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La Parabole du Bon Samaritain
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selon Edmond Rostand
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Edmond Rostand en habit vert d’Académicien
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Le Bon Samaritain – Rafael Tejeo
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« PIERRE
Que nous demandes-Tu, Rabbi?
JÉSUS
D’être parfaits.
On se sent allégé quand on porte mon faix.
Portez-le. Chérissez le prochain.
PIERRE
Ce qu’on nomme
Le prochain, est-ce donc un vil païen?
JÉSUS
Un homme,
Qui de Jérusalem allait à Jéricho,
Rencontra des voleurs. On le frappe, on le blesse,
Ses cris demeurent sans écho,
Et, le croyant mort, on le laisse.
Il n’est plus qu’une plaie, il gît;
Le sang fuit de son corps comme le vin d’une outre.
Passe un prêtre. Il voit là ce corps, ce sol rougi.
II passe outre.
Passe un lévite. Il voit cet œil où meurt le jour.
II passe outre, à son tour.
Passe un Samaritain. Il voit la pauvre tête
II s’arrête.
Il saute de sa mule; il s’empresse; en versant
Du baume mêlé d’huile, il étanche le sang;
II prend doucement sous l’aisselle
L’agonisant,
Puis il le monte sur sa selle,
Le porte à l’abri, le descend,
Le fait coucher, le veille encore,
Et le lendemain à l’aurore,
Ayant mandé les hôteliers
Et leur ayant donné d’avance
Deux deniers,
Il leur dit: «Je m’en vais. Mais, pendant mon absence,
Qu’on en prenne soin, qu’on le panse;
A mon retour, je compte bien
Payer le surplus de dépense.»
Et puis il s’en va, ce païen.
Voulez-vous maintenant me dire, en conscience,
Du malheureux mourant délaissé comme un chien,
Lequel, par sa conduite
Fut vraiment le prochain,
Le prêtre, le lévite,
Ou le Samaritain?
PIERRE
Mais…
JÉSUS
Avez-vous compris?
JACQUES
Certes. »
Source: « La Samaritaine » – Par Edmond Rostand
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Jésus et la Samaritaine
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