Sur la brièveté de la vie
.
Par Sénèque
.
Introduction
Manifestement, à son époque en tant que tel, Sénèque n’avait pas (encore) reconnu la réalité des vies successives. Sinon, il aurait probablement lui-même relativisé son propos ci-dessous. Ceci dit, celui-ci garde sa valeur d’incitation à la réflexion…
La moralité devrait-elle être « Carpe diem » [« Profite du jour »]? Pas au sens matérialiste en tous cas! En réalité la vie n’est pas brève, tout comme les saisons, elle est juste composée de différentes séquences sur différents plans.
Certes, l’intellect, limité aux apparences et aux formes gros-matérielles, perd le fil, mais pas l’esprit…! La moralité de la réflexion de Sénèque est dans sa dernière phrase…
* * *.
« Ce n’est pas que nous disposions de très peu de temps, c’est plutôt que nous en perdons beaucoup. La vie est suffisamment longue et elle nous a été accordée avec une générosité qui nous permet d’accomplir de très grandes choses, à condition toutefois que nous en fassions toujours bon usage; mais lorsqu’elle s’égare dans le luxe et l’insouciance, lorsqu’elle n’obéit à aucune valeur, il nous faut la contrainte de la nécessité suprême pour que nous nous apercevions qu’elle est passée, alors que nous n’avions pas compris qu’elle était en train de s’écouler. » (I-3)
« Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l’esprit, vous ne remarquez pas tout le temps qui est déjà écoulé; vous le perdez comme si vous pouviez en disposer à volonté, alors que, ce jour même dont vous faites cadeau à une personne ou à une activité, est peut-être votre dernier jour à vivre. Toutes vos craintes sont des craintes de mortels, mais tous vos désirs sont des désirs d’immortels. » (III-4)
Seneca: « De brevitate vitae »
.
0 commentaires