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A L’ÉCOLE
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Lorsque je suis allé à l’École m’instruire,
J’ai entendu : “Apprends, sinon il va T’en cuire !”
Alors, j’ai tout appris ! Je savais tout “par cœur” !
Ah ! vraiment, l’on ne vit jamais autant d’ardeur !
Et puis quelqu’un m’a dit : – “Ami, savoir « par cœur »
N’est pas du tout savoir ! Que Te sert tant d’ardeur,
Car Ton savoir par cœur n’est qu’un savoir par tête !
Apprendre ainsi ne Te rend pas sachant mais bête !
Car, pour un tel savoir, qu’offres-Tu comme prix ?
Ce que l’on sait le mieux, jamais ne fut appris.
Seule l’expérience vécue par un élève
Est ce qui le grandit, offre ce qui l’élève !
Apprends la Vérité, mais pas celle des autres,
Si beaucoup d’élèves, vraiment, sont bons apôtres,
Ce qui pour l’un est bon, pour l’autre ne l’est pas
Ce qui profite à l’un, à l’autre ne va pas !”
– “Si le savoir des profs ne peut être salué,
Que dois-je donc faire ?”, demandai-je, éberlué,
– “Expérimente, apprends, regarde par Toi-même,
Tais-Toi, écoute en Toi, respire, et surtout : Aime !”
Alors, un professeur qui s’en allait par là,
Entendant ces propos, oui, nous interpella :
– “Que dis-Tu, mon garçon ? Des choses impensables !
Vraiment, tous Tes discours ne sont que pauvres fables !
Nous sommes les sachants et vous les ignorants,
Car vous devrez toujours vous mettre dans les rangs,
Afin de devenir, à votre tour, capables
De réciter par cœur tous vos cours et vos tables !
Pour, de nous, apprendre quand vous ne savez pas,
Pour devenir savants et puis faire « prépa »,
Pour, enfin, vous sortir de votre état d’ignare
Et que vous deveniez plus qu’un porc dans la mare !”
Demeurant interdits par ce pédant discours,
Nous prîmes nos cahiers pour aller à son cours.
Le sujet en était : “Discours sur la méthode”,
Auquel le professeur chantait une belle ode.
C’est alors que celui qui avait parlé dit :
– “Professeur, dîtes-vous donc que, sans contredit,
Le raisonnement peut tout savoir et comprendre,
Que, par lui, nous allons tout savoir et apprendre ?”
Alors le professeur, voulant, sans contredit,
Justifier son savoir et son cours, répondit :
– “Jeune homme, vous manquez, pour moi, de déférence,
Et ne respectez pas le puits de toute science !
Voyez Maître cerveau sur son homme perché !
Voyez comme il est haut, sur tout si bien juché !
Oui, je vous l’affirme, l’intellect est le maître !
C’est lui qui nous rend forts, vous devez vous soumettre !”
De nouveau, mon ami, debout, prit la parole :
– “Le professeur sait tout, l’élève est à l’école
Pour apprendre ce que les professeurs enseignent,
Et fort bien astiquées sont, par eux, leurs enseignes !
Mais vous tous qui avez tout appris dans les livres,
Dîtes, que savez-vous du précieux Art de vivre ?
Que nous apprenez-vous, en plus d’un savoir mort ?
Que dîtes-vous, Messieurs, au sujet de la mort ?”
Le professeur, soudain, devint tout à fait blême :
– “Qu’as-Tu à questionner sur l’épineux problème
De l’Art et la science de vivre et de mourir ?
Qui pourrait sur la vie, sur la mort, discourir ?
Que Tu saches les maths, il le faut, tout de même !
L’algèbre, la trigo, il faut que tu les aimes !
Et aussi la chimie, la techno, la biolo…
Et puis la physique, la géo, la philo…”
– “Halte !”, dit mon ami, “c’est là de vains efforts !
Qu’enseignez-vous, « savants », qui soit vraiment plus fort ?
Pouvez-vous indiquer ce qui est bon pour l’homme ?
Ce qui est utile et nous rend heureux, en somme ?
Que savez-vous de Dieu, de la Vie, de l’Amour ?
Où s’arrête la Nuit ? Quand commence le Jour ?
Que savez-vous du Ciel, de l’enfer et des limbes ?
Savez-vous donc pourquoi l’homme, souvent, regimbe ?
Si, après cette vie, existe un « inconnu » ?
Si déjà, sur Terre, souvent je suis venu ?
Si existent Amour, Pureté et Justice ?
Si, bientôt, je devrai descendre dans la lice ?
Quand commence la Vie ? Où s’arrête l’Amour ?
Où va la Vie sur Terre, où conduit mon parcours ?
Pourquoi faut-il ainsi qu’aussi ignorant j’erre ?
Qui m’aidera donc à résoudre ces mystères ?
Un Fils de Dieu est-Il descendu sur la Terre ?
Son Père entendra-t-Il ma modeste Prière ?
Saurez-vous me dire ce que je dois savoir ?
Vers où va mon Chemin, et quel est mon Devoir ?”
Alors, piteux, ployant sa tête jusqu’en bas,
Le « maître » avoua : – “Pas moi ! Non, je ne le peux pas,
Jamais je n’ai appris ces pénibles matières,
Et n’aurais pas assez de ma vie tout entière !
Comment puis-je montrer le Chemin que j’ignore ?
Que puis-je T’enseigner, si, Toi, Tu ne m’honores ?
Ne me demande que ce que je peux donner !
Et rejoins Ta place, pour être pardonné !”
– “J’honore, professeur, ce qui est honorable,
C’est pourquoi je ne puis m’asseoir à cette table !
Je rends mon tablier et requiers ma retraite,
Et m’en vais, hors d’ici, libre, tout d’une traite !
La Vie, j’en suis certain, m’apprendra quelque chose !
En ce lieu, me guette seulement la sclérose !
L’École, c’est pour moi la Vie qui la sera,
Et, au bout du compte, l’on verra qui saura !”
Un magnifique poème, qui résume bien la situation actuelle. Merci.
Après tout ça, allons finalement à l’École de la Vie, c’est la meilleure des choses à faire pour voir, savoir et devenir.
Seules les réponses à ces questions par l’esprit peuvent nous conduire à la Vérité, à la vraie vie, celle qui plaît à Dieu.