Ecole de l'art de vivre

L’Éternel Retour – Par Jean Choisel

par | 30 Nov 2023 | Autres Articles, Enseignements Spirituels, Eveil Spirituel | 0 commentaires

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L’ÉTERNEL RETOUR

 

«Mourir, c’est sortir de l’existence pour entrer dans la Vie.»

– Charles Gounod – Musicien –

 

Il s’ensuit donc que, corollairement:

«Naître, c’est sortir de la Vie pour entrer dans l’existence terrestre».  

 

A plusieurs reprises, une notion vieille comme le monde et universellement répandue – sauf en Occident chrétien – la notion de «réincarnation», a probablement frappé certains lecteurs et plus ou moins offusqué leur conscience de Chrétiens.

Car, bien entendu, nous ne nous adressons plus désormais aux matérialistes, dont nous n’espérons plus être compris, tant ils se sont depuis longtemps rendus incapables de pressentir les vérités sous-jacentes aux réalités qui apparaissent à nos observations.

La notion de réincarnation – également nommée «palingénésie» – fut en effet écartée des préoccupations théologiques chrétiennes à partir du Concile de Constantinople en 533. Elle ne fut pas déclarée fausse, ni absurde, elle ne fut pas davantage niée ni déclarée anathème mais, par un vote majoritaire des Pères conciliaires, il fut simplement décidé de l’écarter  définitivement des préoccupations théologiques chrétiennes, lors de l’élaboration progressive d’un dogme alors en pleine formation. Comme si la décision d’écarter une hypothèse capable d’expliquer un si grand nombre d’observations pouvait changer quoi que ce soit aux réalités extra-sensorielles que cette hypothèse tente d’appréhender…!

Pourtant, la notion de réincarnation n’était pas absente des préoccupations chrétiennes, antérieurement au Concile de Constantinople, comme nous le verrons plus loin en consultant les textes évangéliques. Mais, dans leur souci compréhensible d’éliminer des enseignements chrétiens jusqu’au moindre reste d’un paganisme encore demeuré très vivace, les théologiens des premiers siècles du Christianisme, dont plusieurs Pères de l’Église, ont fait tant et si bien que, dans les meilleures intentions, ils ont rejeté certains enseignements déjà très répandus avant la venue du Christ, enseignements porteurs de vérités, tel, en particulier, celui de la réincarnation.

Par contre, ils ont adopté – en les transposant, bien sûr – certaines notions païennes dont le moins qu’on puisse dire est que, aujourd’hui encore, elles pèsent lourdement sur la plus élémentaire logique et, par conséquent, sur la crédibilité de certains dogmes de foi, comme nous l’étudierons dans un ouvrage ultérieur.

En vérité, l’enseignement de la réincarnation ne fut donc ni oublié, ni même nié, mais tout simplement éliminé. Vraisemblablement par crainte que cet enseignement ne conduise les fidèles à penser que, si nous disposons de plusieurs existences pour parvenir au terme de notre évolution spirituelle, la décision d’entreprendre sérieusement l’ascension ne soit sans cesse reportée à une vie ultérieure.

Quoi qu’il en soit, si la doctrine de la réincarnation doit désormais être considérée comme un enseignement authentiquement chrétien, il faut admettre que le Christ en a parlé, même si ce fut en termes voilés. Il faut que l’on retrouve dans les paroles qu’Il prononça, et qui sont rapportées dans les Évangiles, cette notion si importante pour la compréhension de l’évolution progressive de l’esprit humain et de toute l’humanité. C’est précisément ce que nous nous proposons de démontrer dans le présent chapitre.

Commentaire de la rédaction du site: Même si certaines Paroles de Jésus peuvent, en effet, sous-entendre la connaissance de la réincarnation, il faut, toutefois, reconnaître qu’Il n’en a pas fait, à Son époque, une Pierre de Base de Son Enseignement. La raison pour cela s’explique certainement notamment avec cette Parole de Jésus: « J’aurais encore beaucoup d’autres Choses à vous dire, mais vous ne pourriez les porter, maintenant. » (Jean XVI, 12).

Mais avant de relever dans les textes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament quelques-uns des versets où il est nettement question de réincarnation, il faut d’abord clairement définir la signification qui doit être accordée à ce terme, préciser et clarifier sans équivoque les notions qu’il délimite.

Car il règne aujourd’hui en Occident une grande ignorance à ce sujet, quand ce n’est pas une grande confusion. En effet, beaucoup de personnes ayant superficiellement abordé l’étude de ces questions confondent et mélangent les doctrines relatives à la réincarnation (ou palingénésie) avec celles qui ont trait à la métempsychose, parce qu’elles n’ont pas d’idées précises sur la différence existant entre elles.

La doctrine de la réincarnation qui, de nos jours encore, est plus ou moins ouvertement enseignée aux initiés dans un très grand nombre de peuples d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie, enseigne que l’âme humaine, aussi longtemps qu’elle n’est point parvenue à un certain niveau d’évolution, c’est-à-dire aussi longtemps qu’elle demeure attachée d’une manière quelconque aux univers matériels de la création (physiques et/ou éthériques), se trouve de ce fait inéluctablement amenée à revenir sur Terre, en reprenant possession d’un corps humain en gestation dans le sein d’une femme incarnée.

Bien entendu, cette re-naissance terrestre (qui n’a rien à voir avec la re- naissance spirituelle) ne s’effectue pas au hasard des circonstances – rien n’étant abandonné au hasard dans la Sagesse des lois qui régissent l’univers. «Le Bon Dieu ne joue pas aux dés!» constatait Einstein. Telle est la signification exacte du terme «ré-incarnation», c’est-à-dire, littéralement, «retour dans la chair». Il est très important de noter que cette explication n’implique que le retour d’une âme humaine dans un corps humain!

Les raisons qui nous conduisent à admettre l’hypothèse de la réincarnation sont de deux natures différentes: d’abord, comme toujours, des faits concrets d’observation; et ensuite, les conclusions philosophiques et théologiques auxquelles conduit l’observation des faits. Exceptionnellement, partons d’abord des conclusions philosophiques et théologiques auxquelles conduit l’observation de la vie humaine.

Tout croyant, quel qu’il soit, ne peut concevoir l’Être Suprême qu’absolument parfait. Sur ce point, nous n’aurons évidemment aucun contradicteur parmi les croyants! Un Dieu parfait ne peut, bien entendu, être qu’un Dieu d’Amour, de Justice et de Bonté. Il lui faut de toute nécessité ne posséder que Vertus et aucune de nos misérables faiblesses.

Or, comment admettre la Perfection de ce Dieu d’Amour et de Justice, Créateur de toutes choses et de tout être, en considérant les innombrables inégalités des naissances? En effet, il ne vient pratiquement pas deux hommes au monde avec des innéités identiques. L’apparente injustice des naissances est précisément une des raisons les plus fréquemment invoquées par les matérialistes pour justifier leur incroyance en Dieu.

Nous ne parlons pas seulement ici de la différence considérable entre les milieux sociaux dans lesquels les enfants viennent au monde, nous ne parlons pas seulement des chances extrêmement différentes que la société leur accorde pour la réussite de leur existence; nous ne parlons pas davantage de la différence énorme qui existe entre les patrimoines héréditaires de chaque individu pénétrant dans le monde; mais nous nous demandons quelles lois, quelles explications pourraient bien rendre compte du fait que, de même qu’il n’existe pas deux individus ayant des empreintes digitales exactement identiques, de même il ne vient pas deux enfants au monde dont la structure sanguine soit exactement la même?

Quand on sait l’importance du type sanguin sur l’ensemble des comportements de l’individu, on se demande où peut donc bien résider cette Justice du Créateur si, pratiquement, IL n’accorde pas deux fois la même chance aux innombrables individus qui se succèdent sur cette Terre!

Aucune explication théologique ne vient à bout de cette contradiction flagrante entre la Justice parfaite du Créateur et l’injustice apparente des naissances terrestres, si on écarte l’explication simple et logique de la réincarnation. Car, la réponse qui invoque «les Desseins insondables de Dieu» ne délivre évidemment personne de l’impérieux besoin de comprendre, naturellement et logiquement, conformément à l’Injonction de Jésus: «Cherchez, et vous trouverez!».

Au contraire, la connaissance de la réincarnation lève immédiatement cette contradiction, car il devient facile de concevoir que, depuis très longtemps déjà, les êtres humains ne peuvent plus naître égaux sur Terre, dès lors qu’ils ont déjà vécu, agi, évolué ou rétrogradé de façons différentes en d’autres temps, en d’autres lieux et en d’autres vies.

Le refus de la réincarnation, ou l’ignorance à son égard, justifie en outre cette question: Comment concevoir qu’un Dieu dont l’Amour est absolu autant que Sa Justice, nous affirment les théologiens, puisse condamner à une «damnation éternelle» – donc à une peine définitive et n’ayant pas de fin – des êtres humains, objets de son Amour, placés par Lui dans ce monde, au sein de milieux humains souvent plus ou moins pervertis, pour quelques décennies d’existence seulement, au terme desquelles les attendent une éternité de souffrances? Ce serait ainsi appliquer une peine éternelle, infiniment douloureuse, pour une infraction étroitement temporelle. Serait-ce juste? On peut en douter!

Et si, comme l’imaginent nombre de croyants, Dieu «Qui sait tout» pouvait savoir à l’avance quels chemins – bons ou mauvais – notre libre arbitre (libre volonté) choisira d’emprunter, comment s’expliquer qu’IL accorde néanmoins l’existence à des esprits humains dont IL saurait par avance qu’ils se damneront? Où résiderait, en ce cas, son Amour?

C’est pourquoi, l’idée de la réincarnation s’impose à tous ceux qui reconnaissent logiquement et naturellement la nécessité de concilier l’apparente injustice des naissances, avec la Justice nécessaire d’un Dieu Parfait. Considérée de cette façon, chaque nouvelle vie ne constitue ainsi qu’une nouvelle occasion de «repêchage» pour les erreurs commises dans une vie antérieure et, par conséquent, de maturation progressive.

Quant aux faits concrets d’observation qui portent à croire à la réalité de la réincarnation, en voici seulement quelques-uns pour commencer:

N’a-t-on pas constaté le fait suivant, qui demeure inexpliqué dans l’état actuel de nos connaissances: après chaque conflit armé, dans lequel, jusqu’en 1945, beaucoup plus d’hommes que de femmes trouvèrent la mort, le nombre des naissances masculines excède nettement celui des naissances féminines. Comme si la nature voulait rétablir l’équilibre rompu. En réalité,  tout simplement parce qu’un grand nombre tombés au combat cherchent à reprendre sur cette Terre une existence prématurément et brutalement fauchée.

Si on n’admet pas la réalité de la réincarnation, comment s’expliquer l’existence des enfants prodiges, comme Mozart, par exemple, qui à quatre ans, étonnait déjà ses contemporains en se mettant au piano. De nos jours Roberto Benzi, à huit ans, dirigeait un grand orchestre symphonique, stupéfiant ses propres musiciens par son oreille, sa science de l’orchestre sa maîtrise du pupitre.

Quelle mère n’a constaté, en observant ses jeunes enfants, avec quelle rapidité (particulièrement de nos jours où s’accélèrent tous les processus) les traits distinctifs de leurs caractères se dessinent, dès les premiers mois de leur existence? D’où pourraient donc venir ces traits caractériels souvent accusés, chez des enfants qui, au cours de leur présente existence, n’ont encore réalisé aucune expérience personnelle?

Nous reviendrons ultérieurement sur un certain nombre de faits concrets qui demeurent incompréhensibles sans l’explication qu’en apporte la réincarnation. Peu importe que l’on considère cette doctrine comme une théorie ou une hypothèse. Il est seulement souhaitable que, à partir du moment où cette hypothèse se trouve étayée par un si grand nombre de faits d’observation et de recoupements, on en vienne, comme le font les scientifiques dans leurs domaines propres, à la considérer comme une hypothèse hautement vraisemblable, pour arriver finalement à admettre que, apportant une explication si cohérente à tant de faits d’observation, elle mérite d’être considérée comme véridique. A moins, bien entendu, qu’une autre explication, encore plus satisfaisante, vienne encore plus parfaitement rendre compte des faits observés. Ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent.

Avant de nous mettre à rechercher dans les Écritures judéo-chrétienne (qui constituent les fondements spirituels sur lesquels furent élaborée, nombre de philosophies de l’Occident chrétien) les allusions claires ou voilées à propos de la réincarnation, nous voudrions d’abord préciser que nous sommes conscients que nous n’avons sûrement pas découvert tous les passages bibliques où il en est fait mention. A titre indicatif, signalons également que la traduction que nous avons utilisée est celle de Louis Segond. Quant aux faits d’observation, ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le croit généralement, mais ils n’apparaissent avec évidence qu’à la vue de ceux qui ont appris à relier les effets à leurs causes.

*

* *

Nous avons déjà dit que la notion de réincarnation était très familière à beaucoup de peuples de l’Antiquité et même au peuple juif. Il est très facile de le prouver à l’aide du texte évangélique. En prenant l’Évangile de Matthieu au chapitre 16, versets 13 à 15, on peut lire ce qui suit:

«Jésus étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demande à Ses Disciples: « Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’Homme? » Ils répondirent: « Les uns disent que tu es Jean-Baptiste; les autres Élie; les autres Jérémie, ou l’un des prophètes. » « Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? » Simon-Pierre répondit: « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant! »».

Eh bien, ces différentes réponses à la question du Christ (à l’exception de celle que fit Simon-Pierre) ne donnent-elles pas la preuve que les gens d’alors, dont les disciples rapportaient les paroles à Jésus, croyaient en la possibilité pour un être humain mort depuis longtemps, de se réincarner dans la chair? Puisqu’ils disent en effet: «Les uns disent que Tu es Jean-Baptiste; les autres Élie; les autres Jérémie ou l’un des Prophètes».

Cette opinion des gens du peuple fait d’ailleurs preuve d’un manque évident de réflexion, puisque le Christ vivait déjà à l’époque où Jean-Baptiste était encore sur Terre, Jésus ne pouvait donc pas être la réincarnation de Jean!

Mais même la réponse de Simon-Pierre: «Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant!» témoigne qu’il concevait comme évident que le plus haut de tous les êtres, «le Fils du Dieu vivant», était venu s’incarner dans la chair, dans la personne de Jésus. Opinion à laquelle d’ailleurs le Christ apporte aussitôt son approbation.

Ces citations ne montrent-elles pas avec assez de clarté avec quelle coupable superficialité les Chrétiens ont lu, jusqu’à ce jour, le Livre sur lequel ils fondent toutes leurs convictions.

L’entretien avec Nicodème (Jean, Chapitre III-6 à 12), va nous fournir un autre exemple que le Christ a bel et bien enseigné en privé la réincarnation:

«Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et il lui dit: « Rabbi, nous savons que Tu es un Docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. ». Jésus lui répondit: « En Vérité, en Vérité, je Te le dis, si un homme ne naît à nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu. »».

«Nicodème lui dit: « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître? ». Jésus lui répondit: « En Vérité, en Vérité, je Te le dis, si un homme ne naît d’eau (1) et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. »».

Ouvrons ici une parenthèse. Il est évident que c’est le corps de la femme qui engendre le corps de l’enfant: «Ce qui est né de la chair est chair.». Mais, comme le dit Jésus: «Ce qui est né de l’Esprit est esprit.». Or, le traducteur de ce texte, Louis Segond, a bien compris qu’il fallait faire ici une importante distinction, et c’est pourquoi il a écrit: «Ce qui est né de l’Esprit (avec une majuscule) est esprit», en écrivant ce second terme avec une minuscule. Ce qui montre bien qu’il était conscient que l’esprit humain (écrit avec une minuscule) est une création de l’Esprit dit «Saint Esprit», dont le nom est, lui, écrit au contraire avec une majuscule.

(1) On sait aujourd’hui, scientifiquement parlant, que le corps du bébé est effectivement constitué d’environ 65 % d’eau.

Cette distinction donne tout son sens aux Paroles suivantes de Jésus: «Ne T’étonne pas que je T’ai dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais Tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’esprit.».

Ouvrons à nouveau une parenthèse pour faire remarquer que la comparaison que fait Jésus de l’esprit humain avec le vent est particulièrement bien choisie. En effet, le terme «esprit» en français, vient du latin  «spiritus» (en grec «pneuma»). Or, ce mot latin veut précisément dire «le souffle», le «vent», l’élément subtil de l’être, dont on ne sait .effectivement ni d’où il vient, ni où il va – comme le vent qui parcourt la Terre. Reprenons l’Évangile de Jean:

«Nicodème lui dit: « Comment cela peut-il se faire? ». Jésus lui répondit: « Tu es le Docteur d’Israël et tu ne sais pas ces choses! En vérité, en vérité, je te le dis, nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. »».

Vient alors le verset le plus important, celui qui montre bien que, en cet endroit de son entretien avec Nicodème, Jésus parla effectivement de réincarnation: «Si vous ne croyez pas quand je vous parle de choses terrestres, comment me croirez-vous quand je vous parlerai de choses célestes?».

Cette phrase ne veut-elle pas dire clairement: «Je viens de Te parler de choses terrestres (et, en effet, qu’y a-t-il de plus terrestre que la réincarnation – le retour d’une âme dans un corps de chair?), mais si vous ne me croyez pas au sujet de questions matérielles, comment ferez-vous donc pour me croire et me comprendre lorsque je vous dispenserai des enseignements spirituels (« célestes »)?».

Ainsi pouvons-nous constater que, tout au long de sa vie, Jésus S’est heurté à l’incompréhension de son entourage. Même les Docteurs d’Israël ne le comprenaient pas. Même Ses propres Disciples, à qui Il reprocha à plusieurs reprises: «Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence?».

Hélas, depuis deux mille ans, l’humanité a bien évolué, mais c’est presque exclusivement intellectuellement qu’elle a fait des progrès, et non pas spirituellement. Et c’est pourquoi elle se tient aujourd’hui encore avec la même incompréhension profonde devant les merveilleuses Paraboles du Christ, parce que leur sens réel ne peut être reconnu par l’intellect que lorsque celui-ci est préalablement «inspiré» par l’esprit.

Mais aujourd’hui, les dogmes et les conceptions religieuses de très nombreuses églises chrétiennes imposent à l’intellect de leurs fidèles le conditionnement de doctrines toutes faites, fort différentes d’une église à l’autre, tout en affirmant se fonder sur la même Bible, tout en prétendant être l’expression de l’unique Vérité. Jamais aucune de ces églises ne s’est préoccupée de savoir si les doctrines qu’elle enseigne sont en accord avec les Lois de la Nature qui, elles aussi pourtant, ne peuvent être que l’Œuvre du Créateur de cette Nature!

D’autres passages des Évangiles sont encore plus précis. Dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre Il, à partir du verset 7, nous lisons ce qui suit:

«Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire à la foule au sujet de Jean: «Qu’êtes-vous allés voir au désert? Un roseau agité par le vent? Mais, qu’êtes-vous allés voir? Un homme vêtu d’habits précieux? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois. Qu’êtes- vous donc allés voir? Un Prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit:

«Voici, j’envoie mon Messager devant Ta face, pour préparer Ton chemin devant Toi.».

«Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste.» (…)

«Car tous les Prophètes et la Loi ont prophétisé jusqu’à Jean: et si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir!» «Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende!».

Cette Phrase, sortie de la bouche même du Christ, ne veut-elle pas dire clairement que Jean-Baptiste fut la réincarnation d’Élie? Il est difficile d’être plus précis sans employer le terme de «réincarnation», dont l’origine est beaucoup plus récente.

Commentaire de la rédaction du site: Nous ne sommes pas forcément d’accord avec cette dernière interprétation de Jean Choisel. En effet, dire que Jean le Baptiste est l’Élie qui devait revenir n’est pas la même chose que de dire que Jean le Baptiste est Élie. La présence de l’article « l' » transforme le nom propre Élie en nom commun. « L’Élie » peut simplement vouloir dire: Quelqu’un qui agit avec la même autorité et la même puissance que le Prophète Élie.

Ce passage des Évangiles n’est d’ailleurs pas le seul à mentionner ce fait surprenant. Plus loin, toujours dans Matthieu, au chapitre 17, l’évangéliste décrit la Transfiguration du Christ, qui eut lieu sur une montagne, en présence des trois Disciples, Pierre, Jacques et Jean. Voici le texte intégral des versets 9 à 13:

«Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet Ordre:

« Ne parlez à personne de cette Vision, jusqu’à ce que le Fils de l’Homme soit ressuscité des morts! » Les Disciples lui firent cette question: « Pourquoi les scribes disent-ils qu’Élie doit venir premièrement? ». Il répondit: « Il est vrai qu’Elie doit venir et rétablir toute chose. Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, qu’ils ne l’ont pas reconnu et qu’ils l’ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l’Homme souffrira de leur part. » Les Disciples comprirent alors qu’Il leur parlait de Jean-Baptiste.»

Voilà une redite bien significative! Dans Luc (1- 17) l’Ange annonçant à Zacharie la naissance de Jean lui dit également: «…il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie…»

Commentaire: « Avec l’Esprit et la Puissance d’Élie » = Avec le même Esprit et la même Puissance que ceux d’Élie.

Cependant, de même que, normalement, chacun de nous ignore qui il fut et ce qu’il fit dans ses vies antérieures, de même il est évident que Jean- Baptiste lui-même n’avait pas gardé le souvenir de cette incarnation antérieure. En effet, dans l’Évangile de Jean, au chapitre premier, verset 21, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites vers Jean-Baptiste pour lui demander: «Toi, qui es-tu?» Il déclara et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ. Et ils lui demandèrent: «Quoi donc, es-tu Élie?» Et il dit: «Je ne le suis point!» Es-tu le prophète? Il répondit «Non!».

Commentaire: Autre possible explication: Si Jean le Baptiste, en réponse à la question « Es-Tu Élie? » répond « Je ne le suis point », une simple possible et vraisemblable explication est, tout simplement, que Jean le Baptiste n’est pas Élie!

Ainsi voyons-nous que, dans sa foncière humilité, Jean-Baptiste ne voulait même pas être considéré comme un prophète, alors que le Christ dit de lui: «Je vous le dis, en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste!». Aujourd’hui, il passe effectivement pour être le plus grand de tous les Prophètes juifs. Néanmoins, il n’avait pas gardé le souvenir qu’il avait été Élie, ou alors, il ne voulut pas le dire.

Commentaire: Ou alors, il ne l’était pas!

C’est sans doute parce que la grande précision de ces passages des Évangiles ne permet pas de nier que, selon les Écritures, Jean fut la réincarnation d’Élie, que certains clercs admettent, lorsqu’on les met résolument en face de ces textes, que, peut-être, dans certains cas exceptionnels, la réincarnation peut exister et que, effectivement, ces passages des Écritures semblent le confirmer. Par exemple, dans son ouvrage intitulé Manuel de psychologie, le Cardinal Mercier (1851-1926) écrivit la phrase suivante: «En ce qui concerne la doctrine de la réincarnation, je ne vois aucun motif pour lequel la raison la tiendrait pour fausse ou impossible.».

Dans un ouvrage intitulé « La survie après la mort » (Colloques des 7 e 8 janvier 1967 – Éditions Labergerie) sont citées les paroles suivantes de celui qui n’allait pas tarder à devenir le Cardinal Daniélou:

«Le « Jugement particulier » signifie que la destinée éternelle de l’homme est décidée au moment de sa mort. Et, par conséquent, il élimine toutes perspectives de réincarnation. Vous savez que ces perspectives sont celles, en particulier, de la pensée de l’Inde, mais qu’elles ont également beaucoup séduit Platon. Et je reconnais que, pour ma part, si je n’étais pas catholique, elles me seraient très sympathiques. Il serait séduisant en effet de penser que le destin de l’âme se poursuivant à travers des mondes spirituels successifs, ce qui a pu ne pas être réussi dans cette existence, pourrait l’être dans une existence ultérieure; de cette manière, si nous avons eu une existence médiocre, en nous réincarnant, une possibilité pourra nous être donnée de nous élever à un niveau plus haut. Vous savez que ces vues ont été adoptées par Origène, qui fut un des grands génies de la théologie.».

Mais Origène n’est pas le seul à avoir enseigné la réincarnation. Bien d’autres grands esprits – et, parmi eux, bien des Pères de l’Église – l’ont enseigné également. Citons, par exemple, saint Jérôme, le patron des traducteurs, auteur de la Vulgate, saint Augustin, l’auteur des «Confessions», Clément d’Alexandrie, saint Grégoire de Nysance, saint Justin, saint Hilaire, etc.

Parmi les détracteurs de la notion de réincarnation, il en est beaucoup pour la rejeter avec cet argument fallacieux qu’elle est une conception orientale, et qu’elle n’a donc rien à voir avec la doctrine chrétienne. Il faut donc faire observer à ceux-là que tous les rédacteurs des textes saints, aussi bien ceux qui ont rédigé l’Ancien que le Nouveau Testament, furent précisément des orientaux.

Non seulement les religions judéo-chrétiennes, que nous considérons à tort comme occidentales parce qu’elles ont suscité pendant notre Moyen Age un puissant élan spirituel, nous viennent de l’Orient, mais même les autres grandes religions du monde, comme le Bouddhisme, l’Islamisme, le Taoïsme, ont toutes leurs racines dans le sol profondément mystique et religieux de l’Orient. Car l’Orient est la patrie spirituelle du genre humain, tandis que l’Occident est surtout le promoteur du progrès intellectuel, technique et matériel, qui se répand désormais à toute vitesse par toute la Terre, entraînant les conséquences dramatiques que l’on sait. La raison en est que le fantastique progrès technique et matériel apporté par l’Occident, n’a pas été accompagné et soutenu par une évolution spirituelle et morale équivalente, celle-ci étant au contraire de plus en plus supplantée et même carrément éliminée par le développement accéléré des facultés intellectuelles, qui limitent le champ de conscience au seul plan matériel.

A travers les textes de l’Ancien Testament, il est à plusieurs reprises question du prophète Élie, de son enlèvement au Ciel et de son retour futur sur cette Terre. C’est dans le deuxième Livre des Rois, au chapitre II, que la Bible raconte ce qu’elle nomme «l’enlèvement d’Élie» au ciel dans un char de feu (d’ailleurs étrangement semblable à nos modernes OVNI!). L’Écriture raconte comment, malgré l’avis d’Élisée, élève et disciple du Prophète Élie, cinquante hommes cherchèrent pendant trois jours le corps du Prophète disparu, sans parvenir à le retrouver. Ce qui accrédita sa montée au Ciel. On dirait de nos jours qu’il passa ainsi dans «une autre dimension de l’espace et du temps». Ce qui revient au même…!

Or, l’ensemble des livres de l’Ancien Testament se termine sur les mots suivants, que chacun peut lire à la fin du Livre de Malachie. Comme si cette dernière promesse, cette ultime prophétie, qui met un point final à tous les textes de l’Ancien Testament, devait revêtir une importance particulière:

«Voici, je vous enverrai Élie, le Prophète,

Avant que le jour de l’Éternel arrive,

Ce Jour grand et redoutable.

Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants.

Et le cœur des enfants à leurs pères,

 De peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit.».

C’est donc sur cette promesse finale que se clôt l’Ancien Testament. Et c’est pourquoi les Juifs connaissaient et attendaient le retour d’Élie, comme nous l’avons constaté plus haut. En plus des dernières phrases de Malachie que nous venons de citer, nous avons noté dans Isaïe (XXVI,19) ce verset dont la deuxième phrase est particulièrement suggestive:

«Que tes morts revivent!

Que mes cadavres se relèvent!

Réveillez-vous et tressaillez de joie, habitants de la poussière, Car ta rosée est une rosée vivifiante,

 Et la Terre redonnera le jour aux ombres!»

Nous avons encore noté dans Jérémie, au chapitre I, versets 4 à 6, les très significatives phrases suivantes:

«La Parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots: «Avant que je T’eusse formé dans le ventre de Ta mère, je Te connaissais; et avant que Tu fusses sorti de son sein, je T’avais consacré, je T’avais établi prophète des nations!».

Il existe encore plusieurs passages des Écritures dans lesquels un peu d’observation ferait reconnaître la connaissance sous-jacente de la réincarnation. Mais nous ne les citerons pas tous, car ils exigeraient quelques commentaires pour être compris sans risque d’erreur, et ces commentaires nous conduiraient trop loin. Nous n’en mentionnerons plus qu’un se trouvant dans l’Évangile de Jean, au début du chapitre IX, dont voici les premières phrases:

«Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. (Notons bien ce détail: aveugle de naissance.) Ses Disciples Lui firent cette question: «Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?»».

Or, de toute évidence, puisque cet homme était aveugle en naissant, le fait que les Disciples aient demandé à leur Maître s’il avait péché avant sa naissance, (lui, ou ses parents avant lui) impliquent qu’ils concevaient qu’il avait déjà vécu avant de naître!

Le lecteur qui voudrait trouver par lui-même des textes relatifs à la réincarnation dans les Évangiles en découvrira encore dans Luc, au chapitre I, verset 7; ou au chapitre XIII. Dans Marc, au chapitre X, versets 29, 30, etc. Ou encore dans la première épître aux Corinthiens (chapitre XV, versets 35). Il y a dans ces passages des récits d’événements ou des phrases qui impliquent la connaissance de la réincarnation chez ceux qui les ont écrits.

Refermons sur ces dernières citations le Livre des Écritures, et ouvrons à présent «le grand Livre de la Nature», puisque nous avons promis de citer des faits concrets, constatés et inexplicables, si on se refuse à admettre la réalité de la réincarnation. On ne trouvera ici que quelques-uns de ces faits parmi le très grand nombre de ceux qui pourraient être cités.

Nous les avons emprunté à un ouvrage intitulé Nous vivons plus d’une fois, par K.O. Schmidt. Mais de plus en plus nombreux sont les ouvrages qui abordent ce problème. Étant donné la nouvelle phase d’évolution vers laquelle toute l’humanité est actuellement progressivement acheminée, nous pouvons nous attendre à voir ce genre d’ouvrages se multiplier encore considérablement.

Comme on dit souvent que «la vérité sort de la bouche des enfants», et qu’ils sont- moins suspects de fraude que les adultes, commençons par raconter diverses anecdotes, dont les enfants furent les innocents acteurs.

Dans son ouvrage intitulé Les vies successives, le Colonel de Rochas, un des pionniers de la science métapsychique, au début de ce siècle, cite un cas extrait du journal Milwaukee Sentinel, daté du 25.9.1892, et relatif à un certain Mister Horster, de Dakota, aux U.S.A. Ce dernier raconta le fait suivant:

«Il y a 12 ans, j’habitais à Ill, dans le comté d’Effigham. C’est dans cette ville que je perdis ma fille Maria, âgée de 15 ans. Un an après sa mort, je vins habiter à Dakota, où je demeure encore aujourd’hui. Il y a neuf ans, ma femme mit au monde une fille que nous prénomâmes Nelly. Mais celle-ci persiste avec entêtement à vouloir être appelée Maria, prétendant que c’est son vrai nom, celui que nous lui donnions autrefois.

«Récemment, je suis retourné dans le comté d’Effigham, où j’avais quelques affaires à régler, et j’emmenais Nelly avec moi. Arrivés à Ill, l’enfant reconnut aussitôt notre vieille maison et plusieurs personnes qu’elle n’avait encore jamais rencontrée, (tout au moins dans sa vie actuelle) mais qui, elles, avaient bien connu Maria.

«Un peu plus loin se trouvait l’école que Maria avait fréquentée. Évidemment, Nelly ne la connaissait pas, mais elle m’en fit néanmoins une description exacte et elle manifesta un vif désir de la revoir. Je l’y conduisis donc. Alors, elle se rendit sans hésiter dans la classe qui avait été celle de Maria, à la place même que celle-ci avait occupée, et elle déclara: « Voici mon pupitre! »».

On pourrait évidemment nier la réalité de tels faits s’ils étaient des cas uniques et isolés. Mais celui-ci n’est qu’une histoire parmi des milliers d’autres. Comment admettre que tant de faits qui se sont produits et qui se produisent encore de nos jours dans tous les coins du monde, soient le fruit d’un parti-pris délibéré de fraude et de tromperie? Voici un autre cas, publié il y a quelques années dans le quotidien de Hambourg, le Hamburger Nachrichten. Nous le citons en tant que cas typique de nombreux cas analogues.

Une aventure singulière est arrivée à un officier italien. Il était en garnison à Venise, où sa femme avait mis au monde une fillette. Chaque soir, pour l’endormir, la jeune bonne à qui on avait confié l’enfant, lui chantait la même berceuse. Hélas! la petite fille mourut dans sa quatrième année et la nurse dut évidemment chercher une autre place.

A quelque temps de là, cet officier italien fut muté de Venise à Naples, et quelques mois plus tard, une autre fillette naquit à son foyer. Elle avait quatre ans lorsqu’un soir, ses parents entendirent dans la chambre de l’enfant un air bien connu: c’était la berceuse que chantait jadis la jeune bonne à la fillette morte à Venise. Or, depuis lors, en raison des tristes souvenirs que cet air évoquait, il n’avait jamais été chanté par personne dans cette maison.

Étonnés, les parents entrèrent dans la chambre: «Que chantes-tu là?», demanda la mère, toute bouleversée. La fillette regarda ses parents avec étonnement: «Mais c’est la chanson que chantait la jeune fille quand nous habitions cette ville qui est sur l’eau!». Depuis lors, ravis, les parents ne doutèrent plus que leur fillette morte était revenue à la vie, sous les traits de leur second enfant.

Il est évidemment fort peu probable que des enfants si jeunes cherchent délibérément à tromper leurs parents, leur famille et tout leur entourage. C’est pourquoi les témoignages spontanés des enfants paraissent les plus dignes de retenir l’attention.

Des recherches en vue de vérifier l’hypothèse de la réincarnation sont actuellement activement menées par certains psychiatres praticiens qui se sont aperçu que cette hypothèse rend bien mieux compte des faits observés en psychiatrie que toutes les théories freudiennes ou autres, encore actuellement enseignées dans les universités.

Par exemple, le Docteur Jan Stevenson, qui est Directeur du département de parapsychologie à l’Université de Virginie, aux U.S.A., a publié un ouvrage (à paraître en français aux Editions Robert Laffont sous le titre Vingt cas de réincarnation) dans lequel il explique la façon dont il a mené dans de nombreux pays des enquêtes conduites avec la plus grande rigueur, qui lui ont permis de vérifier les affirmations d’enfants, et parfois d’adultes, se souvenant de leur précédente existence.

L’excellente revue trimestrielle intitulée PSI International – Le surnaturel face à la science, publia dans son n° 8 (janvier-mars 1979) la passionnante interview que le Prof. Jan Stevenson lui donna, à l’occasion du Congrès International de Parapsychologie, qui se tint à Bruxelles du 24 au 26 novembre 1978. Dans cette interview, à la question du journaliste:

  • Pouvez-vous présenter le modèle général de ce que vous nommez prudemment un «cas suggérant la réincarnation»?, le Prof. Stevenson répondit:

La plupart du temps, il s’agit d’un enfant qui, vers deux ou trois ans, fait état d’une existence qu’il aurait vécue précédemment. Le récit est souvent détaillé et permet aux parents de comprendre certains gestes et certaines attitudes typiques qui prédominaient chez l’enfant, avant même qu’il n’accède au langage.

Les parents sont en général indifférents aux propos de ce genre. Seule l’insistance de l’enfant et la précision des détails formulés les décident à essayer d’en savoir plus. Dans les meilleurs cas, on trouve une corrélation exacte sur cinquante à quatre vingt éléments cités par l’enfant à propos de sa «vie antérieure».

L’aspect informationnel n’est d’ailleurs pas toujours le plus important. Les comportements et les exigences du jeune sujet, qui demande à retourner sur les lieux de sa précédente existence, constituent un premier motif pour que les parents le prennent au sérieux. Ils tentent alors de le dissuader de parler de sa vie antérieure, ou ils finissent par se résigner à l’accompagner là où il prétend avoir vécu.

  1. – C’est à partir de ce moment que l’on passe de la pure subjectivité enfantine au domaine de la vérification quasi-«policière» des faits…
  2. – Nos enquêtes attachent beaucoup d’importance aux conditions dans lesquelles se sont effectuées les retrouvailles du sujet avec les lieux et les individus de sa précédente incarnation. Souvent, l’enfant donne à l’avance le nom de ses principaux parents «antérieurs», décrit le village et la maison dans lesquels il aurait vécu, etc. Le premier test est parfois de lui demander d’indiquer le chemin de l’endroit où il veut retourner. Dans de nombreux cas, l’enfant s’avère capable de tracer l’itinéraire qui mène à son lieu d’existence antérieure, même lorsqu’on essaye de l’induire en erreur. La deuxième phase de vérification survient lors du contact entre les deux familles, celle de la personne décédée et celle du sujet qui prétend en être la réincarnation. On assiste alors à des phénomènes de reconnaissance: l’enfant peut désigner, au sein d’un groupe de personnes inconnues, son «ex- femme», sa mère et son père, ses frères, sœurs et enfants, amis et voisins, bref les personnes les plus significatives de son milieu précédent. La même capacité peut s’étendre à des lieux et des objets: le sujet fait allusion à des modifications d’architecture ou de décors, mentionne ou réclame des meubles, des jouets, ou des vêtements qui lui auraient appartenu dans son autre vie. (…)
  3. – Combien de cas avez-vous rassemblés jusqu’ici et comment traitez-vous les informations recueillies?
  4. – Je dispose actuellement de 1 700 dossiers dont les données seront prochainement soumises à une analyse par ordinateur. Tous les cas, même les plus anciens, seront réévalués selon leur force ou leurs faiblesses. En sélectionnant les plus solides, nous pourrons mettre en évidence les éléments communs à tous les cas, et ceux qui varient selon les régions et les cultures.
  5. – Pouvez-vous donner un exemple de traits particulièrement constants et de critères variables?
  1. – Le nombre des morts violentes dans les vies remémorées varie selon les régions: 25 % chez certaines tribus d’Amérique du Nord contre 80 % chez les Turcs et les Druzes du Liban. De même les changements de sexe d’une vie à l’autre: 5 % en Inde, contre 20 % en Birmanie. Mais dans toutes les cultures, l’âge où l’enfant commence à parler d’une vie antérieure est constant (vers deux ou trois ans), tout comme celui où il cesse d’en parler spontanément (vers cinq ou six ans environ).
  2. – C’est donc vers les tout débuts du langage qu’il faut prêter attention aux allusions à des vies antérieures, voire les enregistrer?
  3. – Je pense que les éducateurs pourraient ainsi fournir de précieux renseignements. Cela éviterait les oublis ou les erreurs qui se glissent par la suite dans les récits qui nous parviennent. Mais il faut laisser l’enfant parler spontanément de ses souvenirs, ne pas attirer son attention ou influencer ses dires pour les rendre «plus vraisemblables».

Les lecteurs intéressés par ce sujet pourront se reporter à la revue PSI International (1) ou encore à l’ouvrage du Dr. Stevenson, lorsqu’il sera paru. Car il n’est pas possible de s’étendre ici sur un sujet aussi vaste qui, à lui seul, mériterait tout un livre, voire plusieurs, pour être traité sur le fond. (I) «PSI International – Le surnaturel face à la Science», 151, bd Hausmann, 75008 Paris.

Une question se posera probablement à de nombreux lecteurs: «Comment se fait-il donc que la plupart des humains ne se souviennent absolument plus de rien au sujet de leurs vies passées?».

Après ce qui a déjà été expliqué dans le présent ouvrage, la réponse à cette question est devenue possible. En effet, nous avons expliqué que l’être humain est un être complexe, qu’il possède plusieurs plans de conscience, comme il ressort clairement du chapitre précédent, et que ces différents niveaux de la conscience ne s’interpénètrent pas nécessairement.

Par exemple, ce que l’être humain apprend par l’étude purement scolaire, intellectuelle, rationnelle et cogitative, n’exerce pas nécessairement une influence sur son âme et sur son esprit. Les connaissances que l’homme accumule par l’étude et l’expérience strictement intellectuelle au long de toute sa vie, demeurent enregistrées dans le merveilleux mécanisme que constitue son cerveau, avec ses milliards de neurones interconnectés, toujours prêts à fournir la réponse cataloguée et classée, à la sollicitation volitive de l’être humain.

A la mort du corps humain, le cerveau se décompose, comme tous les organes du corps, et il ne reste rien de cette merveilleuse mécanique, pas plus que de ce qu’elle avait enregistré jusqu’au jour de sa mort. Mais l’être humain vivant et incarné n’est pas constitué que d’un cerveau intellectif, il possède également une âme et un esprit qui, lui, devrait dominer l’ensemble de l’être.

L’âme et l’esprit enregistrent eux aussi les expériences et les impressions que leur apporte l’existence. Mais ce qu’ils enregistrent et conservent vivant en leur souvenir, ce n’est que ce qu’ils ont intuitivement éprouvé, et non pas intellectuellement appris. Or, l’âme, pas plus que l’esprit, ne disparaissent à la mort du corps physique. Tandis que l’intellect, lui, disparaît avec le corps, dont il est un élément.

  • L’intellect est froid, sec, calculateur, impersonnel, comme une mécanique enregistreuse. Son organe de conservation, c’est la mémoire.
  • L’âme et l’esprit sont au contraire sensibles, impressionnables, vivants, réceptifs et intuitifs. Leur organe de conservation, c’est le souvenir .

Plus un être humain développe son intellect, plus celui-ci aune tendance marquée à supplanter les autres éléments de l’être vivant que sont l’âme et l’esprit. Ceci n’est évidemment ni fatal ni nécessaire, mais c’est néanmoins ce qui se produit généralement. Si bien que la quasi-totalité des humains qui, depuis des millénaires déjà, se sont progressivement cérébralisés (et qui, de nos jours encore, continuent plus que jamais à s’intellectualiser sans cesse plus intensément) vivent aujourd’hui presque en permanence (sauf pendant le sommeil) dans le seul champ de conscience de leur intellect.

Il faut, à notre époque, des circonstances tout à fait exceptionnelles pour que l’être humain se mette à éprouver dans son âme de fortes et puissantes impressions, capables d’apposer sur cette âme des empreintes indélébiles, qui persisteront au-delà de la vie et de la mort terrestres. Depuis longtemps, la domination de l’intellect est devenue telle chez l’homme de cette Terre, qu’il n’est plus capable d’éprouver dans les événements anodins de sa vie quotidienne ces impressions vécues qui, seules, constituent pour son âme et son esprit, ce trésor d’expériences capable de franchir les frontières de l’existence charnelle.

C’est ici que réside la raison véritable de ce goût morbide que manifestent les foules modernes pour l’horreur, le risque, l’effroi et en général pour toutes les impressions violentes. Car seules ces impressions violentes sont encore capables de faire frissonner pendant quelques instants les âmes des hommes d’aujourd’hui, endormies et subjuguées par la tyrannique et totale domination de leur intellect.

Résumons-nous: Seul donc, ce que l’être humain vit réellement dans son for intérieur est capable de franchir le cap des existences. Par contre, tout ce qu’il enregistre par l’étude strictement intellectuelle disparaît à la fin de sa vie dans la décomposition organique du cerveau.

Au sujet de la nécessité de l’oubli des vies antérieures:

Par l’union avec un corps gros-matériel, autrement dit par l’incarnation dans un corps de chair et de sang, le souvenir  de chaque être humain est comme recouvert d’un bandeau l’empêchant de revoir son existence antérieure. Mais, comme toute chose dans la Création, cette disposition n’est qu’un avantage pour l’être humain. Nous y retrouvons à nouveau la Sagesse et l’Amour du Créateur.

Si chacun se rappelait exactement son existence antérieure, il ne serait qu’un spectateur passif dans sa nouvelle vie terrestre. Il resterait en dehors de la réalité, sachant que cette vie lui apporte un avancement ou une expiation. Cette attitude l’empêcherait précisément de progresser et elle comporterait plutôt un grand risque de chute (1).

(1) Certains ecclésiastiques pensent que c’est la raison pour laquelle l’Église aurait supprimé de sa doctrine l’enseignement de la réincarnation.

La vie terrestre doit être pleinement vécue afin d’avoir son utilité. On ne possède réellement que ce qu’on a vécu intérieurement, c’est-à-dire ressenti intuitivement avec ses hauts et ses bas. Si un être humain pouvait toujours connaître au préalable et de façon exacte la direction précise qui lui est utile dans la vie, il n’y aurait plus lieu pour lui de peser et de décider. De ce fait, il ne pourrait acquérir ni la force ni l’indépendance qui lui sont absolument nécessaires.

L’argument qu’avancent, le plus souvent avec ironie, d’innombrables matérialistes pour écarter toute préoccupation relative à la survivance de l’âme – et, a fortiori, relative à la réincarnation – se résume en cette phrase si souvent entendue:

– Malheureusement, personne n’est jamais revenu de l’autre côté pour nous en parler!

Or, cet argument qui, dans son ironie, se croit irréfutable, est totalement erroné! Grâce aux techniques modernes de réanimation, nombreux sont les malades et les accidentés qui sont revenus à la vie, après avoir été médicalement considérés comme morts pendant une durée plus ou moins prolongée. Et parmi eux, il en est beaucoup pour avoir ramené «de l’autre côté» des souvenirs précis qui, singulièrement, présentent souvent une étonnante ressemblance avec les souvenirs d’autres rescapés de la mort, qui ne se sont évidemment jamais rencontrés.

Quiconque voudrait honnêtement s’en convaincre – car on a toujours raison de refuser de croire sans comprendre, cette façon d’agir ouvrant toute grande la porte à l’erreur! – lira avec profit, entre autres ouvrages, le livre très objectif du Docteur Raymond Moody intitulé La vie après la vie, aux éditions Robert Laffont.

Mais revenons-en aux faits concrets qui viennent apporter l’appui de l’expérience aux thèses de la réincarnation. Le journal allemand Wochenende a publié, il y a quelques années, le cas typique d’une monitrice de sport de 26 ans, qui habite Blackpool, une station balnéaire anglaise.

En état de transe, cette jeune femme se souvient avoir vécu il y a plus de 3000 ans en Égypte, où elle était danseuse dans un temple. Tombant de temps à autre dans un état crépusculaire, elle se souvient alors de sa vie à Karnac et elle exécute de vieilles danses égyptiennes, chantant des hymnes à Isis et à Osiris, tout en se servant de la langue parlée dans l’ancienne Égypte, sous la 18ème dynastie. Différents égyptologues ont ainsi pu se rendre compte pour la première fois de l’intonation et de la prononciation de cette langue ancienne que l’on ne connaissait jusqu’ici que sous la forme écrite des hiéroglyphes.

Le professeur Hulme, de l’Université d’Oxford, a noté phonétiquement et traduit en anglais les propos et les hymnes dus à ce singulier rappel d’une vie d’autrefois. Son travail parut à Londres sous le titre L’ancienne Égypte parle. il retrace la vie antérieure de cette monitrice de sport anglaise, à l’époque où elle vivait sous le règne du pharaon Amenhotep, jusqu’à sa mort dans le Nil. Lorsqu’elle est en état de transe, non seulement elle parle couramment l’ancien égyptien, mais elle l’écrit aussi en écriture hyéroglyphique et elle utilise des tournures de phrases que seul un égyptien de ce temps-là aurait pu employer. Il est remarquable qu’en état de conscience normale, cet état de conscience dite diurne, qui est l’état de conscience intellectuelle de notre présence en ce monde matériel, elle ne manifeste aucun intérêt pour l’égyptologie, et qu’elle n’a aucun souvenir de sa vie passée.

Depuis quelques années, dans plusieurs pays de l’Est et de l’Ouest, divers instituts de parapsychologie sont même parvenus à une étude expérimentale de la réincarnation, en utilisant l’hypnose comme moyen d’investigation de la mémoire subconsciente de leurs sujets d’expérience. Plusieurs chercheurs parmi ceux qui firent usage de cette technique sont parvenus à des résultats si significatifs qu’ils furent tentés de leur accorder la valeur de «preuves», tant ils sont convaincants.

Ces expériences dites de «rétrogradation de la mémoire» consistent à placer sous hypnose un sujet d’expérience et à l’interroger en remontant toujours plus haut dans le temps, sur les circonstances de sa vie, jusque dans sa plus petite enfance. Tant qu’il s’agit de sa présente existence, il est, généralement, assez facile d’obtenir confirmation de ses déclarations en interrogeant sa famille, parents ou proches.

En poussant toujours plus en arrière cette investigation dans un passé depuis longtemps enfoui dans la mémoire sub-consciente du sujet, à plusieurs reprises, il fut possible de faire ressurgir en lui le souvenir de précédentes vies antérieures. Étant ainsi parvenu à obtenir de lui le nom qu’il portait dans sa précédente vie, le nom des lieux où il vécut, l’époque de sa vie passée, sa profession, etc., à plusieurs reprises, en consultant les archives et les registres de l’état civil du pays désigné, il fut possible d’obtenir confirmation de l’existence bien réelle dans le passé de la personne ainsi nommément désignée. Sans qu’il soit, bien entendu, possible de voir une preuve matérielle dans le fait que cette personne ayant vécu dans ces pays et à cette époque soit effectivement la même qui, aujourd’hui, porte encore enfouie au fond d’elle-même la mémoire d’un passé depuis si longtemps révolu. Il n’en demeure pas moins que de telles concordances ont de quoi donner à réfléchir à ceux qui sont disposés à le faire.

Cependant, quelque intéressants que soient les résultats obtenus à l’aide des techniques hypnotiques, il est impératif de souligner très fortement les très graves dangers qu’entraîne toujours l’hypnose, même lorsqu’elle est employée dans les meilleures intentions, même lorsque les sujets hypnotisés sont consentants, et même lorsqu’elle est pratiquée par des gens qui ont acquis une certaine expérience en ce domaine.

En effet, que les hypnotiseurs le sachent ou qu’ils l’ignorent, dans tous les cas l’hypnose constitue un véritable viol de la personnalité psychique de l’hypnotisé. Elle est sur le plan de l’âme – plan qui n’est pas observable sur le plan matériel – tout à fait comparable à ce qu’est le viol sur le plan du corps. Mais ses conséquences sont plus graves! L’hypnose constitue toujours une véritable effraction de la personnalité humaine, même pratiquée avec le consentement du sujet, et dans les meilleures intentions. Ses conséquences, bien plus lourdes que celles du viol, n’apparaissent (quand elles apparaissent!) qu’avec le temps, et le plus souvent seulement post mortem.

Dans l’hypnose, l’hypnotiseur substitue en effet sa volonté à celle de l’hypnotisé, dans le but de lui faire accomplir ce que lui, l’hypnotiseur, a décidé. La volonté du sujet se trouve ainsi plus ou moins temporairement et plus ou moins complètement subjuguée par celle de l’hypnotiseur.

Supposons que, dans l’intention louable d’être utile à son patient, l’hypnotiseur lui ait enjoint, par exemple, de cesser de fumer. Il est fort possible qu’il y parvienne, et que son sujet cesse effectivement de se nuire à lui-même en se droguant ainsi. Cependant, ce résultat ne sera pas obtenu par un effort de la volonté personnelle du sujet, mais grâce à la substitution de la volonté de l’hypnotiseur à la sienne. La volonté de l’hypnotisé n’en sortira pas renforcée, mais au contraire affaiblie. Conditionné à son insu, déterminé par la volonté de l’hypnotiseur qui lui interdit de fumer, sans doute ne fumera-t-il plus à l’avenir. Mais, au fond de lui-même, sa volonté sera demeurée aussi faible qu’elle l’était – vraisemblablement même encore un peu plus! – Ce qui entraîne le risque, sinon d’une rechute dans le tabagisme, contre lequel il a été prévenu et conditionné, du moins dans tout autre penchant qui peut lui nuire encore davantage.

Certes, plein de bonnes intentions, l’hypnotiseur pourra alors chercher à lui venir en aide une fois de plus en le prémunissant par l’hypnose contre la tentation de céder à de nouveaux funestes penchants. Mais, à la longue, il ne parviendra à faire de son sujet qu’une sorte de zombie, incapable d’accomplir encore des efforts personnels à force de les avoir toujours faits sous la pression d’une volonté étrangère à la sienne.

Cette dépendance du sujet vis-à-vis de l’hypnotiseur est lourde de conséquences, particulièrement pour ce dernier. Mais il ne s’en apercevra qu’en passant dans l’Au-delà, où il se verra ligoté à chacune de ses victimes, et où il ne pourra à nouveau progresser librement qu’après avoir réparé les graves préjudices qu’il causa à chacune d’elles. Ce qui peut durer fort longtemps!

Je n’ai, certes, pas la naïveté de croire que ces trop brèves explications suffiront pour dissuader ceux qui font profession de l’hypnose. Seule l’expérience, sans doute, un jour, les conduira à s’en mordre les doigts. Malheureusement trop tard…!

Mais revenons à notre sujet. Bien des ouvrages ont déjà été publiés sur le thème de la réincarnation. Et il ne fait pas de doute que, étant donné l’importance fondamentale des facteurs humains qui sont seuls cause de la très grave crise de notre civilisation, les recherches sur l’Homme vont aller se multipliant plus qu’à aucune autre époque dans le passé. De ce fait, bien entendu, nous pouvons nous attendre à voir paraître encore bien d’autres ouvrages sur ces sujets. Le lecteur intéressé par cette recherche consultera avec intérêt les livres suivants:

Nous vivons plus d’une fois, par K.O. Schmidt (Astra)

De nombreuses demeures…, par Gina Cerminara (Adyar)

Edgar Cayce, l’homme du mystère, par Joseph Millard (J’ai Lu)

Nos vies antérieures, par Joan Grant et Denys Kelsey (J’ai Lu)

A la recherche de Bridey Murphy, par Morey Bernstein (J’ai Lu)

Fantastiques recherches parapsychiques en URSS, par Scheila Ostrander et Lynn Schroder (Robert Laffont), etc., etc.

Bien entendu, on trouve en France aussi des cas semblables. Dans son livre intitulé Les Méditations, Lamartine retrace l’histoire de l’âme humaine, de ses pérégrinations à travers de nombreuses vies et des expériences qu’elle y fait. Pendant son voyage en Orient, Lamartine avait eu plusieurs réminiscences très précises. Citons ce passage de ses Méditations:

«Personne n’était en mesure de me citer les noms anciens des lieux, des montagnes et des plaines, et pourtant je reconnus sur le champ la vallée de Thérébinte, et le champ de bataille sur lequel était tombé Saül, roi d’Israël. Lorsque j’arrivais au monastère et que je mentionnais ce fait, les moines confirmèrent la justesse de mes conjectures. De même, en arrivant à Séphoris, je pus montrer du doigt une certaine colline et la nommer. Et c’était là, comme j’en avais eu l’impression, le lieu de naissance de la vierge Marie. Le lendemain, du haut d’une montagne aride, je reconnus le tombeau des Macchabées. Durant tout mon voyage à travers la Judée, je n’ai pas rencontré de lieu où je n’ai pas eu le souvenir d’avoir vécu déjà… N’était-ce pas pour cela que je m’étais senti irrésistiblement poussé à entreprendre ce voyage? Avons-nous déjà vécu une fois, ou des milliers de fois?».

Telle était la question que se posait Lamartine en contemplant des paysages qui lui semblaient familiers. Terminons l’énumération de ces faits tirés de l’observation du «Grand Livre de la Nature», en racontant encore l’histoire suivante:

«Un musicien américain voyageait en Europe et il éprouvait un plaisir tout particulier à parcourir et à contempler les campagnes. En arrivant dans un certain endroit, il eut soudain le sentiment d’être dans un pays qu’il connaissait bien. » Il me semble que j’ai déjà vécu ici », pensa-t-il, bien qu’il ne soit encore jamais venu en Europe.

«Comme il s’apprêtait à gravir une colline, il eut la vision très nette du paysage qu’il allait découvrir sur l’autre versant, avec un certain village bien caractéristique. Il marcha plus vite et, parvenu sur la crête, il constata qu’il avait effectivement sous les yeux le village, précisément ce village qu’il lui semblait connaître et dont il portait l’image dans son for intérieur.

«Mais il n’était pas au bout de ses surprises. Ce voyageur était musicien et quelque peu compositeur. Or, voici que dans ce pays qui lui était étranger, dans ce pays où il n’était encore jamais venu, il découvrit en feuilletant de vieux livres une œuvre musicale exactement semblable à une partition qu’il venait de composer en Amérique quelque temps auparavant.-

«Le livre où il découvrit son œuvre musicale était manifestement un vieux livre, et lui venait seulement de la composer depuis peu dans son pays natal! C’est-à-dire qu’il croyait l’avoir composée récemment, alors qu’en réalité, il l’avait nouvellement puisée dans sa mémoire subconsciente, elle n’était qu’une réminiscence.».

L’hypothèse de la réincarnation permet d’expliquer que certains hommes réussissent aisément dans tout ce qu’ils entreprennent, peu importe qu’ils soient musiciens ou mécaniciens. Ils semblent se jouer des difficultés et vont de réussites en réussites, alors que d’autres s’appliquent péniblement sans parvenir à de grands résultats.

Sans doute est-ce la conscience de cette réalité qui fit écrire à Paul Valéry: «Je pense très sincèrement que si chaque homme ne pouvait pas vivre une quantité d’autres vies que la sienne, il ne pourrait pas vivre la sienne.».

Nous avons dit que nous citerions, avant de terminer ce chapitre, le nom de quelques-uns parmi les grands hommes, qui ont hautement affirmé croire en la réincarnation. Dans l’Antiquité, Pythagore, Socrate, Plutarque, Proclus, Plotin, Jamblique, ont cru et parfois même publiquement enseigné la réincarnation.

Chez les Romains, Cicéron et Ovide (dans Les Métamorphoses) en ont également parlé. Dans son De Bello Gallico. César mentionne la foi des Gaulois dans cet enseignement. Sénèque partage sur ce point les convictions de Cicéron.

Plus tard, du Moyen Age à nos jours, bien des penseurs, des philosophes ou des poètes y crurent également, comme l’Italien Giordano Bruno, l’Allemand Paracelse; Jérôme Cardan expliquait que l’âme transmigre de corps en corps; le dominicain Campanella, mort en 1639, l’enseignait également, de même que le premier des auteurs de science-fiction, le Français Cyrano de Bergerac (mort en 1655).

Leibnitz, David Hume, Sam Dupont de Nemours, le fondateur du plus puissant consortium de produits chimiques américain, mort en 1817, en étaient également convaincus. De même que les philosophes, penseurs et poètes allemands Schlegel, Schopenhauer, Herder. Le grand Goethe disait: «Je suis certain que, tel que vous me voyez, j’ai déjà été de nombreuses fois ici-bas, et j’espère bien y revenir encore souvent!». Richard Wagner y fit allusion à plusieurs reprises dans ses opéras.

Voltaire, le grand contempteur de l’Église, écrivit de son côté: «Il ne serait nullement surprenant que l’homme renaisse. Tout est résurrection, toute la nature nous en montre l’image. La doctrine de la réincarnation est peut-être le plus vieil enseignement du monde.». Le célèbre astronome français Camille Flammarion se fit très mal voir de ses contemporains du «stupide XIXe siècle», parce qu’il eut le courage de dire sa croyance en bien des faits sur lesquels le positivisme d’Auguste Comte refusa toujours de se pencher.

Parmi les poètes et les littérateurs français, nombreux sont ceux qui mentionnèrent la réincarnation. Qui ne connaît la célèbre poésie de Baudelaire intitulée précisément «La Vie antérieure»:

 «J’ai longtemps habité sous de vastes portiques…».

Victor Hugo fut un spirite et un réincarnationiste convaincu. Balzac en fit quelquefois parler ses divers personnages, particulièrement dans Séraphita, mais aussi dans La Peau de Chagrin. Théophile Gauthier fit de même dans Le Roman d’une Momie et dans son poème intitulé Affinités secrètes. Flaubert exprime également dans Madame Bovary et dans Salammbô son inquiétude de ces questions, en prêtant cette inquiétude à ses personnages. Passons volontairement sous silence d’autres noms qui ne sont pas tous de première grandeur, pour mentionner en terminant quelques grands noms des pays anglo-saxons.

Walt Whitmann, Edgard Poë, Emerson, Milnes, Tennyson, Rudyard Kipling et jusqu’au romancier agnostique contemporain Somerset Maugham, décédé en 1964, qui écrivit: «S’il me fallait donner la préférence à une quelconque religion, je choisirais celle des Hindous, à cause de l’enseignement de la réincarnation. Car cette doctrine représente la seule explication possible de la Vie acceptable par l’intelligence.».

Le célèbre Henry Ford, créateur de la plus puissante industrie du monde de construction automobile, déclarait publiquement sa conviction à cet égard: «Si cela m’était possible, je convaincrais volontiers les hommes de la vérité de la doctrine de la réincarnation, comme j’en suis moi-même convaincu. Car elle apporte le calme et la maîtrise de soi.».

Arrêtons là cette énumération. Bien sûr, nous ne les avons pas tous nommés. Nous n’avons nommé que les plus grands d’entre eux et, sans doute, avons-nous oublié des étoiles de première grandeur. Nous n’avons cité personne d’Orient ni d’Extrême-Orient, car il est bien connu que, dans ces pays, cette conception est très généralisée.

Il reste que, à nos yeux, plus que l’opinion de tous ces grands hommes, les paroles les plus importantes furent et demeurent celles du Christ, citées dans les Évangiles, que nous avons mentionnés. Car les traces que le Christ a laissé sur Terre sont beaucoup plus profondes que celles d’aucun grand homme jamais apparu ici-bas, parce qu’Il vint par Amour de l’humanité, en tant que Messager de la Lumière, uniquement pour lui apporter la Connaissance de la Vérité, dont elle a plus que jamais grand besoin.

Nous partirons seulement de l’origine de cet esprit qui, elle, ne se situe pas au Sommet de la Création, mais beaucoup plus bas, très au-dessous de ce Sommet.

L’Homme, tel que nous le connaissons, étant une créature – une Création de Dieu – il est impossible, si l’on veut s’en faire une juste image, de le séparer de la Création dans laquelle il a pris forme et dont l’existence est absolument fondamentale, au sens littéral du terme, pour sa formation. Car la Création constitue le substratum de l’être humain, tout comme chaque plante et chaque être vivant est, ici-bas, le produit du sol sur lequel il vit:

L’existence de l’homme est donc ainsi subordonnée à l’existence préalable de la Création. C’est la raison pour laquelle le Texte de la Genèse enseigne que furent créés le Ciel et la Terre avec tout ce qu’ils contiennent avant que le Créateur ne formât l’homme de la substance même de la Création.

Cette explication de la Genèse se trouve, d’ailleurs, en parfait accord avec les découvertes scientifiques dans le domaine de l’évolution, telle qu’elle s’est accomplie ici-bas. On sait en effet que l’homme fut le dernier-né dans l’échelle des êtres vivants.

C’est pourquoi, afin de montrer comment s’est constitué l’être humain que nous sommes, nous allons être dans l’obligation de schématiser d’abord à grands traits, et en partant d’en haut, la structure immanente et transcendante de la Création.

LA CRÉATION

Une formule dynamique d’Aristote à propos de Dieu, formule reprise ultérieurement par Thomas d’Aquin, explique que «Dieu est Énergie pure».

L’Énergie, la Vie, la Lumière Originelle, la Force, la Grâce – peu importe le Nom! – émanent donc de Dieu, de la même façon que de notre corps émanent en permanence un certain nombre de rayonnements. Par exemple, la «chaleur animale», c’est-à-dire le rayonnement calorique (infra-rouge), l’odeur, un magnétisme particulier à chacun de nous, etc. Il n’est pas davantage possible à l’Être Suprême d’exister sans émettre de l’énergie qu’il ne nous est possible de vivre sans que ces diverses émanations s’échappent en permanence de notre organisme.

Pour nous exprimer correctement, nous ne devrions donc pas dire que «Dieu est Énergie pure», mais qu’ll est la Source, pour nous à jamais inconnaissable, de cette Énergie, de toute Vie.

Il en est de la Lumière Originelle qui émane de l’Insubstantialité [i] Divine comme de la lumière que nous voyons ici-bas de nos yeux de chair, cette lumière n’étant qu’un pâle reflet de la Lumière même de Dieu.

La lumière porte, en effet, en Elle une infinité de potentialités à l’état virtuel. Par exemple, lorsque nous décomposons la lumière solaire par un prisme, nous nous apercevons que cette lumière, qui nous paraît blanche à première vue, porte en elle, mystérieusement invisibles, les sept couleurs de l’arc-en-ciel: violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge.

Comme on le sait, l’analyse spectrographique de cette même lumière matérielle permet de reconnaître bien davantage les caractéristiques multiples de sa source émettrice. De façon analogue, toute la gamme des rayonnements existe à l’état virtuel dans la Lumière Originelle, qui est l’Irradiation naturelle et inévitable de Dieu. Ce sont ces Rayonnements Divins qui sont le point de départ de toute la Création ultérieure.

Toute la Création s’est ainsi formée à partir du Rayonnement auto-actif de son Créateur. Elle s’est peu à peu constituée par paliers successifs de condensation, en commençant par les éléments les plus subtils, les plus éthérés, les plus légers, en même temps que les plus actifs et les plus chauds – parce qu’ils sont les plus proches de l’Origine de toute existence – pour aboutir, à l’autre bout du Processus créateur, aux éléments les plus lourds, les plus denses, les plus lents, c’est-à-dire à la matière froide et inerte que nous connaissons ici-bas.

Exactement comme sur le plan terrestre, ces deux gaz très légers et impalpables que sont l’oxygène et l’hydrogène donnent en se combinant ce liquide sensible que nous nommons l’eau, tandis qu’en se refroidissant encore davantage, ce liquide devient à son tour solide en se transformant en glace, qui est dure, compacte et tranchante. Qui songe, à première vue, en considérant un énorme iceberg, qu’il est constitué de ces gaz légers, invisibles et impalpables que sont l’oxygène et l’hydrogène? Et pourtant, nous savons qu’en dernière analyse il en est bien ainsi, et que les éléments les plus subtils permettent la formation des plus denses, même lorsqu’il n’y paraît pas à l’œil nu.

De la même manière, dans la structure de la création, les mondes qui sont les plus réels, les plus durables et les plus importants, parce qu’ils sont les premiers formés, sont précisément les mondes spirituels. Tandis que, parce qu’ils sont beaucoup plus éloignés de l’état principiel, les mondes matériels, physiques, qui en découlent, n’ont pas leur permanence et leur durable réalité.

De même qu’il est impossible que se forme la moindre goutte d’eau en l’absence d’une combinaison préalable d’oxygène et d’hydrogène, ainsi, faute de l’existence préalable des plans subtils où se situent les causes initiales, aucun corps physique ne peut se former.

C’est pourquoi Paul de Tarse a pu écrire: «Le monde est un système de choses invisibles manifestées visiblement.».

Et pourtant, ce sont précisément ces mondes matériels aux structures complexes que nos modernes matérialistes veulent à toute force considérer comme seuls réels et véritablement existants. Il est vrai que les progrès accomplis dans la connaissance de la structure de la matière conduisent déjà nombre de physiciens à admettre que, au stade où en sont parvenues leurs connaissances, le terme de «matérialisme» a perdu sa signification première. L’ère du matérialisme exclusif est donc déjà dépassée, et celle d’un spiritualisme raisonné, qui n’a pas encore sonné, approche néanmoins rapidement. Il n’en demeure pas moins que la majorité de nos contemporains en sont restés aux conceptions d’un matérialisme dépassé. Ce que prouvent à la fois leur mentalité et leurs comportements, même lorsqu’ils estiment avoir évolué avec leur temps.

Essayons maintenant de nous faire une Image du Processus Créateur..

Représentons-nous la Force créatrice émanant de l’lnentéallique en un prodigieux jaillissement de puissance, et projetée dans l’espace cosmique, où elle se répand à des distances incommensurables. Dans son  incandescence et dans la puissance de sa projection, elle est d’un éclat et d’une énergie absolument insoutenable pour tout être vivant. Comme l’énergie solaire est également insoutenable à tout être vivant, dans la proximité de l’astre rayonnant.

De même que la lumière solaire porte en elle toute la gamme des autres couleurs fondamentales, et bien d’autres caractéristiques spectrographiques, ainsi la Lumière Originelle de Dieu porte en elle à l’état virtuel toutes les sphères, tous les plans, tous les êtres qui se condenseront ultérieurement et successivement en des distances toujours plus grandes de la Source même du rayonnement qu’est la Volonté de Dieu, l’Esprit Saint Créateur.

Plus la Force créatrice de l’Esprit de Dieu s’éloigne ainsi, par sa projection dans l’immensité de l’espace, de son Origine lnsubstantielle [NDLR: Inentéallique] Que Dieu est, plus elle finit par diminuer de puissance, d’énergie, de chaleur et d’éclat.

Les mots sont impuissants pour donner une image, même approximative, de l’ampleur du Processus créateur. C’est pourquoi il faut essayer de se représenter en intuitions, c’est-à-dire de façon imagée, de voir, ce que nous tentons de suggérer au lecteur par des mots, dont la faiblesse et la pauvreté ne nous échappent pas.

Lorsque, dans son Rayonnement, la Force de l’Esprit Saint en vient à susciter la formation de l’étage inférieur des Sphères spirituelles d’où l’esprit humain est originaire, elle est déjà fort affaiblie par l’incommensurabilité des distances qu’elle a parcourues avant d’arriver à ce point de l’espace. Exactement comme ici-bas, également, tout rayonnement s’affaiblit en raison inverse du carré des distances parcourues. Ou encore, exactement comme le rayonnement d’un foyer de combustion diminue, plus on s’éloigne du centre de ce foyer .

Conservons cette comparaison: Au sein d’un tel foyer, dans l’énorme température dégagée, tous les corps qu’il renferme sont portés à l’incandescence, et, par conséquent, ils sont en fusion, comme dans un creuset. Dans le bouillonnement de cette fusion, ces corps se trouvent mélangés les uns avec les autres, c’est-à-dire qu’ils sont encore indifférenciables et indifférenciés dans le magma originel.

Plus on s’éloigne du sein de ce foyer incandescent, la température diminuant progressivement, plus les différents corps que renferme le magma se différencient également progressivement. Car, ceux qui sont capables de se solidifier à des températures plus élevées se déposent les premiers dans la masse en fusion, dès que celle-ci, en se refroidissant, atteint la température qui correspond à leur point de solidification. Les autres, dont la température de solidification est encore plus basse se déposent, ou précipitent, seulement ultérieurement et successivement.

Ce n’est là, bien entendu, qu’une comparaison empruntée à la physique et destinée à visualiser le processus, à faire image. Elle cherche à faire comprendre que les entités spirituelles les plus fortes s’individualisent (= se déposent, ou précipitent) les premières, sous un Rayonnement divin encore très puissant. Tandis que les plus faibles ne peuvent s’individualiser que beaucoup plus tard, sous un rayonnement (= température) beaucoup moins puissant de l’Irradiation de Dieu. Or, nous avons déjà remarqué que ce Rayonnement diminue d’intensité en proportion de l’éloignement du Foyer créateur originel.

Parvenue, dans son Rayonnement, au niveau de l’étage inférieur des Sphères spirituelles, la Force Créatrice Originelle qui émane de l’Esprit Saint en un prodigieux jaillissement, s’est donc déjà bien refroidie, du fait de l’incommensurabilité des distances parcourues. Aussi n’est-ce qu’à partir de ce point spatial de refroidissement que peuvent commencer à s’individualiser les plus faibles des entités spirituelles. Celles-ci, qui sont encore inconscientes, ne portent plus en elles qu’une étincelle échappée du Foyer de Force créatrice qu’est l’Esprit Saint.

Ce sont des étincelles d’esprit humain, comparables à ces étincelles jaillissant des coulées de métaux en fusion, et qui sont constituées par une minuscule parcelle de la coulée dont elles ont jailli. La différence réside dans le fait que si une étincelle métallique est inerte et sans vie propre, l’étincelle d’esprit humain, émanée de la coulée, ou du flux de rayonnements de l’Esprit Saint est, elle, au contraire, vivante et animée.

Du fait de leur faiblesse originelle, ces étincelles d’esprit sont encore inconscientes, comme nos bébés à leur naissance nous montrent également l’image de la faiblesse et de l’inconscience. Tandis que, dans les Sphères spirituelles supérieures, les entités qui ont pu s’individualiser les premières, parce qu’elles ont une structure différente, deviennent conscientes dès l’instant même de leur «précipitation», c’est-à-dire de leur individualisation. Elles vivent et agissent, dès leur origine, uniquement et exclusivement conformément à la Volonté divine. Ce que, de toute évidence, l’esprit humain, lui, ne fait pas!

II est, somme toute, assez facile de comprendre que l’Origine de notre esprit nous soit jusqu’à présent demeurée mystérieuse. Car, de même que, ici sur Terre, l’être humain ne peut se souvenir des circonstances de sa naissance, qui ne peuvent lui être racontées que longtemps après par ses parents, lorsqu’il est en âge de comprendre, de même l’esprit humain ne peut se souvenir de son origine spirituelle parce que, tant à son origine spirituelle qu’à son origine terrestre, l’entité humaine est à l’origine tout à fait inconsciente.

Ces étincelles, ou germes d’esprits inconscients, sont ce que nous pouvons aussi nommer des «monades» spirituelles, c’est-à-dire des «grains» que le Créateur projette par l’Auto-activité de Son Rayonnement, dans la Création, en vue de leur évolution et de leur maturation, comme le symbolise très clairement la merveilleuse «Parabole du Semeur», pour celui qui prend conscience du processus qu’illustre ce symbole. «Le Royaume des Cieux est semblable à un homme qui s’en alla pour semer!».

Ces «grains» d’esprits encore inconscients portent, en effet, en eux, une tendance profonde et naturelle à l’évolution personnelle, tendance propre à leur espèce. Ils portent en eux des virtualités qu’un développement ultérieur pourra faire fructifier, lorsqu’il s’accomplira. Ces virtualités, ou ces innéités spirituelles sont précisément ce «Talent» dont parla le Christ dans une autre Parabole célèbre, dont le sens profond n’a pas davantage été reconnu jusqu’à présent.

LE CYCLE ÉVOLUTIF DE L’ESPRIT HUMAIN

Certaines personnes sont déroutées par l’expression «germes d’esprits humains inconscients», car ce concept ne leur est pas familier. Qu’elles  songent cependant qu’ici-bas notre corps physique [1] est également issu d’un germe. C’est ce germe que l’on nomme l’ovule. Celui-ci, fécondé par un autre germe, le spermatozoïde, donne en se développant l’embryon qui, en  poursuivant son développement deviendra le fœtus, lequel, finalement, à la naissance, constitue le corps humain.

Tout ce que nous pouvons observer physiquement ici-bas n’est, en réalité, qu’un reflet, une reproduction des processus qui s’accomplissent immuablement selon les Lois éternelles de la Création, depuis les Plans supérieurs et jusque dans les plans matériels – donc également sur Terre. C’est bien pourquoi Hermès Trismégiste, le grand initiateur de l’Antiquité, disait avec raison: «Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.».

De même que notre corps physique est effectivement issu d’un œuf que l’on nomme l’ovule, de même l’esprit de l’entité humaine est également issu, dans les Sphères spirituelles, d’un «germe» que l’on peut également se représenter sous la forme d’une étincelle d’esprit.

Pour faire comprendre les raisons profondes et la nécessité de l’évolution de l’esprit, le mieux est encore d’user d’une comparaison. La voici:

Exactement comme notre l’œil terrestre ne peut rien distinguer dans l’éblouissement d’une lumière trop forte, de la même manière, le faible germe d’esprit humain ne peut pas prendre conscience de ce qui l’entoure, dans l’éblouissement dû à la puissance du Rayonnement Divin qui vibre sur le plan dont il tire son origine. Et ceci, malgré l’affaiblissement déjà considérable de ce rayonnement, affaiblissement dû à l’incommensurable éloignement de son Origine.

Pour «voir», c’est-à-dire pour apprendre à observer consciemment, il faut donc que le germe d’esprit quitte sa Sphère originelle et descende sur d’autres plans, où le rayonnement de la Lumière créatrice est moins puissant. Il ne peut que descendre pour parvenir à ce but, il ne peut pas monter, puisque plus on remonte vers l’Origine de toutes choses que Dieu est, plus la Lumière est vive, plus la Force de Dieu est puissante dans Son Rayonnement. En cherchant à remonter (en supposant que ce soit possible) la «monade» spirituelle serait éblouie, brûlée et consumée dans son éclat, comme tout être vivant s’approchant trop près d’un foyer incandescent.

C’est donc seulement en descendant que le germe d’esprit encore inconscient peut parvenir à y «voir clair», c’est-à-dire à devenir conscient de la Création au sein de laquelle il est acheminé vers l’incarnation, parce qu’en descendant, le Rayonnement divin est toujours moins puissant.

Ce n’est qu’en descendant qu’il parvient, peu à peu, à distinguer et à reconnaître les Lois Naturelles qui régissent la Création matérielle dans laquelle il est finalement plongé et, PAR CETTE EXPERIENCE PERSONNELLE, ET PAR ELLE SEULEMENT, à reconnaître l’Auteur de ces Lois, c’est-à-dire, plus exactement, Sa Volonté, qui s’exprime clairement en elles et par elles. Car Dieu Lui-même est et demeurera toujours inaccessible non seulement à l’esprit humain, mais même à son entendement. Il suffit de tenter de se LE représenter pour se rendre compte que c’est impossible!

En mettant en pratique la Volonté de son Créateur, ainsi découverte dans ces Lois naturelles qui régissent la Nature et toute la Création, l’esprit incarné se développe lentement, comme «le bon grain tombé dans la bonne terre». Jusqu’à ce que, ayant finalement reconnu sa propre origine transcendante, il se détache enfin de la Création matérielle où il fut plongé «pour y voir clair», et s’élève peu à peu vers ce Plan spirituel de la Création, d’où il partit jadis, ignorant et inconscient comme l’enfant qui vient de naître.

Étant finalement parvenu à développer en lui les «talents» qui sommeillaient encore dans le germe d’esprit qu’il fut à l’origine (comme l’épi est virtuellement présent dans le grain de blé), il devient ainsi capable de réintégrer «le Royaume» que le Père lui donna.

Mais, alors que son inconscience originelle l’empêchait de rien distinguer dans ce Royaume paradisiaque, à cause de l’éblouissant Rayonnement Divin qui y règne, il lui est, à son retour, devenu possible de jouir consciemment des Beautés qui l’entourent, parce que, grâce au développement de ses facultés spirituelles, il n’est plus ébloui par leur éclat.

De la même manière, les yeux de l’enfant nouveau-né sont incapables de supporter la simple lumière solaire, alors que, au bout de quelque temps, après le développement de ses facultés visuelles et de l’éveil de sa conscience, ils le deviendront aisément.

L’acquisition de la conscience par la connaissance des Lois de la Création est le grand thème du «Faust» de Gœthe. Car Faust est une représentation symbolique de l’esprit humain à la «quête» de la connaissance de la Vérité. Il subit les tentations de l’intellect et de la recherche «des pouvoirs». Après bien des avatars, il finit par trouver le chemin du retour, grâce à l’Amour rédempteur que lui inspire Marguerite.

AINSI DONC, L’ÉMERGENCE DE LA CONSCIENCE DE NOTRE ORIGINE, SPIRITUELLE-INCONSCIENTE, QUI NE PEUT ÉMERGER QU’AU SEIN DE LA CRÉATION MATÉRIELLE PAR LA CONNAISSANCE DE LA VOLONTÉ NATURELLE DU CRÉATEUR, EST LE BUT MÊME DE L’EXISTENCE TERRESTRE DE TOUT ESPRIT HUMAIN.

Résumons maintenant tout ce qui précède en deux phrases:

– C’est donc parce que, dès son origine, l’esprit humain est trop faible pour naître entièrement développé et conscient qu’il est nécessairement soumis à la forge de l’évolution.

– Et cette évolution ne peut pour lui s’accomplir que par la voie descendante de l’involution, voie qui l’a conduit dans les Mondes matériels de la Création, où nous nous trouvons encore actuellement.

L’évolution dans le règne matériel n’est qu’un reflet, une reproduction de l’évolution dans le Règne spirituel.

Analogiquement, nous constatons dans la nature humaine, qui nous est physiquement observable, la même nécessité du développement et de l’évolution. Par exemple, la vie terrestre de tout être humain part également de l’inconscience des débuts de la vie pour s’acheminer, à travers une prise de conscience croissante, vers l’âge dit «de raison» et, en passant par la puberté et la majorité, elle continue à progresser jusqu’à la pleine connaissance et à l’expérience de l’âge mûr.

Considérons, en effet, dans quel sens vont toutes les aspirations de l’enfant: il veut devenir «un grand», il veut devenir capable de se gouverner lui-même, devenir indépendant, manifestant ainsi clairement l’aspiration naturelle et normale, spécifique à l’espèce humaine, à l’évolution et à la responsabilité, qui découle de l’émergence de la conscience et de la liberté.

Autrement dit, le petit cycle évolutif que parcourt l’être humain au cours d’une seule et même vie terrestre (de la naissance à la mort), est un raccourci, une image et un reflet fidèle du grand cycle évolutif que parcourt le même esprit humain à travers de multiples incarnations.

Car le «germe d’esprit» dont est issu l’homme terrestre, tel que nous pouvons l’observer ici-bas, fut, à son origine, aussi peu développé, aussi dénué d’expérience, aussi ignorant et inconscient que l’est, à sa naissance, un bébé comparativement à l’adulte.

«La vie humaine commence dans la nuit de l’esprit», écrit Alexis Carrel, dans un chapitre consacré aux lois fondamentales de la vie humaine, dans son ouvrage intitulé «Réflexions sur la Conduite de la Vie» (page 85). Et il poursuit:

«L’ovule, même quand il contient en puissance le génie [ii] de Newton, de Gœthe ou de Napoléon, n’est pas très différent des êtres unicellulaires qui, pendant la période archéozoïque du précambrien, représentaient l’humble début des vivants à la surface de la Terre. Une fois fécondé, l’ovule se divise et engendre l’embryon; et l’embryon devient fœtus; l’enfant naît. Mais la nuit continue; elle continue jusqu’à ces moments radieux de la première année où la mère voit se lever, dans les yeux de son bébé, l’aube de l’intelligence. Comme la lumière du matin sous les tropiques, l’intelligence grandit très vite. En quelques douzaines de mois, le petit de l’homme achève la route que les formes vivantes mirent peut-être plus d’un million de millénaires à parcourir dans leur ascension vers l’esprit. Au point de vue mental, comme au point de vue corporel, l’évolution de l’individu présente quelques analogies, comme le supposait Haeckel, avec l’évolution de l’espèce. En d’autres termes, l’évolution phylogénique de l’esprit semble préfigurer son évolution ontogénique.».

A l’époque de sa vie où il écrivit ces lignes, la profonde réflexion de ce grand esprit que fut Alexis Carrel [iii] ne lui avait pas encore complètement fait découvrir la différence fondamentale qui existe entre les activités mentales et les activités spirituelles. Il la pressentait seulement. C’est pourquoi il lui arrive encore, comme dans les phrases précédentes, d’utiliser le terme «esprit» pour désigner une activité intellectuelle – ce qu’il ne fera plus à une époque ultérieure de sa vie.

Par exemple, il écrivit dans «Réflexions sur la conduite de la vie» (page 96): «Elle (la société) a arbitrairement réduit l’esprit à l’intelligence. (…) Ils (les civilisés) se figurent que la culture de l’intelligence équivaut à la culture de l’esprit.».

Si nous avons cité Carrel en cet endroit de notre étude, c’est parce que cette évolution qu’il constate n’est elle-même qu’un reflet d’une évolution spirituelle antérieure. Ainsi sommes-nous aujourd’hui amenés à expliquer que l’évolution spirituelle de l’être humain préfigure son évolution ontogénique, celle-ci préfigurant à son tour l’évolution phylogénique de l’espèce.

Mais revenons-en à l’origine de l’esprit humain, à ce Plan de la Spiritualité où sont créés, par l’Auto-activité du Rayonnement de l’Esprit Saint, des germes d’esprits humains encore inconscients dont le désir personnel d’évolution, en devenant, peu à peu, lancinant, puis finalement exigeant, va entraîner le grand «Départ de l’Enfant prodigue», ainsi que le symbolise cette autre Parabole du Christ.

Arrêtons-nous, un instant, à l’étude de cette Parabole, considérée dans cette optique cosmique. Pourquoi, comme tant d’autres contes et légendes, cette Parabole éveille-t-elle en nos cœurs des échos si profonds? C’est parce qu’elle retrace notre histoire à tous. Même si, à cause de la domination permanente de notre intellect, elle n’agit sur notre intuition que de façon diffuse, au fond nous sentons plus ou moins que nous sommes concernés.

Dans la Maison de son Père, le Royaume spirituel, l’Enfant prodigue possédait tous les éléments du plus parfait Bonheur. Pourtant, il aspirait à autre chose. Bien qu’innocent et heureux comme un enfant, il souhaitait acquérir une connaissance personnelle et vécue de ce vaste monde qui l’entourait, dont les puissants effluves et influences exerçaient sur lui une si forte attraction. Il n’en va pas autrement, aujourd’hui encore, pour tout enfant. Il souhaitait cesser d’être ignorant et inconscient de la vie. Le désir de connaître devient, peu à peu, plus fort que la bienheureuse innocence dans laquelle vivait l’Enfant prodigue. Alors, il partit à la connaissance du Bien et du Mal, à la découverte du monde. Il quitta la Maison du Père, c’est-à-dire son Plan spirituel originel.

Conduit, dès cet instant, vers l’incarnation, autrement dit «ensemencé» dans les champs matériels de la Création, il ne perdit pas de suite son innocence première. Sa vie commença par y être harmonieuse, aussi longtemps que, sans le savoir, il vivait encore en parfait accord avec les Lois Naturelles de son Père, le Créateur de cette Nature au sein de laquelle il vivait. Il continua, en effet, inconsciemment à obéir à ces Lois, comme le font encore aujourd’hui tous les animaux de la Création, lorsque nous, les hommes, ne les en empêchons pas. Ce fut l’époque du Paradis terrestre, l’Âge d’Or de l’humanité.

Mais, l’influence du Malin rôdait ici-bas. Elle n’aurait pu l’atteindre dans la Maison du Père à cause de la Proximité toute relative de Ce Dernier. Mais dans les séjours matériels de la Création, les tentations du Malin s’exerçaient (et s’exercent toujours) sur tout être doté de la faculté de choisir. Or, en tant qu’esprit, l’Enfant prodigue était libre de ses choix. Le choix se posa à lui de cette façon: continuer à obéir inconsciemment et innocemment à la Volonté du Père, c’est-à-dire aux Lois naturelles de la Création, ou, au contraire, désobéir et connaître enfin aussi ce Mal qui, jusqu’alors, lui était demeuré totalement étranger.

Sa conscience, c’est-à-dire la voix de l’esprit qui est en lui, lui disait clairement: «Ne le fais pas!». Par contre, l’intellect, seul instrument par lequel le Malin pouvait l’influencer, lui murmurait: «Essaye, alors tu connaîtras aussi le Mal et tu seras comme Dieu!». Avec Eve, il succomba. Développée à l’instigation du Malin (de Lucifer, le porteur des lumières de l’intelligence), la voix de l’intellect devint, peu à peu, la plus forte. Ils désobéirent. La voix de l’esprit (la conscience) fut écartée, réduite au silence, subjuguée.

L’intellect est un merveilleux instrument pour la domination du monde matériel. Ils ne tardèrent pas à s’en apercevoir. Il fallait donc le développer, le perfectionner sans cesse et les descendants du premier couple humain n’y manquèrent point. Ce faisant, ils développèrent l’instrument cérébral qui en est le moteur. Toujours sous l’active influence du porteur des lumières de l’intelligence (Lucifer), en utilisant sans cesse leur cerveau, ils le développèrent en volume et en qualité. Cela aussi, c’était bien!

Mais ce qui ne le fut pas c’est que, dans la mesure même où ce merveilleux instrument cérébral fut si bien perfectionné, l’essentiel au cœur des enfants prodigues, la voix de leur esprit, leur conscience, à force d’être écartée de la direction générale qui lui revient, à force d’être refoulée, étouffée, piétinée, crucifiée par l’intellect devenu dominateur et tyrannique, finit par s’éteindre au plus profond des êtres.

C’est ainsi qu’ils finirent même par oublier de Qui ils sont les enfants. Ils ignorent même qu’ils sont esprit et ils le prouvent en confondant sans cesse leur esprit avec leur intellect. Ayant perdu le contact avec leur essence véritable, ils finirent par ne plus obéir qu’aux seules injonctions de leur intellect.

Certes, avec son aide, ils édifièrent de hautes civilisations. Mais, toujours, elles s’effondrèrent dans d’épouvantables débâcles parce qu’il y manquait l’essentiel: la conduite de l’esprit qui, seule, eût pu leur faire éviter les plus fatales erreurs. Alors, les enfants prodigues devinrent de plus en plus malheureux et misérables, et ils pleurèrent souvent leur innocence perdue.

C’est ici que se place un événement d’importance capitale. La Parabole l’exprime ainsi: «Il rentra en lui-même». Qu’est-ce à dire? «Il écouta en lui-même.». Et il entendit, oh bien affaiblie!, la voix de l’esprit effondrée au fond de lui. Il entendit l’Appel des lointains Séjours lumineux d’où il vint, l’Appel du Pays natal, de la Maison paternelle. Et la Nostalgie des Séjours bienheureux s’empara de lui. Alors il prit une ferme résolution: «Je me lèverai et j’irai vers mon Père!».

Sans doute, le chemin est-il long celui qui le reconduira dans sa chère Demeure, mais longue aussi a été la pente qui l’en a éloigné!

Mais ne laissons pas le symbolisme de la Parabole anticiper sur la description positive du Processus proprement dit, et revenons à notre point de départ.

Les germes d’esprits humains portent donc la vie en eux et, comme toute vie dans la Création, celle-ci tend à l’évolution, conformément à la Volonté du Créateur. Elle évolue vers l’état conscient et c’est là un événement tout à fait naturel et sain. L’émergence de la conscience est, nous l’avons déjà souligné, l’objectif proprement dit de toute l’existence humaine.

Ce n’est qu’à la suite d’expériences personnellement vécues que ces germes inconscients peuvent devenir conscients. Ce désir d’évolution, ce désir de connaître que la plupart d’entre nous porte encore en eux de nos jours, est à proprement parler le moteur même de l’évolution humaine – aussi bien dans le domaine matériel, scientifique et intellectuel que dans celui de l’esprit. Car c’est grâce à la Connaissance acquise de la Vérité que les hommes pourraient, peu à peu, distinguer la Voie de la Sagesse si… si leur égoïsme et leurs faiblesses ne venaient les en détourner.

Ce désir de connaître est symbolisé, dans la Genèse, par le «fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal», fruit qui est l’objet de la convoitise (du désir) du premier homme. C’est donc finalement ce désir qui entraîna automatiquement le départ et l’exclusion volontaire de l’Enfant prodigue, c’est-à-dire du germe d’esprit inconscient hors de son Séjour originel: le Paradis.

Il ne pouvait, en effet, y mûrir librement, c’est-à-dire de façon indépendante, parce qu’il était encore trop peu développé, trop faible, pour y agir consciemment, à sa guise, selon ses tendances personnelles propres, sous le puissant Rayonnement qui règne dans la Spiritualité, ce Rayonnement agissant sur lui de façon contraignante. Car il n’est pas difficile de comprendre que, dans la relative proximité du puissant Rayonnement de Dieu, aucune volonté ne peut avoir la force de s’exprimer librement, si elle n’est en parfait accord avec celle du Créateur, Lui Seul étant l’Origine de toute Force et de tout Vouloir. De même que nul être vivant ne peut résister à un courant par trop impétueux.

Il en va de même ici sur Terre: lorsqu’ils sont élevés correctement [iv], les enfants ne peuvent pas davantage tenir tête [v] à leurs parents.

C’est la raison pour laquelle, à leur majorité, ils doivent également quitter la maison paternelle pour faire, dans la vie, leurs expériences personnelles, afin d’acquérir cette maturité individuelle dont leurs parents, quel que soit leur désir, ne peuvent jamais les faire hériter.

Ainsi donc, comme l’expulsion, ou le départ du germe d’esprit ne pouvait avoir lieu vers le haut, il lui fallut donc prendre la seule voie demeurée ouverte: celle qui descend. Cette expulsion est naturelle et indispensable, elle n’est nullement un châtiment mais une nécessité évolutive inéluctable et spontanée, tout comme l’expulsion du fœtus par les voies naturelles, c’est-à-dire également vers le bas, lors de la naissance terrestre.

Une expulsion du même genre s’impose automatiquement à partir d’une certaine maturité de tout être vivant soumis à évolution. Par exemple, le fruit se détache de la branche et tombe de l’arbre qui le produisit, lorsqu’il atteint sa maturité. La graine mûre tombe également dans la terre, d’où le cycle recommencera indéfiniment.

Il s’agit, en effet, toujours du même processus naturel, dont la répétition se retrouve universellement dans tous les règnes vivants soumis à l’évolution.

Donc, au sortir de la Spiritualité, le germe d’esprit fut conduit sur un plan situé immédiatement au-dessous. Ce franchissement – répétons-le – constitue un progrès et non une régression.

Pour demeurer sur ce plan situé plus bas que son Plan d’origine, dans ce milieu qui lui était étranger, le germe d’esprit fut donc dans l’obligation absolue de revêtir une enveloppe, ou corps, constitué de la même essence que celle qui constitue le plan sur lequel il allait devoir séjourner. Exactement comme nous-mêmes ne pourrions pas vivre et agir ici sur Terre si nous ne nous y étions point revêtus d’un corps terrestre, c’est-à-dire, si nous n’étions pas incarnés.

En expliquant que l’homme, au sortir du Paradis originel, «éprouva le besoin de couvrir sa nudité», la Genèse symbolise donc simultanément deux choses:

1) Que, dans son inconscience originelle, l’esprit humain ne s’était pas aperçu qu’il était nu, précisément parce qu’il était inconscient comme un enfant avant que la notion du bien et du mal se fut éveillée en lui, et…

2) Que, en quittant son lieu d’origine qui est la Spiritualité, il lui fallait, de toute nécessité, revêtir une enveloppe, c’est-à-dire un corps étranger à sa nature propre, constitué d’une essence identique à celle du plan sur lequel il prit pied. Là encore, nous pouvons constater la profondeur du double et parfois triple symbolisme de la Genèse.

Nous avons déjà expliqué dans deux ouvrages précédents [vi] ce que fut la «chute dans le péché», cette chute qui ne s’accomplit que lorsque l’homme eut déjà mis pied sur Terre par l’incarnation. Ce fut un événement différent de celui que nous décrivons ici, dont découla le «péché originel», ou «héréditaire» et sur lequel nous ne pouvons pas revenir dans ces pages.

Cet événement différent n’a rien à voir avec le processus d’expulsion, hors du Plan spirituel que nous décrivons ici, bien que le symbolisme de la Genèse les associe étroitement tous les deux parce que la domination absolue de l’intellect sur l’esprit a provoqué une grave coupure entre l’homme incarné et sa Patrie spirituelle, c’est-à-dire une deuxième exclusion, totale celle-là et hautement préjudiciable à l’évolution de l’esprit humain, alors que la première expulsion hors de la Spiritualité était au contraire nécessaire à son évolution.

Avant de poursuive la description de la descente de l’esprit humain dans les plans de plus en plus profonds de la Création, il faut rappeler à ce propos une certaine expression du Christ. Parlant symboliquement, comme toujours, des nombreuses Sphères ou Plans de la Création, Jésus déclara: «Il y a de nombreuses Demeures dans la Maison de mon Père.» [vii] C’est donc à travers ces «nombreuses Demeures» que, au sortir du Plan spirituel dont il est originaire, l’esprit humain entreprit un vaste pèlerinage à travers les nombreux «Univers parallèles» qui constituent la Création.

À la suite du premier plan sur lequel il prit pied, au sortir de sa Patrie d’origine, au cours de sa période d’involution, c’est-à-dire en s’éloignant, par sa descente, de son Pays natal, le germe d’esprit prit contact avec d’autres plans dont nous n’avons pas encore parlé mais dont l’existence n’est pas inconnue de beaucoup d’hommes. Ce sont les nombreux plans dits de l’Au-delà, dont les initiés savent qu’ils sont déjà de structure matérielle, bien que n’étant pas encore de matérialité physique, mais d’une matérialité plus subtile, dite matérialité éthérique [viii]. Enfin, plus bas encore, l’esprit atteignit finalement le plan physique, le plus bas, le plus lourd, le plus dense, celui sur lequel nous séjournons encore actuellement.

Ces plans fin-matériels [ix] se répartissent encore, grosso modo, en trois degrés différents, distinguant la matière-fine fine, la plus élevée parce que la plus légère; la matière-fine moyenne; et enfin la matière-fine grossière [x], la plus proche du plan physique; ces plans constituent donc d’une façon générale ce que nous nommons «l’Au-delà». On les nomme ainsi tout simplement parce qu’ils se trouvent «au-delà» de la capacité de vision de nos yeux terrestres.

Si on veut, on peut aussi y voir ce que certains [xi] nomment «le purgatoire», bien que les Sphères supérieures de ces plans fin-matériels, celles de la matière-fine fine, soient des Sphères baignant déjà dans la Lumière bienfaisante des Sommets de l’Au-delà.

Ce terme de «matière-fine» [xii] a intentionnellement été choisi pour bien faire comprendre que ces sphères sont, par leur structure, de nature encore réellement matérielle, parce que, comme tout ce qui est matériel, ces plans sont soumis à transformation, à un renouvellement périodique par la désagrégation et par la décomposition de la substance qui en constitue le substratum. Exactement comme nous pouvons le constater dans notre monde physique où rien n’est éternel et où tout se transforme, plus ou moins lentement, certes, mais se désagrège, se décompose, pour être rendu en son état énergétique originel au bout d’une période de temps plus ou moins longue. C’est ce phénomène qui s’accomplit dans le processus que les astrophysiciens viennent de découvrir et qu’ils nomment «les trous noirs» [xiii].

Cette désintégration n’intervient jamais pour les Sphères plus élevées, parce que plus subtiles, de la Création, Sphères qui, elles, sont éternelles, selon l’explication qu’en donnent toutes les grandes Traditions spirituelles de l’humanité.

Néanmoins, tout en étant de structure réellement matérielle du fait qu’elle est corruptible, cette matière-fine de l’Au-delà est d’une nature entièrement différente de la matière physique, dans laquelle nous vivons actuellement, et elle ne constitue pas une sublimation de notre monde terrestre. Elle en est, dans sa structure entièrement différente, bien qu’elle soit, elle aussi, sujette à la désintégration dans ce que les physiciens nomment désormais «l’effondrement gravifique». Elle se situe dans une autre dimension de l’espace que celle dans laquelle nous vivons actuellement. Ce que, bien entendu, notre intellect d’origine charnelle, qui est, de ce fait, entièrement dépendant des dimensions spatio-temporelles dans lesquelles nous vivons ici sur Terre, ne peut absolument pas concevoir.

Tous ces Plans – ou Sphères – de la Création sont donc strictement hiérarchisés. Les plus élevés, c’est-à-dire les Sphères spirituelles – qui sont simultanément les plus légères – ont été créées les premiers, tandis que les plans matériels sont descendus et se sont formés peu à peu en s’éloignant de la Création originelle ou archétypale.

«Le seul fait que les planètes ne tombent pas, ne se heurtent pas et tournent les unes autour des autres sur des ellipses que l’on calcule, est une preuve d’organisation qu’il est difficile de nier» a écrit Maurice Magre, dans «Le livre des Visions divines». Or, comme nous l’avons déjà expliqué, cette organisation cosmique matérielle n’est que le reflet d’une Organisation spirituelle qui lui est antérieure, et dont nous ne pouvons donner, dans ces pages, qu’une infime perspective.

Voici donc, tracé à très grands traits, le cadre dans lequel s’effectue le périple involutif et évolutif de l’esprit humain – son pèlerinage cosmique – afin de se développer entièrement et d’acquérir cette conscience-de-soi-même qui le rend enfin définitivement «semblable à l’Image de Dieu». Non pas «semblable à Dieu», mais seulement «semblable à l’Image» de Dieu. Ce qui constitue une très importante nuance.

Le schéma de la Création étant ainsi tracé dans ses très grandes lignes, nous allons maintenant pouvoir étudier le schéma de l’homme, tel qu’il est constitué ici-bas, parce qu’il est nécessairement bâti exactement sur le même modèle, comme nous allons aisément le comprendre.

LES MÉTAMORPHOSES DE L’ÊTRE

En effet, à chaque passage d’un plan à l’autre, c’est-à-dire d’une dimension de l’espace à l’autre, le germe d’esprit a été dans l’obligation absolue de revêtir une enveloppe, ou corps, ou véhicule (peu importe le nom!) fait d’une essence identique à l’essence constitutive du plan sur lequel il prenait pied pour y séjourner. Faute de quoi, il lui aurait été impossible de demeurer et d’agir sur ce plan.

Exactement, nous le répétons intentionnellement, comme nous-mêmes ici-bas avons dû revêtir notre enveloppe charnelle par l’incarnation afin de pouvoir demeurer et vivre sur cette Terre. Le processus est si logique et naturel qu’il ne semble pas nécessaire d’y insister particulièrement.

Or, toutes ces enveloppes successives que l’esprit qui est en nous a dû endosser jadis afin de pouvoir lester ainsi son noyau spirituel, en sorte de pouvoir descendre plus bas dans les plans plus denses de la création pour son évolution – tous ces corps successifs, constitués d’autant de genres différents que nous avons traversés de plans différents avant d’aboutir à la Terre – tous ces corps, ou enveloppes, constituent les différents degrés de l’âme que chaque homme porte en lui, et dont il éprouve l’activité et les humeurs dans leurs expressions psychologiques propres.

Voilà pourquoi il est fort juste d’établir une relation entre ce que certains auteurs nomment «le Macrocosme», qui est le grand Cosmos, c’est-à-dire la Création, et l’homme incarné qui, étant constitué de façon rigoureusement identique, représente, lui, «le Microcosme», c’est-à-dire le petit Cosmos, bâti à l’image du grand, et avec exactement les mêmes matériaux, puisqu’ils lui sont empruntés.

C’est aussi pourquoi Cyrille d’Alexandrie disait, non sans raison: «Ce qui est en nous conduit à l’intelligence de ce qui est au-dessus de nous.».

Ces «peaux de bêtes» qu’utilisèrent les premiers hommes pour couvrir leur nudité, après qu’ils eurent été exclus du Paradis, selon la description qu’en fait la Genèse, ces «peaux de bêtes» symbolisent distinctement cette défroque charnelle que constitue le corps physique dans lequel nous sommes plongés lors de l’incarnation. Car notre corps physique est effectivement d’origine animale, comme nous l’étudierons plus loin.

Ce n’est donc qu’au moment où il s’incarne finalement ici-bas dans un corps charnel que l’esprit se trouve alors – et alors seulement – pourvu d’un cerveau et, par conséquent, d’une possibilité de réflexion intellectuelle et rationnelle.

Il n’en est que plus triste de constater combien la domination de l’intellect s’exerce dès cet instant sur l’esprit incarné. Chez l’immense majorité des humains l’esprit est devenu profondément paresseux et assoupi, parce qu’il s’est laissé subjuguer sans résistance par l’intellect, qui, inversement, fut sans cesse tenu en activité.

C’est ainsi que le cervelet, seul organe du corps charnel par l’intermédiaire duquel l’esprit transcendant est en mesure de transmettre ses inspirations à l’intellect, s’est atrophié, faute d’être maintenu en activité. Il s’agit là d’une évolution que – justement parce que la science s’est jusqu’à présent limitée à l’étude du seul plan matériel, devenant ainsi étroitement matérialiste – les scientifiques n’ont pas encore découverte à l’heure actuelle.

Inversement, le cerveau antérieur, organe élaborateur de l’intellect, s’est, lui, au contraire hypertrophié, parce qu’il fut sans cesse exclusivement utilisé. Telle est la nature physiologique de ce fameux «péché originel», dit aussi «péché héréditaire», parce que nous subissons les conséquences de ce déséquilibre entre nos masses encéphaliques antérieure et postérieure, dès le commencement de chacune de nos vies terrestres.

L’explication de cette hérédité qui perturbe profondément l’évolution spirituelle des humains (et, partant, celle de la partie du Cosmos où la présence de l’humanité exerce sa funeste influence) se trouve exposée beaucoup plus en détail dans «Les Racines du Mal» [xiv], avec toute une série de recoupements scientifiques venant à son appui.

L’ÉVOLUTION DE L’ESPRIT

Le lecteur peut, à présent, comprendre comment s’est formé l’homme, tel qu’il se présente à nous ici-bas, et quelle est sa véritable constitution ontologique. Du même coup, son devenir apparaît également dans toute sa grandiose simplicité. Car, en remontant cette «Échelle de Jacob », que constitue pour l’esprit les différents degrés de la création, il se dépouille sur chaque plan de l’enveloppe (ou corps) qu’il a endossée en descendant, devenant toujours plus léger, comme lorsque nous ôtons nos lourds vêtements d’Hiver à la venue du Printemps.

Ce dépouillement était clairement symbolisé dans certains Mystères de l’Antiquité. Car sous les formes mythiques ou mythologiques des peuples pré-chrétiens se cachaient déjà, comme sous les Symboles judéo-chrétiens actuels, la connaissance de profondes Vérités.

Dans certaines de ces cérémonies initiatiques, l’initiable s’avançait, gravissant des degrés en y déposant progressivement ses vêtements. La nudité rituelle, qui n’était pas considérée comme honteuse chez les peuples païens de l’Antiquité [xv], symbolisait le dépouillement total et elle correspondait au suprême degré de l’initiation. Il en est encore de même chez les Rishis des Indes à l ‘heure actuelle.

Sur chaque plan de la Création se produit donc quelque chose de semblable à la mort de notre corps physique, qui est cette enveloppe que nous abandonnons ici-bas, dès que, usée ou détruite, elle n’est plus d’aucune utilité à notre esprit. Pour un esprit humain conscient du but de son existence la mort n’est donc pas cette chose affreuse que l’on représente généralement, mais au contraire elle constitue un affranchissement de l’esprit de la plus lourde des enveloppes qui le rive à la Terre. En attendant qu’il s’affranchisse également et successivement de toutes les autres enveloppes qui le retiennent de même à chaque plan intermédiaire entre la Terre et la Spiritualité, qui est sa véritable Patrie.

Bien entendu, pour concevoir clairement le cycle de l’esprit humain – son Pèlerinage cosmique -, il faut considérer que les différentes sphères de la Création dans lesquelles il s’accomplit sont tout aussi réellement existantes et tout aussi naturelles que le plan physique sur lequel nous vivons actuellement, plan que nous appréhendons sans difficulté, parce que notre intellect et nos sens physiques sont constitués de la même matière que lui.

Il faut absolument que nous perdions l’habitude de considérer que tout ce qui nous est invisible nous est incompréhensible et contraire à la nature des choses. Car toutes ces Sphères sont réelles, formées, naturelles et existantes, bien que faites d’une essence complètement différente de la matière dont est constitué notre domaine physique. Ce que le phénomène OVNI a commencé à nous rendre évident. Ces Sphères, ou Mondes, se situent dans d’autres dimensions de l’espace et du temps que celles à l’appréhension de laquelle nos sens et notre intellect sont adaptés, mais elles n’en existent pas moins pour autant. De même, nous ne pouvons pas percevoir physiquement, ni devenir conscients, des innombrables influences qu’exerce sans cesse sur nous le Cosmos dans lequel nous sommes immergés, et pourtant nous savons aujourd’hui que ces influences sont multiples et si réelles que, dans un certain nombre de cas, nous pouvons en observer les effets.

Ainsi qu’en ce monde notre corps physique est sensible à son entourage de même nature physique, qu’il peut donc voir, entendre et sentir, ainsi en est-il exactement dans les Sphères de la Création, qui sont d’une nature différente de la nôtre, actuelle. L’être humain, dans son corps fin-matériel, c’est-à-dire dans l’Au-delà, perçoit, entend et voit uniquement son environnement de matière fine, parce qu’il est de même nature que lui. L’entité spirituelle, d’une essence plus haute encore, ne peut, à son tour, percevoir que son entourage spirituel. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne puisse descendre plus bas pour voir ce qui s’y passe, ou pour s’y manifester. Mais dans ce cas, elle demeure invisible pour les êtres situés dans les plans plus denses que sa nature spirituelle. À moins qu’elle ne décide de s’y rendre visible pour s’y manifester. Comme il semble que ce soit, de nos jours, fréquemment le cas lors de certains types d’apparitions d’OVNI, ou lors de divers phénomènes parapsychologiques.

Dans chacune des Sphères de la Création l’être humain perçoit son milieu environnant avec la même réalité que nous percevons ici-bas notre monde physique. Telle est la raison pour laquelle il arrive fréquemment que certains êtres humains vivant ici-bas et doués de voyance puissent voir et entendre avec le corps fin-matériel qu’ils portent en eux, conjointement avec tous les autres, des événements dans le monde fin-matériel, avant que le trépas n’ait séparé leur corps physique de leur corps fin-matériel. Il n’y a absolument rien d’antinaturel à cela! Ceux qui ont pu observer des phénomènes de voyance, ou ceux qui poursuivent des recherches en parapsychologie peuvent s’en convaincre tous les jours sans difficulté.

UNE COMPARAISON

Les poètes qui, comme chacun sait, sont en principe des êtres inspirés, autrement dit des «hommes d’intuition» (par opposition aux «hommes d’intellect») ont parfois pressenti le processus que nous venons de décrire dans le présent chapitre. Ainsi, Lamartine, par exemple, le résume-t-il en deux vers de façon magistrale:

«Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
  L’homme est un dieu [xvi] tombé qui se souvient des cieux.»

Et ailleurs, il précise:

«Mon âme est un rayon de lumière et d’amour,
Qui, du foyer divin échappée pour un jour,
  Aspire à remonter à sa source sacrée.»

Dans un poème intitulé «Le Chant des Esprits au-dessus des Eaux», dont la traduction ne peut hélas rendre la beauté, Gœthe avait exprimé la même notion en ces termes:

«L’âme humaine
Ressemble à l’Eau.
Elle vient du Ciel
Et remonte au Ciel,
Puis revient vers la Terre,
 Changeant éternellement.».

Hermann Hesse, poète allemand moins connu en France, exprima, lui aussi, la même chose:

«Nous devons joyeusement parcourir les espaces,
Sans nous y attacher comme à notre Patrie.
L’esprit du monde ne cherche ni à nous lier, ni à nous contraindre,
  Il veut nous élever, nous libérer, de degrés en degrés.»

Mais à une époque si profondément marquée par l’intellectualisme et la technologie, peut-être nous ferons-nous mieux comprendre encore avec une comparaison qui, pour être moins poétique, fixera l’idée et imagera encore plus clairement l’ensemble de cet exposé.

L’esprit incarné que nous sommes tous ici-bas est tout à fait comparable à un scaphandrier au travail au fond de la mer. Dans cette comparaison, l’homme, qui est dans le scaphandre, représente l’esprit qui nous habite, c’est-à-dire, en vérité, l’élément qui fait que nous sommes des êtres humains.

Mais cet homme n’est pas nu dans son scaphandre – surtout dans certaines mers -, il en mourrait de froid! Au contraire, il est chaudement vêtu le toute une série de vêtements. Les plus fins sont en contact immédiat avec son corps, ce sont les sous-vêtements, tandis que ses vêtements successifs ont toujours plus épais et lourds: chemise, pull-over, pantalon, veston, etc.

De même, l’esprit humain incarné est également revêtu de toute une série d’enveloppes dont les plus fines (celles qui sont constituées de l’essence des plans les plus subtils) entourent immédiatement le noyau spirituel, tandis que les enveloppes les plus extérieures sont de plus en plus épaisses et lourdes, comme les vêtements de dessus, que nous portons ici sur Terre.

Par-dessus tous ces vêtements chauds, le plongeur porte enfin son scaphandre. Dans notre comparaison, ce scaphandre représente évidemment notre corps charnel. Ainsi que le plongeur, enfermé dans son scaphandre, agit et travaille au fond de la mer avec toutes sortes d’instruments, de la même manière c’est l’esprit que nous sommes, en définitive, qui anime toutes les différentes enveloppes successives de notre personnalité, dont l’intellect est ici-bas le plus important instrument.

Poursuivons notre comparaison: De même que le, scaphandrier ne pourrait pas vivre s’il ne recevait en permanence de l’air sous pression en provenance de la surface à l’aide d’un tuyau d’alimentation, de même l’esprit humain cessera un jour de vivre, s’il coupe le subtil lien spirituel qui l’unit à la Spiritualité, qui est son séjour normal et originel. C’est pourtant exactement ce qu’il fait ici-bas en ne développant exclusivement et unilatéralement que ses facultés intellectuelles, au détriment de ses facultés spirituelles, qui se manifestent dans ce qu’il est convenu d’appeler «la conscience morale».

Car l’esprit humain incarné dans les plans matériels n’est pas davantage dans son élément véritable que le scaphandrier n’est au fond de l’eau dans son milieu naturel. Il ne s’y trouve que pour acquérir de l’expérience et, par elle, aboutir à l’émergence de la conscience qu’il est esprit, et que «son Royaume n’est pas de ce monde».

Comme le scaphandrier dans la mer, l’esprit humain ne plonge dans la matière que dans un but de recherche. C’est pourquoi, il est écrit: «Cherchez, et vous trouverez!». Mais, au bout d’un certain temps, il faut, de toute nécessité, que, comme le scaphandrier, l’esprit humain revienne à son point de départ.

Si le scaphandrier ne remonte pas à la surface, et s’il continue de descendre toujours plus profondément, il sera saisi de cet engourdissement que l’on nomme «l’ivresse des profondeurs», et il périra sans s’être aperçu du danger qui le menace. De la même façon, si l’esprit humain se laisse gagner, comme le font actuellement des centaines de millions d’êtres humains, par cette ivresse des «profondeurs matérielles de la Création», autrement dit par un matérialisme qui le coupe de toute relation supérieure, il ne pourra plus jamais se réveiller à la vie consciente de l’esprit et il sera entraîné avec les sphères corruptibles de la Création, dont il ne parvient plus à se détacher, dans la désintégration de sa personnalité acquise au cours de mille souffrances [xvii]. C’est alors qu’il aura toute raison de crier, avec le psalmiste: «De profondis clamavi ad Te Domine!» «Du fond de l’abîme je crie vers Toi, Seigneur!».

Cette comparaison, autrement dit cette «parabole moderne», est fort significative. Aussi, pour terminer ce chapitre, je la livre à la méditation du lecteur, souhaitant qu’elle l’aide à se représenter clairement quelle est l’origine, la formation, la constitution, l’activité et le devenir de tout être humain si, … s’il parvient à s’affranchir tant qu’il en est encore temps des liens qui l’attachent aux mondes corruptibles de la Création, peu importe que ces  mondes soient fin-matériels (l’Au-delà) ou physiques.

Car s’il n’y parvient pas il sera entraîné avec eux dans leur lente désintégration naturelle, sans plus jamais pouvoir en émerger en reprenant son évolution interrompue par sa faute, et, au cours d’un grand nombre d’incarnations, et entre mille tourments sans cesse croissants, il cessera d’avoir une existence personnelle et consciente, en accomplissement de cet Avertissement, lourd de sens, de Jésus: «Ils seront rejetés dans les ténèbres extérieures, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents!».

S’il parvient, par contre, à échapper à sa paresse spirituelle et à se détacher ainsi des plans les plus denses de la Création, alors il peut se réjouir, car … «… aucune âme ne sait quels délices lui sont réservés!»  (Le Coran – Sourate XXXII – Verset 17) [xviii].

 

Extrait de: «Le Cosmos Intérieur», Chapitre de l’excellent livre «Les Pèlerins du Cosmos» de Jean Choisel.

À noter que Jean Choisel [xix] est aussi l’éditeur et le traducteur français du récit «Mallona, la planète explosée» [xx], dont il a également écrit l’Introduction.

 

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Notes:

[i] Note de l’éditeur: Mot synonyme d’«Inentéallité». En fait, Dieu est non seulement «sans Substance» (Insubstantiel) mais même aussi «sans étant»: «Inentéallique». Dieu n’est pas … «quelque chose», Il EST! Il est Celui Qui a dit à Moïse «Je suis Celui Qui Suis», Il est l’Être même.

[ii] Note de l’éditeur: A  préciser, quand même, d’une part, que l’ovule ne contient que la moitié du bagage génétique, l’autre moitié étant fournie par le spermatozoïde donné par le père, et, surtout, d’autre part, que l’essence  du génie étant bien plus spirituelle que physique, cela n’a, de toutes façons que peu à voir – voire pas du tout – avec le bagage génétique du corps humain, qui ne concerne, précisément, que le corps de l’être humain et non pas son esprit.

[iii] Note de l’éditeur et des responsables du site : La personnalité d’Alexis Carrel, Prix Nobel en 1912, est, toutefois, controversée du fait de certains passages aux positions plutôt discutables (notamment relatives à l’eugénisme) de certains de ces ouvrages et aussi de ses appartenances politiques à l’époque précédant la deuxième guerre mondiale. Sans nullement cautionner ce qu’il a pu dire dans ce domaine de l’eugénismequi n’est aucunement, ici, le propos de Jean Choisel, l’auteur du texte «Le Cosmos Intérieur» et encore moins celui du site! – cela n’empêche nullement les esprits objectifs de considérer aussi ce qu’il a pu dire, par ailleurs, de juste, notamment sur la si importante distinction entre esprit et intellect. À noter, du reste, qu’Alexis Carrel n’a pas que des détracteurs. Exemple: http://www.chez.com/demagogo/carrel00.html.

[iv] Note de l’auteur: «élevés»: Ce terme exprime clairement ce que devrait être l’éducation des enfants : un effort pour les faire monter, pour les «élever».

[v] Note de l’éditeur: «tenir tête», c’est-à-dire faire preuve de domination de l’intellect.

[vi] Note de l’éditeur: Voir «L’avenir de notre évolution» et «Les racines du mal», initialement publiés chez l’auteur,

[vii] Évangile de Jean, Chapitre XIV, Verset 2: «Il y a plusieurs Demeures dans la Maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place.»

[viii] Note de l’éditeur et des responsables du site: Ou bien de «matière fine».

[ix] Note des responsables du site: Afin de ne pas risquer d’embrouiller les visiteurs/lecteurs par une terminologie différente de celle à laquelle sont habitués les visiteurs réguliers et se référant, en fait, à des concepts identiques, et ce d’autant plus que les termes utilisés par Jean Choisel sont aussi utilisés par d’autres « écoles de pensée » mais avec des significations différentes, le vocabulaire utilisé par Jean Choisel dans son livre «Les Pèlerins du Cosmos» a été, ici, par endroits, remplacé par celui – servant à désigner la même réalité – couramment utilisé sur ce site et d’autres apparentés.

(Exemple: le concept de «corps éthérique» désigne, pour les anthroposophes, une réalité distincte de celle à laquelle Jean Choisel, en se servant de cette appellation, fait constamment référence dans son ouvrage; c’est pourquoi l’appellation «corps éthérique»  – de ce point de vue ambiguë – a été ici remplacée par l’appellation couramment utilisée de «corps fin-matériel», etc…)

[x] Note de l’éditeur et des responsables du site: Ou bien, de sorte que les lecteurs puissent plus facilement s’y retrouver, dans un souci d’harmonisation des différentes appellations : la matière-fine fine, la matière-fine moyenne et la matière-fine grossière. Du fait que les concepts de base ont, souvent, d’abord été définis dans une autre langue, les appellations dans les langues de transmission peuvent varier d’un auteur à l’autre en fonction de la diversité des traductions. Il s’agit, toutefois, toujours des mêmes concepts fondamentaux.

[xi] Note de l’éditeur: Il s’agit, bien sûr, en particulier, des théologiens catholiques

[xii] Note de l’éditeur: «Feinstofflichkeit»: littéralement «matière-fine», ou encore, selon l’auteur du «Cosmos Intérieur»: «matière éthérique».

[xiii] Note de l’auteur: Voir chapitre VII.

[xiv] «Les racines du mal», ouvrage de Jean Choisel.

[xv] Note des responsables du site: Cette remarque n’est absolument pas une remise en cause de l’indispensable pudeur corporelle.

[xvi] Note des responsables du site: En fait, au sens strict, l’homme – ou l’être humain – n’est pas un «dieu»  mais – et même, au départ, seulement potentiellement -, un «esprit», ce qui, est, toutefois, tout à fait suffisant pour éprouver la Nostalgie dont parle autrement si bien le grand poète…

[xvii] Note de l’auteur: Voir chapitre VII (du livre «Les Pèlerins du Cosmos»).

[xviii] Note de l éditeur: Le Coran, Sourate 32, Verset 17: «Aucun être ne sait ce qu’on a réservé pour eux comme réjouissance pour les yeux, en récompense de ce qu’ils œuvraient!».

[xix] Jean Choisel (15 Février 1921-16 Avril 2001): écrivain et brillant conférencier français, auteur de plusieurs ouvrages, dont «L’Avenir de notre évolution» (dont il existe aussi une édition brésilienne), «Le Grand Virage», «Les racines du mal», «Les Pèlerins du Cosmos» (Profondeur du Symbolisme évangélique), «Le Christ assassiné». Il a, entre autres, particulièrement bien en lumière, dans ses ouvrages – surtout dans «Les racines du mal» -, les effets dévastateurs de la domination de l’intellect.

[xx] «Mallona, la planète explosée», de Léopold Engel.

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