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La Nuit du Berger
– Conte pour la Nuit de Noël –
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En cette saison et à cette époque – nous étions au début d’Octobre de l’An 749 après la naissance de Rome – les troupeaux dormaient encore dehors et devaient donc être gardés.
Un tour de rôle avait été instauré dans la campagne de ce « coin » de la Judée, proche de la Cité de David, de sorte que les bergers de la nuit surveillaient non seulement leurs propres troupeaux mais aussi, souvent, ceux de « ceux du jour ».
À la tombée de la nuit, David partit donc de chez lui, pour relayer son collègue de jour, qui s’appelait Youssef.
Celui-ci lui dit, en désignant les moutons:
– Les tiens sont là-bas, les miens de ce côté-ci et ceux des autres sont par là.
Vers l’Ouest, une lueur rosée, derrière une colline, indiquait la direction où le Soleil venait de se coucher.
– La nuit s’annonce belle, dit encore Youssef, regardant vers l’Ouest et désignant les premières étoiles qui commençaient à piqueter le Ciel profond.
– Oui, répondit David, levant les yeux, qui lui faisait face, oh! Tu as vu cette grosse étoile à l’Est?
– Ah! oui, dit Youssef, se détournant, elle semble grosse, en effet.
– Ce qui m’étonne, reprit David, c’est qu’elle n’était pas à cet endroit-là hier… Elle était plus à l’Est. De plus, elle est plus grosse…
– Tu en es sûr?
– Il n’y a pas grand-chose à faire la nuit, car les moutons, eux aussi, dorment… Alors, souvent, je m’allonge dans l’herbe et j’admire le ciel…
– C’est bizarre, elle a une queue… Peut-être cela présage-t-il quelque chose? dit encore Youssef…
Puis il quitta David, pour rentrer chez lui.
Une étoile avec une queue??? Ne s’agissait-il pas plutôt d’une comète?
David s’ouvrit intérieurement; les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, depuis des siècles, attendaient toujours quelque chose… ou, plus précisément… Quelqu’un.
Pourtant, de nombreuses générations étaient passées et reparties sans que quelque chose ou Quelqu’un fût arrivé… Cela viendrait-il un jour? Ou peut-être une nuit?
Puis, il rassembla les troupeaux qui lui étaient confiés, dont le sien et celui de Youssef et, de l’Ouest, avec eux, se dirigea vers le sommet d’une colline, à l’Est, à partir de laquelle la vue était complètement dégagée.
De là il aperçut Eléazar, Jacob et Benjamin, qui, avec leurs troupeaux, grimpaient, eux aussi, la même colline. Eléazar arrivait de l’Est, Jacob du Nord et Benjamin du Sud. Bientôt, ils seraient là, à côté de lui.
La colline s’appelait, depuis des siècles, la Colline de l’Illumination, sans que personne ne sache précisément pourquoi. Là, David s’allongea dans l’herbe et regarda intensément le Ciel. Une Solennité particulière imprégnait l’atmosphère.
Dès que les dernières lueurs du jour eurent complètement disparu, la Nuit Sacrée commença!
En fait, tous ne le savent pas, mais Noël veut, en particulier, dire: «Nuit Sacrée».
D’abord, David commença à entendre, arrivant des Hauteurs, encore très lointains, des Chants exultants de Joie, exprimant une jubilante gratitude. Il lui semblait qu’ils arrivaient de très, très loin, surtout de très, très haut.
À ce moment-là, David se redressa et se releva; il ne pouvait plus rester allongé. Il était à peine debout qu’il vit arriver Eléazar, Jacob et Benjamin. Il n’eut rien besoin de leur dire, car, à leurs visages, il vit tout de suite qu’eux aussi entendaient les Chants.
L’impression de David était que ces Chants fluaient à travers tous les Plans de la Création. C’est tout le Cosmos qui semblait sous l’effet d’un joyeux ébranlement.
Mais avec quelles oreilles entendait-il ces Chants? La question surgit dans son esprit. Afin de vérifier ce qu’il en était, il se boucha un instant les oreilles et il constata qu’il entendait toujours.
D’autres bergers, attirés, eux aussi, par la prééminence du Lieu, et l’affluence qui commençait à s’y faire, les avaient, entre temps, rejoints. Les moutons, paisibles, formaient un grand Cercle autour d’eux. Selon la position des étoiles, il était environ Minuit.
C’est alors que l’Ange leur apparut. La Gloire du Seigneur l’entourait et les enveloppa de Sa Lumière argentée.
Les quatre tombèrent immédiatement à genoux, face contre terre, saisis de la plus grande frayeur de leur vie!
L’Ange leur dit, tout d’abord:
– «Ne craignez pas!».
Lorsqu’ils furent un peu rassurés, il ajouta:
– «Voici que je vous annonce une grande Joie, qui sera celle de tout le Peuple : Il vous est né, aujourd’hui, un Sauveur Qui est le Christ Seigneur, dans la Ville de David. Et ceci vous le fera connaître : Vous trouverez un Nouveau-Né enveloppé dans des langes et couché dans une crèche.».
Et soudain, aux côtés de cet Ange qui leur parlait se trouva une multitude d’autres Anges issus des Légions célestes, qui louaient Dieu en chantant:
«Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et Paix sur la Terre aux hommes qu’Il aime!»
«Paix sur la Terre pour le Bonheur de l’humanité!».
Ils chantaient donc la Gloire et la Magnificence de Dieu.
Les Chants durèrent plusieurs heures, terrestrement pas très long mais pour eux se prolongeant merveilleusement longtemps, et puis, doucement, peu à peu, la Légion céleste se retira d’eux.
À ce moment-là, lorsque, parallèlement à cela, ses yeux spirituels se furent peu à peu refermés, David, avec ses yeux terrestres, regarda, de nouveau, le Firmament et dit :
– Regardez l’Étoile! Elle a encore grossi! Et puis elle bouge!
Ils regardèrent tous. Elle leur sembla aussi plus proche. Doucement, elle se déplaçait encore, toujours vers l’Ouest, sa belle queue s’étirant vers l’Est, tout en s’approchant de la Terre. Puis, elle leur parut s’immobiliser au-dessus de la lisière Est de la Cité de David.
Alors, reprenant involontairement la Parole du Prophète Michée, Judas qui, de eux tous, était le plus instruit des Saintes Écritures, non en citant mais en prenant totalement la Parole à son compte, dit:
– « Et Toi, Bethléem, Terre de Juda, Tu n’es pas la moindre des Cités de Juda, car c’est de Toi que doit sortir le Chef Qui sera le Pasteur d’Israël, mon Peuple! ».
– Un Pasteur comme nous!, dit Jacob, émerveillé…
– Il faut y aller!, dit David, les yeux rayonnants d’Enthousiasme. Rendons-nous donc jusqu’à Bethléem et voyons cet Événement que, par Son Ange, le Seigneur nous a fait connaître.
Laissant là leurs troupeaux, ils prirent aussitôt la direction que leur indiquait l’Étoile, la direction de la Cité de Bethléem.
Pendant ce temps, sur une colline voisine, un homme, sortant d’une étable et cherchant de l’aide, avait aussi levé son regard vers le Ciel. Complètement fasciné, oubliant tout, ses yeux s’étaient subitement agrandis, car une nette et inflexible Clarté resplendissait verticalement au-dessus de lui et l’obligeait à pencher la tête tout à fait en arrière pour voir l’Étoile qui, au-dessus de lui, scintillait de tous ses Feux.
Cet homme avait aperçu cette étoile à la queue brillante, et s’était mis à frémir. Que se passait-il donc sur Terre?
Autour de lui, l’atmosphère, chargée de tension, semblait trembler, de manière irréelle. Et tout était, pourtant, on ne peut plus réel.
Dans la bergerie, un petit Enfant naissait, mais cette Naissance retentissait dans tout le Cosmos et c’est là qu’elle était le plus perceptible. Voilà ce qu’il éprouvait:
– «Cette Étoile, elle annonce le Messie, le Sauveur et, cette nuit, Ta femme va mettre au monde un Enfant!».
L’homme revint sur Terre et, par rapport à l’Événement, se mit en quête d’accomplir rapidement ses devoirs terrestres.
Au même moment, à Nazareth, au Nord du Pays, quelqu’un d’autre, interrogateur, regardait aussi l’Étoile, en proie à des impressions fortes et contradictoires. C’était un Romain, un centurion qui s’apprêtait à reprendre le bateau pour Rome. Il s’appelait Créolus.
Pendant ce temps, revenu dans la Crèche, Joseph s’était agenouillé auprès de sa femme; en silence, il la considérait, elle qui, comme une enfant fatiguée, avait tourné sa tête sur le côté.
L’Enfant Nouveau-Né reposait paisiblement dans une mangeoire. Aucun bruit ne troublait la Grandeur et la Solennité du Moment.
C’est tout juste si Joseph osa interpeller son épouse:
– Marie!
Elle tourna le visage vers lui, ses yeux brillaient.
– Sais-Tu, Marie, qu’une Étoile se tient au-dessus de notre toit ?
– Oui, Joseph, je le sais.
– Et sais-Tu aussi, Qui annonce cette Étoile?
– LE MESSIE!
Joseph avala péniblement sa salive, et ne dit plus rien. Il posa seulement la tête sur la main reposant sur la couverture. Marie sentit le dos de sa main devenir humide, elle ne bougea pas.
David et les autres bergers cheminaient rapidement dans la direction indiquée par l’Étoile.
Sur ce chemin se trouvait aussi la maison de David. Tandis que les autres l’attendaient devant la porte, David y entra rapidement et ressortit avec une petite fille d’environ sept ans le tenant par la main. Son épouse Rebecca se trouvait aussi avec eux.
– Pourquoi es-tu venu me réveiller en pleine nuit, Papa?
– Pour voir le Messie, mon enfant!
– Le Messie Qui est annoncé par les Prophètes et dont parle le Rabbin à la Synagogue?
– Oui, ma Brebis (*)1 bien-aimée. Allons voir le Bon Pasteur!
Approchant de la ville, ils eurent nettement l’impression que l’Étoile se trouvait juste à la verticale d’une maisonnette isolée, adossée à une paroi rocheuse. S’approchant encore de plus près, ils virent que cette rustique maisonnette était en fait une crèche pour les animaux.
– Une bergerie pour les moutons! Cela ne peut pas être ici que se trouve le Roi! s’écria Eléazar, qui semblait avoir des idées précises sur ce qu’est un cadre digne d’un Roi!
– As-Tu déjà oublié ce que l’Ange a dit, Eléazar? répondit David. Il a dit: Dans une crèche! Ceci est une crèche! C’est justement cela le Signe!
– Je sais à qui elle appartient, dit, excité, Jacob, reconnaissant l’endroit. C’est la bergerie de mon oncle Lévi! Est-il vraiment possible que le Roi vienne ici?
Le vieux Lévi avait dit à Joseph, cherchant désespérément un gîte pour la Nuit:
– Je ne peux pas non plus t’héberger. Sache que mes fils arriveront encore ce jour et occuperont la dernière place disponible. Si tu voulais te contenter d’un gîte à la bergerie…
– Volontiers, Lévi. Oh, n’importe où! Il faut que Marie puisse se reposer.
– Les moutons sont dans les champs, peut-être pourriez-vous vous installer si vous êtes modestes…
– Merci Lévi, merci! Il serait bon que je puisse y aller tout de suite pour y mettre un peu d’ordre; nous nous y sentirons comme dans un palais. Nous sommes tellement fatigués!
Partant de l’Étoile, pendant quelques secondes, un Rayon lumineux, que tous les bergers virent alors, toucha alors le toit de la Crèche et, intuitivement, ils surent, cette fois sans l’ombre d’un doute, que c’était quand même là.
Du reste, ils en eurent bientôt confirmation par une femme qui, s’éloignant du Lieu et les apercevant, leur fit un geste pour leur désigner la modeste étable, tout en leur criant simplement:
– C’est là!.
Sans prendre davantage en considération le fait que cette bien modeste bâtisse était l’une de ces bergeries où ils venaient eux-mêmes régulièrement prendre et reconduire les moutons qu’ils gardaient, David, sa fille Rachel lui tenant toujours la main, frappa timidement à la porte. Tous les autres, derrière eux, patientaient sagement.
Pleins d’Espoir, ils attendaient tous, la porte allait-elle s’ouvrir?
Bientôt, le profond silence fut interrompu; la porte s’ouvrit.
L’homme qui ouvrit la porte était visiblement surpris, il regarda tous ces gens qui se serraient étroitement et qui, peureux et timides, attendaient, immobiles.
Pourquoi venaient-ils tous, en un pareil Instant, déranger la Quiétude et la Solennité du Lieu et de l’Heure?
Était-ce bien le moment pour une visite?
– Que voulez-vous?, questionna-t-il d’une manière pouvant leur donner à comprendre qu’ils dérangeaient.
Du coup, ils restèrent tous immobiles et muets.
La petite Rachel, alors, craintivement, s’avança.
– Nous voulons voir le Messie – là! La femme que nous avons croisée nous a dit qu’Il était là!
L’homme se retourna alors, hésitant, vers une belle femme aux grands yeux noirs, allongée sur une couche de paille et recouverte d’un manteau bleu; celle-ci inclina la tête en souriant.
Alors les bergers affluèrent de l’extérieur, jusqu’à ce que l’étable fût bondée de visiteurs, et tous s’inclinèrent dévotement devant la crèche où reposait un très petit Être.
Les rudes bergers s’appliquèrent, tout d’abord, à rester silencieux. Puis, à voix chuchotée, ils racontèrent comment ils avaient aperçu l’Étoile et comment quelques-uns d’entre eux avaient vu et entendu l’Ange du Seigneur leur annonçant la Naissance du Fils de Dieu et leur désignant la Crèche.
Ces hommes simples coururent alors chez eux chercher femmes et enfants et suivirent, pour revenir, les Rayons de l’Étoile, jusqu’à ce qu’ils aient retrouvé la Crèche.
Des bruits se faisaient entendre dans la nuit. Des silhouettes furtives arrivaient de loin, poussées, aurait-on dit, par une Force Supérieure; encore des bergers, bientôt suivis de leurs femmes et de leurs enfants, s’approchaient, toujours plus nombreux.
Le calme de la Nuit était troublé par ce petit Peuple cheminant et l’Étoile, toujours immobile au-dessus de la Crèche, leur montrait le Chemin.
Comme Signe visible, ses Rayons tombaient directement sur la toiture basse; tous ces êtres humains les voyaient distinctement.
– «LE MESSIE – LE SAUVEUR!»
Ces cris s’élevaient, dominaient les bruits de voix, forçant impérieusement les êtres humains à lever les yeux.
Comme leurs yeux brillaient! Avec quelle Ardeur ils désiraient servir le Messie! Le Bonheur les avait saisis et, dans leur Béatitude, ils auraient voulu annoncer à la Terre entière l’heureuse Nouvelle!
Ils avaient de la peine à partir. Ils restaient là et admiraient l’Enfant, semblant prêts à y passer le restant de la nuit, jusqu’au moment où, Marie ayant tout naturellement besoin de repos, vers trois heures du matin, Joseph les pria de bien vouloir quand même se retirer.
Après qu’ils aient dû ressortir, les bergers rentrèrent chez eux, Rachel retourna aussi à la maison avec sa maman, mais David ne pouvait se résoudre à aller se coucher. Il remonta sur la Colline de l’Illumination.
Il voulait comprendre ce qu’il avait vécu au début de la Nuit Sacrée, ce qu’il vivait encore, ce qui se passait, maintenant, de si important pour la Terre.
Il implora les Guides spirituels pour avoir une Explication.
Laissant sa pensée initiale se condenser en lui, il comprit alors que, pour lui et les quelques autres bergers, dans les champs, qui avaient aussi vu l’Ange, tels que Eléazar, Jacob, Benjamin, le bandeau qui se trouvait devant leurs yeux spirituels avait été retiré, afin qu’ils puissent témoigner de l’incommensurable Événement, afin d’y rendre les autres êtres humains attentifs.
Mais pourquoi étaient-ils si craintivement tombés à genoux, pourquoi avaient-ils été à ce point effrayés par l’Ange?
Il médita longuement là-dessus, et réalisa soudain que c’était parce qu’ils étaient complètement bouleversés par le Nouveau, pour eux insaisissable. Plus rien ne serait plus jamais comme avant, désormais.
Lorsque le Fils-Dieu Jésus était né dans l’étable à Bethléem, c’est la crainte qui s’était emparée d’eux qui, pour quelques heures, dans le But de pouvoir ensuite rendre Témoignage, avaient été rendus clairvoyants et clairaudiants.
C’était la crainte devant la grandeur de l’Événement, devant la Toute-Puissance de Dieu qui, pour eux, se manifestait ainsi! En y repensant, David frémissait encore.
C’est pour cela que l’Ange issu des Hauteurs lumineuses et venu pour annoncer la Naissance du Sauveur leur avait tout d’abord dit, pour les tranquilliser: Ne craignez pas!
Il se rappela que, dans les Saintes Écritures, à chaque fois qu’un Ange, Messager des Hauteurs lumineuses était venu sur Terre parler aux êtres humains, c’est toujours de la crainte que les êtres humains de la Terre avaient, en premier lieu, éprouvé lors de la contemplation ou de l’écoute de ces hauts Annonciateurs, une crainte provoquée par la Pression de la Force les accompagnant, à laquelle, en de tels Instants bénis, pour une très petite part, ils s’étaient quelque peu ouverts. Seulement un petit peu, car un peu plus de cette Force les aurait déjà complètement écrasés et consumés.
Mais était-il normal qu’ils aient eu ainsi aussi peur? Cela n’aurait-il pas dû plutôt être de la Joie qu’il aurait dû éprouver, et non de la peur? Du reste, l’Ange avait bien dit: « Je vous annonce une grande Joie! ». Alors, pourquoi avait-il, lui aussi, eu si peur? Serait-ce que son esprit n’aspirait pas suffisamment vers les lumineuses Hauteurs? David faisait son examen de conscience.
Le Messie venait donc d’arriver sur Terre. Mais qui et combien, à part Marie et Joseph et la sage femme qui avait assisté Marie au cours de l’Enfantement, avaient, comme eux, été spirituellement Témoins de l’Événement au cours de la Nuit Sainte? Probablement très peu.
Ce n’est pas à toute l’humanité que cela était devenu manifeste! Bien au contraire! En dehors de l’Étoile, qui était encore terrestrement visible avec les yeux du corps terrestre, il semblait que, mis à part quelques bergers – dont lui-même – paraissant élus pour cela, personne d’autre, parmi les enfants d’Israël, et probablement encore bien moins parmi les autres êtres humains de la Terre, n’avait vu l’Ange Annonciateur de la Lumière ni les Légions lumineuses, qui se trouvaient autour de lui, chanter en chœur la Gloire de Dieu.
Personne, autrement, ne l’avait vu et entendu, pas même leurs épouses et leurs enfants demeurés à la maison…, lesquels n’auraient rien su si les bergers n’étaient pas allés les chercher pour le leur dire et pour qu’ils et elles puissent aussi voir, de leurs propres yeux, l’Enfant Roi…
Alors pourquoi eux – pourquoi, lui, David, simple berger – passant la plus grande partie de leur vie dehors, dans la Nature, avaient-ils été autorisés à voir l’Invisible et à entendre l’Ineffable?
David, simple berger… était-ce donc précisément à cause de cette Simplicité même que ses yeux et ses oreilles spirituels, normalement fermés dans le corps terrestre, avaient été, par Grâce, ouverts?
«Je Te rends grâce, ô Dieu, d’avoir caché cela aux grands et aux puissants
et de l’avoir montré aux petits et aux faibles…»
Pourtant, son épouse Rebecca était elle aussi une femme très simple. Pourquoi, alors, lui avait-il vu et pas elle?
La différence, c’était que lui, en cette Nuit Sacrée, était dehors, dans la Nature, de même qu’il l’était toute l’année à garder les moutons, dans cette Nature à laquelle il se sentait tellement lié. C’est aussi le fait d’être dehors qui leur avait permis de voir l’Étoile, et c’est l’ouverture intérieure provoquée par la contemplation de l’Étoile qui avait aussi ouvert leurs yeux et leurs oreilles spirituels.
Mais, alors, se demandait David, en allait-il toujours ainsi pour les grandes Annonciations? Ne s’effectuaient-elles jamais autrement, ici sur Terre, que par l’intermédiaire de quelques élus spécialement choisis pour cela?
En ce cas, il n’était donc pas concevable que l’humanité de la Terre entière soit témoin d’un pareil Événement. Malgré le caractère grandiose de celui-ci, il devait donc, dans l’immédiat, passer complètement inaperçu du plus grand nombre. Car même l’Apparition de l’Étoile ne serait pas mise par tous – et de loin s’en faut – en relation avec la Naissance d’un tout petit Enfant, dans une misérable étable!
David réfléchissait aussi à la façon dont ils avaient été immédiatement crus, d’abord auprès des autres bergers qui n’avaient pas vu, puis auprès de leurs familles une fois rentrés chez eux. Certainement, cela continuerait encore comme cela le lendemain et les jours suivants… Mais après?
Des décennies, des siècles, des millénaires après, comment les êtres humains considéreraient-ils leur témoignage? Plus tard, les bergers qui avaient vu et entendu l’Ange annonçant l’Arrivée du Messie, ne seraient-ils pas seulement raillés, tenus pour des excentriques, voire même pour des escrocs qui voulaient ainsi obtenir des avantages terrestres, et cela uniquement parce que la plupart des êtres humains auraient alors beaucoup trop profondément sombré pour pouvoir encore considérer comme authentiques des Appels en provenance des Hauteurs Lumineuses, en particulier lorsque ces êtres humains ne pourraient eux-mêmes ni les entendre ni les voir.
À moins que la Venue du Messie ne changeât tout? David se prit à rêver… Si tout Israël allait reconnaître le Messie? Peut-être même les Romains Le reconnaîtraient-ils aussi? Alors tout n’était pas perdu sur Terre, puisque le Dieu d’Abraham avait encore jugé utile de leur envoyer Son précieux Envoyé…
David en était arrivé là dans ses réflexions lorsque quelqu’un, s’avançant, en provenance de l’Orient, derrière lui qui regardait l’Étoile, lui mit la main sur l’épaule et lui demanda:
– Est-ce l’Étoile de David?
David sursauta. Non, ce n’était pas son étoile! Puis il comprit: L’Étoile annonçait l’Arrivée de Celui qui allait monter sur le Trône de David, demeuré vacant depuis Salomon…
– Oui, dit-il en se retournant, c’est l’Étoile du Fils de David.
Il vit devant lui un imposant Personnage, ressemblant lui-même à un Roi…
– Bonne Nuit, lui dit celui-ci. Je m’appelle Gaspard et – désignant, derrière eux, la colline voisine où se devinait un important équipage – je voyage avec deux Amis venant, eux aussi, du Pays du Matin. Nous faisons là une dernière halte avant d’atteindre le But de notre Voyage.
– Quel est le But de Ton Voyage?, demanda poliment David.
– Nous venons de très loin. Mon Royaume, le Royaume de Shivas, se trouve en Asie. C’est là-bas que j’ai commencé à voir l’Étoile, mais, à ce moment-là, elle n’était pas encore visible avec les mêmes yeux que ceux qui Te voient, cette nuit, dans sa lumière éclairant la Terre encore plus fortement que la Lune.
– Alors, vous avez voulu suivre l’Étoile?, demanda David, de plus en plus intéressé.
– Je m’étais mis en route depuis mon propre Royaume, lorsque, en chemin, ma caravane rencontra celle du Roi Melchior et celle du Roi Balthazar. Eux aussi avaient vu l’étoile et consulté leurs astrologues pour savoir ce qu’elle annonçait.
– Et vous savez ce qu’annonce l’Étoile?, demanda David.
– En nous trois dormait la Connaissance que notre vie appartenait au Roi, bien plus grand que nous, devant venir sur Terre. L’Étoile disait que le Moment était venu, que nous devions maintenant nous mettre en Chemin pour Le chercher. Il nous suffisait de suivre l’Étoile.
– Une Connaissance qui dort est-elle suffisante pour faire abandonner son Royaume à un Roi?, demanda David.
– Cette Connaissance fut fortement réveillée chez moi, jusqu’à devenir pleinement consciente, répondit Gaspard.
– Comment cela se passa-t-il?, demanda David.
– Je possède, transmise dans ma famille depuis des siècles, une Boule de Cristal qui vient d’un Pays situé au bord du Nil. Bien souvent, dans le passé, je l’avais regardée, mais je n’y avais jamais rien vu que mon propre reflet.
– Et alors?
– Après avoir vu l’Étoile, j’entendis une Voix me disant: «Regarde la Boule!».
– Que vis-tu dans la Boule?
– Je vis un Voyant qui, il y a de nombreux siècles, se servait régulièrement de la Boule dans le Pays sur la rive Est du Nil. Ce Voyant avait des ascendances indiennes comme moi. Il servait un Prince très important qui régnait sur le Royaume.
Le Rôle de ce Voyant était de servir le Prince, de Le mettre en garde en Lui annonçant, à l’avance, tout danger qu’il pouvait pré-voir dans la Boule, dit Gaspard, rêveur… Mais je ne sais pas pourquoi je te raconte tout cela…!, dit-il en se ressaisissant.
– C’est peut-être pour que tout devienne bien conscient en Toi, lui répondit David. Le passé et aussi, surtout, le présent. Le Voyant a-t-il bien accompli son Office?
– Je ne sais pas…, répondit, hésitant, Gaspard.
– Tu ne sais pas ou Tu ne veux pas savoir?, demanda David.
– Ce que je sais, c’est que le Voyant grava ensuite une importante Prophétie sur une Pierre Tombale. Et dans cette Prophétie était aussi annoncée la Venue du Roi Qui doit, maintenant, arriver dans ce Pays.
– Alors vous êtes venus pour Le servir?, dit David.
– Oui, nous sommes venus Lui apporter des Présents pour L’honorer et Lui faire savoir ainsi que nous Le reconnaissons pour notre Roi.
– Quel est Ton Présent, Gaspard?
– J’apporte au Roi de l’Encens, destiné à L’encenser ainsi que le mérite Sa Magnificence.
– Allez-vous rester avec Lui?, demanda encore David.
– Rester avec Lui?, répondit Gaspard, interloqué. Mais j’ai une épouse, un fils, un Royaume!
– Est-ce que cela compte à côté du Royaume de Dieu?, demanda doucement David.
– Nous ne pourrions pas Lui être utiles maintenant, répondit Gaspard, voyant en imagination le visage souriant de sa ravissante et jeune épouse portant dans ses bras leur fils, l’héritier de leur Royaume. Plus tard, nous reviendrons.
– Alors, espérons que « plus tard » ne sera pas « trop tard »…, dit simplement David.
Gaspard demeura un long moment silencieux, puis, vivement, il demanda:
– Sais-Tu où doit arriver le Roi?
– La seule chose que je puisse Te dire, dit David, un peu refroidi, c’est que le Roi est déjà arrivé.
– Déjà arrivé! Comment le sais-Tu?
– Je le sais, parce que l’Ange nous l’a dit et que je L’ai vu!
– Tu L’as vu? Où est-Il? s’écria Gaspard, subitement fébrile.
– Je n’ai rien besoin de vous dire de plus, dit David.
Puis, devant la mine dépitée de Gaspard, il ajouta:
– Continuez à avancer vers l’Ouest. L’Étoile vous guidera jusqu’au bout.
Gaspard prit congé et regagna la colline voisine où se trouvaient ses royaux Amis avec leur suite.
De là David les vit, après un moment de concertation, curieusement, prendre la direction, non directement en direction de l’Étoile, vers Bethléem, mais celle de Jérusalem, plus au Nord…
David replongea dans sa méditation.
Alors, il entendit son Guide spirituel lui dire:
– «C’est ainsi que, maintenant aussi, les grandes Annonciations que les êtres humains attendent, ne pourront jamais s’accomplir, ici sur Terre, autrement que sous cette forme que vous connaissez depuis longtemps déjà, et qu’ils reconnaissent, pour autant qu’elles remontent loin en arrière.».
Et David pensa à ses co-religionnaires juifs; ils croyaient tous aux Annonciations faites à Abraham, à Jacob et à Moïse.
Un ainsi-dénommé «bon Juif», y compris les prêtres du Sanhédrin, qualifierait, sans plus, de blasphémateur et verrait un grand pécheur en tout être humain qui oserait affirmer que les Annonces faites aux Patriarches, à Moïse, ainsi qu’à tous les Prophètes, Élie, Isaïe, Jérémie, et tous les autres, étaient des fables.
Cependant, ce même «bon Juif», Pharisien ou Sadducéen, allait récuser – il en était sûr – avec une véhémente indignation, les Révélations de cette Sainte Nuit vécues par lui, bien qu’elles aient été données, non seulement par lui mais aussi par d’autres êtres comme lui, pour cela Comblés de Grâces, de la même manière, et il qualifierait, sans plus, aussi les autres bergers les ayant reçues et lui-même de blasphémateurs ou, au mieux, de fantasques ou de malades, ou encore d’aliénés.
Ces bons Juifs qui avaient appris à la Synagogue la réalité des Révélations faites à leurs ancêtres, les avaient-ils réellement vécues en eux-mêmes, de sorte à véritablement faire progresser leurs esprits? S’ils n’avaient absolument pas été capables de cela, comment feraient-ils donc alors à l’égard de toutes les Révélations nouvelles!?!
Et, encore plus tard, qu’en serait-il, lorsque, enfin, sous l’effet de l’écoulement des décennies et des siècles, les êtres humains, par effet boule de neige plus que par réelle Conviction personnelle, auraient enfin reconnu – probablement, de nouveau, trop tard! – Celui Qui arrivait en cette Nuit Sacrée; ces «bons Chrétiens» de la dernière heure n’auraient-ils pas encore deux mille ans de retard lorsque serait venu le Moment de nouvelles Révélations?
Qui, parmi les futurs croyants, de façon générale, pressentirait la Grandeur de Dieu résidant en l’Événement s’accomplissant silencieusement en cette Sainte Nuit par la Naissance du Messie attendue depuis deux mille ans? Qui se souviendrait de la Grâce ainsi offerte en Cadeau à la Terre?!?
Combien de temps l’Allégresse existant dans les Sphères en cette Nuit Sainte se maintiendrait-elle?
La plupart des êtres humains, en cette Sainte Nuit, ne pensaient qu’à leurs affaires terrestres! Comment cela serait-il encore deux mille ans plus tard!?!
Mais si les êtres humains avaient, pendant la Nuit Sainte, le plus petit pressentiment de la Réalité, il en irait de tous les êtres humains comme de eux les bergers; oui, il ne pourrait pas du tout en être autrement, étant donné la Grandeur de l’Événement, ils seraient tous, comme eux, immédiatement tombés à genoux… de crainte, de frayeur devant l’immensité de la Magnificence de Dieu!!!
Car si les êtres humains, pendant la Nuit de la Nativité, pressentaient, ne serait-ce qu’un tout petit peu, de quoi il s’agissait véritablement, c’est la peur qui devrait puissamment surgir en premier et les contraindre tous à s’aplatir dans la poussière, parce que, s’ils pressentaient un tout petit peu de la Grandeur de Dieu, alors ils prendraient simultanément conscience, comme lui, David, de l’immensité de la faute dont ils se sont chargés sur Terre, rien que par la manière indifférente avec laquelle, sans parler du reste, tous ont pris pour eux les Grâces de Dieu sans rien faire en contrepartie, rien qui soit un véritable Service de Dieu!
David en était arrivé là dans ses réflexions, lorsqu’il vit les premières lueurs de l’Aube apparaître… Curieusement, elles ne faisaient pas disparaître l’Étoile à l’autre extrémité de l’horizon…
Il se tourna un moment vers l’Est, à regarder le Disque d’Or apparaître, au commencement d’une Journée très pure…
Lorsque le Cercle Solaire, embrasant complètement son entourage, se fut quelque peu élevé au-dessus de la ligne d’horizon, David regarda encore une fois l’Étoile, puis il se dirigea vers sa modeste maisonnette, orientée au Sud, à mi-flanc d’une colline.
Rachel était déjà levée et se tenait sur le seuil.
– Papa!, s’écria-t-elle en le voyant arriver. Et elle courut vers lui et sauta dans ses bras.
La reposant par terre, David la regarda attentivement. Une intense Candeur brillait dans le regard bleu de la petite fille.
– Papa, reprit-elle, quand retournons-nous voir le Messie?
– Tout de suite, mon enfant, lui répondit-il en lui prenant la main…
Les jours suivants, tout Bethléem considérait l’Enfant né dans la Crèche comme le Sauveur. On exultait, on admirait et on priait humblement devant la Crèche.
Pendant trois jours, l’Étoile demeura juste au-dessus de la Maisonnette, comme une Gardienne fidèle. Son éclat ralliait les êtres humains. Il attirait riches et pauvres et guida enfin trois Rois venus de lointains pays de l’Orient vers la Crèche de Bethléem.
Ils avaient été choisis pour aplanir sur Terre les Chemins de l’Oint du Seigneur. Ils avaient pour Mission de protéger le Trésor le plus Sacré que la Terre ait jamais porté. C’était ce qu’ils avaient eux-mêmes sollicité lors de leurs Prières, c’était le But de leur vie.
Pour ne pas manquer cet Événement Cosmique, ils avaient été rendus clairvoyants; pour qu’ils soient prêts à Le servir, ils étaient nés riches et puissants, et ils avaient été conduits sans encombres jusqu’à la Crèche.
David les y rencontra de nouveau et revit, en particulier, Gaspard. Il vit les trois Rois humblement s’agenouiller et se prosterner devant l’Enfant-Roi et déposer leurs Présents à Ses pieds.
Pourtant, certes, ils étaient venus, certes, de leur abondance, ils apportaient des Présents, mais ensuite, au lieu de rester précisément à côté de l’Enfant-Dieu pour Le servir fidèlement et Le protéger de toute attaque des ténèbres aux aguets, chose proprement incroyable!, ils s’en retournèrent dans leur pays!
Ils ne tinrent donc pas le Serment qu’ils avaient fait au Créateur, Lui Qui était le Père éternel de l’Enfant Royal. Ils laissèrent sans Protection le Messie, Qui, plus tard, Se ferait connaître à Ses Apôtres comme étant le Fils de Dieu!
Juste avant qu’ils s’en aillent, devant la Crèche, lui parlant en aparté, la Force arriva sur David, et David dit à Gaspard:
– J’ai reçu un Message pour Toi, car, désormais, Tu ne verras plus rien dans la Boule de Cristal ni n’entendras plus avec Tes oreilles spirituelles.
Il y a un Temps pour accomplir. Après, c’est trop tard. Ce n’est pas le Serviteur qui décide à quel moment il doit accomplir, mais uniquement son Maître.
Tu ne reviendras pas en Judée, mais, plus tard, une dernière fois, afin de Te racheter, il Te sera encore permis de servir spirituellement le Fils-Dieu sur Terre. Ne manque pas ce dernier Rendez-vous, Gaspard!
Gaspard baissa la tête et ne répondit rien.
Puis, David se tourna vers Balthazar, le Roi noir, et lui dit:
– Toi qui as apporté la Myrrhe, sache qu’un jour le chambellan de Ta fille, qui sera devenue Reine de l’Éthiopie après Toi, reviendra, à Ta place, en Judée, pour tenter de compenser ce que, maintenant, Tu négliges!
Il racontera que son père avait entrepris, il y a fort longtemps, un long voyage à cause d’un Astre brillant et qu’il était alors arrivé jusqu’au Pays des Juifs. Dans une étable, il avait trouvé un petit Enfant entouré de la Magnificence de Dieu. Ce Nouveau-Né était le Roi des Juifs.
Il racontera que lui, le Roi d’Éthiopie, L’avait adoré, Lui, ce petit Enfant dans une humble crèche à moutons. Et, ce faisant, un fait étrange s’était produit. Jamais il n’avait, auparavant, vu autre chose que ses semblables.
Mais là, Balthazar, n’as-Tu pas vu, comme moi, près de l’Enfant Jésus, des Anges et des Êtres supra-terrestres. Ne crois-Tu pas, ne sais-Tu pas que cet Enfant va apporter le Salut au Monde?
Balthazar, regardant David, lui répondit:
– Il m’est très difficile de me séparer de cet Enfant, pour Lequel je suis ici. Mais mon pays, l’Éthiopie, a besoin de son Souverain; c’est mon Devoir de rentrer chez moi accomplir les obligations d’un Souverain.
David reprit:
– Voilà ce qui se passera si, maintenant, Tu pars: Sache que la Nostalgie de l’Enfant deviendra toute puissante en Toi. Sans cesse Tu prendras la résolution de revenir ici en Judée, mais jamais Tu ne pourras exécuter Ton projet. Pourtant, Ton âme sera remplie de ce qu’elle aura vécu et inlassablement Tu en parleras à Tes confidents, de sorte que cela arrivera aussi aux oreilles de Ton chambellan.
Et, un jour, Tu mourras en emportant avec Toi Ta Nostalgie inassouvie. Mais Ton chambellan, qui sera aussi celui de Ta fille, ne trouvera pas de repos avant de pouvoir aller en Judée. Et, un jour, surmontant tous les obstacles, il sera là, mais il n’est pas certain que le Roi, Lui, sera encore là. Plût au Ciel qu’il trouve encore l’un de Ses Apôtres afin de le baptiser en Son Nom et de lui transmettre Sa Parole, de sorte qu’il puisse rapporter avec lui en Éthiopie la Bénédiction du Baptême et l’Enseignement de Jésus, et que naisse et prospère là une petite Communauté qui croie en Jésus et modifie, de ce fait, totalement sa façon de vivre!
Profondément ébranlé, tout comme Gaspard, en proie à un fort combat intérieur, Balthazar regarda David, sans mot dire.
Enfin, David se tourna vers Melchior.
– Toi qui a apporté l’Or, Toi qui es un descendant de Ismaël et viens de l’Arabie heureuse, sache que Ton pays sera, lui aussi, un jour, enseigné par la forte poigne d’un futur Disciple de Jésus. Si Tu pars maintenant, Toi non plus Tu ne reviendras pas, et la malédiction existant entre les descendants d’Ismaël et ceux d’Isaac ne sera pas levée et perdurera jusqu’à la fin.
Melchior répondit:
– Nous sommes venus une fois, pourquoi ne pourrions-nous revenir?.
– Parce que c’est maintenant le Moment. Si vous partez, l’Enfant-Roi restera sans protection terrestre et la Lumière devra prendre d’autres Dispositions pour assurer Sa Sauvegarde! N’êtes-vous pas allés voir Hérode, au lieu de suivre l’Étoile jusqu’au bout, ainsi que j’avais conseillé à Gaspard de le faire? N’avez-vous pas reconnu de quoi il est capable? Ne savez-vous donc pas qu’Hérode complote la mort de l’Enfant? Qui Le protégera, vous partis?
À son tour, Melchior baissa la tête…
L’Enfant, Qui, déjà, du fait de la visite inopportune des trois Rois, avait éveillé les soupçons d’Hérode et des Romains, resta donc sans secours et n’aurait pu résister aux premiers dangers Le menaçant, si Ses parents étaient restés ici plus longtemps avec Lui.
Pourtant, les maisons des riches bourgeois s’ouvraient; de tous côtés, l’on priait Marie et Joseph de quitter la petite étable et de venir s’installer chez eux avec l’Enfant, mais Marie s’y refusait. Non, elle préférait rester seule, libre de toute influence, et elle était écartelée entre deux désirs contradictoires.
Le premier, c’était de retourner aussitôt que possible à Nazareth. Dans le calme de sa maison, elle voulait goûter son Bonheur. Tout son Amour allait à l’Enfant, elle en était entièrement absorbée.
Le deuxième c’était de rester un temps éloignée de Nazareth, où elle craignait les regards des autres et les commérages. Alors, qu’allaient-ils faire, prendre la direction de Nazareth, vers le Nord, ou la direction opposée vers le Sud?
Ce qui s’avéra déterminant ce fut que, aussitôt après que les Trois Rois fussent repartis, la nuit suivante, voici qu’un Ange du Seigneur, de nouveau, apparut en songe à Joseph, et lui dit:
«Lève-Toi, prends le petit Enfant et sa mère, fuis en Égypte, et reste-s-y jusqu’à ce que je Te parle de nouveau; car Hérode cherchera le petit Enfant pour le faire périr.».
C’est ainsi que Joseph se leva, et, la nuit suivante, prit le petit Enfant et sa mère, et se retira avec eux en Égypte.
David les regarda partir, au clair de Lune, vers le Sud… L’Étoile n’était plus là, pourtant la merveilleuse Nuit Sacrée vivait encore en lui. Il n’en était toujours pas réveillé. Lui aussi, abandonnant ses moutons et ses brebis, serait bien parti en Égypte avec eux, mais ce n’est pas lui que la Lumière avait destiné à la Protection de l’Enfant, il n’avait ni la richesse ni la puissance pour cela.
Il se promettait bien, toutefois, de guetter leur retour… Lorsqu’ils remonteraient à Nazareth, après avoir reçu un nouveau Message de l’Ange, Joseph lui ferait un signe au passage…
David attendrait alors que l’Enfant soit, en tant qu’Adulte, effectivement entré dans Sa Mission, et s’Il l’en jugeait digne, alors il ferait partie de Ses Disciples. Peut-être pourrait-il alors contribuer à Le protéger un peu de l’hostilité prévisible, cette fois, non plus des Romains, mais de Ses propres compatriotes…?!
David ne se souvenait plus de ce que, sous la Pression de la Force, il avait dit aux trois Rois. Il n’avait été qu’un Instrument de la Lumière, Laquelle, une dernière fois, avait voulu, à travers Lui, placer les trois hommes devant leurs responsabilités…
Et David se demanda pourquoi il n’y avait pas un quatrième Roi Mage…
Sa Tâche à lui, c’était de témoigner de ce que l’Ange leur avait dit, et, pour cela, la Lumière pouvait compter sur lui.
«Paix sur la Terre pour le Bonheur de l’Humanité!»
C’était le Salut de la Lumière.
Le berger David partit en transhumance permanente avec ses agneaux, car déjà devait se préparer le Troupeau du Bon Pasteur, composé des Brebis du Seigneur… La première de celles-ci, à rejoindre, dès l’âge adulte, le Pasteur et le troupeau, et qui avait aussi été la première à entrer dans la Crèche pour voir le Messie et L’adorer, s’appelait Rachel. Le Troupeau devait, dès lors, beaucoup s’agrandir…
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Note:
1 (*) [Note: « Rachel » = « Brebis« , en hébreu.]
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1. Jacob’s inspired invented story, with the beautiful images, that the 3 Kings were from 3 different nations, and that the Ethiopian eunuch, who converted to Christianity in Acts 8:26-39 (due to Philip’s wrong explanation of Isaiah 53:7-8, that the prophecy was about Jesus), was a chamberlain of Belshazzar is intriguing, and could possibly be true.
2. Jacob’s story that the 3 Kings failed to follow the Star of Bethlehem after being instructed by « David » to do so, but instead reported to king Herod before again following the Star that led them to Jesus’ manger, indicates that the the 3 Kings visited Jesus in the manger when He was a baby and not when He was 2 years old. This resolves the apparent contradictions of the Nativity accounts in Matthew and Luke.
3. However, I am puzzled by Jacob’s setting of the birth of Jesus Christ in « EARLY OCTOBER 749 B.C. after the birth of Rome », i.e., EARLY OCTOBER 4 B.C. Since, according to tradition, Romulus and his twin brother, Remus, found Rome on APRIL 21, 753 B.C.
4. Wasn’t Jesus born on 29 December?
Chuck Lasekan
First of all, it should be pointed out that this is a story, which does not claim to be a rigorous expression of historical truth.
Even so, it is not without reason that the Birth of Jesus is set in October rather than December.
This is based on David Davidson’s Prophetic Pyramid Calendar. For more details on this subject, see the book « The Great Pyramid Reveals Its Secret » by Roselis von Sass and the book « The Message of the Great Pyramid ».
Tout d’abord, précisons qu’il s’agit d’un conte, lequel n’a pas prétention à exprimer rigoureusement la vérité historique.
Malgré cela, ce n’est naturellement pas sans raison si, dans ce conte, la Naissance de Jésus est placée en Octobre plutôt qu’en Décembre.
Cela se base sur le Calendrier Pyramidal Prophétique de David Davidson. Pour plus de précisions à ce sujet, voir le livre «La Grande Pyramide révèle son secret» de Roselis von Sass et le livre «Le Message de la Grande Pyramide.».