Seigneur. Elle enleva ses vêtements d’apparat et prit des vêtements de deuil et d’affliction. Au lieu de parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière. Elle humilia durement son corps et le recouvrit de ses cheveux en désordre, lui qu’elle se faisait une joie de parer. Elle priait ainsi le Seigneur, Dieu d’Israël:
– 17L «Mon Seigneur, notre Roi, Tu es l’Unique; viens me secourir, car je suis seule, je n’ai pas d’autre secours que Toi, et je vais risquer ma vie.
17M Depuis ma naissance, j’entends dire, dans la Tribu de mes pères, que Toi, Seigneur, Tu as choisi Israël parmi toutes les nations, et que parmi tous leurs ancêtres Tu as choisi nos pères, pour en faire à jamais Ton héritage; Tu as fait pour eux tout ce que Tu avais promis.
17N Et maintenant, nous avons péché contre Toi, Tu nous as livrés aux mains de nos ennemis, parce que nous avons honoré leurs dieux: Tu es juste, Seigneur.
17O Et maintenant, notre dur esclavage ne leur suffit plus. Ils ont fait un pacte avec leurs idoles, pour abolir ce que Ta bouche a promis, faire disparaître Ton héritage, fermer la bouche de ceux qui Te célèbrent, éteindre la gloire de Ta maison et les feux de Ton autel,
17P pour que s’ouvre la bouche des nations, que soient célébrés les mérites des faux dieux et qu’à jamais soit magnifié un roi de chair.
17Q Ne livre pas Ton sceptre, Seigneur, à ceux qui n’existent pas. Que nos ennemis ne se moquent pas de notre chute; retourne contre eux leurs projets. Du premier de nos adversaires, fais un exemple.
17R Souviens-Toi, Seigneur! Fais-Toi connaître au jour de notre détresse; donne-moi du courage, Toi, le Roi des dieux, qui domines toute autorité.
17S Mets sur mes lèvres un langage harmonieux quand je serai en présence de ce lion, et change son cœur: qu’il se mette à détester celui qui nous combat, qu’il le détruise avec tous ses partisans.
17T Délivre-nous par Ta main, viens me secourir car je suis seule, et je n’ai que Toi, Seigneur.
17U Tu connais tout et Tu sais que je hais la gloire des impies, que je n’ai que dégoût pour la couche des incirconcis et celle de tout étranger.
17W Tu sais la contrainte où je suis, que j’ai du dégoût pour l’orgueilleux emblème qui est sur ma tête aux jours où je parais en public. Il m’inspire du dégoût comme un linge souillé, et je ne le porte pas les jours où je me repose.
17X Ta servante n’a pas mangé à la table d’Amane, ni honoré les banquets du roi, ni bu le vin des libations.
17Y Ta servante n’a pas connu la joie depuis le jour de son élévation, si ce n’est auprès de Toi, Seigneur, Dieu d’Abraham.
17Z Ô Dieu, qui as pouvoir sur tous, écoute la voix des désespérés, délivre-nous de la main des méchants, et délivre-moi de ma peur!».
01 Au troisième jour, lorsqu’elle eut cessé de prier, Esther quitta ses vêtements de suppliante et revêtit des habits d’apparat.
1A Ainsi dans tout son éclat, ayant invoqué le Dieu qui protège et qui sauve, elle prit avec elle ses deux servantes: sur l’une d’elles, elle s’appuyait mollement; l’autre l’accompagnait en portant sa traîne.
1B Elle-même était rougissante, au comble de sa beauté; son visage était radieux, comme épanoui par l’amour, mais son cœur était serré par la peur.
1C Franchissant toutes les portes, elle se trouva devant le roi. Il était assis sur son trône royal, revêtu de l’habit avec lequel il paraissait en public, rutilant d’or et de pierres précieuses: il était redoutable.
1D Il leva son visage rayonnant de gloire et, au comble de la colère, il la fixa. La reine s’effondra. Prise de faiblesse, elle changea de couleur et se pencha vers la tête de la servante qui la précédait.
1E Dieu changea le cœur du roi et l’inclina à la douceur. Saisi d’angoisse, il s’élança de son trône et la prit dans ses bras jusqu’à ce qu’elle se remît. Il la réconforta par des paroles apaisantes:
– 1F «Qu’y a-t-il, Esther? Je suis ton frère. Rassure-toi! Tu ne mourras pas: notre décret ne vaut que pour le commun des gens. Viens avec moi!».
02 Levant son sceptre d’or, il le posa sur le cou d’Esther, puis il l’embrassa en disant: «Parle-moi».
– 2A «Seigneur, lui dit-elle, je T’ai vu pareil à un Ange de Dieu. Mon cœur a été troublé, j’ai eu peur de Ta gloire. Car Tu es admirable, Seigneur, et Ton visage est merveilleux.»
2B Tandis qu’elle parlait, elle tomba de faiblesse. Le roi était bouleversé, et toute sa suite la réconfortait.
03 Le roi lui demanda:
– «Qu’y a-t-il, reine Esther? Quelle est ta requête? Quand ce serait la moitié du royaume, cela te serait accordé.».
04 Esther dit:
– «S’il plaît au roi, que le roi vienne aujourd’hui avec Amane au banquet que je lui ai préparé.».
05 Le roi dit alors:
– «Allez vite chercher Amane, pour répondre à l’invitation d’Esther!». Le roi et Amane vinrent au banquet préparé par Esther.
06 Au cours du banquet, le roi dit de nouveau à Esther:
– «Quelle est ta demande? Cela te sera accordé. Quelle est ta requête? Quand ce serait la moitié du royaume, ce sera réalisé.».
07 Esther répondit:
– «Ma demande? Ma requête?».
08 «Si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi, s’il lui plaît d’exaucer ma demande et de réaliser ma requête, que le roi vienne encore demain avec Amane au banquet que je préparerai pour eux, et je me conformerai à la parole du roi.»
09 Ce jour-là, Amane sortit joyeux et le cœur content. Mais lorsque, à la porte du roi, il vit Mardochée qui ne se levait pas et ne se dérangeait pas à sa vue, il fut rempli de fureur contre Mardochée.
10 Mais il se domina et rentra chez lui. Il envoya chercher ses amis et sa femme Zéresh,
11 et, longuement, il leur parla de ses somptueuses richesses, de la multitude de ses fils, de tout ce dont le roi l’avait comblé, pour l’élever et le mettre au-dessus de ses princes et de ses serviteurs.
12 Amane ajouta:
– «La reine Esther n’a fait venir que moi, avec le roi, au banquet qu’elle a préparé; bien plus, elle vient de m’inviter encore demain avec le roi.
13 Mais tout cela est sans intérêt pour moi, tant que je verrai Mardochée, le Juif, assis à la porte du roi.».
14 Sa femme Zéresh et tous ses amis lui dirent alors:
– «Que l’on dresse une potence de cinquante coudées et, demain matin, demande au roi qu’on y pende Mardochée. Puis va te réjouir au banquet du roi!».
Le conseil plut à Amane, et il fit préparer la potence.
01 Or, cette nuit-là, comme le sommeil le fuyait, le roi se fit apporter le livre des Mémoires, les Chroniques, pour s’en faire donner lecture.
02 On y trouva écrit ce que Mardochée avait révélé sur les eunuques du roi, Bigtane et Tèresh, deux des gardiens du seuil, qui avaient cherché à porter la main sur le roi Assuérus.
03 Le roi demanda:
– «Quels honneurs et quelle distinction ont récompensé Mardochée pour cette révélation?».
Les jeunes serviteurs du roi lui dirent:
– «Rien n’a été fait pour le récompenser.».
04 Le roi leur demanda alors: «Qui est dans la cour?».
C’était juste le moment où Amane arrivait dans la cour extérieure du palais royal pour demander au roi de faire pendre Mardochée à la potence qu’il avait fait préparer pour lui.
05 Les jeunes serviteurs du roi lui répondirent:
– «C’est Amane qui se tient dans la cour.».
Le roi ordonna: «Qu’il entre!».
06 Dès qu’il fut entré, le roi lui dit:
– «Comment faut-il traiter un homme que le roi désire honorer?». Amane se dit: «Qui le roi désirerait-il honorer plus que moi?».
07 Il répondit donc au roi:
– «Le roi désire-t-il honorer quelqu’un?
08 Que l’on apporte un vêtement royal, parmi ceux que le roi a déjà portés, un cheval que le roi a monté et un bandeau royal qui a déjà orné sa tête.
09 Que l’on confie vêtement et cheval à l’un des plus nobles des princes du roi. On revêtira alors l’homme que le roi désire honorer, on le conduira à cheval sur la place de la ville, et devant lui on criera : “Voilà comment on traite l’homme que le roi désire honorer!”».
10 Le roi dit à Amane:
– «Vite, prends le vêtement et le cheval! Ce que tu as dit, fais-le pour Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi. Et surtout, ne néglige rien de ce que tu as dit.».
11 Et Amane, prenant vêtement et cheval, revêtit Mardochée, le conduisit à cheval sur la place de la ville, en criant devant lui: «Voilà comment on traite l’homme que le roi désire honorer!».
12 Puis Mardochée revint à la porte du roi tandis qu’Amane se précipitait chez lui, consterné, la tête voilée.
13 Amane raconta à sa femme Zéresh et à tous ses amis ce qui lui était arrivé. Ses conseillers et sa femme lui dirent:
– «Ce Mardochée, devant qui tu commences à capituler, s’il appartient bien à la race des Juifs, tu ne pourras rien contre lui, tu capituleras totalement devant lui.».
14 Comme ils lui parlaient encore, les eunuques du roi arrivèrent et conduisirent aussitôt Amane au banquet qu’avait préparé Esther.
01 Le roi se rendit avec Amane au banquet de la reine Esther.
02 Le deuxième jour, au cours du banquet, le roi dit encore à Esther:
– «Quelle est ta demande, ô reine Esther? Cela te sera accordé. Quelle est ta requête? Quand ce serait la moitié du royaume, ce sera réalisé.».
03 La reine Esther répondit:
– «Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et s’il plaît au roi, accorde-moi la vie – voilà ma demande. Accorde la vie à mon peuple – voilà ma requête.
04 Car nous avons été vendus, moi et mon peuple, pour être exterminés, tués, anéantis. Si nous avions été seulement vendus comme esclaves ou servantes, je me serais tue; car ce mauvais traitement n’aurait pas justifié que l’on dérange le roi.».
05 Le roi Assuérus prit la parole et demanda à la reine Esther:
– «De qui s’agit-il? Quel est l’homme qui a osé agir ainsi?».
06 Esther répondit:
– «L’adversaire, l’ennemi, c’est Amane, c’est ce misérable.».
Devant le roi et la reine, Amane fut terrifié.
07 Plein de fureur, le roi se leva, quitta la salle du banquet pour gagner le jardin du palais, tandis qu’Amane se tenait près de la reine Esther et lui demandait grâce pour sa vie, voyant bien que le roi avait décidé sa perte.
08 Quand le roi revint du jardin du palais dans la salle du banquet, Amane était effondré sur le divan où se trouvait Esther.
– «Quoi! dit le roi. Va-t-il encore faire violence à la reine chez moi, dans ma maison?».
Le roi prononça un ordre, et on voila le visage d’Amane.
09 Harbona, l’un des eunuques, dit devant le roi:
– «Il y a justement, dans la maison d’Amane, une potence de cinquante coudées, qu’Amane avait dressée pour Mardochée, l’homme qui a parlé pour le bien du roi.».
Le roi dit: «Qu’on l’y pende!».
10 On pendit Amane à la potence qu’il avait préparée pour Mardochée, et la fureur du roi s’apaisa.
01 Ce jour-là, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Amane, l’adversaire des Juifs. Mardochée se présenta au roi, à qui Esther avait révélé ce qu’il était pour elle.
02 Le roi avait repris son anneau à Amane, il l’ôta de son doigt pour le donner à Mardochée. Esther confia la gestion de la maison d’Amane à Mardochée.
03 De nouveau, Esther vint parler au roi Assuérus. Elle tomba à ses pieds, en pleurant, et elle le supplia d’écarter le malheur préparé par Amane, et tous les affreux projets qu’il avait formés contre les Juifs.
04 Selon la coutume, le roi tendit à Esther son sceptre d’or; alors Esther se releva et se tint debout devant lui.
05 Puis elle dit:
– «S’il plaît au roi et si j’ai trouvé grâce devant lui, si ma prière ne lui paraît pas déplacée, si je suis bien vue à ses yeux, je le supplie de révoquer par de nouvelles lettres celles qu’a envoyées Amane, fils de Hamdata, du pays d’Agag, ces lettres qui ordonnaient de faire périr les Juifs dans toutes les provinces du royaume.
06 Comment pourrais-je donc supporter le mal qu’on veut faire à mon peuple, comment pourrais-je supporter la mort de toute ma parenté?».
07 Le roi Assuérus répondit à la reine Esther et au Juif Mardochée:
«J’ai fait cadeau à Esther de la maison d’Amane, et lui, on l’a pendu à la potence parce qu’il avait voulu porter la main sur les Juifs.
08 Écrivez donc aux Juifs ce que vous jugerez bon au nom du roi en cachetant les lettres avec mon anneau. Car une lettre écrite au nom du roi et cachetée avec son anneau ne peut pas être révoquée.».
09 Les scribes royaux furent aussitôt convoqués. C’était le troisième mois, le mois de Sivane, le vingt-troisième jour. Sur l’ordre de Mardochée, ils écrivirent aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux grands officiers des provinces, depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie – cent vingt-sept provinces –, à chaque province selon son écriture, et à chaque peuple selon sa langue, aux Juifs aussi selon leur écriture et selon leur langue.
10 Ces lettres furent rédigées au nom du roi Assuérus, et cachetées avec son anneau; elles furent portées par des courriers, montés sur des chevaux des écuries du roi.
11 Par ces lettres, le roi accordait aux Juifs, en chaque ville, le droit de se rassembler, de mettre leur vie en sécurité, et celui d’exterminer, de tuer, de faire périr tous les gens armés des peuples ou des provinces qui voudraient les attaquer, y compris les enfants et les femmes, et celui de piller leurs biens.
12 Cela se ferait le même jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treize du douzième mois, qui est Adar.
12A Voici le texte de cette lettre.
12B «Le grand roi Assuérus, aux satrapes qui gouvernent les cent vingt-sept provinces, de l’Inde à l’Éthiopie, et à tous ceux qui s’occupent de nos affaires, salut!
12C Bien des gens, comblés d’honneurs par l’extrême bonté de leurs bienfaiteurs, deviennent pleins de suffisance. Non seulement ils cherchent à nuire à nos sujets, mais, incapables de supporter même ce qui devrait les contenter, ils entreprennent de comploter contre leurs propres bienfaiteurs.
12D Non seulement ils suppriment la reconnaissance du milieu des hommes, mais de plus, enivrés par les flatteries de ceux qui ignorent le bien, ils s’imaginent qu’ils vont échapper à la justice divine qui déteste le mal, alors que tout est à jamais sous le regard de Dieu.
12E Ainsi, maintes fois, ceux qui disposaient du pouvoir suprême, s’étant laissés convaincre par les amis auxquels ils avaient confié l’administration de leurs affaires, sont devenus complices de meurtres d’innocents et de malheurs irréparables:
12F ces amis-là ont trompé par leurs mensonges et leurs faux raisonnements la parfaite droiture d’intention des souverains.
12G Sans aller jusqu’aux histoires anciennes que nous venons d’évoquer, il est possible, en examinant ce qui se passe devant nous, d’observer les impiétés commises par une peste de gouvernants indignes.
12H Aussi nous veillerons à ce que, dans l’avenir, la tranquillité et la paix soient assurées à tous les hommes, dans tout le royaume,
12I en opérant les changements nécessaires, et en jugeant toujours avec un esprit favorable les affaires qui nous seront soumises.
12K C’est ainsi qu’Amane, fils d’Hamdata, un Macédonien, étranger en vérité au sang des Perses, et bien loin de partager notre générosité, après avoir reçu l’hospitalité chez nous,
12L a été l’objet de la bienveillance que nous portons à chaque peuple, au point qu’il a été appelé notre père, et qu’il est devenu le second personnage du royaume, devant qui tous se prosternaient;
12M il n’a pas dominé son orgueil, il s’est employé à nous priver du pouvoir et de la vie.
12N De notre sauveur, de l’homme qui a toujours été notre bienfaiteur, Mardochée, et d’Esther, l’irréprochable compagne de notre royauté, Amane, par les manœuvres de ses raisonnements tortueux, nous avait demandé la mort, ainsi que celle de tout leur peuple.
12O Par de tels agissements, il comptait se saisir de nous quand nous serions isolés, pour remettre ensuite aux Macédoniens l’empire des Perses.
12P Nous, nous considérons que ces Juifs, voués à l’extermination par ce triple scélérat, ne sont pas des malfaiteurs, mais se gouvernent selon les lois les plus justes,
12Q qu’ils sont les fils du Dieu vivant, le Plus-Haut, le Plus-Grand, qui a dirigé pour nous et nos ancêtres le royaume de la meilleure façon.
12R Vous ferez bien de ne pas tenir compte des lettres envoyées par Amane, fils d’Hamdata, leur auteur ayant été pendu aux portes de Suse, avec tous les siens: le Dieu qui a pouvoir sur tout a fait justice sans délai.
12S Publiez le texte de la présente lettre en tout lieu et laissez les Juifs suivre ouvertement leurs propres coutumes. Quant à ceux qui se dresseraient pour les massacrer à la date prévue, le treizième jour du mois nommé Adar, aidez les Juifs à les repousser ce même jour.
12T Car ce jour, qui devait être un jour d’extermination pour la Race élue, Dieu, le Maître de tout, vient de le changer pour elle en jour d’allégresse.
12U Et vous, parmi vos fêtes officielles, célébrez ce jour solennel par toutes sortes de réjouissances, afin qu’il soit, dès maintenant et à l’avenir, jour de salut pour nous et pour les Perses de bonne volonté, mais, pour nos ennemis, un mémorial de leur ruine.
12X Toute ville ou contrée sans exception qui ne suivrait pas nos instructions sera impitoyablement dévastée par le fer et le feu, et elle sera rendue non seulement inhabitable aux hommes, mais hostile même aux bêtes sauvages et aux oiseaux, pour la suite des temps.».
13 La copie de ce texte, qui devait être promulgué comme loi dans chaque province, fut communiquée à tous les peuples, pour qu’au jour fixé, les Juifs puissent se venger de leurs ennemis.
14 Sur l’ordre du roi, des courriers, montés sur des chevaux royaux, partirent immédiatement, en toute hâte. L’édit fut aussi publié à Suse-la-Citadelle.
15 Mardochée sortit alors de chez le roi, portant un vêtement royal, violet et blanc, un grand diadème d’or, un manteau de lin et de pourpre rouge. Toute la ville de Suse criait de joie.
16 Pour les Juifs ce n’était que lumière et joie, allégresse et gloire.
17 Dans chaque province et chaque ville, là où parvenait l’ordre du roi, son édit, pour les Juifs ce n’était que joie, allégresse, banquets et fêtes. Parmi les peuples de la terre, beaucoup se firent juifs, car la peur des Juifs les avait saisis.
01 Le douzième mois, nommé Adar, le treizième jour, où entrait en vigueur l’ordre du roi, son édit, en ce jour où les ennemis des Juifs espéraient les dominer, la situation se renversa: ce furent les Juifs qui dominèrent leurs ennemis.
02 Dans toutes les provinces du roi Assuérus, les Juifs se rassemblèrent dans les villes qu’ils habitaient, afin de frapper ceux qui avaient cherché à leur faire du mal. Personne ne leur résista, car la peur des Juifs avait saisi tous les peuples.
03 Grands officiers des provinces, satrapes, gouverneurs, fonctionnaires du roi, tous soutenaient les Juifs, car la peur de Mardochée les avait saisis.
04 Mardochée était en effet au palais un personnage éminent, et sa renommée se répandait dans toutes les provinces: Mardochée devenait un homme de plus en plus important.
05 Les Juifs frappèrent alors tous leurs ennemis à coups d’épée. Ce fut une tuerie, un carnage; leurs adversaires furent livrés à leur bon plaisir.
06 À Suse-la-Citadelle, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes,
07 notamment Parshandata, Dalfone, Aspata,
08 Porata, Adalya, Aridata,
09 Parmashta, Arissaï, Aridaï et Waïzata;
10 c’étaient les dix fils d’Amane, fils de Hamdata, l’adversaire des Juifs. Ils les tuèrent, mais ils ne se livrèrent pas au pillage.
11 Le jour même, le nombre de ceux qui avaient été tués à Suse-la-Citadelle parvint à la connaissance du roi.
12 Le roi dit à la reine Esther:
– «À Suse-la-Citadelle, les Juifs ont tué et fait périr cinq cents hommes, et les dix fils d’Amane. Dans le reste des provinces royales, qu’ont-ils pu faire! Quelle est ta demande? Cela te sera accordé. Quelle est encore ta requête? Ce sera réalisé.».
13 Esther répondit:
– «S’il plaît au roi, qu’il soit accordé aux Juifs de Suse de faire encore demain ce qu’ils ont fait aujourd’hui, selon son édit, et que l’on pende à la potence les cadavres des fils d’Amane!».
14 Le roi dit: «Qu’il en soit fait ainsi!».
L’édit fut proclamé à Suse, et on pendit les dix fils d’Amane.
15 Ainsi, les Juifs de Suse se rassemblèrent encore le quatorzième jour du mois qui est Adar et ils tuèrent trois cents hommes dans Suse. Mais ils ne se livrèrent pas au pillage.
16 Les autres Juifs, qui étaient dans les provinces royales, se rassemblèrent pour mettre leur vie en sécurité. Ils obtinrent le repos, délivrés de leurs ennemis, en tuant soixante-quinze mille (!) de ceux qui les haïssaient. Mais ils ne se livrèrent pas au pillage.
17 C’était le treizième jour du mois qui est Adar. Le quatorzième, ils se reposèrent et firent de ce jour une journée de banquets et de joie.
18 Les Juifs de Suse, qui s’étaient rassemblés le treizième et le quatorzième jour du mois, se reposèrent le quinzième et en firent une journée de banquets et de joie.
19 Voilà pourquoi les Juifs ruraux, habitant les bourgades rurales, font du quatorzième jour du mois nommé Adar un jour de joie, de banquets et de fête, chacun envoyant des parts de nourriture à son voisin,
19A tandis que ceux des villes passent aussi dans la joie le quinzième jour du mois nommé Adar, en envoyant des parts de nourriture à leurs voisins.
20 Mardochée consigna par écrit ces événements et envoya, dans toutes les provinces du roi Assuérus, des lettres à tous les Juifs, proches et éloignés.
21 Il les y engageait à célébrer chaque année le quatorzième jour du mois nommé Adar, ainsi que le quinzième jour:
22 ces jours-là, les Juifs avaient obtenu le repos, délivrés de leurs ennemis, et, ce mois-là, l’affliction s’était changée pour eux en joie, et le deuil en jour de fête. Il les conviait donc à faire de ces jours des journées de banquets et de joie, chacun envoyant des parts de nourriture à son voisin, et des dons aux pauvres.
23 Les Juifs acceptèrent comme tradition ce qu’ils avaient commencé à observer, et ce que Mardochée leur avait écrit.
24 Amane, fils de Hamdata, du pays d’Agag, l’adversaire de tous les Juifs, avait médité de les faire périr, et avait tiré au sort, nommé en araméen le «Pour», afin de les frapper de panique et de les faire périr.
25 Mais quand cela parvint à la connaissance du roi, il ordonna, par un écrit, de faire retomber sur la tête d’Amane le projet coupable qu’il avait formé contre les Juifs, et il le fit pendre, ainsi que ses fils, à une potence.
26 Voilà pourquoi on appelle ces jours les Pourim, du mot araméen «Pour». Voilà aussi pourquoi en se conformant à la lettre de Mardochée, à ce qu’ils avaient vu et à ce qui leur était arrivé,
27 les Juifs instituèrent et établirent pour eux, pour leurs descendants et tous ceux qui s’adjoindraient à eux, le devoir de célébrer sans faute ces deux jours, selon ce qui est écrit et au temps fixé, chaque année.
28 Ainsi, ces jours seront commémorés et célébrés de génération en génération, dans chaque clan, dans chaque province, dans chaque ville. Ces jours de Pourim devront être célébrés sans faute chez les Juifs, et leur souvenir ne disparaîtra pas de leur descendance.
29 La reine Esther, fille d’Abihayil, ainsi que Mardochée le Juif, écrivit avec toute autorité pour confirmer cette lettre de Pourim.
30 On envoya des lettres à tous les Juifs dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, comme paroles de paix et de fidélité.
31 On établit ces jours de Pourim aux temps fixés, comme l’avaient établi le Juif Mardochée et la reine Esther, et comme on l’avait établi pour eux et leur descendance, en y joignant des ordonnances de jeûne et de lamentations.
32 Ainsi l’ordre d’Esther confirma l’institution des Pourim, et cela fut inscrit dans un livre.
01 Le roi Assuérus perçut un impôt sur le continent et les îles de la mer.
02 Tous ses actes de puissance et de vaillance, et les détails de la haute situation que le roi avait accordée à Mardochée ne sont-ils pas écrits dans le livre des Chroniques des rois de Médie et de Perse?
03 Car Mardochée le Juif était le second personnage du royaume après le roi Assuérus; il était grand aux yeux des Juifs, et aimé de la multitude de ses frères. Il recherchait le bien de son peuple et se préoccupait du bonheur de toute sa race.
3A Et Mardochée dit:
– «C’est grâce à Dieu que tout cela est arrivé.
3B Je me souviens en effet du songe que j’ai eu à ce sujet, rien n’a été omis:
3C ni la petite source qui est devenue un fleuve, ni la lumière, ni le Soleil, ni l’eau abondante. Esther est ce fleuve, elle que le roi a épousée, et qu’il a faite reine;
3D les deux dragons, c’est moi et Amane.
3E Les nations sont celles qui se sont rassemblées pour effacer le nom des Juifs.
3F Ma nation, c’est Israël, ceux qui crièrent vers Dieu et furent sauvés. Oui, le Seigneur a sauvé son peuple, le Seigneur nous a arrachés à tous ces maux, Dieu a accompli des signes et de grands prodiges, comme il n’y en eut jamais parmi les nations.
3G C’est pourquoi il a réservé deux sorts, l’un pour le peuple de Dieu, l’autre pour toutes les nations.
3H Ces deux sorts ont trouvé accomplissement à l’heure, au temps et au jour que Dieu avait fixés pour toutes les nations:
3I Dieu s’est souvenu de son peuple, il a rendu justice à son héritage.
3K Ces quatorzième et quinzième jours du mois nommé Adar seront désormais des jours de rassemblement, de joie et d’allégresse devant Dieu, pour toutes les générations et à jamais, en Israël Son Peuple.».
3L La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se déclarait prêtre et lévite, ainsi que son fils Ptolémée, apportèrent la présente lettre concernant la fête de Pourim. Ils la déclaraient authentique et traduite par Lysimaque, fils de Ptolémée, l’un des habitants de Jérusalem.
Autre traduction.
Livre d’Esther dans la Traduction Louis Segond.
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Esther et Mardochée – Aert de Gelder
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