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A travers les saisons
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Je ne suis sur la Terre qu’un hôte passager.
Si, dans mon corps de chair, j’ai peine à avancer,
C’est qu’en tenue d’hiver, les pas sont malaisés.
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Le ciel morose et gris m’incite à la torpeur
Et, dans mes lourds habits, je marche avec lenteur,
Car le froid m’engourdit et me serre le cœur.
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Ai-je donc oublié, dans ce triste décor,
Mon feu qui, négligé, couve tout juste encore,
A moitié asphyxié et bien près de la mort ?
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Vite, du petit bois, qu’il puisse repartir,
Quelques coquilles de noix pour le faire grossir
Et de l’air, cette fois, car il faut qu’il respire.
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Je n’ai pas à chercher du combustible ailleurs.
Ce feu particulier, qui est tout intérieur,
Ne peut s’alimenter qu’en sa propre demeure.
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Le bois de mes défauts fera très bien l’affaire,
Quelques petits fagots de plus fine matière
Qui me sont un fardeau dont je veux me défaire..
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Et des coquilles de noix, dures et desséchées,
J’en ai encore sur moi, vieux schémas de pensées,
Qui se sont, de surcroît, d’habitudes enrobées.
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Pour une combustion complète et sans fumée,
J’ai à disposition, longuement expirées,
Toute une collection d’humeurs désabusées.
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Brasier libérateur de mainte vilenie,
Feu purificateur détruisant les scories,
Puissant transformateur de basses énergies !
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Avec un tel flambeau répandant la lumière,
On a vite plus chaud et on y voit plus clair.
Plus léger le manteau et moins rude l’hiver !
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Ayant réactivé le feu de mon foyer,
Je vois se dégeler le chemin sous mes pieds.
Dans mes souliers légers, j’ai le pas assuré.
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Ce surplus de chaleur, de force et d’énergie
Qui émane du cœur et dehors irradie
Attire des Hauteurs des ondes en harmonie.
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Imperceptiblement, sous ce rayonnement,
Mon environnement se modèle autrement
Et je sens maintenant le souffle du printemps.
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La nature éveillée pousse à maturation
Toute graine germée après l’hibernation,
Selon sa destinée dans cette Création.
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Bientôt les champs de blé ondoieront dans l’été
Jusqu’à ce que, coupés, les épis soient triés,
Pour être conservés ou pour être jetés.
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Comme esprit, moi aussi, graine du Paradis,
Mon devoir accompli, mon périple fini,
Je veux avoir mûri à la saison des fruits.
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Alors, loin de la Terre, j’irai dans ma Patrie.
Sortant de la matière qui m’avait accueillie,
En tenue de lumière, je naîtrai à la vie.
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Nicole Weisskopf
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Appel vibrant lancé à l’esprit en l’être humain de la Terre.
Merci à l’auteure de cet article magnifique adressé aux esprits humains cheminant dans la matière.