Maturité
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August Manz
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– Extraits –
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La Création Originelle et la Création Postérieure sont nées – issues de la Source Originelle de la Lumière – de la Force toujours changeante et transformatrice. (…)
(…) Ainsi est née la Création Postérieure, commençant par le Royaume du Spirituel-Entéallique inconscient – jusqu’à la sphère gros-matérielle, en bas. Nous savons, cependant, qu’avec le plus grand éloignement de la Source Originelle Divine parfaite, en un naturel événement, la Perfection originelle diminue et, conformément aux Lois, doit diminuer. (…)
Mais nous savons aussi que la Loi de l’Évolution agit dans toute la Création Postérieure et nous savons que cette Loi, qui exige la maturation vers une Perfection conditionnée, doit, de par Dieu, continuer à se manifester dans toutes les sphères. Dans chaque sphère, tout doit donc tendre vers la Lumière, s’il vibre correctement dans les Lois de Dieu, s’épanouir et mûrir vers la Lumière, jusqu’à une Perfection qui correspond à l’éloignement de la sphère concernée. Le degré de Perfection dépend de la particularité de chaque sphère – mais ce degré doit être atteint en tout – sinon la sphère et tout ce qui s’y déplace ne remplissent pas leur Mission voulue par Dieu.
Cette Loi de l’Évolution vaut naturellement aussi pour le germe d’esprit humain, dans toutes les parties de sa pérégrination. Nous connaissons le But de cette évolution – et nous connaissons aussi le chemin qui y mène.
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Le But – le germe d’esprit humain, issu inconsciemment du Royaume spirituel, a, sommeillant en lui, les bonnes, pures et nobles facultés (…) a déposées en lui. Et il doit les développer jusqu’à une perfection qui se rapproche le plus possible de la perfection (…). Il doit certes rester dans les limites d’un post-créé, il ne peut jamais atteindre complètement la Perfection spirituelle (…) – mais il peut néanmoins s’en approcher suffisamment pour atteindre le But voulu par Dieu: Pouvoir, en tant que personnalité devenue consciente et parfaitement mûrie, entrer dans le Royaume Spirituel.
Mais le Chemin pour atteindre cette Perfection est conditionné par une évolution conforme aux Lois, par un développement et une maturation des facultés qui correspondent à la particularité de chaque sphère dans laquelle le germe d’esprit humain est en train de cheminer. Et ce n’est que lorsqu’il a atteint le plus grand degré de maturité possible dans la sphère concernée qu’il a créé la base pour pouvoir, avec un mûrissement ultérieur, pénétrer dans la Sphère immédiatement plus élevée.
Ainsi, la maturation dans chaque sphère est différente, une maturation qui, considérée du point de vue de la Lumière, pose des Exigences toujours plus élevées à l’esprit humain – des Exigences qu’il doit cependant remplir s’il veut s’efforcer {d’aller} plus haut, s’il veut remplir sa Tâche dans la Création et atteindre son but final. –
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Considérons aujourd’hui ce que nous devons comprendre par la maturité que l’être humain doit atteindre dans la sphère gros-matérielle.
Dans diverses considérations, nous nous sommes déjà préoccupés de la Loi de l’Harmonie, qui, en tant que Loi Originelle de la Création, représente une Exigence divine dont seul l’accomplissement permet une évolution correcte vers la Lumière.
La Loi d’airain de Dieu exige l’Harmonie en tout – et dans toutes les sphères. Donc aussi dans la matière grossière. Mais l’Harmonie n’est et ne peut être atteinte que par un juste équilibre. Dans le Royaume spirituel, les Forces créatrices s’équilibrent de manière absolument harmonieuse – l’équilibre absolument juste, voulu par Dieu, des différents effets de la Force Divine doit toujours et éternellement faire naître une Harmonie totale en tout. Cela ne serait autrement pas possible.
Dans la matière grossière de la Terre aussi, une harmonie de ce genre aurait dû naître si les êtres humains avaient équilibré les forces ici agissantes dans le juste sens par leur juste vouloir – en eux-mêmes et dans leur environnement.
Par leur propre faute, les être humains ont rendu impossible cette interpénétration et cette coopération équilibrantes de toutes les Forces en une action unitaire et harmonieuse – par leur volonté erronée – mais l’Exigence divine d’un harmonieux Équilibre a subsisté. Et seul l’être humain qui l’accomplit peut s’élever dans une Sphère supérieure.
Nous savons donc que la destinée des êtres humains dans la matière aurait été, de manière voulue et consciente, de réaliser cet harmonieux équilibre en tout. L’être humain devait et pouvait réunir en un effet harmonieux, par un juste équilibre, tous les types de mouvements et de forces agissant sous différentes formes dans la matière. Mais les êtres humains n’ont exploité les forces que de manière unilatérale. Et c’est ainsi que la dysharmonie devait apparaître dans toute la matière, dans chaque être humain, dans les relations des êtres humains entre eux et donc dans l’ensemble des êtres humains. L’évolution vers la maturité a été rendue impossible.
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La maturité présuppose donc un harmonieux équilibre.
Le germe d’esprit humain est, au cours de sa migration à travers la matière grossière, enveloppé d’un corps terrestre. La première exigence pour une évolution correcte est donc qu’un équilibre correct soit établi entre l’évolution du corps et celle de l’esprit, afin de créer une harmonie. Aucun être humain ne peut mûrir s’il ne développe que son corps. Mais aucun être humain ne peut mûrir non plus s’il ne développe que l’esprit au détriment du corps. L’homme-muscle et le héros du sport ne peuvent pas plus être qualifiés de mûrs que l’acrobate de l’esprit et l’ascète. L’harmonie entre le corps et l’esprit est, au contraire, la première condition d’un développement de l’être humain qui doit conduire à la maturité. Là où règne la dysharmonie, la maturité n’est pas possible. L’être humain de la Terre doit préserver son corps comme un bien qui lui a été confié et constamment chercher à établir une saine harmonie entre le corps et l’esprit – sinon, l’être humain sera confronté à un obstacle absolu et décisif à l’accomplissement de sa Tâche sur Terre. Car il perd alors la pleine force de l’esprit en vue de son action dans la matière, parce qu’il a besoin, dans tous les cas, de la force d’un corps terrestre non pas soumis, mais, au contraire, s’harmonisant avec l’esprit.
L’harmonie correcte entre le corps et l’esprit est donc déjà un certain degré de maturité, mais ce n’est que la première condition pour l’évolution correcte de l’être humain vers la maturité. Car l’esprit qui, par son vouloir, est déterminant pour l’Ascension spirituelle, doit alors être harmonieusement équilibré en lui-même, dans toutes ses pensées et ses actions. Et ce n’est que lorsqu’un être humain atteint cet équilibre que l’on peut parler de véritable maturité. (…)
Cet équilibre spirituel et cette Harmonie intérieure l’être humain doit chercher à les atteindre en toute chose. En toute chose, nous devons chercher à trouver la juste mesure, le Chemin du {juste} milieu, qui se tient à égale distance des extrêmes «trop» et «trop peu».
Multiple et multiforme est cette Exigence d’Harmonie spirituelle, car elle englobe toute la pensée et l’action de l’être humain, tout son être spirituel.
La maturité spirituelle doit donc s’édifier sur un harmonieux équilibre entre le corps et l’esprit; et elle doit comprendre un équilibre de toutes les caractéristiques du caractère et du cœur.
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Il est toujours beaucoup question des tempéraments des êtres humains. Le sanguin excitable et bondissant, le colérique excité et enclin à la colère, le flegmatique difficile à bouger et le mélancolique calme et profond – c’est ainsi que sont différenciés les quatre principaux tempéraments (*) des êtres humains. Et chacun voit dans cette disposition une excuse pour son comportement. Mais ils ne sont tous qu’unilatéraux, et largement éloignés d’une maturité équilibrée.
(…) Nous savons que tous les tempéraments sont ancrés dans le sang sain d’un être humain, mais qu’avec les différents âges de la vie, le tempérament change, c’est-à-dire qu’à chaque âge de l’individu, un type d’humeur prédomine, conformément à la composition respective du sang. Et nous savons aussi que les tempéraments sont dus à une action entéallique: Ils sont produits par les radiations d’un certain gente de matière, aussitôt que celle-ci – de vivifiante manière – est entièrement transpénétrée par l’Entéallique.
Maîtriser, cependant, les tempéraments ainsi créés, c’est l’esprit qui doit le faire. Seulement à partir du juste équilibre des tempéraments entéalliques résultant de cette influence de l’esprit le Spirituel harmonieux peut alors mûrir, la Maturité spirituelle peut naître.
Cet équilibre par l’influence de l’esprit, chaque être humain individuel doit le réaliser au cours de toute son évolution terrestre, en utilisant d’abord correctement les quatre tempéraments aux moments nécessaires: Dans l’enfance le tempérament sanguin de l’insouciance prédomine, dans l’adolescence et la jeunesse, le tempérament mélancolique de la rêverie nostalgique, dans la virilité, le tempérament colérique de l’action et dans la vieillesse le tempérament flegmatique de la réflexion tranquille.
Cette prédominance d’un tempérament déterminé, qui doit donner à l’âge concerné son caractère fondamental, ne doit cependant pas conduire à une unilatéralité dans les activités de la vie. Il s’agit plutôt d’indiquer l’orientation principale du tempérament qui, de façon conforme aux Lois, correspond à la particularité de l’âge concerné. Il serait donc tout aussi faux si le jeune homme sombrait dans une rêverie inactive, de même que si l’homme accomplissait ses actes dans une irréflexion colérique, ou si le vieillard accroissait son flegme examinateur et contemplatif jusqu’à une immobilité obtuse. «Le plus grand poison contre l’accomplissement harmonieux de votre humanité c’est l’unilatéralité.». Un comportement unilatéral rendrait donc ici aussi la maturité impossible.
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L’être humain pleinement responsable doit, bien davantage, même à ses différents âges, correctement équilibrer en lui tous les tempéraments dans ses pensées, ses paroles et ses actes, s’il veut spirituellement mûrir. Le tempérament correspondant à l’âge concerné doit, en quelque sorte, constituer le leitmotiv.
Seul celui qui adapte son comportement aux différents événements de l’existence terrestre avec la maturité juste, équilibrante et gardant en vue le But spirituel, qui saisit et agit rapidement et de manière colérique là où la rapidité est nécessaire, qui attend tranquillement et laisse les choses se développer de manière flegmatique, là où une hâte précipitée serait erronée, celui qui, mélancolique, laisse tranquillement et profondément agir la puissance du Silence et celui qui, sanguin, réfléchit vivement à toutes les possibilités pour pouvoir prendre la bonne décision, en un mot, celui qui provoque en lui l’équilibre des tempéraments, seul celui-là se crée aussi une base pour la maturité. Car il utilise les bons côtés positifs et encourageants des tempéraments, et non leur unilatéralité négative, qui entrave l’évolution spirituelle.
Mais celui qui s’abandonne sans retenue à un tempérament, qui se laisse dominer par lui, un tel être humain ne peut pas du tout spirituellement mûrir. Par une telle partialité, il se prive lui-même de toute possibilité de le faire. –
Le cadre de cette réflexion est beaucoup trop étroit pour épuiser, ne serait-ce qu’un peu, la question de la maturité sur Terre. Nous ne retiendrons donc que quelques points qui éclairent la notion de «maturité spirituelle» (…).
L’être humain mûr est plein de Bonté. Il est rempli, non pas d’une compassion liée au terrestre, mais d’une Charité spirituelle. Il cherche à comprendre son prochain et son comportement, qui semble peut-être tout à fait erroné – il ne le condamne pas, mais veut l’aider spirituellement. Car il connaît la Parole de Jésus: «Aime Ton prochain comme Toi-même» (…). Il sait que la plus grande partie du véritable Amour est la Sévérité. Mais une Sévérité qui, dans un Amour soutenant, veut spirituellement aider et non condamner. Car, ici aussi, l’équilibre entre la reconnaissance des défauts du prochain et l’Aide correctement apportée n’est synonyme que de pleine Harmonie – et donc de maturité.
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L’être humain mûr est loin de tout égoïsme terrestre et de toute vanité liée à la Terre, loin de toute ambition. En toute chose, il ne pense qu’à l’Aspiration spirituelle vers le Haut et au développement de son propre Je, du Tu de son prochain et ainsi de l’ensemble des êtres humains. Et c’est pourquoi il cherche et trouve aussi le juste équilibre des intérêts et des aspirations en tout. Toute sa pensée et toute son action ne visent que le But spirituel final de tous les êtres humains – et c’est seulement à partir du point de vue au sujet de comment ce but peut être le mieux et le plus facilement atteint, qu’il prend toutes ses décisions.
Malgré cela, il n’en reste pas moins juste et rempli de la joie de l’action au milieu de l’existence terrestre. L’aliénation au monde lui est tout aussi éloignée que l’attachement à la Terre. Car il sait qu’il doit utiliser la matière grossière pour son Ascension spirituelle par l’expérience vécue, et il sait qu’il ne doit pas y demeurer accroché.
L’être humain spirituellement mûr aborde tous les événements de la vie terrestre avec une tranquille assurance. Car il reconnaît et contemple tous les rapports. Et il a la confiance que son Ressentir le conseille justement en tout{e chose}. Il se tient ainsi dans une supériorité évidente au-dessus des choses et comprend comment maîtriser la vie et toutes ses formes de manifestation à partir de sa supériorité spirituelle.
Libre en lui-même et spirituellement indépendant, il est aussi indépendant de tout le reste – êtres humains et conditions – et se tient dans la vie comme un rocher que le ressac de l’existence terrestre baigne et menace, mais dont pas une pierre ne peut s’effriter, parce qu’il est totalement affermi en lui-même.
(…) Il y a besoin de tels êtres humains pour l’Édification à venir. Et c’est pourquoi nous voulons tous nous examiner {pour savoir} si nous avons déjà atteint cette maturité. Ou s’il nous manque encore ceci ou cela pour pouvoir être considérés comme des êtres humains nobles et accomplis, qui soient capables de mûrir jusqu’à la pleine Harmonie – en eux-mêmes et avec leur environnement.
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Note:
(*) «Gemütsart(en)»: «tempérament(s)».
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Par ce texte August Manz – que nous ne pouvons que remercier – nous conduit sur le chemin de la maturité spirituelle.
Ce chemin nécessite comme exigence première un harmonieux équilibre entre l’esprit et le corps.
« C’est également à partir du juste équilibre des tempéraments entéalliques résultant de l’influence de l’esprit que le spirituel harmonieux peut alors mÜrir ».
L’auteur nous met en garde au sujet de l’unilatéralité des tempéraments ce qui peut rendre impossible la maturation spirituelle, d’où l’importance de l’équilibre des tempéraments pour base de la maturité , d’où la nécessité d’utiliser leur coté positif.
« Car le plus grand poison contre l’accomplissement harmonieux de votre humanité, c’est l’unilatéralité. »