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Quelle différence y a-t-il entre Foi
et Conviction?
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Dans la conception courante la Foi est souvent associée au domaine religieux. Ce n’est certes pas faux, mais cela n’en est pas moins une vue partielle, parce qu’en réalité foi signifie croyance (en allemand: «Foi» se dit «Glaube» et «croire» «glauben») et que, dans tous les domaines et pas seulement dans celui de la croyance religieuse, tous les êtres humains sont bardés de croyances diverses, puisque c’est précisément à partir de ces croyances qui sont les leurs qu’ils s’efforcent de faire les indispensables choix auxquels, inévitablement, leur vie quotidienne les confronte.
Avoir la foi veut donc dire croire, mais si l’on croit cela signifie certes une adhésion envers ce à quoi on croit mais en même temps cela signifie aussi un doute, car si je crois cela veut certes dire «je pense» ou «je suppose» ou même «j’espère», mais cela veut aussi dire «je n’en suis pas {tout à fait} sûr»!
La Foi, si noble puisse-t-elle être, est donc insuffisante; il y faut quelque chose de plus. Avant d’essayer de savoir ce qu’est ce «quelque chose de plus» qui serait le degré le plus élevé de la Foi il nous faut, d’abord, essayer de savoir en quoi tient la limitation intrinsèque de la Foi. Des Paroles du Christ peuvent ici nous aider, en particulier lorsqu’Il dit à son Apôtre Thomas, aujourd’hui considéré comme le champion du doute sceptique: «Tu as cru parce que Tu as vu, mais heureux celui qui croit sans avoir vu!» (Jean XX-29).
Dans la Foi il y a, à l’évidence, un aspect subjectif. Par exemple, si je crois en Jésus, (je pourrais aussi prendre comme exemple n’importe quel Maître spirituel comme Bouddha, Lao-Tsé, Zoroastre, Mahomet, etc.) je crois aussi en Ses Paroles, même si je ne les comprends pas, du simple fait que ce sont Ses Paroles ou qu’elles me sont présentées comme telles. Donc ma foi – ou ma croyance – dans les Paroles de Jésus ne vient pas forcément de mon expérience personnelle de la Vérité de Ses Paroles mais de la confiance globale que j’ai dans la Personne de Jésus.
Si, en particulier, je suis convaincu que, – ainsi qu’Il l’a Lui-même clairement affirmé – Jésus est le Fils de Dieu, alors, sachant que le Fils de Dieu, comme Dieu Lui-même, ne peut ni Se tromper ni nous tromper, alors, même si je ne comprends pas ou pas complètement Ses Paroles, je sais que cette insuffisance de vient pas de Lui mais seulement de moi! Ce qui, aujourd’hui, m’est encore obscur me deviendra, un jour, parfaitement clair, lorsque mon entendement aura progressé.
À Son époque, précisément, il est tout à fait remarquable que, conscient de leurs limitations («J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez les porter»), Jésus attendait des êtres humains, et même de Ses Apôtres, seulement la Foi, c’est-à-dire la confiance en Sa Personne et pas plus. À l’époque c’était déjà beaucoup. Il n’exigeait pas une pleine compréhension, car Il savait que c’était encore prématuré.
Par contre, depuis lors, comme l’on dit, «de l’eau a coulé sous les ponts», et l’intellect humain s’est encore bien développé. La confiance enfantine des Apôtres de Jésus envers leur Maître, globalement, ne leur suffit plus. En plus, ils veulent comprendre! Et ce n’est pas un tort! Bien au contraire, c’est même un progrès, car la parfaite compréhension est la seule manière de pouvoir accéder au degré supérieur de la Foi, qui s’appelle la Conviction!
Dans la Conviction, en effet, il n’y a plus de place au doute; la subjectivité de la Foi accordant une part belle à l’auteur d’une parole ou d’une œuvre – parfois même la plus grande part! – a laissé toute la place à la totale objectivité de la Conviction! La Conviction, qui n’est plus une simple croyance avec son inévitable part de doute, est devenue synonyme de Savoir! Ce n’est plus: «Je crois» mais «Je sais!»! Dans le Savoir il n’y a plus de place au doute! C’est une énorme différence!
Mais en quoi réside, plus précisément, cette différence? L’adhésion accordée dans une affirmation ne vient plus en considération de son auteur, et de son autorité spirituelle ou autre, mais uniquement en considération de l’affirmation elle-même. C’est juste en soi parce que c’est la Vérité, et c’est la Vérité parce que c’est la Vérité! Point final! Et comment puis-je savoir que c’est la Vérité et non seulement le croire? Uniquement par la vérification personnelle! Autrement dit, par l’expérience vécue!
Celui qui a concrètement lui-même vérifié par expérience vécue personnelle la vérité d’une assertion est convaincu non à cause de l’autorité de l’auteur mais uniquement à cause de son expérience personnelle, et c’est ainsi que, le bandeau tombant de ses yeux, sa croyance peut se transformer en conviction, et donc en Savoir. C’est ainsi que l’on peut affirmer que le véritable Savoir est uniquement le fruit de l’expérience vécue personnelle.
En tant que Pierre de Touche l’on peut déjà utiliser le critère suivant: L’on peut volontiers offrir sa vie pour {ce que l’on sait être} la Vérité; on ne le fera pas forcément pour une simple croyance. Tout ce que l’on apprend dans les écoles et l’université, aussi longtemps que l’on ne l’a pas personnellement soi-même vérifié, appartient au domaine de la croyance: c’est certes le savoir des autres mais pas le sien propre; ce n’est que de l’érudition certes enregistrée par le cerveau mais qui, dans la plupart des cas, ne touche pas l’âme. Par conséquent, l’on ne sera pas prêt, comme le dit l’expression populaire, à en «mettre sa main au feu»!
Prenons un exemple: Si un scientifique affirme que «le microbe n’est rien, le terrain est tout» mais refuse d’avaler un verre rempli de bacilles du choléra pour en apporter la démonstration, c’est qu’il n’est pas forcément réellement convaincu de ce qu’il dit. Certes il le croit, mais la conviction il ne l’a pas encore. Le Christ était tellement convaincu qu’Il était le Fils de Dieu – c’était pour Lui un Savoir, une Évidence – qu’Il a accepté le martyre de la mort sur la croix pour en témoigner devant le Monde entier. Ceci déjà force le respect, car combien d’autres seraient capables de faire pareil?
Il est donc de plus en plus patent qu’à notre époque nous ne devons plus seulement nous contenter de la foi – en laquelle le doute peut encore trouver une place – mais que nous devons, en toute chose et pas seulement dans le domaine de la spiritualité ou de la religion, mais que nous devons nous efforcer de parvenir à la Conviction. Car s’il est vrai que la foi peut donner prise aux railleurs, la Conviction, quant à elle, force toujours le respect.
Toutefois, une telle démarche est très exigeante, car l’on n’a rien sans peine et la Vérité moins que toute autre chose. Il est beaucoup plus facile de vouloir juger rapidement sur les apparences et de se contenter du prêt-à-penser ou du prêt-à-croire que, au service de la cupidité d’un petit nombre, les grands médias dominants répandent quotidiennement à grand renfort de publicité.
Aspirer à la Conviction! Comment pouvons-nous parvenir à la Conviction, au véritable Savoir? En faisant l’effort d’examiner et de vérifier tout ce qui se présente à nous, et en particulier tout ce qui sollicite notre adhésion ou notre suffrage. Certes, pour de tels examens et vérifications des éléments matériels sont à considérer, ce pour quoi l’intellect est aussi requis, mais l’essentiel n’est pas là, car le véritable examen requiert l’exercice de l’Intuition seule capable de reconnaître la vérité au-delà des apparences.
C’est un examen intérieur; c’est en nous-mêmes que nous devons examiner et soupeser, jusqu’à ce que l’évidence naturelle de la Vérité éclate dans notre conscience éblouie. Alors, là, le doute a fui pour faire place à la certitude la plus absolue, une certitude dont rien ne viendra à bout, car rien n’est plus puissant que ce ressenti de l’évidence qu’aucun argument intellectuel ne pourra jamais ébranler, si peu que ce soit! Alors, nos yeux se dessillent, le bandeau tombe et la foi est devenue Conviction! Nous savons et pouvons remercier le Ciel de nous avoir offert l’évidence en Cadeau!
Revenons à la Parole de Jésus: «Tu as cru parce que Tu as vu, mais heureux celui qui croit sans avoir vu!» (Jean XX-29). De prime abord, l’on pourrait penser que Jésus glorifie ici la foi aveugle: « croire sans voir ». Mais, plus profondément considéré, croire sans voir avec ses yeux physiques signifie l’entrée en action d’un « sixième sens » capable de reconnaître la vérité sans avoir besoin de preuves matérielles. Et c’est justement celui-là que Jésus considère comme heureux, celui dont l’Intuition s’est suffisamment activée pour reconnaître intérieurement la Vérité, de sorte que la vérification matérielle ne lui est plus nécessaire!
Oui, grâce à la vitalité de notre intuition, la Vérité devient reconnaissable.