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La nécessité pour le corps
de résonner avec l’âme
Comment le fait de « se retenir » se produit
aux dépens du corps
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L’être humain « victime » de sa biologie
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Avoir envie de mordre
Il est bien connu que lorsqu’un être humain est oppressé par un autre être humain il peut finir par avoir envie de mordre, en particulier, bien sûr, mordre cet être humain qui l’oppresse, mais, éventuellement, s’il s’avère qu’il n’est pas possible de le faire, en mordre un autre... Le plus important étant de mordre! Quelqu’un ou quelque chose. Il s’agit donc, comme l’on dit familièrement, de « se défouler »! Mordre un autre qui n’a rien avoir avec un motif de mécontentement, c’est profondément injuste, mais il est vrai que ça défoule! Ce que cela signifie vraiment va être explicité un peu plus loin…
Considérons, par ailleurs, toutes les caries dentaires, très répandues. L’on incrimine le sucre… Certes, le sucre, générateur d’acides et facteur d’acidose, n’est pas bon pour les dents et attaque l’émail, comme un acide attaque une base. L’alimentation moderne n’est pas, non plus, de façon générale, bonne pour les dents, mais si l’on examine la dentition des corps retrouvés datant de la pré-histoire, l’on peut voir que l’homme pré-historique avait déjà des caries. Donc cela ne date pas d’hier! Et cela existait déjà avant l’invention du sucre… La cause principale des caries est donc à chercher ailleurs…
Et si la principale cause était psychique?
Sigmund Freud – le « père » de la psychanalyse et dont une partie de l’œuvre est certainement très contestable -, a, toutefois, mis en évidence l’existence du « ça » (les pulsions personnelles), du « moi » (l’être humain individuel, au centre) et du « surmoi » (la pression sociale s’exerçant sur l’individu), ce que presque personne ne conteste plus aujourd’hui: L’être humain doit se tenir en équilibre entre ses impulsions propres et la société qui réprime une part plus ou moins importante de ses impulsions. Comment vit-il cela? Plus ou moins bien.
Certains êtres humains sont qualifiés par les caractérologues comme « primaires » et « extravertis ». Ils réagissent facilement et rapidement et expriment leurs émotions, y compris leurs émotions négatives. Du coup, l’émotion extériorisée ne crée pas de dégâts à l’intérieur. S’il s’agit de colère, d’envie, de jalousie, de haine, etc., l’émotion négative peut, toutefois, créer de gros dégâts à l’extérieur, c’est-à-dire sur les autres, qui deviendront ainsi, la plupart du temps, d’innocentes victimes…
Pour éviter cela, le médecin suisse Dr Tal Schaller préconise, entre autres, de « faire le tigre« , c’est-à-dire, tout d’abord en mimant un comportement agressif, de se connecter ainsi avec l’agressivité réelle existant en soi, de sorte à l’extérioriser. Grâce à l’extériorisation de la colère, de la peur ou de la rage les effets négatifs qu’aurait provoqués sur le corps physique cette émotion négative retenue n’auront pas lieu, sans pour autant nuire à qui que ce soit à l’extérieur. Par conséquent, une pratique toute simple de « décharge psychique » (ou « psycho-émotionnelle »), mais hautement recommandable!
Henri Laborit et l’inhibition de l’action
«Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent, et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui changé.»
– Henri Laborit, « Mon oncle d’Amérique » (film d’Alain Resnais).
Avec son livre « La Nouvelle grille » (1974), Henri Laborit a fait connaître au grand public ses idées sur la biologie comportementale. Le bon accueil fait par un certain public à ce livre l’a ensuite conduit à écrire « éloge de la fuite », qui en constitue une introduction accessible à tous. Ceci rappelle le célèbre « Courage, fuyons! ». Dans certains cas seule la fuite va empêcher que le stress ravage le corps.
Ses travaux sur le conditionnement sont donc à la base du film « Mon oncle d’Amérique« du cinéaste Alain Resnais en 1980. Il y expose les expériences scientifiques conduites sur des rats et qui l’ont amené à développer le concept d’inhibition de l’action et qui explique dans quelles conditions de stress des rats isolés somatisent, notamment (voir détails plus bas) par l’apparition d’ulcères.
Dans le film le professeur Henri Laborit intervient au cours de trois récits entremêlés pour expliquer ce que nous savons aujourd’hui du comportement humain:
Jean Le Gall, issu de la bourgeoisie, ambitieux, mène une carrière politique et littéraire. Pour la comédienne Janine Garnier, il abandonne sa femme et ses enfants. Janine a quitté sa famille, de modestes militants communistes, pour vivre sa vie. A la demande de la femme de Jean, elle le quitte, puis devient conseillère d’un groupe textile, où elle doit résoudre le cas difficile de René Ragueneau, fils de paysan, catholique, devenu directeur d’usine.
Le film se déroule en permanence sur trois niveaux: l’histoire racontée, les représentations mentales des protagonistes influencées par le cinéma et par leurs souvenirs propres, et des images d’expérience sur les rats n’ayant pas de rapport évident sur le moment, mais qui deviennent éclairantes sur le comportement des personnages à la fin du film.
Selon Laborit, la conduite est réglée par quatre éléments: la consommation (boire, manger et copuler), la récompense, la punition (avec pour issues la lutte ou la fuite) et enfin l’inhibition de l’action.
Il reprend la théorie de Paul D. MacLean des trois niveaux cérébraux (ou « cerveau tri-unique », qui guidait la réflexion neuroscientifique à l’époque):
- Un cerveau reptilien, commun à tout le règne animal, qui assure nos réflexes de survie et qui dirige notre comportement de consommation,
- Un deuxième «cerveau», le cerveau limbique, commun à tous les mammifères, celui de la mémoire, qui guide notre comportement de récompense: il nous fait fuir les expériences que l’on a connues douloureuses (« Chat échaudé craint l’eau froide ») et agir pour rechercher le plaisir. Si toutes les issues sont bouchées, l’inhibition de l’action provoque le stress et déclenche des maladies.
- Notre troisième «cerveau», le néocortex, plus développé chez l’espèce humaine, permet d’associer des idées provenant d’expériences différentes plus abstraites. Il ne nous sert, hélas, bien souvent, qu’à tenir un discours qui permette de justifier nos deux premiers comportements.
Le néocortex devrait nous permettre de comprendre que ces deux premiers cerveaux n’instaurent que des comportements de domination entre les hommes. Or l’homme n’est fait que de son contact avec les autres hommes. Ne pas être conscient qu’il faut au moins canaliser les instincts de domination (puisque nous ne pouvons les éliminer), ne peut conduire qu’au malheur individuel et collectif. Connaître ces mécanismes ne permettrait certes pas de les éliminer, mais au moins de les utiliser pour faire autre chose, de même que l’étude patiente des lois du mouvement n’a nullement supprimé la gravité, mais nous a permis (NDLR: au moins en théorie!) à néanmoins d’aller nous promener sur la Lune! »
Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_oncle_d%27Am%C3%A9rique
Mon Oncle d’Amérique
François Brooks a eu la bonne idée de retranscrire le texte du film de Henri Laborit (1980, dans le film d’Alain Resnais):
« La seule raison d’être d’un être, c’est d’être. C’est-à-dire, de maintenir sa structure. C’est de se maintenir en vie. Sans cela, il n’y aurait pas d’être. ».
Remarquez que les plantes peuvent se maintenir en vie sans se déplacer.
Elles puisent leur nourriture directement dans le sol, A l’endroit où elles se trouvent. Et grâce à l’énergie du Soleil, elles transforment cette matière inanimée qui est dans le sol en leur propre matière vivante.
Les animaux, eux, donc l’homme qui est un animal (NDLR: Sic!), ne peuvent se maintenir en vie qu’en consommant cette énergie solaire qui a donc déjà été transformée par les plantes. Et ça, ça exige de se déplacer. Ils sont forcés d’agir à l’intérieur d’un espace.
Pour se déplacer dans un espace, il faut un système nerveux. Et ce système nerveux va agir, va permettre d’agir, sur l’environnement et dans l’environnement. Et toujours pour la même raison: pour assurer la survie.
Si l’action est efficace, il va en résulter une sensation de plaisir.
Ainsi, une pulsion pousse les êtres vivants à maintenir leur équilibre biologique, leur structure vivante, à se maintenir en vie. Et cette pulsion va s’exprimer dans quatre comportements de base:
1) Un comportement de consommation. C’est le plus simple, le plus banal. Il assouvit un besoin fondamental: boire, manger, copuler.
2) Un comportement de fuite
3) Un comportement de lutte
4) Un comportement d’inhibition.
Un cerveau ça ne sert pas à penser, mais ça sert à agir.
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L’évolution, l’évolution des espèces, est conservatrice. Et dans le cerveau des animaux on trouve des formes très primitives.
Un premier cerveau que Paul Maclean a appelé le cerveau reptilien. C’est celui des reptiles, en effet, et qui déclenche des comportements de survie immédiate sans quoi l’animal ne pourrait pas survivre. Boire, manger, ce qui lui permet de maintenir sa structure, et copuler, ce qui lui permet de se reproduire.
Et puis, dès que l’on arrive aux mammifères, un second cerveau s’ajoute au premier. Et d’habitude on dit, avec Maclean encore, que c’est le cerveau de l’affectivité. Je préfère dire que c’est le cerveau de la mémoire. Sans mémoire de ce qui est agréable, de ce qui est désagréable, il n’est pas question d’être heureux, triste, angoissé; il n’est pas question d’être en colère ou d’être amoureux. On pourrait presque dire qu’un être vivant est une mémoire qui agit.
Et puis un troisième cerveau s’ajoute aux deux premiers. On l’appelle le cortex cérébral. Chez l’homme, il a pris un développement considérable. On l’appelle un cortex associatif. Ce que ça veut dire? Ça veut dire qu’il associe. Il associe les voies nerveuses sous-jacentes et qui ont gardé la trace des expériences passées; il les associe d’une façon différente de celles où elles ont été impressionnées par l’environnement au moment même de l’expérience. C’est-à-dire qu’il va pouvoir créer, réaliser un processus imaginaire.
Dans le cerveau de l’homme, ces trois cerveaux superposés existent toujours. Nos pulsions sont toujours celles, très primitives, du cerveau reptilien.
Ces trois étages du cerveau devront fonctionner ensemble. Et, pour ce faire, ils vont être reliés par des faisceaux. L’un, on peut l’appeler le faisceau de la récompense, l’autre, on peut l’appeler celui de la punition. C’est lui qui va déboucher sur la fuite et la lutte. Un autre encore est celui qui va aboutir à l’inhibition de l’action. Par exemple, la caresse d’une mère à son enfant, la décoration qui va flatter le narcissisme d’un guerrier, les applaudissements qui vont accompagner la tirade d’un acteur, et bien tout cela libère des substances chimiques dans le faisceau de la récompense et aboutira au plaisir de celui qui en est l’objet.
J’ai parlé de la mémoire. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que, au début de l’existence, le cerveau est encore, disons, immature. Donc, dans les deux ou trois premières années de la vie d’un homme, l’expérience qu’il aura du milieu qui l’entoure sera indélébile et constituera quelque chose de considérable pour l’évolution de son comportement dans toute son existence.
Et, finalement, nous devons nous rendre compte que ce qui pénètre dans notre système nerveux depuis la naissance, et peut-être avant in utero, les stimulus qui vont pénétrer dans notre système nerveux nous viennent essentiellement des autres. Nous ne sommes que les autres. Quand nous mourons, c’est les autres que nous avons intériorisés dans notre système nerveux, qui nous ont construits, qui ont construit notre cerveau, qui l’ont rempli, qui vont mourir.
Ainsi nos trois cerveaux sont là. Les deux premiers fonctionnent de façon inconsciente. Nous ne savons pas ce qu’ils nous font faire: pulsions, automatismes culturels. Et le troisième nous fournit un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi, au fonctionnement inconscient des deux premiers. Je crois qu’il faut se représenter l »inconscient comme une mer profonde et ce que nous appelons le conscient, comme l’écume qui naît, qui disparaît, renaît à la crête des vagues. C’est la partie très très superficielle de cet océan qui est écorchée par le vent.
On peut donc distinguer quatre types principaux de comportement:
1) Comportement de consommation, qui assouvit les besoins fondamentaux.
2) Comportement de gratification. Quand on a l’expérience d’une action qui aboutit au plaisir, on essaie de la renouveler.
3) Comportement qui répond à la punition; soit par la fuite qui l’évite; soit par la lutte qui détruit le sujet de l’agression.
4) Comportement d’inhibition: on ne bouge plus, on attend en tension. Et on débouche sur l’angoisse. L’angoisse c’est l’impossibilité de dominer une situation.
On prend un rat et on le met dans une cage à deux compartiments, c’est-à-dire, dont l’espace est séparé par une cloison dans laquelle se trouve une porte. Le plancher est électrifié intermittemment. Avant que le courant électrique passe dans le grillage du plancher, un signal prévient l’animal qui se trouve dans la cage que, quatre secondes après, le courant va passer.
Mais il ne le sait pas, au départ. Il s’en aperçoit vite. Au début, il est inquiet et très rapidement il s’aperçoit qu’il y a une porte ouverte et il passe dans la pièce d’à côté. La même chose va se reproduire quelques secondes après. Mais il apprendra aussi très vite qu’il peut éviter la «punition» du petit choc électrique dans les pattes en passant dans le compartiment de la cage où il était au début. Cet animal, qui subit cette expérience pendant une dizaine de minutes par jour pendant sept jours consécutifs, au bout de ces sept jours, va être en parfait état, en parfaite santé: son poil est lisse, il ne fait pas d’hypertension artérielle; il a évité, par la fuite, la «punition»; il s’est fait plaisir; il a maintenu son équilibre biologique.
Mais ce qui est facile pour un rat en cage est beaucoup plus difficile pour un homme en société. En particulier, certains besoins ont été créés par cette vie en société et cela depuis son enfance. Et il est rare qu’il puisse, pour assouvir ses besoins, aboutir à la lutte lorsque la fuite n’est pas efficace.
Quand deux individus ont des projets différents ou le même projet et qu’ils entrent en compétition pour la réalisation de ce projet, il y a un gagnant, un perdant. Il y a établissement d’une dominance de l’un des individus par rapport à l’autre. La recherche de la dominance dans un espace que l’on peut appeler le territoire est la base fondamentale de tous les comportements humains, et ceci, en pleine inconscience des motivations.
Il n’y a donc pas d’instinct de propriété; il n’y a donc pas non plus d’instinct de dominance. Il y a simplement l’apprentissage, par le système nerveux d’un individu, de la nécessité pour lui de conserver à sa disposition un objet ou un être qui est aussi désiré, envié, par un autre être. Et il sait, par apprentissage, que, dans cette compétition, s’il veut garder l’objet ou l’être à sa disposition, il devra dominer.
Nous avons dit déjà que nous n’étions que les autres. Un enfant sauvage abandonné loin des autres ne deviendra jamais un homme. Il ne saura jamais marcher ni parler. Il se conduira comme un petit animal. Grâce au langage, les hommes ont pu transmettre de générations en générations toute l’expérience qui s’est faite au cours des millénaires du monde. Il ne peut plus maintenant, et déjà depuis longtemps, assurer à lui seul sa survie.
Il a besoin des autres pour vivre. Il ne sait pas tout faire; il n’est pas polytechnicien.
Dès le plus jeune âge, la survie du groupe est liée à l’apprentissage chez le petit de l’homme de ce qui est nécessaire pour vivre heureux en société.
On lui apprend à ne pas faire caca dans sa culotte, à faire pipi dans son pot. Et puis, très rapidement, on lui apprend comment il doit se comporter pour que la cohésion du groupe puisse exister. On lui apprend ce qui est beau, ce qui est bien; ce qui est mal, ce qui est laid; on lui dit ce qu’il doit faire et on le punit ou on le récompense, quel que soit sa propre recherche du plaisir, on le punit ou on le récompense suivant que son action est conforme à la survie du groupe.
Le fonctionnement de notre système nerveux commence à peine à être compris.
Il y a une vingtaine ou une trentaine d’années que nous sommes capables de comprendre comment, à partir des molécules chimiques qui le constituent, qui en forment la base, s’établissent les voies nerveuses qui vont être codées, imprégnées par l’apprentissage culturel. Et tout cela dans un mécanisme inconscient. C’est-à-dire que nos pulsions et nos automatismes culturels seront masqués par un langage, par un discours logique.
Le langage ne contribue ainsi qu’à cacher la cause des dominances, les mécanismes d’établissement de ces dominances et à faire croire à un individu qu’en œuvrant pour l’ensemble social, il réalise son propre plaisir alors qu’il ne fait, en général, que maintenir des situations hiérarchiques qui se cachent sous des alibis langagiers, des alibis fournis par le langage, qui lui servent en quelque sorte d’excuses.
Retour à l’expérience du rat dans la cage à deux compartiments
Dans cette seconde situation, la porte de communication entre les deux compartiments est fermée. Le rat ne peut pas fuir. Il va donc être soumis à la punition à laquelle il ne peut pas échapper. Cette punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition. Il apprend que toute action est inefficace, qu’il ne peut ni fuir ni lutter. Il s’inhibe. Et cette inhibition, qui s’accompagne chez l’homme de ce que l’on appelle l’angoisse, s’accompagne aussi dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes. Si bien que si un microbe passe dans les environs, s’il en porte même sur lui-même, alors que normalement, il aurait pu les faire disparaître, là, ne le pouvant pas, il fera une infection. S’il a une cellule cancéreuse qu’il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse. Et puis ces troubles biologiques aboutissent à tout ce qu’on appelle les maladies de «civilisation» ou psychosomatiques. Les ulcères de l’estomac, les hypertensions artérielles, ils aboutissent à l’insomnie, à la fatigue, au mal-être.
Dans cette troisième situation, le rat ne peut pas fuir. Il va donc recevoir toutes les «punitions» mais il sera en face d’un autre rat qui lui servira d’adversaire. Et, dans ce cas, il va lutter. Cette lutte est absolument inefficace. Elle ne lui permet pas d’éviter la «punition». Mais il agit.
Un système nerveux ça ne sert qu’à agir. Ce rat ne fera aucun accident pathologique de ceux que nous avions rencontrés dans le cas précédent. Il va être en très bon état et pourtant, il aura subi toutes les «punitions».
Or, chez l’homme, les lois sociales interdisent généralement cette violence défensive. L’ouvrier qui voit tous les jours son chef de chantier dont la tête ne lui revient pas. Il ne peut pas lui casser la figure parce qu’on lui enverrait les agents; il ne peut pas fuir parce qu’il serait au chômage.
Et tous les jours de la semaine, toutes les semaines du mois, tous les mois de l’année, toutes les années, quelquefois, qui se succèdent, il est en inhibition de l’action.
L’homme a plusieurs façons de lutter contre cette inhibition de l’action.
Il peut le faire par l’agressivité. L’agressivité n’est jamais gratuite. Elle est toujours en réponse à une inhibition de l’action. On débouche sur une explosion agressive qui est rarement rentable mais qui, sur le plan du fonctionnement du système nerveux, est parfaitement explicable.
Ainsi, répétons-le, cette situation dans laquelle un individu peut se trouver dans l’inhibition de son action, si elle se prolonge, commande à toute la pathologie. Les perturbations biologiques qui l’accompagnent vont déchaîner aussi bien l’apparition de maladies infectieuses que tous les comportements de ce qu’on appelle les maladies mentales. Quand son agressivité ne peut plus s’exprimer sur les autres, elle peut encore s’exprimer sur lui-même de deux façons. Il somatisera. C’est-à-dire qu’il dirigera son agressivité sur son estomac; il y fera un trou, un ulcère d’estomac. Sur son cœur et ses vaisseaux il fera une hypertension artérielle. Quelquefois même des lésions aigues qui aboutissent aux maladies cardiaques brutales: les infarctus, les hémorragies cérébrales; ou les urticaires ou les crises d’asthme. Il pourra aussi orienter son agressivité contre lui-même d’une façon encore plus efficace: il peut se suicider. Et quand on ne peut pas être agressif envers les autres, on peut, par le suicide, être agressif encore par rapport à soi.
C’est comme la plupart des gens qui passent leur vie à attendre le bonheur comme on attend un héritage, quelque chose qui vous est dû.
L’inconscient constitue un instrument redoutable non pas tellement par son contenu refoulé, refoulé parce que trop douloureux à exprimer, car il serait «puni» par la socioculture, mais, par tout ce qui est, au contraire, autorisé et quelquefois même «récompensé» par cette socioculture et qui a été placé dans son cerveau depuis sa naissance. Il n’a pas conscience que c’est là, mais pourtant c’est ce qui guide ses actes. C’est cet inconscient-là qui n’est pas l’inconscient freudien qui est le plus dangereux. En effet, ce qu’on appelle la personnalité d’un homme, d’un individu, se bâtit sur un bric-à-brac de jugement de valeurs, de préjugés, de lieux communs qu’il traîne et qui, à mesure que son âge avance, deviennent de plus en plus rigide et qui sont de moins en moins remis en question. Et quand une seule pierre de cet édifice est enlevée tout l’édifice s’écroule. Et il découvre l’angoisse. Et cette angoisse ne reculera ni devant le meurtre pour l’individu, ni devant le génocide ou la guerre pour les groupes sociaux pour s’exprimer.
On commence à comprendre par quel mécanisme, pourquoi et comment, à travers l’histoire et dans le présent se sont établi des échelles hiérarchiques de dominance. Pour aller sur la lune, on a besoin de connaître les lois de la gravitation. Quand on connaît ces lois de la gravitation, ça ne veut pas dire que l’on se libère de la gravitation. Ça veut dire qu’on les utilise pour faire autre chose. Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent, tant qu’on ne leur aura pas dit que, jusqu’ici, ça a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chances qu’il y ait quelque chose qui change. »
Source: http://quantasoi.free.fr/textes/Mon%20oncle.htm
Les recherches de Henri Laborit (aujourd’hui décédé) ci-dessus et ci-dessous exposées démontrent l’importance, pour les atteintes à la santé – qu’elle soit humaine ou animale -, du facteur inhibition de l’action et ses relations avec le cerveau, siège de la mémoire, et les systèmes neuro-endocrinien et immunitaire.
Certains lecteurs, au sujet de ces expériences, crieront à la cruauté envers des animaux – donc des êtres vivants, en l’occurrence des rats – exposés à d’agressantes expérimentations de laboratoire. Certes, cette légitime indignation est, de façon générale, digne d’être entendue et considérée. Cela pose la question de savoir si de semblables conclusions auraient pu être obtenues autrement. Les expériences ayant quand même été faites, cela ne change, toutefois, pas les résultats de ces expériences effectivement réalisées et qui, en l’occurrence, sont pleines d’enseignements.
Au début de la décennie 1970 Henri Laborit découvre donc que les désordres somatiques liés à l’agression psycho-sociale (le « surmoi », l’influence contraignante de la société sur l’individu) sont provoqués par un état d’inhibition de l’action. L’on entend par là que, lorsque l’individu concerné est, d’une manière ou d’une autre, empêché d’y faire face d’une manière qui lui est naturelle, l’agression psychique se transforme alors en agression physique. C’est le corps qui « trinque ».
Il découvre ensuite que c’est l’inhibition d’action persistante qui provoque les désordres en relation avec la mémoire. Autrement dit, le corps est capable de surmonter une ou plusieurs fois un stress ponctuel, mais la répétition du même stress, lorsqu’il y a impossibilité d’y faire face, va créer d’inévitabes dommages au corps. La relation avec la mémoire est le fait que le stress est mémorisé dans le corps, mais si, d’une manière ou d’une autre, la mémoire de ce stress peut être effacée, alors le corps va demeurer indemne.
Pour démontrer les conclusions de ses recherches il effectue plusieurs expériences avec des rats de laboratoire.
Expérimentation de la cage d’inhibition
- 1. Première expérience. Un rat est placé dans une cage dont le plancher est grillagé et conducteur et qui est divisée en deux compartiments grâce à une cloison, dans laquelle se trouve une porte pouvant – comme toutes les portes – être ouverte ou fermée.
Un signal sonore et un flash lumineux sont déclenchés et, quatre secondes après, un courant électrique d’un voltage suffisant pour être désagréablement ressenti mais insuffisant pour tuer l’animal est ensuite envoyé dans le plancher grillagé.
La porte est, tout d’abord, ouverte. Le rat apprend très vite la relation temporelle entre les signaux sonores et lumineux et la décharge électrique que, peu après, il reçoit dans les pattes, et, du fait que c’est un animal intelligent, il va chercher et trouver une solution pour éviter ce désagrément.
Il ne tarde donc pas à éviter cette « punition » en passant, avant l’arrivée du choc électrique, dans le compartiment adjacent. C’est ce que l’on appelle « fuir ».
Mais, à peine est-il arrivé dans l’autre compartiment, que, sous son poids, le plancher bascule légèrement et, de nouveau, active les signaux et donc, quatre secondes plus tard, le choc électrique.
Il doit cette fois parcourir le chemin inverse et le jeu de bascule recommence, ainsi que les signaux et le choc électrique.
Il est soumis à ce va et vient, au cours de huit jours consécutifs, pendant dix minutes par jour. Après cela un bilan de santé est effectué: Il apparaît, à l’auscultation, que son état biologique est demeuré excellent.
- 2. Deuxième expérience. Cette fois, deux rats sont placés dans la cage, mais la porte de communication est maintenant fermée.
Ils vont donc devoir subir le choc électrique sans pouvoir s’enfuir. Que leur reste-t-il comme solution? Étant donné que, cette fois, ils sont deux, rapidement, ils se battent, se mordent et se griffent mutuellement. Ils passent donc leur stress sur «quelqu’un» d’autre. Pourtant, il est clair que l’autre rat n’a rien à voir avec ce qu’ils subissent, chacun individuellement. En concepts humains, là encore ce n’est pas « juste », mais les rats, bien sûr, ne se soucient pas de justice; ils n’ont qu’une logique: celle de leur survie individuelle.
Après une expérimentation d’une durée analogue à la phase 1, ils sont auscultés et leur état biologique, à part – bien évidemment – les morsures et les griffures qu’ils se sont mutuellement infligés, est, là encore, excellent.
- 3. Troisième expérience. Dans cette nouvelle expérience, un rat est placé seul dans la cage avec la porte de communication fermée.
Le protocole est identique aux deux précédentes expérimentations.
Au huitième jour, jour du bilan de santé du rat, les examens biologiques, cette fois, révèlent:
– Une importante perte de poids;
– Une hypertension artérielle, qui persiste plusieurs semaines;
– De multiples liaisons ulcéreuses dans l’estomac.
Le rat de cette troisième expérience, bien que n’ayant pas été attaqué et mordu par un autre rat, est donc globalement en piteux état.
Constatation globale pour les trois expériences précédentes: L’animal qui peut réagir par la fuite [«flight»] (expérience N°1), ou par la lutte [«fight»] (expérience N°2) ne développe pas de troubles organiques [«fight» or «flight»].
Le but de la vie biologique est de maintenir l’intégrité biologique du corps. L’animal qui ne peut ni fuir ni lutter (expérience N°3) se trouve en situation d’inhibition de son action et, de ce fait, présente d’indéniables perturbations pathologiques.
Il en est de même pour l’être humain. Dès qu’il se trouve enfermé, coincé dans une situation sans issue et qu’il ne peut réagir ni par la fuite ni par l’attaque il se trouve dans une situation d’inhibition, qui, selon son état de santé physique et psychique antérieur et la durée de la situation, va provoquer des symptômes plus ou moins importants.
«Prendre sur soi», comme l’on dit, n’est pas bon pour la santé du corps. Il vaut beaucoup mieux extérioriser: «A raconter ses maux, souvent, on les soulage!» dit pertinemment le proverbe. Lorsque l’extériorisation – et donc la sortie hors du corps de l’influence négative – ne peut avoir lieu, alors c’est le corps lui-même qui «trinque», afin de compenser ainsi l’onde de choc de l’événement traumatisant. Ce qui ne peut être psychiquement compensé est – par effet de condensation – physiquement compensé. Rien n’est sans exercer d’effet. Action – Réaction.
- 4. Quatrième expérience. L’expérience numéro trois est à nouveau imposée à un rat avec le même protocole.
Chaque jour, l’animal isolé est soumis, en plus, immédiatement après les dix minutes d’inhibition dans la cage fermée, à un électro-choc déclencheur de convulsions suivies de coma.
Au bout des huit jours, et ce malgré l’agressive intensité de l’électro-choc, l’état de santé du rat demeure excellent (comme avant l’expérience).
Dans cette expérience il est donc démontré que l’électro-choc interdit le passage de la mémoire immédiate, à court terme à la mémoire à long terme. Autrement dit, la non-mémorisation de l’expérience traumatisante grâce à l’électro-choc permet au rat de continuer à bien vivre, sans se rendre malade.
L’oubli forcé est, ici, pour le rat, un moyen efficace (même si extérieur) de sauvegarde face à une situation inhibitrice qui se répète.
Par la suite, Henri Laborit a encore découvert que la mémoire d’une action gratifiante n’utilise pas les mêmes voies centrales, ni les mêmes médiateurs, que celles d’une punition.
Cela lui a permis de mettre en évidence des médiateurs biochimiques capables de rétablir la mémoire de l’inhibition ou d’en favoriser l’oubli.
Dans son livre « Éloge de la fuite » Henri Laborit explique ce qui suit:
« La motivation fondamentale des êtres vivants semble être le maintien de leur structure organique. Mais elle dépendra soit de pulsions, en réponse à des besoins fondamentaux, soit de besoins acquis par apprentissage.
Avec le cortex l’on accède à l’anticipation, à partir de l’expérience mémorisée des actes gratifiants ou nociceptifs, et à l’élaboration d’une stratégie capable de les satisfaire ou de les éviter respectivement. Il semble donc exister trois niveaux d’organisation de l’action.
Le premier, le plus primitif, à la suite d’une stimulation interne et/ou externe, organise l’action de façon automatique, incapable d’adaptation.
Le second organise l’action en prenant en compte l’expérience antérieure, grâce à la mémoire que l’on conserve de la qualité, agréable ou désagréable, utile ou nuisible, de la sensation qui en est résultée. L’entrée en jeu de l’expérience mémorisée camoufle, le plus souvent, la pulsion primitive et enrichit la motivation de tout l’acquis dû à l’apprentissage.
Le troisième niveau est celui du désir. Il est lié à la construction imaginaire anticipatrice du résultat de l’action et de la stratégie à mettre en œuvre pour assurer l’action gratifiante ou celle qui évitera le stimulus nociceptif.
Le premier niveau fait appel à un processus uniquement présent, le second ajoute à l’action présente l’expérience du passé, le troisième répond au présent, grâce à l’expérience passée, par anticipation du résultat futur. ».
Conclusion globale
Les découvertes scientifiques de Henri Laborit permettent de comprendre que, pratiquement, l’essentiel des accidents physio-pathologiques est sous la dépendance des rapports entre l’individu et son environnement, particulièrement social.
S’il existe des facteurs multiples, microbiens, viraux, génétiques, à l’origine des infections et des processus tumoraux, un système immunitaire efficace est généralement capable d’empêcher leur développement.
Cette découverte est, évidemment, d’une extrême importance. Par exemple, une crise cardiaque n’arrive pas par hasard. C’est faute de pouvoir retrouver le fil conducteur, la trame logique, entre tous les événements que la maladie apparaît à la plupart des êtres humains comme une « fatalité ». Il y a là un évident manque de conscience. Sinon tout ce qui arrive apparaîtrait toujours à chacun comme parfaitement logique.
Le principe de base est d’une extrême simplicité: Le corps humain terrestre doit être en résonance avec l’âme qui l’habite. Si le corps ne peut résonner avec l’âme, alors la morbidité s’installe.
Toutefois, si tout ce qui est exposé ci-dessus par Henri Laborit -, sur un plan purement biologique, apparaît comme juste, il est manifeste que Henri Laborit ne prend nullement en considération le fait qu’avant tout un être humain n’est pas un être biologique mais un être spirituel, et c’est le petit « détail » qui change … tout!
Car s’il est vrai que le cerveau humain a possiblement et même probablement les caractéristiques décrites par Henri Laborit, il est patent que:
– Il considère l’être humain comme un « animal », ce qu’il n’est pourtant pas.
– Il ne parle jamais du cervelet, le « petit cerveau de l’Intuition »;
– Il ne parle jamais de l’esprit de l’être humain en tant que Noyau fondamental de l’être humain devant maîtriser l’intégralité de la personnalité humaine et donc aussi sa biologie.
Il est clair que si – comme l’animal – l’être humain n’avait pas d’esprit, alors il se comporterait uniquement comme les rats de laboratoire décrits dans les expériences narrées ci-dessus.
Mais la présence de l’esprit en lui devrait complètement modifier la donne et placer le cerveau – et donc l’intellect – sous la maîtrise de l’esprit. De ce fait le comportement humain sort de l’animalité et devient proprement … humain!
Voir aussi:
http://www.alasanteglobale.com/laborit.html
http://pierre.coninx.free.fr/lectures/laborit.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_oncle_d%27Am%C3%A9rique
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